Claude Vellefaux, propriétaire

Claude Vellefaux était natif de Percy le Franc en Franche-Comté. Il arriva à Paris vers 1585 avec son frère François qui exerçait comme lui la profession de maître maçon. De ses premières années à Paris, on sait seulement qu’il acquit, le 9 avril 1586, une maison située rue Sainte Catherine et qu’il la paya comptant.

On ignore quand et comment il acheta le terrain de la rue de Seine. Cependant deux documents font allusion à son acquisition de la place « vuide » de la rue de Seine de façon assez contradictoire : le premier, est celui du censier de 1595 que nous reproduisons ci-dessous.

De Me Claude Vellefaux juré du roy en l’office de massonerye et voyer général de la terre et seigneurie de St germain des Prés et ses appartenances au lieu des héritiers de Me René Saulson (sic), procureur au grand conseil pour une maison et jardin assis en ladicte rue de Seyne tenant d’une part audict Jehan Martin, d’autre part à la veuve et héritiers de feu François Pastoureau, d’un bout par devant sur ladicte rue et par derrièresur les fossez, qui doibtle cens chacun an lrdict jour Sainct Remy tant cens que rente cinquante un sol six deniers parisis.


Un autre document1 , celui d’une saisie dont nous parlerons plus loin, nous indique clairement que Claude Vellefaux l’avait acquise de Me Etienne Bonnet, procureur au Parlement, qui lui-même l’avait achetée à François Baude, avocat en Parlement.

Qui était le propriétaire précédant Vellefaux ? Etienne Baudet ? René Saulson ? En l’absence de l’acte de vente, on peut formuler cette hypothèse : entre 1580 et 1595 qui était une époque fort troublée, plusieurs propriétaires se sont succédés mais le rédacteur du censier de 1595, prenant comme référence le censier de 1543, a indiqué le propriétaire de 1543 en citant « Saulson », tout en omettant François Baude et Etienne Bonnet.

Toujours est-il que Claude Vellefaux commença à édifier une maison du côté de la rue de Seine. Elle était alors la seconde à main droite quand on venait de la rue de Bussy et se composait d’un corps d’hôtel couvert de tuile, une cour par derrière avec une étable, puis un jardin et encore une autre cour qui avait une issue sur « les fossez d’entre la porte de Bussy et la porte de Nesle2 » où il avait aussi commencé à bâtir. Il s’y installa et y abrita aussi son frère.

Le 8 novembre 1595, il obtint l’un des quatre offices de juré-expert du roy es-œuvre de maçonnerie. Ce fut pour lui l’assurance d’une carrière pleine de promesses, mais il lui fallait assurer sa situation en obtenant sa naturalisation puisque la Franche-Comté n’était point française à cette époque. Cette étape fut franchie le 27 octobre 1600.


Naturalité de Vellefaux


Cependant juré du roi ne veut pas forcément dire bon gestionnaire. Ayant négligé de payer les 300 livres qu’il devait encore à Louis Fournier, juré du roi en l’office de maçonnerie, on saisit en 1603 sa maison. Elle fut mise en vente à la criée le 26 mai 16043. Vellefaux eut un sursaut et envoya son procureur pour la racheter, ce qui fut fait pour la somme de Une description assez complète des constructions figurent dans l’acte :

La maison comportait en 1604 en « un corps d’hostel couvert de thuille » composé d’une « salle basse4 », d’un cabinet au bout de celle-ci, ‘une cuisine à côté, d’un passage entre la salle et la cuisine, de plusieurs « chambres hautes » et d’un grenier au dessus. Venaient ensuite une cour sur le derrière au centre  de laquelle était une étable , un jardin derrière et des « lieux », puis une cour ayant issue sur les fossés d’entre les portes de Bussy et de Nesle. Sur le côté de cette cour se trouvait une galerie et un corps d’hôtel formant le dessus de la porte donnant sur le chemin des fossés de la ville. Les constructions étaient inachevées. Les héritiers de Jehan Martin, en son vivant procureur en la court de Parlement était son voisin de droite, à gauche Nicolas Fussart, marchand drapier qui demeurait en sa maison à l’ enseigne du Heaulme et le jardin de feu Marie Blanche. et Valentin Relmollin . Deux issues menaient d’un côté sur la rue de Seine et de l’autre sur les fossés.


