LE PARLEMENT

Pratique de la confirmation des membres à chaque avènement, mais cette règle fut abandonnée à partie de l’avènement de Henri II`

Pratique de la résignation en faveur d’un parent ou d’un ami, avec la règle des 40 jours instituée à la fin du règne de François Ier mais il y eut beaucoup plus de dispanses que d’application ; et règle du prélèvement du 1/4 ou du 1/3 du prix de l’office à sa transmission ou vente anticipée du droit de résigner et édit du 60è ou de la Paulette

Les mentions d’élection sont consignées au régistre du Conseil ou des Plaidoieries (=pas de règle absolue), le nom des élus est souvent omis.

Le premier Président est institué par le roi.

Pour les élections :

1° enquete préliminaire sur les titres du candidat ou délibérations des chambres assemblées. S’il s’agit d’une résignation, le candidat demande d’abord l’agrément de la Cour, avant d’obtenir l’agrément du roi et on enquête pour savoir s’il y a eu pacte illicite entre le candidat et son résignant. À partit d’henri II le candidat doit avoir au moins 30 ans. L’admissio, se fait au 4/5e des voix. (seule dispense un conseiller translaté d’ un parlement à un autre). Mais il y a bcp de dispenses…Sous HIV, c’est le roi qui présente les candidats, sous réserve des aptitudes et condition d’âge.(mais on a vu des candidats reçus à 21-24 ans ou des dispenses d’examen.

2° L’élection peut se faire en assemblée des 3 chambres réunies ou des deux premières seulement.. Les suffrages sont donnés à haute voix en commençant par les plus anciens conseillers .À partir du XVIé siècle les candidats sont soumis à une sorte d’examen ou épreuve orale au cours de laquelle le candidat pouvait être ajourné.

3° Quelques jours après ( le temps que les lettres soient scellées en Chancellerie) le pourvu prète serment. Le nouveau conseiller jure de faire en la Cour continuelle résidence, de ne recevoir dons et pension que du roi et de garder le secret des délibérations et de se comporter en bon et loyal magistrat.

4° Les nouveaux venus sont intallés en l’une des chambres des Enquêtes ou des Requêtes. Sile siège vacant est en la Grand’Chambre, c’est le plus ancien des Enquêtes qui y va et laisse sa place aux Enquêtes. En ce qui concerne les titres des élus , les choix se portaient sur des membres du barreau de la Cour ou du Châtelet, en tout cas sur des gens de loi.


Vénalité

L’achat Est en vigueur depuis Fter par la voie de prêt déguisé
.Pour avoir le droit de résigner, sans autre finance ou être soumis à la règle des 40 jours. il faut verser le tiers du prix de l’office. Les veuves et héritiers jouissent de la même dispense.Passé le délai de 6 mois le roi ne recevait plus ni résignation, ni tiers deniers.

MAIS LAISSONS LA PAROLE AUX FAITS



LE PARLEMENT DE TOURS

Convoqué pour la 1ere fois en février 1589 par lettres patentes de HIII.Elles fixaient au 15 avril la date limite pour venir reprendre leur service.. À l’ouverture en mai, 44 personnes furent déclarées félons (liste page 137 TII). Saisie de leurs biens, offices vacants.Une demi-douzaine de ralliés sont réadmis le 9 mai (2 venaient de Paris mais ils y étaient restés de forve). Puis vient la question de la réadmission de 2 ligueurs.Aprs intercession du roi l’un Verthamont fut réadmis en octobre 1590.. Le 2e fut réadmis en janvier 1590.


6 juin 1591: Plus de réintégration en attendant un règle générale ( HIV faisait des réintégrations anarchiques) qui est de faire attendre un an toutes les demandes sauf celles provenant de non-ligueurs qui devront obtenir les 4/5e des voix pour la réintégration. Cette règle est confirmée par le roi le 30 mai 1592. Les réintégrations reprennent mais on se trouve alors devant trois présidents en la chambre des Enquêtes : Robert Thévin râle en disant que c’est le dernier pourvu qui a priorité or il a été porté en juin 91 au siège de Jean Forget devenu président de la Cour, il est don le dernier pourvu ; plus Thomas Gayant qui a été réintégré et voici Martin de Bragelonne qui demande sa réintégration doit profiter de cette règle! Finallement la chambre est dédoublée le même mois

Le 12 août 1591 la Cour est informée que deux conseillers clercs fidèles de la première heure,Pierre de Lyon et Paul Hurault de L’Hopital sont sur le point de se battre, pour un différend inconnu. On leur interdit et les consigne en leurs maisons.

