Le 34 rue de Seine



Le 34 rue de Seine se présente d’une façon fort élégante. Il dégage sa personnalité à travers son haut portail percé dans un corps de logis d’un étage seulement que surmonte une belle toiture en ardoises refaite récemment. L’inscription qu’on déchiffre péniblement sur son fronton évoque la Révolution. L’ouverture du portail, trop rare à notre goût, laisse découvrir au fond d’une cour pavée un bel immeuble à perron dont la face arrière donne sur un grand jardin.

Son histoire qui balaye plus de 450 ans fut difficile à reconstituer à cause de démembrements et remembrements successifs et témoigne de l’esprit de corps du Parlement sous l’Ancien Régime et des bouleversements sociologiques provoqués par la Révolution.

Pendant deux siècles, des procureurs, des conseillers et des présidents au Parlement en firent leur résidence ou une maison de rapport. La période post-révolutionnaire vit les personnages les plus hétéroclites traverser son histoire.

Pourtant pendant quatre siècles et demi il y eut une permanence dans las constructions et la topographie des lieux. Le bâtiment sur rue a toujours comporté un seul étage, il y eut de tout temps une grande porte cochère donnant sur une cour pavée bordée de remises. Un grand corps de logis qui montre fièrement son perron sépare la cour du grand jardin qui est derrière.


Aller à la découverte d’une maison, c’est peu à peu remonter le temps en fouinant dans calepins des propriétés bâties et les sommiers des Archives de Paris pour arriver finalement aux cueillerets, terriers et actes notariés des Archives Nationales datant du XVIe siècle. C’est aussi cheminer en compagnie de personnages dont peu à peu on partage les émotions, les joies et les peines et refaire connaissance avec l’histoire de France de notre enfance.

Toutes ces recherches furent pour moi sources de plaisirs et d’émotions. Permettez-moi de tenter de vous les faire partager en levant le voile sur l’histoire du 34 rue de Seine.


Chapitre I

Au temps des parlementaires


Au début du XVIe siècle, le quartier de Saint Germain des Prés ne faisait pas encore partie de la capitale. Séparé de Paris par les murailles des fortifications de Philippe Auguste, le bourg Saint Germain des Prés dépendait de la juridiction de l’abbaye du même nom. La rue de Seine n’était alors qu’un chemin de terre bordé par quelques tuileries et des champs dont l’un était le célèbre Pré-aux-Clercs où s’ébattaient les étudiants.

La réouverture de la porte de Bussy vers 1530 facilita l’accès au bourg Saint Germain dont on vantait le calme, le bon air et les distractions offertes par sa foire qui s’y tenait tous les ans en février. Des bourgeois de Paris, des nobles commencèrent à s’installer dans ces lieux si hospitaliers.

Les bons moines de l’abbaye qui flairaient la bonne affaire se mirent alors à lotir les terrains le long de la rue de Seine. Dès 1538, son abbé commandataire, le révérendissime cardinal de Tournon, qui savait allier au spirituel des préoccupations fort temporelles, accorda moult baux à cens et à rente sur les lots de la rive orientale de la rue, sous réserve que chaque preneur y fasse « bastir maisons manables1 ». Cette opération immobilière avant l’heure connut tant de succès que l’autre côté de la rue ne tarda point à suivre ce bel exemple.


L’histoire de la maison qui nous occupe commence donc à cette époque, très exactement le jeudi 12 mai 15412. Ce jour-là, le frère Pierre Gouscon, vicaire général du cardinal de Tournon, qui lui-même était alors l’abbé commandataire de l’abbaye, bailla à titre de cens et rente foncière annuelles et perpétuelles à Arnault Palerne, procureur en la cour du Parlement un demi arpent de terre, c’est-à-dire environ 1700m23. Ce terrain qui était en une pièce tenait d’une part, au nord, à Gilles Lemaistre, avocat au Parlement, d’autre au sud à Jehan Vallet, écuyer, il aboutissait d’un bout à la rue de Seine et de l’autre au petit Pré-aux-Clercs qui appartenait à l’Université. Ce bail était fait au prix de 10 livres parisis de rente annuelle et perpétuelle et 3 sols de cens « pour arpent »4. Ainsi Arnault Palerne s’engageait à verser à l’abbaye, pour son demi arpent 100 deniers de rente foncière dont la moitié était rachetable au sol la livre et 18 deniers parisis de cens, le tout payable chaque année le jour de la saint Rémy, « chef d’octobre ». Il devait aussi clore son terrain « dedans ung an » et y « faire bastir et édiffier maison manable dedans deux ans ».

Dans les 24 mois qui suivirent, maître Arnault Palerne remplit son contrat et mourut.




Extrait du cueilleret de l’abbaye de Saint Germain des Prés

AN : LL 1124


Sa veuve, Jehanne Deschamps, eut la garde de ses enfants. En femme de tête, elle décida d’agrandir sa propriété. Le 1er mars 15435, les moines de l’abbaye lui baillaient à cens et à rente annuels et perpétuels « quinze perches de terre6 en une pièce scituée et assize au terroir dud Sainct Germain, tenant d’une part à lad vefve et à sesd enfans et d’autre part à messire Philippe Le Compte, procureur en la Chambre des Comptes à Paris, aboutissant d’ung bout à la rue de Seyne et d’autre bout au petit Pré-aux-Clercs ». Par le même acte, elle prenait aussi l’engagement d’enclore son terrain et d’y bâtir une maison. Cette acquisition lui coûtait le même prix de 10 livres parisis de rente foncière par arpent, par contre le cens avait considérablement augmenté : c’était 10 sols par arpent qu’il lui fallait acquitter chaque année au jour de la saint Remy. Cependant le résultat était là : Jeanne disposait maintenant d’un domaine de plus de 2200m2. Qui plus est, il prit de la valeur puisque la rue de Seine fut pavée entre 1545 et 1546 .

Le destin de Jeanne Deschamps ne laissa pas beaucoup de traces dans les archives qui révèlent toutefois qu’elle se remaria assez rapidement avec maître Pierre Thiédot, aussi procureur au Parlement, et qu’en 1573, à nouveau veuve, elle avait cédé à Hélie de La Faye qui lui versait une rente foncière une maison sise rue de Seine et qui jouxtait celle de maître Montaigne7 que l’on verra apparaître plus loin. Cette maison fut par la suite revendue à un sieur Petit.

Extrait du bail à cens et à rente fait à Jehanne Deschamps AN : L 797



Où Pierre Bolioud devient propriétaire

En effet, en 15488 la maison avait changé de main. Malheureusement, les circonstances cette mutation restent obscures.


Le nouveau propriétaire était maître Pierre Bolioud. Il exerçait tout à la fois les charges de secrétaire du Roy, de notaire et greffier au Parlement de Turin9 . Il recevait pour cette fonction 400 livres par an. François Ier devait beaucoup apprécier ses services puisqu’il lui fit verser d’avance les trois quarts de ses émoluments en 1539, lors de la constitution de ce Parlement10.

Pierre Bolioud était avide de posséder des grands horizons puisqu’il s’était constitué une belle propriété qui s’étendait du petit Pré-aux-Clercs à l’ouest, à la rue de Seine à l’est ; des terrains de Gilles Le Maistre, avocat du roi au nord à ceux de Jehan de Vallet, écuyer, au sud. En effet, il avait aussi acquis les biens de Pierre Boutin, de maistre Georges Sinadat et Nicolas Coupry et y avait construit « une grande maison couverte d’ardoise et aultres édifices, court, jardin et lieux «.

Le plan dit de Bâle ci-dessous illustre sans doute assez bien la topographie des lieux.










La future rue Bonaparte est au premier plan, la rue de Seine se trouve entre les deux rangées de maisons sur le côté gauche du plan, la rue de Bussy se reconnaît à son coude, la propriété des Bolioud y est indiquée par une flèche. À sa gauche, on voit la propriété de Gilles le Maistre et l’amorce de la rue des Marais (maintenant rue Visconti) .



Gabriel Montaigne prend la relève

Maître Bolioud avait une fille, Geneviève, qui avait épousé maître Gabriel Montaigne. Le couple vint habiter à Saint Germain des Prés en la rue de Seine dans la maison qui nous occupe. Il se trouve que le jardin avait une forme bizarre parce que le petit Pré-aux-Clercs y faisait une enclave. Aussi lorsque l’occasion fut donnée à Gabriel Montaigne d’y remédier, il sauta sur l’occasion et acquit le 7 septembre 1549 d’un certain Nicolas Beaujouen, maître brodeur, une pièce de terre qui mesurait 24 toises et demie.

Elle avait la particularité d’être dans la censive de l’Université et de faire partie du fameux petit Pré-aux-Clercs dont l’histoire est tumultueuse, semée de violences et de péripéties.

En 1368 l’abbaye de Saint Germain des Prés s’entoura de bonnes et solides murailles à la demande du roi. Pour construire son enceinte et creuser ses fossés, elle prit à l’Université ce dont elle avait besoin. En compensation, elle lui donna un terrain d’environ deux arpents et demi11 qui d’une part occupait l’espace compris entre la rue Bonaparte et une ligne parallèle à la rue de Seine mais en retrait vers l’ouest d’environ 36m, et entre la rue Jacob et une parallèle à la rue Visconti en retrait vers le nord d’environ 25m, d’autre part12. Le plan ci-dessous dressé en 1694 montre l’emplacement du petit Pré-aux-Clercs, en arrière de la rue de Seine et entre les rue du Colombier (Jacob aujourd’hui) et des Marais (maintenant Visconti).