Malgré l’incident de la saisie, sa carrière prit un excellent tournant. Le roi Henri IV, très impressionné par les vagues d’épidémie de peste de 1562 et de 1596, signa en mai 1607 un édit pour la fondation d’un hôpital destiné aux pestiférés. Il lui donna le nom de Saint-Louis5, en souvenir du roi mort de la peste devant Tunis en 1270. En 1606, Claude Chastillon et François Quesnel en dressèrent les plans, Claude Vellefaux fut chargé de l’exécution des travaux par un contrat qui stipulait qu’il devait venir tous les jours en surveiller le bon déroulement. Les travaux commencèrent par la construction de la chapelle à laquelle des milliers d’ouvriers6 furent affectés.

Perspective de l’hôpital Saint Louis


En l’année 1607, Claude Vellefaux et son collègue Jean Autissier furent nommés comme experts dans un procès entre le Bureau de la Ville et un certain Marin de la Vallée : deux ans auparavant le Bureau avait décidé les travaux nécessaires à l’achèvement de l’Hôtel de Ville. Ils furent mis en adjudication au prix de 135 livres tournois la toise. Trois personnes se présentèrent dont d’ailleurs n’était point Claude Vellefaux. Les travaux furent adjugés le 6 juin à Marin de la Vallée, juré du roi en l’office de maçonnerie, qui en caution engagea deux de ses maisons. La lente hâte avec laquelle il exécuta une première série de travaux ne l’empêcha point de concourir pour la deuxième série dont il se rendit adjudicataire moyennant 15 600 livres malgré la répugnance de Guillain, maître des œuvres de maçonnerie pour ce candidat. Ce dernier avait vu juste puisque l’année suivante, à l’issue du procès, l’entrepreneur fut condamné à recommencer ses travaux. Et Vellefaux se fit un ennemi.

Il fut aussi grand voyer de l’abbaye de Saint Germain des Prés et, en 1599, emporta un marché important : celui de la réfection du portail de la porte de Saint Germain. Quelques années plus tard, il construisit le réservoir des halles, puis il devint un temps le collaborateur de Quesnel pour l’élaboration du plan de Paris, il procéda aussi à la construction d’une terrasse au bord de l’eau pour l’Hôtel Dieu.

Un an après, il fut à nouveau consulté par le Bureau de la Ville pour une contestation entre la Ville et à nouveau Marin de la Vallée. Cette fois il conclut en faveur de La Vallée et son avis fut suivi. La même année, sur les ordres du roi, il participa à une commission avec les architectes Chambiges, Petit et Guérin pour hâter les travaux le de l’Hôtel de Ville et signa à cette occasion le plan de la voûte de la chapelle du Saint-Esprit.

Pendant cette période, il fonda une famille en épousant Laurence Hébert qui était fille de Thomas Hébert, marchand, bourgeois de Paris et de Nicole Touvoye, propriétaires d’une maison en la Grande Rue de Saint Germain des Prés et d’une autre rue des Mauvais Garçons. Cependant, après quelques années de mariage, le couple n’avait toujours pas d’enfant, ce dont ils étaient fort marris. Ils décidèrent de se faire don mutuel de leurs biens « en considération de la grande amitié qu’ils se portent l’un deulx à l’autre et des peines qu’ils ont eu à amasser si peu de biens qu’ilz ont de présent jouict, qu’ilz n’ont aucuns enfans ». Ils choisirent à cette occasion le notaire Babinet qui vint chez eux, rue de Seine, pour la signature du contrat.