D’autre part des placards de sédition ont été apposés aux portes des églises et places publiques. Pierre Viole est consigné en la maison d’un huissier sur ordre du procureur général et ses complices jetés à la Conciergerie ou consignés en leur maison. Il est ordonné une enquête par plusieurs commissaires. L’accusé principal récuse tous les nommés les uns drrière les autres à titre divers. Toute la cour est excédée . Les commissaires se récusent ou sont absents. On finit par les menacer de réduire leurs gages. Tout ceci dure 7 mois pour aboutir à blanchir Pierre Viole et un mois après il est promu président aux Requêtes.

Un autre scandale : le cas du rallié qui toujours éconduit et lassé après 3 ans d’attente finit par réintégrer la Cour de Paris ?

Exemple Frs Pelletier qui se présente pour intégration le6 février 1591. Le 22 deux conseillers sont commis pour l’interroger, le 13 d »cembre seulement son cas vient en délibération. L’avocat Servain a été récusé, entermes qu’il estime injurieux, car les témoins qui viennent témoigner contre Pelletier sont de ses familiers . Catinat se récuse parce qu’il a bu avec un neveu de Pelletier ; Verthanon parce qu’il est en délicatesse avec Servain.Puis pelletier fait récuser de Rivière parce il l’avait accusé , lui Pelletier, par le passé . Le 8 janvier rencontre dramatique devant toute les chambres rassemblées. De rivière se plaint d’avoir été pris en partie en son absence par Pelletier. Il se lance dans une longue diatribe contre Pelletier, contre Le Voix son rapporteur. En suit toute une série de récusations : contre Le Voix, puis contre Thévin président des Enquêtes « homme de bien et d’honneur mais familier de Pelletier » , contre Séguier, avocat du roi, pour la même raison. Le Voix s’isurge disant qu’il n’a eu avec Pelletier que les relations imposées par sa mission et requiert réparation. La Cour invite les gens du roi s’ils entendent le maintenir rapporteur… Cette affaire durera deux ans encore







Saint Barthélémy.1572


Dans la soirée du 23 août 1572 Paris présentait un sombre aspect malgré la paix qui depuis deux ans régnait entre les huguenots et les catholiques, on semblait se préparer à une grande lutte. Des compagnies d'hommes armés parcouraient les rues des rassemblements se formaient sur divers points et surtout aux environs de l'hôtel de ville ; successivement les fenêtres s'éclairaient, et aux lueurs douteuses des flambeaux on voyait des officiers placer leurs soldats, échanger un mot d'ordre secret, et désigner des maisons ; le Louvre se remplissait de munitions, des chariots chargés d'armes y pénétraient, et comme des gentilshommes calvinistes demandaient :


Qu'est-ce tout ce bruit ?


C'est, répondirent quelques capitaines, que le roi prend plaisir a attaquer un fort la nuit et aux flambeaux, et chacun court pour le voir.


Étrange fête, dans laquelle Charles IX allait pour Jamais déshonorer sa mémoire.


Un peu après minuit, la cloche de Saint Germain l'Auxerrois donna le signal ; le tocsin de l'hôtel de ville y répondit ; bientôt toutes les cloches des églises de Paris s'ébranlèrent ; et le massacre des protestants commença vers une heure du matin, le 24 août 1572.


En un moment la ville fut remplie de cris, de tumulte, de sang ; les compagnies bourgeoises, les arquebusiers, les gens du duc de Guise, se distinguant dans le désordre à la croix blanche qu'ils portaient à leur chapeau, se répandirent de tous côtés, égorgeant sans pitié tout ce qui n'était pas catholique.


Dans ce massacre général, la mort de Coligny devait être pour ainsi dire le signal de toutes les autres ; ce fut le duc de Guise qui se chargea de cette exécution.


L'amiral de Coligny, frappé deux jours avant d'un coup d'arquebuse qui l'avait blessé au bras, était dans son lit, près duquel un ministre de la religion réformée lui lisait a haute voix les Commentaires de Calvin, lorsque les premiers bruits du mouvement populaire arrivèrent jusqu'à lui.


Lentement le tumulte s'accrut ; enfin un coup d'arquebuse retentit dans la cour même de son hôtel, et on vint lui annoncer que les premières portes étaient forcées.