Très vite les étudiants en firent leur domaine et vinrent s’y ébattre- et s’y battre. On l’appela communément le petit Pré-aux-Clercs. Les choses demeurèrent à peu près paisibles jusqu’au milieu du XVIe siècle où ce terrain servait davantage de décharge que de terrain de jeux. L’Université décida alors de le bailler à cens et à rente pour que des maisons y soient construites. Un acheteur, flairant la bonne affaire, se présenta aussitôt. Il s’agissait de Pierre Leclerc, docteur en droit canon à l’Université, et qui plus est, conservateur des privilèges apostoliques de l’Université de Paris, fonction qui le positionnait fort bien pour conclure le marché. Le bail fut signé le 2 juin 1540 devant maître Crozon13. Les maîtres et surtout les étudiants étaient furieux contre ces aliénations. La révolte commença le 4 juillet 1548. Une troupe « d’escoliers » excités par les discours de La Ramée, ardent défenseur de l’Université et principal du collège de Presle, arrivèrent au Pré-aux-Clercs en nombre et armés. Ils assaillirent le clos de l’abbaye, rompirent les arbres fruitiers et les treilles, continuèrent leur désordre dans les maisons voisines bâties sur la censive de l’abbaye. Bien entendu toutes ces violences ne se firent pas sans que les religieux et les habitant ne réagissent. L’expédition finie, la troupe des étudiants se retira en bon ordre de bataille et portant les branches d’arbre, les ceps de vigne comme un trophée vinrent les brûler devant Sainte Geneviève. Pierre Galand, professeur royal, dans le dessein d’apaiser les esprits vint le lendemain dans le pré discourir, disant que le Parlement était favorable aux étudiants. Ce fût peine perdue, les violences continuèrent tout le long des mois qui suivirent. Pourtant injonction fût faite aux religieux de trouver un autre endroit pour leur marché aux chevaux et de remettre le chemin de derrière l’abbaye dans son ancien tracé. Dans un arrêt du 19 janvier 1549, il fut fait défense à tous les « escoliers » sous peine de la hart de se rendre au Pré-aux-Clercs et d’y faire des tumultes et des démolitions. Il fut ordonné que l’on conserverait le chemin qui courait le long des fossés (la rue du Colombier), adjugea l’entière propriété du grand Pré-aux-Clercs aux étudiants. Quant au petit pré dont l’Université avait fait bail à des particuliers il leur fût enjoint de présenter leur titre.

L’arrêt n’était pas même exécuté que les violences et les voies de fait recommencèrent. On continua à crier, hurler, piller et brûler des maisons. Et cela dura plus de trois ans ! Finalement il y eut un peu d’apaisement mais le feu couvait. Le 12 mai 1557, un jeune étudiant et un avocat à la cour du Parlement furent tués par balles et d’autres blessés. Les tirs venaient d’une maison en bordure du Pré-aux-Clercs. Le coupable, le commissaire Bailly fût arrêté puis relâché à la fureur des « escoliers » qui allèrent le lendemain saccager et br^ler sa maison et les trois maisons voisines pour faire bonne mesure. Une sentence de mort fût prononcé et exécuté contre un étudiant, Baptiste Coquatre, qui fût pendu le lendemain en plein milieu du Pré-aux-Clercs, son corps fût brûlé et ses biens confisqués, pour faire exemple. Cela n’empêcha pas, bien entendu, les voies de fait et les violences…

Pendant tous ces événements le sieur Leclerc avait donc, on l’a vu, loti son domaine et baillé à cens et à rentes à différentes personnes auxquelles il fallait une bonne dose d’optimisme – ou d’inconscience- pour acheter quoi que ce fût dans cette région du faubourg Saint-Germain

Une grande parcelle de 152 toises fut acquise par Nicolas Baujouen14 , brodeur, qui rétrocéda 24 toises et demie à Gabriel Montaigne « pour escarrer » son jardin.

Cette pièce de terre tenait d’une part au sieur Baujouen (qui ne tarda pas à céder le surplus à Ambroise Amy) et de tous les autres côtés à Gabriel Montaigne parce que ces 24 toises 1/2 faisait enclave « dans son grand jardin ».

Un document de 170515, concernant le bornage du petit Pré aux Clers, nous permet de mieux cerner l’emplacement de ces 24 toises 1/2. Nous en donnons ici le passage qui concerne la maison  : « Il est observé qu’il y a 24 toises 1/2 en superficie qui estoient autrefois en jardin et sont à présent en serres et remises et qui font partie de la maison des enfants de M. de Pontcarré, premier président du Parlement de Rouen scize en la rue de Seine. Ces 24 roises 1/2 tiennent du côté de la rue des Marets aux maisons des Religieuses Sainte Marie et du côté de la rue du Colombier à l’une des maisons du sieur Loiseau conseiller en la Cour et du côté de la rue des Petits Augustins au jardin du sieur Loiseau ».

Elle était donc bordée par le 15 de la rue Visconti et le 22 rue Jacob.

Gabriel Montaigne signa devant le notaire Desnetz le contrat d’acquisition de ce lopin de terre le 5 septembre 154916. Il promettait de verser à l’Université, chaque année au jour de la saint Rémy, un denier parisis de cens et 2 sols tournois de rente foncière.

Était-il, à cette époque, aussi propriétaire de la maison qu’il occupait. Nous ne pouvons l’affirmer mais un acte notarié de 1546 nous apprend que maître Bolioud était encore vivant à cette époque puisqu’il se portait garant de son gendre dans la signature d’un bail de sous-traitance des fermes du cardinal de Tournon.


.

Copie de la déclaration de cens de Gabriel Montaigne



Gabriel Montaigne était un homme aux ressources d’adaptation infinies puisqu’au cours de sa longue vie, il exerça de multiples charges. En 1546, il était huissier des requêtes du Palais. Cela ne le contentait point puisqu’il signa avec le fermier et receveur du cardinal de Tournon pour ses terres et seigneuries de Villeneuve-Saint-George, Valenton et Challandray un bail17 de sous-traitance des fermes pour 200L par an dont son beau-père se porta garant sur ses biens . À la même époque, il était l’émissaire du roi Henri II auprès du Bureau de la Ville dans l’affaire bien embrouillée de « la closture des faulxbourgs de l’Université » . On le retrouve en 1553 prévôt de Chastillon, en 1562, procureur de l’abbaye de Saint Germain des Prés. En 1569, le Bureau de la Ville qui mettait en place la garde de la porte de Buci le choisit comme l’un des quatre garants de sa bonne fermeture. À cette période, il était aussi procureur au Parlement et l’était encore en 1578.



Peu de temps après, très exactement le 24 août 1572, ce fut la Saint Barthélémy . Les récits de cette sinistre nuit peuvent nous faire imaginer son horreur. Alors que Paris était dans la liesse du mariage de Henri de Navarre18 avec Marguerite de Valois et que ses amis protestants étaient venus l’accompagner à Paris pour la fête de ses noces, la cloche de l’église Saint Germain l’Auxerrois, toute proche du Louvre, retentit dans la nuit, Le massacre commandité par la reine mère Catherine de Médicis et le roi Charles IX commença par l’assassinat de l’amiral de Coligny, dans son hôtel rue de Béthisy. L’attentat perpétué contre lui deux jours avant ne l’avait que blessé, il fallait bien l’achever ! le duc de Guise vint en personne s’assurer que le travail avait été bien exécuté. On continua par les hôtes huguenots du Louvre. Tous, gentilhommes, pages, valets sont rabattus dans la cour du Louvre et ce fut l’hallai. On n’épargna cependant le jeune époux, le futur bon roi Henri. Mais la proscription n’était point achevée. Il était un lieu qu’on appelait « la petite Genève » au faubourg Saint Germain des Prés, dans lequel gîtaient de nombreux protestants. Il s’agissait de la rue des Marais et de ses entours. Le duc de Guise, le duc d’Aumale et le bâtard d’Angoulême s’y précipitèrent par la rue Saint-André. Hélas, la porte de Buci était fermée –Gabriel Montaigne en était même, on le sait, le garant-, mais peu importe, Guise en avait la clé. Le malheur (ou plutôt le bonheur) fut que ce n’était pas la bonne. Il fallut envoyer chercher le bon sésame. Les protestants, alertés par les cris des massacreurs se rassemblèrent et comprirent instantanément que la situation était grave.Montgomery cria « Vite au Pré-aux-Clers ! ».

C’est là, au milieu de ce film tragique, que se situe la prise de vue d’un acte de bravoure. Le duc de La Force et ses deux fils logeaient eux aussi au faubourg. Le père était déjà sorti de sa maison, il avait encore le temps de se sauver ; mais voyant que ses enfants ne venaient point, il retourna les chercher. À peine était-il rentré chez lui que les assassins arrivèrent : un nommé Martin à leur tête, entra dans la chambre, le désarma lui et ses deux enfants, et lui dit avec des serments affreux, qu’il fallait mourir. La Force proposa une rançon de 2000 écus ; le capitaine l’accepta, La Force jura de le payer dans deux jours, et aussitôt les assassins après avoir pillé tout dans la maison , dirent à La Force et à ses enfants de mettre leurs mouchoirs en croix sur leurs chapeaux, et leur firent retrousser leur manche droite sur l‘épaule ; c’était la marque des meurtriers. En cet état, ils leur firent passer la Seine et les amenèrent dans la ville. La rivière était couverte de morts. Son père, son frère et lui abordèrent devant le Louvre. Là ils virent égorger plusieurs de leurs amis. Finalement on les emmena prisonniers dans la maison du capitaine Martin . Une tante donna bien les 2000 écus mais ils se firent égorger sauf le plus jeune fils de 13 ans qui survécut à ses blessures, fut caché par un marqueur de jeu de paume nommé du Verdelet et ensuite caché chez le maréchal de Biron à l’Arsenal.