Lorsqu’il eut terminé de construire la maison sur « les fossez d’entre les portes de Bussy et de Nesle », c’est-à-dire notre rue Mazarine,il signa un bail en 16097 au sieur Étienne Doucet, bourgeois de Paris habitant rue du Colombier8. L’acte nous en donne une description détaillée. Elle consistait « en ung corps d’hostel, une salle basse, caves et cellier en dessous , deux chambres au dessus, une escurye au dessus de laquelle il y a quatre petites chambres, une cuisine et au dessus d’icelle deux autres chambres, cour, jardin, puits garny de sa poullye de cuivre ». Il loua les lieux 600 livres par an. Le preneur devait la garnir de biens meubles et exploitables « pour suretté du loyer » et y effectuer toutes menues réparations locatives, en particulier entretenir le pavé « estant tant au devant qu’en la cour de lad maison ». Il s’engageait aussi à payer les taxes des fortifications ainsi que celles sur les boues, chandelles , lanternes et les taxes des pauvres, « empruntz, subsides et autres impotz ».


À la fin de l’année 1614, le prévôt et les échevins de Paris firent savoir que la réédification de quatre maisons situées sur le Petit Pont, du côté « d’aval l’eaue » et appartenant à la Ville serait baillée « au rabbaiz et moings disant […] à la charge  par l’entrepreneur de faire lesdictes maisons bien et deuement , conformément audict devis, et de rendre les clefs en la main ». Claude Vellefaux et un autre juré furent chargés d’évaluer la nécessité des travaux de réédification et la conformité de leur reconstruction au regard du cahier des charges.

Un an après, il fit aussi le plan du nouveau quartier du Luxembourg avec François Quesnel. Nommé juré du roi et voyer du prince de Conti en 1611, il devint contrôleur des bâtiments de l’Hôtel-Dieu en 1625.

Le 15 février 1614 vit la signature du contrat de mariage9 entre sa nièce, Etiennette Vellefaux et Christophe Gamard, son assistant maître maçon. À cette occasion, on convoqua le ban et l’arrière-ban. Jeanne Bellebaude, sa belle-sœur, mère de la future y assistait bien évidemment mais sans le père, François Vellefaux, qui était mort entre-temps. Très généreusement, Claude Vellefaux dota sa nièce d’une rente de ….. livres. Il entretint des liens très étroits avec son neveu et disciple qui devint par la suite un architecte connu.

À sa grande joie, sa femme finit par lui donner deux filles auxquelles ils donnèrent les prénoms de Laurence et Anne qui firent routes deux de fort beaux mariages.

Laurence, l’aînée épousa en 1624 Valentin Hieraulme10, » docteur régent en la faculté de médecyne en l’université de Paris y demeurant rue Saint Denis, paroisse Saint Eustache ». Laurence eut de nombreux témoins qui vinrent signer le « traicté de mariage »: tout d’abord, son père, « juré du Roy en ses oeuvres de massonnerie » et sa mère, Laurence Hébert, qui stipulèrent en son nom car elle n’avait pas encore atteint l’âge de sa majorité ; son cousin germain Pierre Tourin, marchand , bourgeois de Paris ; Simon Machard aussi cousin ; messire Cherton du Lie, conseiller du roi en son conseil d’état ; maître Gillles Francset, substitut du procureur général du roi en sa cour du Parlement ; enfin maître Du Plessis, conseiller du roi en son présidial du Châtelet. De la part de Valentin Hieraulme, qui stipulait en son nom car il était majeur, on trouvait François Hieraulme, son père accompagné de sa femme Catherine Vinion ; sa tante Catherine Hieraulme qui était veuve de Jean Martin en son vivant premier médecin de la reine ainsi qu’une autre tante Marie Hieraulme, veuve de messire de La Virienne. Le côté Vinion était représenté par son oncle maternel Claude Vinion marchand, bourgeois de Paris ; Magdelaine Vinion, veuve de messire Galland marchand bourgeois de Paris, et Anne Vinion, veuve de messire La Fère ses tantes. Sa mère avait sans doute été mariée une première fois avec un certain sieur Charles car vinrent aussi signer François Charles, conseiller du roi et receveur des tailles en l’élection de Rennes, frère utérin, ainsi que Charles Langlois greffier au Châtelet de Paris à cause de sa femme, Catherine Charles. Des conseillers du roi en la chambre des comptes, en la cour du Parlement ou secrétaire du roi représentaient le cousinage accompagnés plus modestement par un procureur, un bourgeois de Paris et un avocat au conseil. Trois conseillers et médecins du roi signaient en tant qu’amis.