L'amiral se leva avec calme, se couvrit de quelques vêtements et, dit au ministre qui veillait à ses côtés :

"Mon père, joignez vos prières aux miennes et recommandons notre âme à Dieu."


Au même instant un officier des gardes du roi chargé de protéger l'hôtel de Coligny cria :

Au nom du roi, ouvrez la porte !,

Un valet de chambre obéit et il tomba percé d'un coup de poignard.


Les assassins, tous serviteurs dévoués de la maison de Lorraine, entrèrent dans l'appartement du chef des protestants, et l'un d'eux, Besme, s'avançant, dit d'une voix sombre

"N'es tu pas l'admiral ?

Oui, c'est moi, répondit Coligny sans trouble mais toi, jeune varlet, tu devrois respecter ma vieillesse et avoir égard à mon infirmité : cependant, quelque chose que tu fasses, tu n'abrégeras pas beaucoup ma vie."


A peine put-il terminer, Besme donna l'exemple du meurtre et lui enfonça son épée dans le gosier ; ceux qui l'accompagnaient achevèrent avec leurs poignards le vieil et courageux amiral, et, comme si l'assassinat n'était point une vengeance suffisante, on y joignit l'outrage.


Le duc de Guise, qui attendait dans la cour, avec le duc d'Anjou et le chevalier d'Angoulême, la fin de cette sanglante expédition, voulut s s'assurer que son ennemi était bien mort et fit jeter par la fenêtre le cadavre sanglant de Coligny ; puis, après l'avoir reconnu et foulé aux pieds :


"Courage, dit il. à ses gens ; allons aux autres, le roi le commande !"

et, laissant étendu dans une boue sanglante ce misérable corps qu'il devait reprendre pour l'accrocher au gibet de Montfaucon, il courut à d'autres meurtres.


Paris semblait une ville conquise ; le tocsin sonnait sans relâche, on était arrêté par des barricades, puis par des tas de cadavres ; les éclats répétés des arquebusades se répondaient des extrémités de la ville ; des troupes effarées de victimes, poursuivies par les égorgeurs, s'enfuyaient vers la Seine, mais par une horrible précaution on avait enlevé toutes les barques : tous ceux qui ne portaient pas la croix blanche, tous ceux qui ne s'avouaient pas catholiques mouraient.


Les hommes qui avaient frappé Coligny n'épargnèrent personne ; dans le Louvre, jusque sous les yeux de la soeur de Charles IX, mariée depuis quelques jours au roi de Navarre, on tua les huguenots.


Le roi lui-même, qui d'abord avait hésité, sacrifia ses plus intimes familiers, une fois engagé il ne recula plus ; quand on obtint enfin son consentement

"Tuez les donc tous, s'écria-t-il ; et l'amiral, mais aussi tous les huguenots de France, afin qu'il n'en demeure pas un seul qui puisse me le reprocher après.


Il dut se trouver obéi .


Téligny, gendre de l'amiral ; La Roche foucauld, ami du roi ; de Piles, Pardaillan, La Force, dont le jeune fils se sauva si heureusement à l'Arsenal, et les plus vaillants chefs du protestantisme périrent.


Le rang, la science, le génie, rien ne trouva grâce : Jean Goujon, l'habile artiste, fut frappé d'une balle tandis qu'il taillait les sculptures du Louvre ; le vieux et savant Ramus, la gloire de l'école française, dénoncé par Charpentier son rival en doctrine philosophique, fut massacré par ses élèves : le roi de Navarre et le prince de Condé, n'échappèrent qu'en rachetant leur vie au prix d'une abjuration.

S'il fallait en croire un récit de Brantôme :

"Charles IX, dès qu'il fut jour, mit la teste à la fenêtre et, voyant ceux qui se sauvoient par le fauxbourg Saint Germain, il prit une grande arquebuse de chasse et en tira tout plein de coups à eux ; mais en vain, car l'arquebuse ne tiroit si loin."


Toutefois on peut démentir ce fait., qui n'a d'autre garant que les paroles d'un homme dont la véracité est souvent contestable ; mais il faut du moins reconnaître que le roi s'associa pleinement par sa volonté aux meurtres de la Saint Barthélemy.


Il avait d'abord rejeté ces excès sur le peuple et sur le duc de Guise ; mais la reine, qui, avec le duc d'Anjou, le duc de Guise, le chancelier Birague et quelques autres, avait décidé les massacres du 24 août, voyant que la popularité de la maison de Lorraine s'en accroissait, engagea son fils à en prendre l'entière responsabilité.