Ceux qui s’étaient rassemblés au Pré-aux-Clercs purent réunir des chevaux et galoper à travers champs vers le sud-ouest, la troupe guisarde à leurs trousses. Mais ils avaient trop d’avance. Henri de Guise et ses compagnons rebroussèrent chemin à Montfort-l’Amaury.

Aux habitants qui restèrent, l’horrible spectacle de la Seine rougie par le sang des cadavres nus qu’elle charriait, des rues jonchées de corps mutilés. …

Tableau de François Dubois

Musée de Lausanne


Le 34 rue de Seine se présente d’une façon fort élégante. Il dégage sa personnalité à travers son haut portail percé dans un corps de logis d’un étage seulement que surmonte une fort belle toiture en ardoises refaite récemment. L’inscription qu’on déchiffre péniblement sur son fronton évoque la Révolution. L’ouverture du portail, trop rare à notre goût, laisse découvrir un bel immeuble à perron au fond d’une cour pavée dont la face arrière donne sur un jardin.

Son histoire, difficile à reconstituer à cause de démembrements et remembrements successifs, - cependant étrangement peu nombreux puisqu’en deux siècles et demie elle n’a connu que quatre ventes -, témoigne à la fois de l’esprit de corps du Parlement sous l’Ancien Régime et des bouleversements sociologiques provoqués par la Révolution.

Pendant deux siècles des présidents au Parlement en firent leur résidence ou une maison de rapport. Les deux siècles suivant la Révolution virent les personnages les plus hétéroclites traverser son histoire.

Cependant pendant quatre siècles il y eut toujours une permanence. Le bâtiment sur rue devait permettre, par sa porte cochère, d’avoir accès au deuxième corps de logis qui était à perron . Celui-ci donnait à l’arrière sur un jardin. Les différents lieux abritaient des remises.


Partir à la découverte d’une maison, c’est peu à peu remonter le temps à partir des calepins des propriétés bâties et du sommier des Archives de Paris pour se terminer aux cueillerets, terriers et actes notariés du XVIe siècle déposés aux Archives Nationales.

Toutes ces recherches furent pour moi sources de plaisirs et d’émotions . Permettez-moi de tenter de vous les faire partager en levant le voile sur l’histoire du 34 rue de Seine.


Au temps des parlementaires


Au début du XVIe siècle, le quartier de Saint Germain des Prés ne faisait pas encore partie de la capitale. Séparé de Paris par les murailles des fortifications de Philippe Auguste, le bourg Saint Germain des Prés dépendait de la juridiction de l’abbaye du même nom. La rue de Seine n’était alors qu’un chemin de terre bordé par quelques tuileries et des champs dont l’un était le célèbre Pré aux Clercs où s’ébattaient les étudiants.

La réouverture de la porte de Bussy vers 1530 facilita l’accès au bourg dont on vantait le calme, le bon air et les distractions offertes par la foire Saint Germain qui s’y tenait tous les ans aux environs de _________. Les bons moines de l’abbaye qui flairaient la bonne affaire se mirent à lotir les terrains le long de la rue de Seine. Dès 1538, son abbé commandataire, le révérendissime cardinal de Tournon, qui savait allier au spirituel des préoccupations fort temporelles, accordait moult baux à cens et à rente sur les lots de la rive orientale de la rue, sous réserve que chaque preneur y fasse « bastir maisons manables19 ». Cette opération immobilière avant l’heure connut tant de succès que l’autre côté de la rue ne tarda point à suivre ce bel exemple.


L’histoire de la maison qui nous occupe commence donc à cette époque, très exactement le jeudi 12 mai 1541. Ce jour-là, le frère Pierre Gouscon, vicaire général du cardinal de Tournon, bailla à titre de cens et rente foncière annuelles et perpétuelles à Arnault Palerne, procureur en la cour du Parlement un demi arpent de terre, c’est-à-dire environ 1700m220, en une pièce. Ce terrain tenait d’une part, au nord, à Gilles Lemaistre, avocat en Parlement, et d’autre à Jehan Vallet, écuyer, il aboutissait d’un bout à la rue de Seine et de l’autre au petit Pré aux Clercs qui appartenait à l’Université. Ce bail était fait au prix de 10 livres parisis de rente annuelle et perpétuelle et 3 sols de cens « pour arpent »21. Ainsi Arnault Palerne s’engageait à verser à l’abbaye, pour son demi arpent 100 deniers de rente dont la moitié était rachetable au sol la livre et 18 deniers parisis de cens, le tout payable chaque année le jour de la saint Rémy, « chef d’octobre ». Il devait aussi clore son terrain « dedans ung an » et y « faire bastir et édiffier maison manable dedans deux ans ».

Dans les 24 mois qui suivirent, Maître Arnault Palerne remplit son contrat et mourut.

Sa veuve, Jehanne Deschamps, eut la garde de ses enfants. En femme de tête, elle décida d’agrandir sa propriété. Le 1er mars 154322, les moines de l’abbaye lui baillaient à cens et à rente annuels et perpétuels « quinze perches de terre23 en une pièce scituée et assize au terroir dud Sainct Germain, tenant d’une part à lad vefve et à sesd enfans et d’autre part à messire Philippe Le Compte, procureur en la Chambre des Comptes à Paris, aboutissant d’ung bout à la rue de Seyne et d’autre bout au petit Pré aux Clercs ». Par le même acte, elle prenait aussi l’engagement d’enclore son terrain et d’y bâtir une maison. Cette acquisition lui coûtait le même prix de 10 livres parisis de rente par arpent mais le cens avait considérablement augmenté : c’était 10 sols par arpent qu’il lui fallait acquitter chaque année au jour de la Saint Remy. Cependant le résultat était là : Jeanne disposait maintenant d’un domaine de plus de 2200m2.

Son destin ne laissa pas beaucoup de traces dans les archives qui révèlent toutefois qu’elle se remaria assez rapidement avec maître Pierre Thiédot, procureur au Parlement et qu’en 1574, à nouveau veuve, elle avait cédé une partie de ses biens fonciers à un certain de La Faye qui lui versait une rente.

.

Où Pierre Bolioud devient propriétaire

En 154824 la maison avait changé de main. Malheureusement, les circonstances cette mutation restent obscures. Le nouveau propriétaire, maître Pierre Bolioud, était secrétaire du Roy, notaire et greffier du Parlement de Turin25 et recevait pour cette fonction 400 livres par an dont François Ier lui fit verser d’avance les trois quarts en 1549, lors de la constitution de ce Parlement. Il était aussi avide de posséder des grands horizons puisqu’il s’était constitué une belle propriété qui s’étendait du petit Pré aux Clercs à l’ouest, à la rue de Seine à l’est ; des terrains de Gilles Le Maistre, avocat du roi au nord à ceux de Jehan de Vallet, écuyer, au sud. En effet, il avait acquis en même temps que les biens de la veuve Palerne, ceux de Pierre Boutin, de maistre Georges Sinadat et Nicolas Coupry Il y avait construit « une grande maison couverte d’ardoise et aultres édifices, court, jardin et lieux «.

Le plan dit de Bâle ci-dessous illustre sans doute assez bien la topographie des lieux. Au premier plan, on trouve la future rue Bonaparte, la rue de Seine est entre les deux rangées de maisons sur le côté gauche, la rue de Bussy se reconnaît à son coude, la propriété des Bolioud est sur la droite qui fait l’angle avec la future rue Jacob. À sa gauche, on voit la propriété de Gilles le Maistre.






Où Gabriel Montaigne prend la relève

Maître Bolioud avait une fille, Geneviève, qui avait épousé maître Gabriel Montaigne. Le couple vint habiter à Saint Germain des Prés, en la rue de Seine, sans doute dans la maison qui nous occupe et dont le jardin avait une forme bizarre parce que le petit Pré aux Clercs y faisait une enclave. Aussi lorsque l’occasion fut donnée à Gabriel Montaigne d’y remédier, il sauta sur l’occasion et acquit d’un certain Nicolas Beaujouen, maître brodeur, le 7 septembre 1549 une pièce de terre, qui mesurait 24 toises et demie, avait la particularité d’être dans la censive de l’Université et de faire partie du petit Pré aux Clercs qui avait une bien curieuse histoire.

En 1368, l’abbaye de Saint Germain des Prés avait dû s’entourer de bonnes et solides murailles à la demande du roi. Pour construire son enceinte et creuser des fossés, elle avait pris à l’Université ce dont elle avait besoin. En compensation elle lui donna un terrain d’environ deux arpents et demi26 qui occupait d’une part l’espace compris entre la rue Bonaparte et une ligne parallèle à la rue de Seine, en retrait vers l’ouest d’environ 36m, et d’autre part entre la rue Jacob et une parallèle à la rue Visconti en retrait vers le nord d’environ 25m27, comme l’illustre le plan ci-dessous. Très vite les étudiants en firent leur domaine et vinrent s’y ébattre- et s’y battre- c’est pourquoi on l’appela communément le petit Pré aux Clercs. Cependant, au milieu du XVIe siècle, ce terrain était laissé à l’abandon et servait davantage de décharge que de terrain de jeux. L’Université décida alors de le bailler à cens et à rente. Un acheteur, flairant la bonne affaire, se présenta aussitôt. Il s’agissait de Pierre Leclerc, docteur en droit canon à l’Université, et qui plus est, conservateur des privilèges apostoliques de l’Université de Paris, fonction qui le positionnait fort bien pour conclure le marché. Le bail fut signé le 2 juin 1540 devant maître Crozon. Après quelques péripéties et un procès au Parlement intenté par un certain Barbier, furieux que l’on ait pas suivi son enchères, il le lotit et le bailla à cens et à rentes à différentes personnes. Une grande parcelle de 152 toises fut achetée par Nicolas Baujouen qui exerçait le métier de brodeur. Il rétrocéda 24 toises et demie à Gabriel Montaigne « pour escarrer » son jardin. La pièce de terre tenait d’une part au sieur Baujouen (qui ne tarda pas à céder le surplus à Ambroise Amy) et de tous les autres côtés à Gabriel Montaigne parce que ces 24 toises 1/2 faisait enclave « dans son grand jardin ». Il devait verser à l’Université, chaque année au jour de la Saint Rémy, un denier parisis de cens et 2 sols tournois de rente foncière et s’engageait à entretenir et maintenir en bon état. Un document de 170528, concernant le bornage du petit Pré aux Clers, nous permet de mieux cerner l’emplacement de ces 24 toises 1/2. Nous en donnons ici le passage qui concerne la maison  : « Il est observé qu’il y a 24 toises 1/2 en superficie qui estoient autrefois en jardin et sont à présent en serres et remises et qui font partie de la maison des enfants de M. de Pontcarré, premier président du Parlement de Rouen scize en la rue de Seine. Ces 24 roises 1/2 tiennent du côté de la rue des Marets aux maisons des Religieuses Sainte Marie et du côté de la rue du Colombier à l’une des maisons du sieur Loiseau conseiller en la Cour et du côté de la rue des Petits Augustins au jardin du sieur Loiseau ».