Claude Vellefaux donnait à sa fille la coquette somme de 13 000 livres dont la moitié entrait dans la communauté tandis que François Hieraulme en apportait 12 000 à son fils. La parité était donc bien là. Le futur époux allouait à son épouse un douaire préfix de 300 livres tournois de rente. En cas de décès du père ou de la mère des futurs époux, ils ne pourraient demander aucun partage et devaient laisser le survivant jouir des biens communs. Cette clause avait son importance comme on le verra plus loin.

Une fille naquit de ce mariage. On la prénomma Catherine. Vraisemblablement, sa mère mourut en mettant sa fille au monde et son mari ne tarda point à la suivre dans la tombe puisqu’en 1631, c’est son oncle et tuteur, François Hieraulme, receveur général de l’Hotel-Dieu qui viendra en son nom participer à la transaction en forme de partage que Laurence Hébert organisera à la mort de son mari.


Claude Vellefaux gagnait bien sa vie, il continua donc à acheter des terrains pour y construire des maisons pour les louer. Ainsi il en acquit rue des Mauvais Garçons, rue des Canettes, rue des Boucheries. Le 9 juin 1616,11 il devint propriétaire pour 9 000L d’une maison qui tint un rôle très important dans sa vie et celle de ses proches. Elle se situait rue et paroisse Saint-Benoît, face à l’église du même nom et contenait deux corps d’hôtel, l’un sur le devant et l’autre derrière, court et jardin. Il ne tarda point à venir y habiter et y demeurera jusqu’à la fin de sa vie.

On demanda à nouveau son avis d’expert en 1625 pour le trajet que devaient emprunter les tuyaux venant de la fontaine de Rongis12 jusqu’à la place de Grève et autres lieux. Il fallait éviter d’abîmer les piles et les voûtes du Petit Pont et du grand Pont Notre Dame.

Mais Claude Vellefaux se sentait vieillir. Il commença donc à mettre de l’ordre dans ses affaires. Tout d’abord, le 27 avril 1627, persuadé qu’il allait mourir prochainement, il fit son testament13, léguant à l’Hôtel-Dieu trois arpents et demi de terre, à son directeur de conscience 30 L et à sa paroisse quatre belles nappes d’autel et un bassin en vermeil.

Cependant, il ne mourut pas dans les jours qui suivirent. Mais son écriture se dégradait tant qu’elle devint presque méconnaissable. Le 1er juillet, il donna procuration à sa femme pour donner à loyer une partie de la maison de la rue de Seine. Elle signait un bail de 3 ans moyennant 270 livres tournois « pour et par chacun par an » à Jean Cristofle, maître pâtissier à l’abbaye de Saint Germain des Prés habitant alors rue du Four. Ce dernier devait garnir le logement de bons meubles et entretenir le pavé de la rue sur le devant de son logis. Il ne pouvait pas céder son bail, par contre il pouvait descendre son vin et monter ses futailles de la cave occupé par son voisin, aussi locataire de la maison.



Le 27 octobre, ne se sentant plus capable d’exercer sa profession de juré du roi, il vendit son office à Christophe Gamard, son neveu par alliance, qui lui versa immédiatement 300 livres sur les 1500 livres qu’il en demandait.