Celui ci alors parcourut Paris au milieu des acclamations de la foule, qui jamais, on doit à l'histoire ce triste aveu, ne salua le jeune roi de plus d'hommages qu'au lendemain de cette sanglante journée.


Le 26 août Charles IX vint au parlement, et, dans une séance solennelle, en présence de toutes les chambres réunies sous la présidence de Christophe de Thou, il dit :

"Je veux que tout le monde sache que les exécutions qui ont été commises dans ces derniers jours ne l'ont été que par mes ordres, afin d'empêcher l'effet d'une détestable conspiration."


Le premier président demanda s'il fallait enregistrer cette déclaration,

"C'est mon intention !", reprit le roi ; et il ajouta qu'il publierait un édit pour faire cesser les massacres.


Mais ils s'arrêtèrent moins aisément qu'ils n'avaient commencé : le peuple, habitué au sang et au pillage, ne voulait plus poser les armes ; les ordres royaux ne demandaient que la mort des chefs du protestantisme, la fureur populaire exigeait l'anéantissement du parti calviniste.


Les sanglantes exécutions se prolongèrent plusieurs jours ; on enterra onze cents cadavres du 5 au 13 septembre, et jusqu'au 17 il y eut des meurtres isolés.


Quand le calme revint, le remords pénétra dans le coeur de Charles lX ; on en trouve les traces dans ces lignes des Mémoires de Tavannes, ce féroce exécuteur des rigueurs catholiques qui s'écriait dans la nuit de la Saint Barthélemy :

"Saignez, saignez ! les médecins disent que la saignée est aussi bonne en ce mois d'août qu'au mois de mai ! "

"Le roi oyant conter, écrit-il, les meurtres qui s'étoient faits des vieillards, femmes et enfants, il témoigna d'en avoir horreur."


Ces souvenirs de sang le poursuivirent à son lit de mort ; au moment d'expirer :

"Que de sang, et que de meurtres ! s'écrioit le misérable prince ; ha, que j'ai suivi un méchant conseil ! ô mon Dieu, pardonne les moi et me fais miséricorde !"


Le 30 mai 1574, Charles IX mourut, sinon, comme le rapportent les pamphlets calvinistes, inondé d'une sueur de sang et dans des souffrances surnaturelles, du moins désespéré de cette date fatale du 24 août.


De notre temps on a essayé de justifier le massacre de la Saint Barthélemy, on a parlé du salut du peuple, des nécessités politiques, de l'intérêt de la religion nationale, de la foi catholique ; on a rappelé l'inquiétante ambition des huguenots, leur arrogance, leurs insolentes prétentions.


Tout cela est vrai ; mais, si un intérêt quel qu'il soit peut excuser de pareils excès, où s'arrêtera-t-on dans cette voie ?


Qu'est ce qui semblera désormais permis ou défendu, si l'on autorise ces grands crimes commis par un parti, par une nation, si l'on veut ?


La morale supérieure aux passions ne saurait accepter ces accommodements ; et si parfois elle est impuissante à empêcher ces fureurs, du moins elle doit les condamner hautement.


Journée des barricades.1588


Depuis que Henri de Valois avait abandonné le trône de Pologne, où l'avait appelé l'élection, pour venir recueillir la royale succession de son frère, de Charles IX, il n'avait pour ainsi dire pas régné : placé entre deux partis également impérieux et violents, il essayait de les dominer l'un par l'autre sans y pouvoir réussir.


Les protestants, que le crime odieux de la Saint Barthélemy avait poussés dans une lutte désespérée, ne reconnaissaient plus l'autorité royale : la paix sans cesse renouvelée était constamment rompue par de nouvelle prise d'armes ; et au moindre succès, parfois même après une défaite, les calvinistes montraient des exigences inacceptables, des prétentions qui n'arrivaient pas à moins qu'au démembrement de la royauté.


Si le roi se tournait vers le parti catholique, il ne le trouvait pas mieux disposé à la soumission ; de toutes parts on était hostile à son pouvoir, on l'attaquait ouvertement.