En juillet 1547, alors que l’Université était en procès avec les Relligieux de Saint Germain des Prés auxquels elle reprochait de s’annexer indûment des pièces de terre faisant partie du petit Pré aux Clercs., il y eût » audit Pré, une grande esmotion par les escoliers qui pour ÿ entrer avoient forcé une maison à cause qu’on en avoit fermé les portes de peur qu’ils n’entrassent audit Pré ». La Cour ordonna d’en faire garder les accès. Elle défendit à tous bateliers de passer aucune personne au faubourg Saint Germain. « Nonobstant lesdittes deffenses lesdits escoliers ayants fait violences, laditte cour ordonna que tous les sergents, cinquanteniers et dizainiers seroient prests pour résister en cas de nouvelles émotions ».

Tous ces événements n’empêchèrent point notre Gabriel Montaigne de signer devant le notaire Desnetz le contrat d’acquisition de ce lopin de terre le 5 septembre 1549. Était-il propriétaire de la maison à la place de son beau-père. Nous ne pouvons l’affirmer mais un acte notarié de 1546 nous apprend que maître Buliond était encore vivant à cette époque puisqu’il se portait garant de son gendre dans la signature d’un bail de sous-traitance des fermes du cardinal de Tournon.

Il faut reconnaître que c’était un homme aux ressources d’adaptation infinies puisqu’au cours de sa longue vie, il exerça de multiples charges. En 1546, il était huissier des requêtes du Palais et il signait en même temps avec le fermier et receveur du cardinal de Tournon pour ses terres et seigneuries de Villeneuve-Saint-George, Valenton et Challandray un bail29 de sous-traitance des fermes pour 200L par an dont son beau-père se porta garant sur ses biens . À la même époque, il était l’émissaire du roi Henri II auprès du Bureau de la Ville dans l’affaire bien embrouillée de « la closture des faulxbourgs de l’Université » . On le retrouve en 1553 prévôt de Chastillon, en 1562, procureur de l’abbaye de Saint Germain des Prés. En 1569, le Bureau de la Ville mettait en place la garde de la porte de Buci et de sa clef qui jouera un rôle si important à la Saint Barthélémy, il était un des quatre garants du bon fonctionnement du système. À cette date il était aussi procureur au Parlement et l’était encore en 1578.

Au nord, la portion de terre était donc bordé par le 15 de la rue Visconti, et des autres côtés par les 20 et 22 rue Jacob.

Finalement l’Université ayant eu (provisoirement) gain de cause dans ses démêlées avec l’abbaye, le 10 juillet 1568 Gabriel Montaigne signe par devant le notaire Denetz30 une déclaration de propriété qui lui valut de s’engager à payer chaque année au jour de la Saint Rémy 49 sols tournois de rente et un modeste denier parisis de cens.

Peu de temps après, très exactement le 24 août 1572, ce fut la Saint Barthélémy . Les récits de cette sinistre nuit peuvent nous faire imaginer son horreur. Alors que Paris était dans la liesse du mariage de Henri de Navarre avec Marguerite de _______ et que ses amis protestants étaient venus l’accompagner à Paris pour la fête de ses noces, la cloche de l’église Saint Germain l’Auxerrois toute proche retentit dans la nuit, et ce fut le massacre. À Saint Germain des Prés , le duc de Guise ne trouvant pas la clé de la porte , les huguenots nombreux en la rue des Marais et la rue de Seine purent en partie s’enfuir. Pour les habitants qui restèrent ce fut le triste spectacle de la Seine rougie par le sang des cadavres qu’elle charriait et les cris des protestants que l’on massacrait… On ne sait ce que faisait Gabriel Montaigne pendant ces moments affreux …

Trouvant peut-être leur domaine un peu trop grand, Gabriel Montaigne et sa femme décidèrent d’en céder une partie en échange d’une rente . Le 7 octobre 1578 le contrat fut signé davant Me Denetz. Le couple vendait à Claude de La Roë, veuve de Jean de Refuge , baron de Couesmes et du Fossez « une maison scize à Sainct_Germain-des-Prez, lez Paris, rue de Seine, à ladicte Bolioud appartenant à cause de la succession de feu noble homme maistre Pierre Bolioud, son père en son vivant notaire et secrétaire du Roy et greffier en son Parlementde Thurin »

Pour la première fois nous avons enfin une description de la maison telle qu’elle était alors.

Ceinte de mur, un petit corps d’hôtel donnait sur la rue où était une grande porte d’entrée centrale avec d’un côté deux pièces dont l’une servait « à pénétrer ». De l’autre côté on trouvait aussi deux pièces, « l’une pour tenir le cocher à couvert », l’autre « pour servir d’entrée » , plus deux cabinets ou offices. Au dessus, et tout le long de la façade sur rue se trouvaient des chambres, leur garde-robes et leur cabinet que surmontaient « un petit grenier et un serre-fruits ». Le tout était couvert d’ardoise. Au delà s’étendait la grande cour « d’un costé de laquelle y a[vait] un grand puys moytoyen servant à ladicte maison et à celle d’auprès appartenant à présent à maistre Jacques Guesrin, huyissier des requestes au Palais » et de l’autre une cuisine, un four et des dépendances avec des chambres au premier étage. Aux deux bouts de ces batiments il y avait deux petites cours, l’une desservait les caves de la cuisine et l’autre allait à l’écurie, l’étable et le poulailler et une grange au dessus à laquelle on montait par un petit escalier extérieur couvert d’ardoise.

Au fond de cette cour, trônait le grand corps d’hôtel avec ses six berceaux de caves. Au rez-de-chaussée duquel on accédait par un perron qui était au milieu du bâtiment et donnait sur un grand escalier et au delà sur un perron « pour descendre au grand jardin ». D’un côté le salon d’été et de l’autre celui d’hiver ainsi que la cuisine et ses dépendances étaient surmontés de deux étages contenant chambres avec cheminées, garde-robe et galerie. Le grenier au dessus était couvert d’ardoise.

Derrière on trouvait le grand jardin « tout planté d’arbres fruictiers et de treille » dans lequel le puits servait aussi bien au jardin qu’au sieur Guesrin, le voisin, il était orné d’une grande table de pierre et d’un siège aussi en pierre.

Au delà, un autre jardin qui était en pointe était planté aussi de teilles, d’arbres fruitiers et abritait au fond le logis du jardinier. Les corps de logis et le jardin jouxtaient à droite le nouveau logis de Gabriel Montaigne et sa femme, à gauche le sieur Guesrin. Le petit jardin jouxtait d’un côté la propriété de la veuve Lamy, de l’autre celle de Juste d’Alligre et à la pointe le jardin de feu le sieur Leclerc.

Sur les 12 deniers de cens dont était chargée la totalité de l’ancienne propriété de Gabriel Montaigne, la maison vendue et ses dépendances en devait la moitié, c’est-à-dire 6 deniers, 4 deniers étaient dus par le sieur Guesrin et les Montaigne versait 2 deniers pour leur nouveau logis des tois pensées. Quant aux 24 toises 1/2, elles étaient chargées de 2 deniers de cens envers l’Université, ce qui était cher au regard du reste de la propriété.

La vente est faite moyennant une rente annuelle et perpétuelle de 283 écus 1/3, ce qui ne paraît pas beaucoup puisque si l’on compte qu’elle est au denier 20 elle donne un capital de ______________. Les Montaigne s’engagent aussi envers la dame de La Roë à boucher les fenêtres qui donnaient sur le nouveau domaine de la dame de Galardon et à répartir les égouts entre les deux propriétés.

Claude de La Roë, veuve à l’époque de l’acquisition de l’immeuble de la rue de Seine, avait épousé Jean de Refuge, baron de Gallardon qui était échanson du Dauphin et gentilhomme ordinaire d’Henri II. Elle lui apportait la terre de Couesmes et son manoir, située en Bretagne. Elle avait eu plusieurs enfants dont Jean qui était comte de Couesmes, seigneur de Gallardon et chambellan du duc d’Alençon et époux de Claude de Montgommery, la fille du héros décapité en 1574 .. Sa mère ne sait pas encore que son fils connaîtra un an après une mort tragique.