La mort vint vraisemblablement en janvier 1629. En tout cas, l’inventaire (que nous n’avons pas retrouvé) commença le 16 février sous l’égide de Me Saint-Vaast, son notaire. Sa clôture fut signée par Musnier le 13 mars suivant.

Sa seconde fille, Anne, n’était alors pas encore majeure et fut donc placée sous la tutelle de sa mère.

Cependant elle se maria entre avril 1630 et avril 1631. Elle prit pour époux un descendant d’une famille noble et très ancienne du Poitou dont les origines remontait, dit-on, à 1046. Il s’agissait de Gilles Sanlier, seigneur de Joué et de la Noblaye.

Ce dernier descendait d’un Jacques Sanglier qui avait épousé Jaquette de Chezelles qui laissa à sa mort le domaine de la Noblaye (paroisse de Leméré) qui lui venait de son père. À partir de cette date Anne Vellefaux devint Anne de Vellefaux et porta les armes de son mari : d’or, à un sanglier de sable, denté d’argent ; au chef d’azur, chargé d’un croissant d’argent, accosté de deux étoiles d’or. En faveur de ce mariage Laurence Hébert avait donné à sa fille le quart des revenus venant de Claude Vellefaux. Elle lui donna donc le quart des revenus de la maison à l’enseigne de l’Image Saint Martin située rue des Boucheries, de celle de l’Écharpe Blanche rue des Mauvais Garçons, de celle de la rue Saint Benoit et de celle de la rue des Rosiers, ainsi que de celle de la rue d’entre les portes de Bussy et de Nesle (ue Mazarine) à l’enseigne de la Ville de Francfort dont le fonds étaient du propre de Claude Vellefaux mais dont les bâtiments étaient à la communauté ainsi que la part lui revenant des loyers de la rue de Seine qui étaient un bien propre de Vellefaux.

Soucieuse des intérêts de ses enfants, Laurence Hébert mit au clair devant les notaires de Montrousel et de Saint Vaast, ce qui lui appartenait et ce qui leur revenait de la succession de son défunt mari. Le 14 juin 1631, toute la famille Vellefaux se réunit autour des deux notaires. Étaient présents Laurence Hébert, la veuve, François Hieraulme, le tuteur de Catherine Hieraulme, petite fille de Laurence Hébert, Gilles Sanglier le tout nouvel époux d’Anne Vellefaux. Il s’agissait de donner à la petite Catherine les mêmes avantages que ceux qui avaient été accordés à Gilles Sanglier et sa femme lors de leur mariage. Ce qui fut fait. Scrupuleuse, elle fit un compte détaillé des rentes qu’elle avait touchées depuis la mort de son mari auquel elle ajouta généreusement le produit de la vente des meubles mis aux enchères après le décès de Vellefaux. On en remit le quart à François Hieraulme au nom de sa nièce et un autre quart aux jeunes époux.

Quelques jours après, Laur

Les Sanglier, propriétaires

Anne de Vellefaux donna de nombreux enfants à Gilles Sanglier :

- Louis, seigneur de la Noblaye,

- Joseph, seigneur de Saint Martin,

- Jacques, signeur de jable,

- Charles, seigneur de la Guinetière et capitaine au régiment de la reine,

- François, seigneur de la Gabillière,

- Gilles, seigneur du Péron,

- Et enfin Marie qui épousera François de La Barre.

Le Lion Noir était pour eux des maisons de rapport. Ils résidaient la plupart du temps à la Noblaye dans leur seigneurie de Touraine. Cependant Gilles Sanglier se rendit à Paris le 17 novembre 1643 pour signer un bail14. À cette occasion, il logea chez François Hierosme, frère de son beau-frère, Valentin Hieraulme qui était décédé. Ils signaient ce bail en faveur de Pierre Ruette et sa femme Catherine de Choisy pour la coquette somme de 900 livres par an et pour six ans. Comme ces derniers étaient déjà locataires du Lion Noir15, les lieux ne sont pas décrits dans l’acte, ce qui est bien dommage !