Bien qu'il eût été un des auteurs du coup d'État du 24 août 1572, Henri III n'Inspirait aucune confiance aux catholiques ; les pratiques superstitieuses, puériles de sa dévotion ne trompaient personne ; on savait à quelles débauches, à quelles fêtes scandaleuses il se livrait au retour de ses pèlerinages, on connaissait ses vices, son indifférence railleuse, ses incertitudes ; et on méprisait profondément ce lâche caractère, dont les faiblesses faisaient encore ressortir la fermeté et le dévouement du duc de Guise.


Dès les premières années de son règne, les catholiques avaient formé, en défiance de l'autorité, royale, une union ou sainte Ligue pour la défense des intérêts de la foi.


Etablie d'abord en Picardie, l'association catholique s'était rapidement étendue : la plupart des villes de France y avaient adhéré, et, avec Paris pour centre et le duc de Guise pour chef, la Ligue était devenue une menaçante puissance ; elle reconnaissait encore Henri III comme souverain, mais en fait elle gouvernait plus que lui.


Afin d'en abaisser l'influence, le roi convoqua à Blois des États Généraux : les élections se firent sous les inspirations de la Ligue, et Henri III échoua dans toutes ses demandes ; on lui imposa les conditions les plus inconciliables ; on exigea la révocation des édits de pacification avec le maintien de la paix ; on réclama impérieusement la destruction du calvinisme, et en même temps on refusa l'argent nécessaire à ]a guerre en rejetant à la fois la proposition de nouveaux impôts et la vente de trois cent mille livres de rente des biens de la couronne.


Les États de Blois firent au roi une position impossible ; et Henri III, dit un mémoire du temps, fut si marri de ces résolutions que l'on vit quasi des larmes lui couler des yeux quand on lui fit entendre cette opiniâtreté :


"Voilà, dit il, une trop énorme cruauté ; ils ne me veulent secourir du leur, ni permettre que je m'aide du mien."


Pendant dix années Henri III se débattit entre les factions ainsi accusé, calomnié, poursuivi d'injures à la fois par les ministres de la réforme, et les prédicateurs de la Ligue, amèrement censuré quoi qu'il fit et soutenu seulement par la prodigieuse adresse de sa mère et par les intérêts divers des partis qui réciproquement balançaient leurs efforts.


La mort du duc d'Alençon, son frère, augmenta encore les dangers de cette situation.


Le roi de Navarre, le chef du protestantisme était devenu l'héritier le plus proche de la couronne des Valois ; à la pensée d'avoir un jour pour souverain un hérétique, la fureur de la Ligue, son fanatisme religieux s'accrurent, la nation s'émut des espérances que pouvait concevoir le chef du parti huguenot.


Tous les regards se tournèrent vers le duc de Guise, et pour le placer sur le trône on sembla ne vouloir pas attendre que Henri III fût mort.


Le Valois avait porté deux couronnes ; il fallait, disait-on, lui en donner une troisième celle de moine.


En face de ces ardentes inimitiés le roi fut obligé de se rapprocher des réformés ; et l'exaspération s'accrut : tandis qu'à Nancy, où il avait été envoyé en une sorte d'exil, le duc de Guise réunissait ses frères et les principaux chefs de la Ligue pour adresser au roi une requête dans laquelle il était supplié ou plutôt sommé de se déclarer ouvertement pour l'union en établissant l'inquisition, en livrant aux catholiques des places de sûreté et en faisant la guerre sans relâche aux hérétiques.


Paris insultait ouvertement le monarque ; le prévôt des marchands et les seize quarteniers formaient un pouvoir indépendant, comptaient leurs forces, menaçaient la liberté, la vie même de Henri III, et appelaient avec impatience le héros du catholicisme, le défenseur de la foi, le vaillant balafré Henri de Guise.


Enfin, le lundi 9 mai 1588, malgré la défense expresse du roi, le duc de Guise entra dans Paris par la porte Saint Martin accompagné seulement de quelques gentilshommes ; mais à peine l'eut-on reconnu que la foule l'entoura avec d'incroyables acclamations : on se pressait sur ses pas, on voulait l'approcher, toucher ses vêtements ; les rues qu'il traversait retentissaient de cris enthousiastes, des milliers de voix répétaient


"Vive le duc de Guise ! vive le pilier de l'Église !


et les chapeaux s'agitaient, tous les bras s'élevaient vers le sauveur de la patrie, le Machabée de la France, comme on l'appelait.


C'était l'entrée d'un prince dans sa capitale plutôt que celle d'un sujet rebelle.


Le duc de Guise se rendit d'abord à l'hôtel de la reine mère, puis avec elle il alla au Louvre, sans gardes, sans escorte.