Le dimanche 15 mai 1579, elle rendait visite avec son fils à la comtesse de Suze dont la fille avait récemment épousé Jacques de Montgommery. On était donc en famille et Jean du Refuge jouait du luth en compagnie de sa belle-sœur lorsque se présenta François de La Primaudaye, seigneur de la Barrée, un gentilhomme de ses amis. Tout de suite l’atmosphère fut tendue car il n’ôta point son chapeau lorsque le seigneur de La Barrée vint le saluer. Quelques instants plus tard alors que toute la compagnie soupait, une querelle survint entre eux , et comme il arrive le plus souvent sur les motifs les plus fûtils, une affaire de compétence au jeu de paume. On en arriva au mains, on se bouscula , un coup de dague fut même porté par Jean de Refuge au seigneur de la Barrée. On peut imaginer la fureur de ce dernier qui quitta son hôtesse et envoya un de ses amis provoquer son agresseur en duel au Pré-aux –Clercs pour le soir même. Il attendit jusqu’à huit heures et demie sur le pré, en vain (on sut après que la commission n’avait point été faite) puis décida de rentrer à Paris par la porte de Buci car elle fermait à neuf heures précises. Étant donc entré en la ville par la porte de Buci, lui et ses serviteurs remontaient la rue Saint André des Arts lorsque, à la hauteur du couvent des Augustins, ils virent venir à eux le seigneur de Refuge qui descendaient la même rue avec ses gens et quelques amis qui venaient tout juste de le quitter. Que se passa-t-il alors ? On ne le sait pas exactement mais toujours est-il qu’on retrouva le seigneur de Refuge le corps traversé par une épée et expirant. Le seigneur de La Primaudaye avait disparu. La famille de Gallardon mit tout en oeuvre pour le retrouver et elle y parvint. On le débusqua le 4 juin suivant dans une auberge à Saint Martin le beau, entre Tours et Amboise. Le prévenu fut écroué à la Conciergerie. Dès le début du procès qui commença le 20 juin devant le Parlement les choses s’annoncèrent bien mal, tout d’abord parce que La Primaudaye se défendit fort maladroitement en changeant sans cesse sa version et ensuite parce cette agression faisait suite à de multiples attentats commis tous les jours dans Paris et que la cour voulait sévèrement punir. La sentence tomba le 5 août suivant qui condamnait La Primaudaye « à estre décapité au pilori des Halles, son corps porté ensuite et pendu au gibet de Montfaucon, et sa teste mise et attachée à un posteau dressé devant l’entrée du couvent des Augustins ». Le duc d’Anjou vint demander sa grâce au roi son frère qui ne la lui accorda point disant : « j’aimais Du Refuge , et s’il n’eût point été si sot que d’être huguenot , je l’eusse fait grand »31. Le même jour, 5 août 1579, le meurtrier de Jean du Refuge fut conduit au supplice … et servit d’exemple.

Il semble que Claude de La Roë mourut en 1584. Elle laissait une fille Anne qui avait épousé Jean de Rochefort, seigneur d’Armilly et des petits-enfants nés de son fils Jean qui étaient Jean II, baron de Couesmes, Suzanne et Marguerite mineures, et Ysabel qui vivait en Angleterre avec son mari, vraisemblablement à la suite de la Saint Barthélémy.

En 1600, les héritiers décidèrent de vendre tous les biens immobiliers dee Saint Germain des Prés à Robert Thévin.



Extrait du plan de Belleforest (1575) . Saint Germain des Prés .

L’entrée de la rue de Seine est marquée par un flèche rouge et le petit pré aux clercs par une flèche verte, la butte aux archers par une flèche bleue







Extrait du cueilleret de 1595

 « De monsieur le président Thévin au lieu des hoirs et ayant cause de deffunct messire Gabriel Montaigne vivant procureur en le conseil [du] Parlement pour une grande maison et hostel, court, jardin, aisances et appartenances, assis en la rue de Seyne, tenant d’une part et d’autre auxdicts aux hoirs et ayant causes dudict Montagne, abboutissant d’un bout par devant sur ladicte rue de Seyne et d’autre bout par derrière à qui doibt de cens chacun an ledict jour [de la] Sainct Rémy, 12 sols parisis ».





Le règne du président Thévin

Selon plusieurs ouvrages sur les Parlement de Bretagne et de Paris, Robert Thévin était né à Angers en 1544, il était fils de Jacques Thévin, seigneur de la Marsaulaye et de la Chotardière, d’abord avocat à Angers puis lieutenant des Eaux et Forets de cette ville. Il commença sa carrière comme conseiller au Parlement de Bretagne puis en celui de Paris, il présenta une demande au Parlement de Paris pour être reçu président des Enquêtes. La cour « après en avoir ouÿ les résignant et résignataire » ordonna de recueillir une information à Angers sur son âge, sa vie, ses mœurs, et même si on le pouvait poursuivre l’information à Tours. Il faut croire que les renseignements furent conformes aux attentes des membres de cette éminente cour puisqu’il fut reçu président aux Enquêtes le 24 juin 1591. Le roi l’autorisa à cumuler les deux charges à Rennes et à Paris pendant un an à condition de présenter pendant ce temps un successeur pour l’une d’elles. Thévin ne put réaliser cette condition dans les délais prescrits et obtint une prolongation d’un an avant l’expiration de laquelle il vendit son office de Bretagne. Il fut ensuite élevé à la dignité de conseiller du Roi en ses conseils d’Etat et privé. Ces deux charges firent de lui un homme fort important et l’annoblit, détail qui n’était peut-être pas accessoire à ses yeux : il était seigneur de la Romanye et autres lieux. Lorsqu’il acheta la maison de la rue de Seine, il était l’époux de Gillette de Commaille dont il avait eu deux enfants, François et Guillaume. Ils s’installèrent vraisemblablement en la maison de la rue de Seine dès 1595, en tout cas ils l’habitaient en 1606 et y mourut 27 ans plus tard.

Robert Thévin était un père comblé qui pouvait être fier de ses enfants. Son fils aîné François, qui habitait tout près rue Dauphine dans une maison que son père avait acquise32, acheta le 7 juillet 1600 l’office de son père et devint maître des Requêtes en 1613. Il était baron de Bohardy, seigneur de la Doublière et autres lieux. Le roi Louis XIII, qui sans doute l’appréciait, le députa comme commissaire pour les édits d’érection du Parlement et de la Chambre des Comptes de Navarre qu’il installa en 1625. Plus tard il fut chargé de mission dans la ville de Marans et à l’île de Ré. Il décédera en juin 1637 et sera inhumé en l’abbaye de Saint Germain des Prés le 23 du même mois en un caveau de la chapelle Saint Clément. Il avait obtenu cette autorisation tout à fait inhabituelle en promettant d’entretenir la chapelle et en versant à l’abbaye une rente perpétuelle de 25 livres.

Son deuxième fils, Guillaume, seigneur de La Rue etait conseiller au Parlement de Bretagne. Il avait épousé en 1609 Guyonne Bouriau dont il avait eu deux filles Judith et Charlotte. Il décéda avant son père en 1613, sa femme se remaria alors avec un certain Mathieu Fourché, maître en la cour du Parlement de Bretagne. De ce second mariage naîtra Louise qui épousera à Nantes en 1640 avec … le futur surintendant Fouquet !

En octobre 1596, le président eut le malheur de perdre sa femme, Gillette de Commailles.

L’Estoile écrit dans ses Mémoires-Journaux « La nuict de ce jour [dimanche 21 janvier 1596] mourust à Paris la présidente Tévin, à laquelle Dieu en l’ostant de ce monde, fist un grand bien, maugré qu’elle en eust « . Deux ans plus tard33, Robert Thévin épousa Jeanne Davy34, dame de la Mazure et veuve du sieur d’Aubigny. Le 16 mai 1600, ils achetèrent par adjudication la maison qui nous occupe35. Ils y habitèrent jusqu’au décès du président Thévin qui rendit son âme à Dieu le 25 août 1622 en leur maison de la rue de Seine. Sa femme fit mettre des tentures de deuil dans sa chambre et on procéda au service funèbre en l’église Saint Sulpice qui était sa paroisse. Il fallut ensuite faire l’inventaire des biens du président car ils laissaient pour héritières ses deux petites-filles mineures. Ce fut fait par le notaire de Troyes, assisté de son collègue Martin de la Croix le 17 septembre 1622. Le président était un homme riche qui laissait beaucoup de terres en Anjou et quelques rentes confortables. Nous étions entre gens de bonne compagnie connaissant les arcanes du droit, aussi le partage se fit-il fort correctement entre les héritiers et la belle-mère. Avant de passer devant notaire, ils organisèrent entre eux la répartition des biens du président. On laissa à la dame Davy, les meubles de sa chambre et ses bijoux, comme le stipulait son contrat de mariage, les biens acquis après le mariage furent, comme il se doit, partagés par moitié. On tint un compte honnête des biens apportés par la dame Davy lors de son mariage et du douaire que son mari lui avait consenti. La maison, qui était qualifiée de grande maison avec un jardin de belle taille, fut évaluée à 24 000 livres, somme qui semble dérisoire par rapport à la vente qui en sera faite ultérieurement, mais peu importe … On lui octroya en compensation des biens qui lui revenaient, avec quelques rentes.

Seule maintenant dans sa grande maison, notre dame de la Mazure devait se sentir alors bien isolée puisqu’elle en loua une partie. Elle choisit, comme par hasard, un conseiller du Roy en sa cour du Parlement, Pierre Bizet, seigneur de La Barombre. Elle lui louait36une partie du bâtiment principal auquel on accédait par « un grand degré «, une  grande petite salle basse [sic] qui étaient à côté de l’escalier ainsi que les deux « chambres haultes au dessus d’icelle petitte salle », les deux chambres haultes et cabinet estant en galletas, une garderobbe au bout de l’une d’icelle  », elle y ajoutait la moitié de ses caves « à prendre du costé du jardin », la communauté de la grande cour et de l’escalier. Enfin elle ajoutait cette clause : « aura  led sieur preneur, une clef de la porte du grand jardin pour dans iceluy grand jardin y planter et semer tulypes et aultres fleurs dans le parterre d’icelluy, ainsy que bon lui semblera et qui luy appartiendront, sans que iceluy seigneur preneur puisse prendre aucunement les fruitz des arbres fruitiers et vignes, ny autres choses d’icelluy sy bon ne semble à ladicte dame bailleresse ».