Où une partie de la maison est séparée du reste et vendue

Une vingtaine d’années après la signature du bail, messire Gilles Sanglier et dame de Vellefaux, sa femme, décidèrent de vendre une partie de la maison du Lion Noir. Avaient-ils des dettes ? Est-ce à cette époque qu’ils achetèrent la terre de Peron, proche de la Noblaye ? Toujours est-il que cette fois-ci, ils ne se rendirent pas à Paris. Ils nommèrent comme procureur Hubert Gamard, un de leurs neveux, fils de Christophe Gamard, l’architecte. Il était chevalier de l’ordre du Roi, maître en ses conseils, gentilhomme ordinaire en sa chambre et lieutenant général des chasses du Louvre. Nous étions le 29 février 1668 . La vente était faite en faveur de Charles Lheureux , officier de monseigneur Le Tellier, secrétaire d’Etat, et à Antoinette Tripache sa femme. La partie de la maison du Lion Noir Couronné qui est vendue était le batiment sur la rue, à gauche de la porte cochère, c’est-à-dire le numéro 61 actuel. Elle était occupée par le sieur Bazoche, pâtissier qui était le gendre de l’acquéreur. Cette fois-ci la maison , ou du moins la partie vendue, est décrite dans l’acte. Pour une meilleure compréhension, il faut se reporter au plan ci-joint (datant des environs de 1822) sur lequel le morceau cédé est colorié en rouge et les cours en gris. La maison consistait en deux corps de logis l’un sur la rue et l’autre derrière, cour entre deux. Celui de devant comportait, comme de nos jours, une boutique sur la rue avec caves au-dessous, salle derrière, trois chambres par étage qui sont au nombre de trois et bouge attenant. Celui de derrière avait une petite salle au rez-de-chaussée, trois étages au dessus. Une galerie joignait les deux bâtiments et donnait sur une petite cour. Le tout était couvert de tuiles. Son voisin de droite était la maison du Lion Noir Couronné, celui de gauche était une maison qui porte l’enseigne de L’Image Saint Louis et derrière se trouvait le reste de la maison du Lion Noir qui appartenait au sieur et dame de Joüé . La v

ente était faite m

Batiment de devant

oyennant 13 000 livres.

L

Galerie

Batiment de derrière

e 14 mai de la même année le sieur Sanglier et sa femme était à Paris, logés dans la maison derrière. Ils venaient signer un avenant au contrat pour apporter quelques précisions. Le cens, auquel la maison était assujetti, était de 12 sols 6 deniers. Il était stipulé que les fenêtres du premier étage du bâtiment sur la cour qui avaient une vue sur la cour de la maison des sieur et dame de Joüé seraient bouchées sur la moitié de la hauteur. En aucun cas le sieur et la dame Lheureux ne pourraient emprunter le passage de la porte cochère qui était réservée à l’usage unique du sieur et dame de Joüé. Enfin l’enseigne du
Lion Noir, accrochée au mur des Lheureux , resterait là où elle est placée et les sieur et dame de Joüé pourraient la changer quand il leur plairait.

En 1678, Gilles Sanglier était mort. Comme sa mère l’avait fait en 1646, sa veuve fit sans doute don de ses biens à ses enfants à l’occasion du partage des biens de la succession de son mari qui se fit le 6 mai devant maître Champigny, notaire à Chinon16.