A la nouvelle de son arrivée, Henri médita un moment de le faire mourir ; et le duc entra dans le château qu'on délibérait encore.


Pour parvenir jusqu'à l'appartement du roi, il passa entre deux rangs de gardes sombres, silencieux, et son coeur faiblit en soupçonnant les projets qui s'agitaient.


Cependant il se présenta avec fermeté devant Henri , qui le reçut froidement en lui reprochant sa désobéissance ; et le chef de la Ligue se retira en toute hâte tandis que le roi hésitait s'il le ferait arrêter.


Quelques heures plus tard, le duc de Guise revenait au Louvre ; cette fois environné de ses gardes, de ses officiers.


Alors il fut fier, hautain, impérieux ; il signifia superbement ses conditions : le doute n'était plus permis, le roi avait un maître s'il n'agissait énergiquement.


Le 12 mal, par l'ordre de Henri III, quatre mille Suisses et deux mille gardes, mèche allumée, tambour battant, entrent dans Paris et s'emparent des ponts et des places principales.


A cette agression déclarée, l'union s'agite , les prédications retentissent : la bourgeoisie était prête : de toutes parts elle s'arme ; les écoliers de l'université, réunis sur la place Maubert, où on n'avait pas placé de gardes, donnent le signal et l'exemple de l'insurrection.


Les chaînes se tendent dans les rues ; en quelques heures des barricades s'élèvent jusqu'aux portes du Louvre aux cris de : Vive l'union ! vive la sainte Ligue !


Le tocsin sonne à toutes les églises appelant les ligueurs au combat.


Bientôt les soldats du roi sont vigoureusement attaqués ; on les cerne de tous côtés, on les isole, on les sépare de leurs chefs, et, abandonnés à eux-mêmes, sans vivres, sans munitions, bloqués dans des rues étroites où ils ne peuvent répondre aux balles qu'on leur envoie, ils sont obligées de reculer et de capituler pour échapper au massacre.


Le soir, la Ligue, qui avait eu tout le succès de cette journée, demeurait maîtresse de Paris et tenait le roi assiégé dans son palais ; encore un effort, elle s'emparait de Henri III.


Celui ci, épouvanté, délibéra avec son conseil durant toute la nuit sur le parti auquel il fallait se résoudre, et sa mère le décida à fuir plutôt que d'accepter les dures conditions que lui faisait le chef de la Ligue.


Le lendemain, tandis que Catherine de Médicis retenait le duc de Guise à une conférence, Henri III s'échappait du Louvre : feignant de vouloir se promener, il avait, avec une apparente gaieté, gagné les Tuileries, où étaient situées les écuries ; là il monta à cheval avec les gens de sa suite, et sortit par la Porte Neuve.


Un poste de ligueurs placé à la porte de Nesle, voisine de celle-ci, le vit échapper et lui envoya, sans l'atteindre, quelques coups d'arquebuse.


Henri jeta un dernier. regard à sa capitale, maudit l'ingratitude et la perfidie de ses sujets, puis se dirigea sur Saint Cloud et de là sur Chartres, où il arriva le 14 mai 1588.


"Je suis trahi, s'écria avec violence le duc de Guise en s'adressant à la reine, quand on lui apprit la fuite de Henri, Je suis trahi ; pendant que Votre Majesté m'amuse, le roi est parti de son palais avec l'intention de me faire la guerre ! "


Henri III était sauvé, il avait échappé aux projets des ligueurs ; mais il leur laissait la capitale du royaume et une autorité supérieure à la sienne.


Jusqu'à l'entrée de Henri IV à Paris il y eut dès lors deux pouvoirs en France : celui du roi, presque sans action et sans ressources, et celui de la maison de Lorraine et de la Sainte Union. Bataille d'Ivry. 1590


Depuis que la mort du dernier des Valois, de Henri III, avait transmis la couronne de France au roi de Navarre, son existence, éprouvée déjà par les agitations de la guerre civile, était. devenue une lutte de tous les instants, remplie de périls et de privations.


Souvent, après une journée, passée à combattre en s'exposant comme le dernier de ses soldats, à peine Henri trouvait-il un refuge pour se reposer ; et parfois, au milieu de la nuit, le roi de France s'estimait heureux de rencontrer une misérable chaumière pour y dormir quelques heures.