L’affaire était traitée pour 850 livres par an, qui donne pour un rapport au denier 20, habituel à cette époque, une valeur propriétaire de 17 000 livres. Comparée à la totalité des lieux, la somme paraît élevée par rapport à l’évaluation du total faite en 1622 .

Lorsqu’elle revint devant de Troyes le 16 septembre 163637 pour renouveler le bail, elle ne put signer « attendu la débilité sur le bras gauche et à la main dextre depuis cinq mois ». En effet, notre dame de la Mazure n’était pas en bonne santé. Sentant qu’elle était au bout de sa vie, elle avait déposé quelques jours avant entre les mains de son notaire le testament qu’elle avait rédigé de sa main le 16 septembre 162738.

Elle mourut en effet le 18 mai 1637. Ses gens prirent le deuil et reçurent quelques dons : à son homme de confiance et à sa femme qui était aussi à son service 1 200 francs, à sa dame de compagnie 800 francs et à sa femme de chambre 15 écus. Aux Augustins Réformés de la reine Marguerite elle léguait 100 francs ainsi qu’à l’hôpital de la Charité. Elle ne mentionnait aucunement ses beaux-enfants car ils étaient tous morts. Par contre, elle octroyait à son neveu du Plessis sa terre de la Mazure avec toutes ses appartenances et dépendances « avec le bordage des palinières » et à sa nièce, Renée Simon, dame de la Roche Bardoul, sa maison de la rue de Seine, à la charge pour cette dernière de payer ses funérailles.

C’est ainsi que la dame de la Roche Bardoul, épouse de François de l’Esperonnière devint la nouvelle propriétaire de la maison de la rue de Seine.

Un inventaire39 des biens de la dame de la Mazure fut fait après son décès à la requête de « Me Michel Pousteau, procureur en Parlement, demeurant au faulxbourg Sainct Germain des Prez, rue du Colombier40, au nom et comme exécuteur du testament et ordonnances des dernières volontés de deffuncte dame Janne (sic) Davy ». Il nous renseigne sur la partie de la maison qu’elle occupait. Elle s’était réservé un logement fort modeste puisqu’il était composé de sa chambre, une petite chambre à côté, une « sallette » et une cuisine, une chambre pour le cocher au dessus de l’écurie ainsi que plusieurs greniers où elle avait sans doute entreposé moult meubles qui ne trouvaient plus leur place dans ce modeste appartement.


Les L’Esperonnière en intermède

La nouvelle propriétaire de la maison était donc René Simon, dame de La Roche Bardoul, qui avait épousé François de L’Esperonnière issu d’une très ancienne famille noble de l’Anjou où ils habitaient ordinairement en leur château du Pendan, près de Thouarcé. Ils avaient eu deux fils, Antoine sieur de la Saulaye et François, baron de Vris41 , conseiller et chambellan de son Altesse Royale et une fille Renée.

Les L’Esperonnière furent des propriétaires avisés. Ils firent de la maison une source de revenus en la louant moyennant quoi ils l’entretinrent soigneusement.

Ainsi le 22 juin 1644 ils signèrent devant Me ______un bail à la dame Dulac __________

Le 17 mars 1640, ils demandèrent au sieur Le Filz « maistre couvreur de maisons à Paris », de faire les réparations aux couvertures aussi bien de tuile que d’ardoises, tout en excluant celles du hangar servant à remiser les carrosses pour un prix total de 130 livres tournois payables en trois fois, la première de 80 livres en fin de travaux et les 50 autres livres en deux versements intervenant un an et deux ans après. Pour la sûreté d’une bonne exécution, toutes ces conditions furent signées devant notaire.

Quelques années passèrent, puis le sieur de L’Esperonnière et son épouse, décidèrent de vendre la maison. Ils se rendirent donc à Paris et logèrent rue de Seine dans une maison à l’enseigne du Point du jour qui se trouvait un peu plus loin vers la Seine. Ils se rendirent chez leur notaire le 4 mai 1645. La dame de La Rochebardoul était une femme fort sage puisque le même jour et devant le notaire,________ en présence de son mari et« de luy suffisament authorisée » elle prévoyait que sur le produit de la vente (qui n’était point encore signée), 63 000 livres seraient utilisées « en achapt d’aultres héritages ou rentes «.  L’acte prévoyait aussi qu’après son décès, ses biens seraient partagés entre son aîné, Anthoine qui recevrait deux parts, et son puîné François une part, à charge pour l’aîné de gérer une de ses deux parts au nom de sa sœur, Renée de L’Esperonnière, épouse du sieur du Coudray-Monbault

Par le ministère du même notaire et le même jour, ils cédaient la maison à messire Macé Le Boulanger pour la somme de 74 500 livres. C’était beaucoup, compte tenu de l’évaluation faite en 1622.

Le contrat nous indique que la maison était grande. On y entrait par une porte cochère et elle consistait « en plusieurs corps d’hostel, l’un estant sur le devant sur ladicte rue de Seyne, l’aultre sur le derrière qui est le grand corps d’hostel entre la grande court et le jardin, et en ayle du costé droict une grande cour où y a plusieurs remises de carosse et du costé de main droite en entrant en ladicte maison une petite cour, une courelle ou passage, quelques édifices et escuries, un grand jardin carré qui se raporte audict grand corps d’hostel, un aultre petit jardin au delà du mur dudit grand jardin, auquel mur est l’entrée dud petit jardin qui est en esquerre, et au fond dudict petit jardin y a un petit apenty « . Comme on peut le constater, la disposition des lieux ressemble fort à celle qui existe actuellement, sachant que le petit jardin en équerre (donc en forme de triangle) a été cédé le siècle suivant à une propriétaire de la rue Jacob.


Où l’ère des présidents reprend ses droits

Le nouveau propriétaire, Macé Le Boulanger, était issu d’une famille de bourgeois de Paris Feu son père, Eustache Le Boulanger était en son vivant marchand-mercier-grossier et échevin et ses enfants. avaient largement utilisé les charges anoblissantes de la robe pour entamer une ascension fort prometteuse.

Lorsque Macé épousa en 1606 Claude Flamant, la signature du contrat de mariage réunit trois de ses trois frères : Eustache qui était à l’époque notaire et conseiller-secrétaire du roi  ; Charles, seigneur de la Sablonnière, qui sera reçu conseiller-secrétaire du roi en 1610 ; Macé-Charles qui était seulement bourgeois de Paris comme son père. Ses beaux-frères, Pierre de Hodicq et Nicolas Leclerc de Lesseville ne déparaient pas l’assistance, ils étaient tous deux conseillers du roi et auditeurs des comptes. L’ambition qui menait la famille pointait à travers l’invitation des amis dont deux étaient conseillers du roi en ses conseils d’État et privé et présidents en sa cour de Parlement, deux autres premiers présidents en la cour des Aides sans compter quelques des maîtres des Requêtes. Quant au futur, il exerçait la fonction de conseiller en la cour des Aides, mais l’ascenseur social allait bientôt fonctionner puisqu’il fut reçu conseiller au Parlement de Paris en la 4e chambre des Enquêtes le 1er juin 1611 et président en la même chambre le 6 mars 1624.

Au jour de la signature du contrat d’acquisition de la maison de la rue de Seine, le 5 mai 1645, le président Le Boulanger était le plus heureux des hommes : il venait d’être nommé prévôt des marchands de Paris, sa femme avait accouché, après 25 ans de stérilité42, d’un fils qu’il prénomma modestement Auguste Macé.

Le 22 avril 1641 vit l’élection du président Le Boullanger à la haute fonction de prévôt des marchands de Paris. Les deux personnages qui l’avaient précédé étaient morts sans avoir eu le temps d’exercer leur charge, funeste présage qui ne le fit pas reculer, et pouvait-on le faire puisque le roi lui-même choisissait l’heureux élu ? Le 16 avril, les quatre échevins, les seize conseillers et les onze quarteniers de la ville se réunissaient en la grande salle de l’Hotel de Ville écouter la lecture de la lettre de cachet du roi et préparer l’élection. Les quarteniers reçurent chacun une lettre les invitant à venir le 22 à l’hotel de ville à 7 heures du matin. Les quarteniers, eux , furentIl était 7 heures du matin. Tous, avec le greffier, vêtus de leur robe mipartyes se rendirent en l’église de l’hôpital du Saint Esprit où a été célébré la messe du même nom puis retournèrent au grand bureau. _____________

Le lendemain, à 8 heures les échevins, les procureur et greffier de la ville tous vêtus de leur robe mi-partie et accompagnés des conseillers et des quartiniers allèrent à nouveau en l’église du Saint-Esprit en laquelle fut célébrée une grande messe.


Soucieux de ses intérêts, en 1648, il loua pour neuf ans à Pierre de Vesnes, sieur du Plessis, écuyer de la grande écurie du roi, et à son épouse, la maison de la rue de Seine où demeurait encore la dame Dulac. Le logement qu’il louait comprenait « un corps de logis sur le devant, une grande cour, ung corps de logis sur le jardin, ledit jardin et le petit sur le derrière ». Notre président avait le sens des affaires puisqu’il il convint avec les preneurs qu’ils pouvaient faire construire des écuries au fond du jardin. Afin d’en permettre l’accès, il les autorisa à construire un passage sous la maison , du côté gauche, mais à leurs frais bien entendu. Et comme il n’y a pas de petits profits, il demanda que les arbres coupés pour faire place aux constructions soient portés chez lui et que les murs des voisins soient renforcés … le tout au « despens » des preneurs. La bail était fait moyennant la somme de 2400 livres par an, non compris les taxes pour les pauvres, les boues, les chandelles et les lanternes

Le président avait la réputation d’être immensément riche. Il avait en effet accumulé un nombre phénoménal de rentes et de biens immobiliers. C’est pour ajouter à sa fortune encore quelques écus qu’il avait acquis cette maison pour en faire une maison de rapport. Tallement des Réaux racontait de lui « qu’il estoit » un illustre avaricieux qui racontait à qui voulait bien l’entendre: « J’ay quatre-vingt mille livres de rentes ; je creveray ou j’en auray cent » Il en eut cent et en creva », ajoutait-il.