Joseph eût la maison de la rue Mazarine qui s’appelait toujours La Ville de Francfort. Il se maria deux fois. Il épousa en premières noces Charlotte Guillau (dont il aura deux enfants Charlotte qui rentrera en religion et Joseph) et en secondes noces Michelle Bienvenue. De cette seconde union naquirent Anne et Gilles qui vendront la maison à l’enseigne de La Ville de Francfort en 1714 à un certain sieur Courcault, marchand sellier-lormier. L’acte de vente indique que la maison était en fort mauvais état. On y entrait par une porte charretière qui était percée dans u édifice à un étage et grenier au-dessus et une boutique au rez-de-chaussée dans laquelle on entrait en descendant cinq marches. Dans la cour qui était ensuite, sur le côté gauche on trouvait un édifice à deux étages avec une écurie au rez-de-chaussée. Le grenier formait un pignon sur la rue Mazarine. ………..

Louis, seigneur de la Noblaye se vit octroyer la maison à l’enseigne de l’Image Saint Martin de la rue des Boucheries tandis qu’à Gilles échoua la maison de l’Écharpe Blanche, rue des Mauvais Garçons17 ainsi que celle du Lion Noir de la rue de Seine.




Les Billard de Lorière

Leurs mésaventures

Un soir de 1719 alors que M. de Lorière dinait tranquillement en son château de Charenton en un quidam en compagnie de sa belle-mère, la comtesse de Saint-Simon, d’un procureur au Parlement et d’un officier, un vacarme extraordinaire dérangea leur repas : les oies des Frères de la Charité qui se battaient et ravageaient le jardin qui était ua bord de la rivière. Le sand du sieur de Lorière ne fit qu’un tour. Il saisit son fusil et tue 7 ou 8 oies sur la centaine qui faisaient ce tohu-bohu. Les frères survinrent et emmenèrent les oies mortes, mais le frère Feuchère ne l’entendait pas de cette oreille. Il attendit un peu plus loin avec deux valets le cocher du seigneur et le maltraitèrent. Le cocher porta plainte devant le juge de la seigneurie, de leur côté le frère porta plainte auprès du commissaire mais en désignant le seigneur de Lorière comme étant un quidam en gris. C’était trop d’offense. Pris de peur, les frères Placide et Théophile retirèrent la plainte , indemnisèrent le cocher. . . et otèrent leurs oies.

Un autre fois, nous étions alors le 26 mai 1721, M. de Lorière était rue de Seine dans le beau carrosse de Claude de Saint-Simon , son beau-frère , lorsque surgirent une trentaine d’archers qui jetèrent à terre laquais et cocher. Ouvrant brutalement la portière, ils se saisirent de notre héros qui en perdit sa perruque et le conduisirent « manu militari » avec force coups de pieds, de poings et de pommeaux d’épées à la prison de l’abbaye. Tout à coup , l’équipe disparut sans l’écrouer mais l’épisode avait eu des spectateurs. L’affaire fit le tour de Paris et on rit beaucoup à ses dépens…



1 Il s’agit de l’acte de saisie daté du 26 mai 1604. A.N. : Y2977/A

2 La rue Mazarine

3 Arch. Nat., Y2977/A, adjudication du 16 mai 1604

4 C’était le nom que portait la pièce à vivre de cette époque

5Son nom vient du

6 Nouvelle collection pour servir l’histoire de France …. P.432

7 Le bail fut signé le 30 novembre 1609 devant Le Sennelier et Bontemps

8 Aujourd’hui rue Jacob

9 A.N. M.C. : CX/57, contrat de mariage du 15/02/1614

10 A.N. M.C. : LXXIII/19 ?, contrat de mariage du 20 février 1624

11 A.N. :, M.C. XXXVI/101, 9/06/1616, Me Jolly, acquisition d’une maison rue Saint Benoit.

12 C’est-à-dire Rungis maintenant

13 A.N., M.C. , LXXIII/196, notaire Saint Vaast, testament

14 A.N., M.C. XCII/118

15 On remarquera que le lion noir n’est plus couronné

16 Malheureusement les minutes de ce notaire n’ont pas été versées aux AD d’Indre&Loire

17 A.N. : S 2840 Acte de vente de la maison de la rue des Boucheries du 19/01/1679