Mais le Béarnais était courageux : dès son enfance il avait appris la rude vie des camps, il savait supporter la pauvreté et suffisait à toutes les difficultés de sa position par sa patience, son énergie et les ressources infinies de son esprit.


La Ligue reconnut bientôt qu'elle allait avoir un adversaire plus dangereux que Henri III.


A la mollesse, à l'indolence, à l'irrésolution de celui ci, avaient succédé l'activité, la promptitude, la résolution.


A la tête de sa petite armée Henri IV parcourait la Normandie, inquiétait l'armée du duc de Mayenne, et menaçait constamment Paris, dont un jour il surprit les faubourgs.


A Arques, Henri IV avait montré que le roi de France conservait toute la valeur du roi de Navarre, du vainqueur de Coutras : quelques mois après il prouva de nouveau, à Ivry, que le sort des combats décidait en faveur de ses droits.


Après la journée d'Arques, Henri IV, poursuivant le cours de ses succès, s'était successivement emparé de Vendôme, du Mans, de Falaise : enfin, il assiégeait Dreux ; et tous ses efforts tendaient à s'ouvrir la route de Paris, où seulement il pouvait espérer vaincre définitivement ses ennemis.


Les progrès que faisait la cause royaliste obligèrent le duc de Mayenne, le chef militaire de la Ligue, à sortir de son inaction, et à venir s'opposer à la marche victorieuse du roi de France.


A son arrivée, Henri IV dut lever le siége de Dreux ; mais cependant, malgré l'infériorité de ses forces, il ne voulut pas fuir devant les soldats de l'union catholique.


Point d'autre retraite que le champ de bataille !,


répondit-il à ceux qui lui conseillaient de se retirer en Normandie ; et il attendit ses ennemis dans la plaine d'Ivry, sur les bords de l'Eure.


En se décidant à combattre, il ne cédait pas toutefois aux seules inspirations de son courage ; de puissantes raisons l'engageaient à ne pas reculer.


Il avait épuisé ses finances : il fallait, ou qu'une victoire lui donnât de nouvelles ressources, ou qu'il ramenât ses troupes en Normandie, et son séjour dans cette province exigeait de nouveaux sacrifices qu'il ne lui voulait pas demander ; il préféra se confier encore une fois à son épée.


L'armée du duc de Mayenne était, il est vrai, supérieure à la sienne, mais les troupes que Henri conduisait étaient remplies d'ardeur.


Le 14 mars 1590, ayant attiré, en feignant de fuir devant elle, l'armée du duc de Mayenne sur le champ de bataille qu'il avait choisi, Henri, levant les mains au ciel, avant de donner le signal de l'engagement demanda à Dieu, en présence des deux armées, d'être reconnu comme légitime souverain :


"Mais, mon Dieu ! ajouta t il, s'il t'a plu d'en disposer autrement ou que tu voies que je dusse être du nombre de ces rois que tu donnes en ta colère, ôte-moi la vie avec la couronne."


Puis il parcourut les rangs de ses soldats, et, unissant leur cause à la sienne, leur adressa ces mots pleins de confiance et d'énergie, que l'histoire a conservés :


"Mes compagnons ! si vous courez aujourd'hui ma fortune, je cours aussi la vôtre ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Si la chaleur du Combat vous fait quitter vos rangs, pensez aussitôt au ralliement ; c'est le gain de la bataille : et si vous perdez vos enseignes et guidon, ne perdez point de vue mon panache blanc ; vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et du devoir."


Et, baissant la visière de son casque surmonté de plumes blanches, il s'élança contre ses ennemis.


La brillante valeur du roi, les manoeuvres habiles de Biron assurèrent en moins de deux heures le succès de la bataille.


Le Béarnais montra à Ivry ce courage audacieux qui lui était habituel.


Un moment ses troupes hésitèrent ; elles restaient suspendue entre la défense et la fuite, quand Henri IV, se jetant au milieu d'elles, leur cria


"Tournez le visage, afin que, si vous ne voulez combattre, vous me voyiez du moins mourir."


Et aussitôt on le suit au milieu de là mêlée.


Pendant qu'il poursuivait les troupes du duc de Mayenne qui s'enfuyaient en déroute, le roi tomba au milieu d'un escadron de Wallons : un moment on le crut perdu ; mais bientôt les plumes blanches de son casque s'agitèrent au dessus des ennemis abattus.