Et, en effet, il mourut peu de temps après, non d’avarice mais d’apoplexie. Voici les détails de cette affaire :

Le jeudi 16 juillet 1648, il y avait séance au Parlement, toutes ses chambres rassemblées. La révolte y grondait depuis qu’Anne d’Autriche avait tenu un lit de justice afin de forcer l’enregistrement d’édits fiscaux que, d’ailleurs, le Parlement s’était empressé d’annuler. Depuis les Cours avait rendu « arrêt d’union » réunissant toutes les cours souveraines en une seule assemblée pour faire front. Il avait présenté à la régente un programme de réformation qui voulait abolir du quart les tailles, supprimer les intendants des Finances dans les provinces et lui instituer le droit de voter librement les édits, assorti de la défense de faire des levées d’imposition qui ne soit vérifiée par le lui. Le duc d’Orléans fit le lien avec la régente afin d’apaiser les conflits .

Ce jour de juillet, comme les précédents, il devait venir à l’assemblée et s’était installé en la Sainte Chapelle en compagnie des ducs de Montbazon, de Joyeuse, d’Elbeuf, de Brissac et de Retz. Comme il en avait pris l’habitude aux séances antérieures, le premier président les firent chercher par deux présidents et deux conseillers de la Grand-Chambre. Son Altesse Royale arriva au milieu des deux présidents, les deux conseillers venaient ensuite parmi les quatre ducs. Au devant de Monsieur, marchaient les huissiers et les Suisses avec la hallebarde, et ensuite les gardes, partie avec la carabine, partie avec la pertuisanne. Monsieur alla à sa place, les ducs s’installèrent à son côté. Les choses étaient calmes. On délibéra sur la nécessité de la vérification par les chambres des impositions et levées qui se font sur le peuple. Les jours précédents, les débats sur ce sujet avaient soulevé grande houle. La chaleur monta lorsque chacun fut invité à opiner.

Le tour de Macé Le Boulanger vint très vite : il fut le troisième après le doyen et le conseiller Broussel. Avec beaucoup de fougue, il prit parti mais « son grand âge ne luy permettant pas une belle expression, il étoit fort peu écouté, jusqu’à ce que M. le président Potier luy ayant dit qu’il falloit éviter toute occasion de discordance avec la Cour des aydes, ce bonhomme répartit avec véhémence43 » car il était tout pris par son sujet. Il s’étendit ensuite sur le zèle de la Compagnie toute au service du roi et pour se justifier cita un passage de Cicéron où il est dit qu’il faut orner l’Italie avant de penser à orner nos maisons. Un mouvement de moquerie traversa l’assemblée qui avait rapporté ces propos aux biens que le cardinal Mazarin accumulait en France. Même le duc d’Orléans se mit avec les rieurs, ce bon vieillard craignit d’avoir offensé le ministre. Ému plus que de raison par l’incompréhension dont il était l’objet, il s’emporta, ses yeux se révulsèrent, une pâleur envahit son visage, il tomba à genoux et mourut fort proprement. Monsieur Hilerin lui donna l’absolution et on interrompit la séance.

Sa mort fit grand bruit dans Paris. Il fut inhumé en la chapelle Saint Claude du couvent des Augustins Réformés qu’il avait fondée en 1628 avec son frère et sa sœur pour « y faire commodément et sans distraction ses dévotions » et y avoir sa sépulture44.

Parce qu’il laissait un enfant mineur, on procéda à l’inventaire de ses biens45. Ce que Tallement des Réaux disait de lui se révéla vrai, il avait accumulé une véritable fortune et laissait à son décès sept maisons qui rapportait 10 800 livres par an, sa maison petite rue de Seine qu’il avait achetée 48 000 livres en 1637, la seigneurie de Viarmes acquise pour 108 000 livres en 1642, des terres à Longjumeau, Suresnes, Puteaux, Lagny, Torcy, Montrouge, un fief à Villiers le Bel et plus de 55 0000 livres de rentes diverses, sans compter les revenus de ses nombreuses terres.

Son fils Auguste Macé hérita et sa mère fut nommée tutrice. Ils continuèrent à habiter dans leur hôtel de la Petite rue de Seine qui était devenue rue des Petits Augustins. Le fils, voulant suivre les pas de son père, présenta en 1650 une demande de dispense d’âge46 au Parlement pour y entrer comme conseiller, elle lui fut refusée. Il réitéra le 3 mars 1651 mais n’obtint toujours pas satisfaction. Il est vrai qu’il tombait mal puisqu’on était en pleine affaire de l’expulsion du Cardinal. Ses lettres de dispense d’âge furent entérinées le 18 août de la même année malgré un doute sur lequel on jeta un voile pudique : le registre de son père qu’il présentait le tenait pour être dans sa 22e année alors qu’on pensait qu’il n’avait que 19 ou 20 ans47. Il commença sa carrière comme conseiller au Parlement le 7 février 1652, devint maître des requêtes en 1658 et enfin président au Grand Conseil le 11 mars 1675.

Cependant sa mère devenait âgée. Sentant qu’elle allait bientôt quitter cette terre, elle fit venir son notaire le 12 novembre 1660 en son hôtel de la Petite rue de Seyne. Il la trouva gisante sur un lit dans sa chambre du second étage qui avait vue sur la cour et le jardin. Elle lui dicta ses dernières volontés et mourut. Comme elle l’avait exigé, son corps mort fut transporté en l’église Saint Sulpice où un service fut dit, puis on déposa son corps dans un carrosse et on se dirigera vers le couvent des Petits Augustins où on célébra un second service le lendemain. Ensuite son corps fut déposé dans un caveau a côté de son mari en présence de tous les religieux du couvent qui tenaient un cierge à la main. Elle léguait plus de … livres à différents couvents et hopitaux et … à ses … domestiques.

En 1666, il fut dans l’intention d’épouser la gente damoiselle Anne de La Forest, « usante et jouissante de ses biens », ce qui l’excluait de la catégorie des tendrons, mais lui supposait une certaine fortune. Contrairement à l’usage du temps, le contrat qui fut signé le 30 octobre 1666, réunit une assemblée fort modeste si on pense à la position sociale du président Le Boulanger. Seuls, le frère du marié et un ami vinrent signer au contrat de mariage. Quant à la parenté d’Anne, elle se réduisait à sa soeur et à sa mère. Nous étions loin du ban et de l’arrière-ban. Par ce contrat, ils décidèrent de ne point être communs de biens et que le futur douait sa future épouse de 6 000 livres de rente sa vie durant s’il n’avait point d’enfant et de 5 000 livres dans la cas contraire. À la mort de son mari, elle pourrait choisir son domicile parmi les maisons parisiennes de son époux, de plus pour prouver l’amitié qu’il portait à sa future femme, notre homme lui donnait 10 000 livres en joyaux et bijoux et 30 000 livres pour compenser la séparation de biens et lui promettait encore 30 000 livres s’il décédait avant elle. On ne saurait être plus galant …

Ils se marièrent le 3 novembre suivant et n’eurent qu’une seule fille, née le 23 septembre 1670. Ils la prénommèrent Marie Anne Claude Auguste, tout simplement.


Pour cet heureux père, sa fille unique était la prunelle de ses yeux, sans doute prit-il grand soin de son éducation et du choix d’un mari. L’époux fut Nicolas Pierre Camus. Au moment du mariage, il était chevalier, conseiller du Roy en tous ses conseils, maître des requêtes en son hôtel et avait de belles espérances comme fils de Nicolas Camus, seigneur de Pontcarré. La signature du contrat de mariage avait pris les couleurs d’une audience de rentrée du Parlement tant les membres de cette haute assemblée étaient venus nombreux signer au contrat. L’événement eut lieu le 28 avril 1695, chez le notaire de Clersin48. Son père avait choisi minutieusement ses invités et on comptait parmi eux Achille du Harlay, premier président de la cour du Parlement, l’abbé de Thou, la veuve de François de Boutillier de Senlis, marquis de Moussy tous alliés aux Pontcarré. la veuve de Michel Le Tellier, chancelier de France et cellede Michel Le Tellier, grand maître des courriers de et surintendant des postes de relais et chevaux de louage de France, cousin, Nicolas Leclerc de Lesseville , président de la 5e chambre des enquêtes de la cour du Parlement, cousin issu de germain. Pour ne citer que les hôtes les plus marquants.

Les futurs adoptaient le régime de la communauté de tous les biens. En faveur du mariage le président Le Boulanger donna en dot à sa fille l’énorme somme de 250 000 livres qui produisait une rente de 10 000 livres par an à prendre sur les revenus de la terre de Quincampoix. d’une ferme situées à Moisselle et d’une grande maison de la rue des Grands Augustins, ainsi que celle de la rue de Seine « divisée en deux, [ayant] chacune leur porte cochère et cour séparée y compris le corps de logis de devant [avec] deux boutiques, chambres et logement au dessus » Il en garantissait un revenu de 3 000 livres par an. Il ajoutait les revenus d’une autre maison, rue Simon Le Franc. Après l’expiration des baux en cours, les futurs époux devaient administrer eux-mêmes les biens loués.

