Les ORSEL , industriels et négociants du XVIII° siècle
Claude Orsel, qui, probablement, avait une affaire de fabrication d’articles de quincaillerie au Mônetier (une fabrique de clous y existe en 1715) quitta le Mônetier avec toute sa famille vers 1715 avec sa femme Marguerite Jordan et ses 6 enfants, pour s’installer rue Tupin à Lyon, et y avoir une affaire de quincaillerie. (Ce départ du Mônetier correspond à celui de nombreux marchands de la région, devenue sinistrée après le traité d’Utrecht en 1713, traité qui ouvrait le passage du Mont Cenis, et qui supprimait de facto le passage de toute voie commerciale par la vallée de la Guisane) Si Claude est décédé relativement tôt après son arrivée à Lyon (9/10/1726) il a ouvert ainsi la route à une progéniture très industrieuse.
Ses 3 fils, tous né au Mônetier les Bains (05) et arrivés enfants à Lyon, eurent en effet des carrières réussies
1 L’ainé, Jean Orsel, s’occupa, avec son frère Jacques, de l’affaire de quincaillerie (négociant-fabricant) rue Tupin. Il se maria une première fois avec Marie Dumeynet, dont il eut 2 fils . L’aîné, Claude-Alexis est installé en 1752 à St Marc (Ile de la Dominique), associé comme marchand à Duvernay, et il reçoit des cargaisons envoyées par son père. Le second, Jacques, est associé à son père sous la raison sociale « Jean Orsel l’aïné père et fils » en 1752 rue Tupin
On retrouve les fils de son second mariage avec Elisabeth Perisse, François et Jean-André dans l’industrie lyonnaise naissante. Il avait envoyé son fils François en Angleterre (avec son cousin Antoine). François habitait alors « snow hill » à Birmingham pour apprendre les méthodes de fabrication, et il créa ainsi en 1781 à Lyon une manufacture de liqueur à dorer, en association avec son frère Jean-André et le beau-frère de ce dernier, Antoine Saunier.. Ils demandèrent pour leur manufacture de liqueur à dorer (vernis pour objets en cuivre) la protection de l’invention et celle des modèles créés (privilège accordé pour 15 ans). François s’installa à la Nouvelle Orléans (il y vivait en 1791 et il y est mort en 1794)
Jean-André a quitté Lyon avant la révolution (vers 1782) pour s’installer à Paris, où il fut tout d’abord locataire de son cousin Joseph, s’installa rue des Blancs Manteaux, avant de devenir agent de change rue Vivienne, et de s’associer à Lafarge, créateur de la première caisse d’épargne; on le retrouve sur une fiche de police en 1793 ! rue de Charonne avec une profession de « fabricant de coton ». On perd sa trace jusqu’à son décès en 1816 à Anet (près de Dreux 28).
2 Jacques Orsel a épousé Jeanne Deschamps et eut 9 enfants. Il avait acheté une maison importante rue Mercière (donnant en partie sur le quai de Saône), avait un très gros commerce de quincaillerie avec son fils aîné, avant de fortement doter tous ses enfants. Il est décédé en 1789 à Lyon à l’âge de 83 ans.
Son fils aîné, Jean-Jacques Orsel (14/10/1742 Lyon-1822 Lyon), dit Orsel l'aîné, célibataire, avait repris le commerce de quincaillerie rue Tupin. Il fut recteur de l'hôtel-Dieu de Lyon (1784/85), commissaire de section le 10/2/1790 (négociant place du Concert sur la liste des citoyens éligibles en 1790), nommé comme notable pour assister comme adjoint à l'instruction des procès criminels. Il habitait à sa mort à la Guillotière
Son second fils, Antoine Orsel, né à Lyon le 13/9/1743, effectua d'abord un séjour de plus de dix ans en Angleterre, où son père l'avait envoyé chez un de ses correspondants industriel de quincaillerie-bijouterie pour apprendre la langue, et la fabrication et la commercialisation des articles de quincaillerie; Il s'installa alors à Paris vers 1770, où il s'associa avec son frère Joseph pour développer un gros négoce de quincaillerie-bijouterie. Il acheta alors l'Hôtel Beaufort, rue Quincampoix, et épousa le 13/4/1776 Elisabeth-Pélagie Charlot de Courcy, fille unique, mineure, et richement dotée (60 000 livres) de la veuve d'un gros commerçant de Paris (Marchand Bourgeois cloître Sainte-Opportune); Il est à noter que , sur le contrat de mariage (régi par les coutumes du pays lyonnais!), on trouve la liste de tous les invités présents, et si la famille d'Elisabeth-Pélagie est très bien représentée, seul Joseph représente les Orsel, ce qui semble démontrer l'absence alors de tout autre membre de la famille en région parisienne.