Le maréchal de Biron, qui, durant l'action, s'était tenu à la tête de la réserve, d'où il avait dirigé les opérations de l'armée royale, abordant le roi après l'affaire, ne put s'empêcher de lui témoigner son admiration :


"Ah, sire ! dit il, cela n'est pas Juste ; vous avez fait aujourd'hui ce que Biron devait faire, et il a fait ce que devait faire le roi."


Les plus fidèles compagnons du roi se trouvèrent à la journée d'Ivry. Sully y eut deux chevaux tués sous lui : d'Aumont, Crillon, qui n'avait pu prendre part à la victoire d'Arques ; de Mornay, d'Aubigné combattirent aux côtés de Henri et le suivirent aux plus périlleux endroits.


La victoire d'Ivry, la plus brillante de toutes celles remportées pendant la durée des guerres civiles ; si elle ne rendit pas au roi de France le plein exercice de son autorité, jeta du moins sur lui un vif éclat.


Jusqu'alors, malgré ses droits, malgré son titre, il avait plutôt fait la guerre en partisan, en aventurier, héroïque aventurier, il est vrai, qu'en roi ; dès lors il obtint, même de ses adversaires, la considération due à un général constamment victorieux, et sa gloire militaire rendit plus assurées les chances favorables de sa fortune.


L'armée catholique avait perdu six mille hommes, les Suisses s'étaient rendus presque sans combattre et étaient passés sous les drapeaux du Béarnais ; les compagnies allemandes, poursuivies sans pitié, avaient laissé leurs meilleurs soldats sur le champ de bataille.


Cependant Henri, au milieu de ces deux armées composées de mercenaires étrangers, n'avait pas oublié qu'il y avait des Français sous les étendards de la Ligue, et la dernière parole dont il fit retentir la plaine d'Ivry fut :


" Main basse sur l'étranger, sauvez les Français."


Mayenne, humilié, livra le chemin de Paris au roi de France, qui, le 8 mai 1590, investit la capitale avec une armée de 15.000 hommes.


Paris, dont la Ligne avait augmenté l'influence sur la France ; Paris, qui renfermait le parlement, la Sorbonne, la cour des comptes, était le centre de la puissance de l'union catholique ; tant qu'il n'y serait pas entré, Henri IV ne pouvait croire sa cause gagnée.


C'est de là que venaient les coups les plus funestes au parti royal : c'est là que l'Espagne et la cour de Rome, soutenues par les Seize, formaient leurs intrigues ; c'est de Paris, enfin, que partaient ces pamphlets, ces outrages, ces sermons à la fois odieux et ridicules qui entretenaient le désordre dans le pays et avilissaient la royauté à ses yeux.


Henri IV résolut donc d'en terminer à tout prix par la réduction de Paris : il garda toutes les routes, s'empara du cours des rivières et réussit à intercepter tous les convois destinés à l'approvisionnement des Parisiens ; durant trois mois il maintint ce blocus avec rigueur.


La famine devint horrible, la population succombait aux maladies, les morts encombraient les places, on se disputait les plus misérables aliments ; on mangea l'herbe qui croissait dans les rues désertes, on dévora les animaux même les plus vils, on fit de la farine avec des ossements : une femme même, égarée par le désespoir, mangea, dit-on, son enfant.


La situation des Parisiens était affreuse, et cependant ce peuple have et décharné, épuisé par la souffrance, préféra encore supporter toutes les misères et tous les maux de la famine plutôt que de sacrifier ses croyances et d'accepter un roi protestant.


Toutefois, s'il eût persisté et poussé la ville aux dernières extrémités, le roi y aurait pénétré avant que le duc de Parme eût pu venir la délivrer ; mais Henri se souvint que ces malheureux étaient ses sujets.


Le coeur du Béarnais s'émut, et il permit, contre tous les droits de la guerre, qu'on laissât entrer des vivres dans Paris : sous ses yeux des voitures chargées de farine traversèrent son camp et ranimèrent l'opiniâtre résistance des Parisiens.


Cet acte d'humanité fit perdre à Henri IV les résultats d'un siége de quatre mois ; le duc de Parme eut le temps d'arriver au secours de la capitale, que l'armée royaliste fut obligée d'abandonner le 30 août 1590, pour rentrer en Normandie.


Mais, comme l'avait dit le roi de France quand il autorisa l'entrée des approvisionnements, il aimait mieux


"n'avoir point de Paris que de l'avoir déchiré en lambeaux."


Table chronologique des faits mémorables.....