Comme le contrat de mariage le stipulait, Auguste Macé Le Boulanger continua à gérer pour sa fille les maisons louées et signa le 17 septembre 169649 un bail à Louis de Saint Omer, tenancier de chambres garnies, et à Catherine Parastre sa femme. Il leur louait pour 6 ans « une grande maison à porte cochère, scize rue de Seyne, appellée L’Académie, consistant en un grand corps de logis apliqué à salle par bas, plusieurs chambres, antichambres, grenier au dessus et caves au dessous, avec une aisle répondant sur la court estant au dessus des escuries consistant en plusieurs chambres, grande court, remise de carrosses, une grande escurie dans lad cour, une autre petite court dans laquelle il y a une autre petite escurie, jardin derrière et communauté du puits qui est dans l’allée qui conduit au corps de logis de derrière, lieux, aisances et autres appartenances et dépendances de lad grande maison ainsy qu’elle se poursuit et comporte sans aucune réserve, synon les deux boutiques et chambres et grenier qui est au dessus, avec l’escallier qui y conduit, donnantz sur lad rue de Seyne et estant aux deux costés de lad porte cochère , ensemble le logement, l’escurie, le angard avec la cour et l’allée qui sont à costé et derrière led jardin et dont l’entrée est par une autre porte cochère dans lad rue de Seyne, le tout que led seigneur bailleur se réserve ». Le bail est fait moyennant la somme de 1800L pour la première année et 2000L pour les 5 années suivantes, en outre les preneurs devront payer les taxes pour les pauvres, les boues, lanternes, chandelles et toutes autres charges de ville et de police. Très curieusement et dès le lendemain, les protagonistes se retrouvent devant le notaire. Le président leur loue cette fois la boutique à droite de la porte cochère, une chambre au dessus ainsi que le grenier au dessus et enfin un des deux bouges qui est dans le pavillon au dessus de la porte cochère ainsi que l’escalier à côté de la boutique . Il en coûtera pour les preneurs un supplément de 150L par an.

Quatre ans plus tard, le 14 mai 1700, ils se désistent de ce bail devant Nicolas Camus de Pontcarré qui a pris les affaires en main.

À la même époque, le 19 décembre 169650, le président louait cette fois pour 7 ans à Jérémie Lecomte, marchand, et Marie Lhuillier sa femme « un manège, un petit bastiment composé de quatre chambres, deux par bas et deux au dessus, un caveau qui est sous la grande maison qui a son entrée sous le passage qui va dans lad cour, une escurie, un appenty à demy couvert en l’estat qu’il est, la porte cochère de lad maison, aussi une longue allée allant ausd lieux estant dans laquelle il y a un puis qui sera commun entre led preneur et les loccattaires de lad grande maison , lesd lieux estant sur le derrière de lad grande maison à porte cochère scise rue de Seyne au quartier Saint Germain des Prez, appellée l’Académie, à la réserve de la boutique qui est à costé de lad porte cochère et les logemens qui sont au dessus, tant de lad boutique que de la porte cochère occupez par le sieur Gobert sellier. Il louait le tout pour 750 livres.

On se rend compte que le président louait donc les lieux qui nous occupent en trois parties. La grande maison pour 2000 livres, la partie arrière qui est desservie par une longue allée, pour 750 livres et les bâtiments du devant pour ????.

Mariés, les jeunes époux vinrent habiter le nid que le président Le Boulanger leur avait préparé, rue des Petits Augustins. Leur chambre, la chambre dorée, avait vue sur le jardin

.


Ils y coulaient des jours heureux et avaient déjà en cette année 1702 trois garçons, Nicolas Auguste, Geffroy, Jean Baptiste Elie, et une fille Marie Françoise, ce qui fait tout de même quatre enfants en six ans de mariage. Soudain ce fut le drame. La dame Camus de Pontcarré mourut en couches le 27 mars. On imagine aisément combien la perte cruelle de sa fille adorée fit le désespoir de son père. L’office funèbre fut dit à Saint Sulpice leur paroisse et elle fut enterrée en la chapelle Saint Claude des Petits Augustins. Très curieusement le mari ne découvre le testament de sa femme qu’au mois d’août 1703, donc plus d’un an après sa disparition. Elle l’avait rédigé à Maffliers cinq ans auparavant . Après avoir, comme c’était l’usage, recommandé son âme à Dieu et demandé que les Petits Augustins célèbrent mille messes plus, pour faire bon compte, une par an pour le repos de son âme et demandé d’être enterrée dans la « cave » de son père aux Petits Augustins, elle lègue à sa chère tante, mademoiselle de La Forest, deux mille livres de rente annelle plus, si elle n’a point d’enfant vivant au jour de sa mort, la jouissance de ses deux maisons de la rue des Petits Augustins, ainsi que son linge et sa garde-robe. Elle ajoute en prime ses « petite bougles daureille de diaman » et ses « quatre bouton de diaman ». À son père elle lègue la bague qu’il lui avait donnée et sa gouvernante quatre cents livres de rente annuelle. À différentes personnes de son entourage elle donne force diamants et petites rentes. Enfin elle nomme son mari exécuteur testamentaire.

Son mari s’installa rue de Vaugirard mais son beau-père lui garda toute l’affection qu’il lui avait toujours témoigné. Son gendre étant passionné de chasse, il lui donna par contrat l’autorisation d’user des chasses sur ses terres de Viarmes et Seugy comme bon lui semblerait, d’y inviter qui il voulait et de profiter de son potager et de ses arbres fruitiers.




 






1 Habitable

2 De nombreux documents des AN  attestent de cet acquisition : MC VIII/69 dont on trouvera le texte dans les pièces justificatives,, LL1124, (comptes de l’abbaye) K794 piècee 12, S3055 (censier)

3 L’immeuble (n°34 uniquement) s’étend sur 996,25 m2 selon un plan dressé en 1822 par M. Brunton, expert.

4 1 livre=20 sols et 1 sol=12 deniers

5 L 797 Bail à cens à la veuve de Me Palerne 1/03/1543

6 Environ 510m2

7 AN, MC : VII/103 5/03/1574 acte par lequel le sieur Petit reconnaît qu’il possède la maison qu’il a achetée au sieur de La Faye.

8 AN : LL 1125 f°388 v°

9 Le parlement de Turin (1539 – 1560) n’a pas eu une longue existence, il fut par la suite transformé en « conseil royal pour l’administration » puis transporté à Pignerol où il semble avoir existé jusqu’en 1579 selon l’ouvrage de Fleury Vindry Les parlementaires français au XVIe siècle. Pierre Bolioud figure en tant que greffier de Turin dans les comptes de François 1er pour des gages de 300L pour les trois premiers trimestres de 1539 que le roi veut lui verser d’avance.

10 J 962, Dons et pensions par François Ier.

11 Ou 3 arpents 3/4 (Voir Bulletin de la société du protestantisme N°

12 Avec en plus un angle rentrant selon A.Berty

13 AN : S 6188

14 Ibid.

15 Ibid.

16 Les minutes de ce notaire n’existent malheureusement plus

17 AN, MC : VIII/75 le 21 janvier 1542

18 Il n’avait pas encore 19 ans

19 Habitable

20 L’immeuble (n°34 uniquement) s’étend sur 996,25 m2 selon un plan dressé en 1822 par M. Brunton, expert.

21 1 livre=20 sols et 1 sol=12 deniers

22 ……….

23 Environ 510m2

24 AN : LL 1125 f°388 v°

25 Le parlement de Turin (1539 – 1560) n’a pas eu une longue existence, il fut par la suite transformé en « conseil royal pour l’administration » puis transporté à Pignerol où il semble avoir existé jusqu’en 1579 selon l’ouvrage de Fleury Vindry Les parlementaires français au XVIe siècle. Pierre Bolioud figure en tant que greffier de Turin dans les comptes de François 1er pour des gages de 300L pour les trois premiers trimestres de 1539 que le roi veut lui verser d’avance.

26 Ou 3 arpents 3/4 (Voir Bulletin de la société du protestantisme N°

27 Avec en plus un angle rentrant selon A.Berty

28

29 AN, MC : VIII/75 le 21 janvier 1542

30 AN, S6188 , 10 juillet 1568

31 Journal de L’Estoile Gallimard 1943, p.221

32 Puisqu’il doit la rapporter à la succession de son père. : AN MC _______

33 Le contrat de mariage fut passé devant Dicille, notaire à Angers ,le 16 novembre 1596.

34 Davy ou Dauy ? … Les lettres U et V de ce temps se ressemblent tant qu’il est difficile de décider l’orthographe. Cependant F. Saulnier in Le Parlement de Bretagne  donne Davy

35 Selon Berty et Tissserand l’achat est de 1595 mais cette date est contredite dans l’inventaire après décès de la dame Davy.

36 Elle avait signé un premier bail mais c’est à travers son renouvellement , signé le 16/09/1636 devant de Troyes , que l’on a connaissance du précédent.

37

38

39 AN, MC : CXXXII/439, 25/05/1637

40 Rue Jacob maintenant

41 qui se nomme maintenant Vritz

42 Et non 38 ans comme l’indique Michel Popoff dans son ouvrage Prosographie des gens du Parlement

43 Débats du parlement de Paris p.

44 CXV/55 , 8 février 1628, contrat de fondation.

45 AN : CV/85, 5 août 1648, inventaire

46 Débats du parlement de Paris p 194

47 Il est mort le 16 avril 1712 à l’âge de 81 ans, ce qui lui donne une naissance en 1631, donc 20 ans en 1641.

48 AN, MC : VI/601, le 28/04/1695

49 AN, MC : VI/604 le 17 /09/1696

50 AN, MC : VI/604, le 19/12/1696