Son troisième fils, Joseph Orsel, partit assez jeune pour Paris. Il s'occupa dans un premier temps d'un commerce rue St Denis (qualifié de mercier,, le mercier représentant alors des commerces divers), puis, à l'arrivée de son frère Antoine, il s'occupa avec celui-ci d'un négoce de gros de quincaillerie-bijouterie, avec une activité d'industriel-producteur. A coté de cette activité, il brassa vite d'autres affaires, achetant en 1781 des terrains situés à Ménilmontant, et appartenant à l'ordre de Malte. Il habite alors rue de la "Place Vendôme", au coin de celle de la Fontaine Nationale. Il s'appelle alors Orsel de Lamécourt (du nom des terres en Ardennes qu'il avait acheté avec son frère, pour y construire une usine de boutons)
Pendant la révolution, il abandonna le nom de Lamécourt (!), et profita de la liquidation des biens de l'Eglise pour parfaire sa fortune, en achetant entre autre le 24 floréal an II aux enchères publiques la majorité des terrains de l'Abbaye des Dames de Montmartre; Il acheta aussi de nombreux terrains (rue de l'Echiquier, rue d'Enghien, rue Poissonnière..). Joseph Orsel ne se maria pas, mais reconnut en 1813 sa fille Marie Louise Marthe , née en 1790 rue de la Verrerie, de père et de mère inconnus (!); Celle-ci épousa Jean-Jacques Lambin, fils de Nicolas Lambin, ami et associé de longue date de Joseph Orsel, et a eu 2 filles (Caroline Juliette Lambin née le 9/8/1820 à Paris et Angélique Virginie Lambin le 8/3/1822 à Paris. Elle fut la principale héritière (moitié) de la grosse fortune. de son père En effet, celui-ci amassa une grosse fortune jusqu'à sa mort, qui intervint en 1820. Il habitait alors 27 rue Louis le Grand. Sa succession officielle se chiffre à plus de 2 millions de francs de l'époque (source acte de mutation) 1/2 à sa fille, 1/2 à parents et amis, particulièrement à son neveu Antoine Orsel, fils aîné de son frère Antoine. Il possédait de nombreux immeubles situés rue Louis le Grand, Faubourg Montmartre, Palais Royal, rue du Sentier, Bd Poissonnière, rue de Cristol, rue Granatat..). Il figurait en 1806 parmi les 20 plus gros contribuables du département de la Seine ! C'est de lui que vient le nom de Rue d'Orsel dans le XVIII°
Son quatrième fils, André Orsel (23/9/1747 Lyon) était associé avec son cinquième fils, Jacques (Jacob) Orsel, et Jérémie Mathieu dans un autre gros commerce lyonnais (fabricant de gaze).
Dans le même temps, ses filles Jeanne et Catherine ont épousé 2 importants marchands lyonnais, Louis Félissent (marchand drapier) et Claude-François Maurice (marchand soyeux)
3 Joseph Orsel, qui a épousé Jeanne-Marie Ferroussat, fut d’abord marchand passementier à Lyon, puis, ayant acheté une charge, fut anobli, étant conseiller Secrétaire du Roi en la Chancellerie près la Cour des Monnayes de Lyon (installé le 19/12/1768), puis au Parlement de Nancy le 13/8/1776, .
Sa fille Marguerite épousa Pierre Maupetit, qui était Secrétaire du Roi, chancelier des comptes de Montpellier, recteur de l'Hôtel Dieu de Lyon de 1772 à 1775, et fut par la suite Baron d’Empire
Sa seconde fille Jeanne-Marie Madeleine Orsel épousa François Buynand des Echelles, écuyer, seigneur des Echelles et co-seigneur d'Ambérieu en Bugey, Conseiller secrétaire du Roi près le Parlement des Dombes
Son fils, Joseph Orsel de Châtillon (qui signe Orsel-Duval) était avocat au conseil supérieur de Lyon, conseiller en la sénéchaussée et siège présidial de Lyon (26/2/1772). Il acheta en 1780 la baronnie de Châtillon de Corneille, Montgriffon, La Verdatière et la Tour des Echelles en Bugey, en 1787 : la seigneurie de Châtelard de Luynes. Il Comparut à Lyon en 89 au titre des Etats Généraux pour la noblesse.