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Les immeubles des 61- 63 et 65 rue de Seine présentent au promeneur des façades fort élégantes et anciennes. Mais celui qui jette sur elles un regard distrait sait-il qu’elles contemplent la rue de Seine depuis le début du XVIIe siècle et qu’elles sont peut-être l’œuvre d’un architecte fort connu , Claude Vellefaux ?


Il ignore sans doute que des propriétaires aux positions sociales fort variées se sont succédés, que des partages successoraux mal conduits ont provoqué des séparations regrettables .


Leur examen attentif permet de très vite de constater qu’à chaque étage, les balcons des 61-63 et 65 sont alignés et que ces bâtiments, au moins pour ceux qui sont sur rue, ne faisait autrefois qu’un seul bâtiment.


C’était en effet le cas au XVIIe siècle. La propriété s’étendait même à cette époque jusqu’à la rue Mazarine. C’est alors que deux experts, sans doute trop inventifs, imaginèrent de les morceler en deux lors d’un partage. Une succession, quelques dizaines d’années plus tard, lui retira la partie faisant face à la rue Mazarine. Enfin un troisième partage scinda en deux lots le bâtiment sur la rue de Seine. Puis, des difficultés financières obligèrent un des propriétaires à se séparer de la partie qui avait pignon sur rue !


Cette situation qui dura plusieurs siècles cessa, du moins en partie, lorsqu’un homme avisé réunit deux des trois immeubles. Ce sont nos numéros 61-63. Néanmoins, le 65 de la rue de Seine est encore isolé de ses soeurs siamoises.


Ma recherche est partie des Archives de Paris où les sommiers et les calepins des propriétés bâties me permirent de repérer facilement les propriétaires les plus récents et les références de leur acte d'achat. Tout naturellement le Minutier Central des Notaires des Archives Nationales me permit peu à peu de remonter le fil du temps. La qualité des propriétaires qui étaient tour à tour libraires, procureurs ou conseiller au Parlement , architecte, pâtissier ... m'obligèrent à élargir le champs de mes recherches. Ma quête fut intéressante, captivante, passionnante, parfois semée d'embûches mais ne me laissa jamais indifférente.


Je vous invite donc à découvrir l'histoire de ces immeubles fort curieuse et pleine de rebondissements.

Le bourg Saint-Germain


Au temps où commence l’histoire des maisons qui nous occupent, c’est-à-dire au début du XVIe siècle, Saint-Germain-des-Prés était un simple bourg offrant à ses occupants un paysage champêtre. En son centre, se dressait l’abbaye du même nom que les bons moines, sur les ordres de ….. , avaient entourée de hauts murs et d’un fossé. Du côté de l’orient, d’autres fortifications protégeaient Paris depuis Philippe Auguste. Il fallait passer par les portes de Nesle ou Saint Michel pour accéder à Saint Germain puisque la porte de Bussy étant fermée depuis … ..


La rue de Seine, qui commençait à la rivière mais qui s’arrêtait alors à la rue de Buci1, n’était qu’un simple chemin de terre bordé à l’ouest par une tuilerie et le célèbre petit Pré aux Clercs où s’ébattaient (et se battaient) les étudiants de l’Université.


Les premières maisons furent bâties sur le côté oriental de la rue vers 1530 parce que la réouverture de la porte de Bussy facilita aux Parisiens l’accès au bourg Saint Germain. Le calme, le bon air et les distractions offertes par sa foire qui se tenait tous les ans en février, en firent un lieu à la mode. Les bons abbés, soucieux de leurs intérêts, se mirent alors à bailler à cens et à rente2 les parcelles de terre comprises entre la rue de Seine et la future rue Mazarine. Les acheteurs s’engageaient généralement à clore leur terrain de murs et à y bâtir des maisons « manables3 ». Bourgeois de Paris, nobles et gens de robe s’installèrent en ces lieux si hospitaliers. Bordé de belles maisons neuves, le chemin méritait de prendre l’habit d’une rue, ce que l’on fit en 1545 en le pavant.

Les comptes de 1532-1533, que les moines tenaient avec tant de soin, nous révèlent la topographie des lieux4 compris entre les rues de Seine, Mazarine et de Buci. ainsi qu’elle est reconstituée sur le plan ci-dessous :


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Plan de Belleforest (1575)

Sur ce plan, on aperçoit la rue de Buci (n°19 sur le plan), reconnaissable à son coude. Les portes de Buci et de Nesle sont numérotées respectivement 22 et 23. La rue de Seine est bordée par des maisons de chaque côté. Quant à la rue Mazarine, c’est alors un simple chemin de terre le long duquel coure une butte où les archers s’exercent à tirer.


Les Prevost, premiers occupants des lieux

Les premières mentions d’existence d’un propriétaire de l’emplacement des numéros 61, 63 et 65 rue de Seine et 70 rue Mazarine datent de cette période heureuse, très exactement de 15321 selon les comptes de l’abbaye. La parcelle de terre n’était point bâtie et appartenait alors à la veuve et aux héritiers de Nicolas Prevost, libraire. Le 11 mai 1530 l’aumônier de Saint Germain des Prés avait baillé à cens et à rente à Nicolas Prevost (qui était donc encore vivant à cette époque) ce terrain, situé entre « la butte où tir[ai]ent les archers près des fossés de la ville2 « et la rue de Seine. L’aumônier avait affirmé qu’il faisait une superficie de … mais il se révéla qu’il n’en faisait que 27 perches 3/4. Point content du tout, Nicolas Prévost en avait appelé aux religieux, à l’abbé et au couvent de Saint Germain des Prés afin qu’on procéda à un arpentage officiel . Ceci fut fait en octobre 1531. On lui donna gain de cause et l’on fixa le cens à la somme de 51 sols et 6 deniers parisis, payables chaque année le jour de la Saint Remy.

Son acquisition n’était sans doute pas le fruit du hasard mais plutôt celui d’une mode qui s’était installée parmi la confrérie des libraires  que François Ier avait tant promus. Dans l’espace délimité par la porte de Buci3, les fortifications de Philippe Auguste, les quais, les rues de Seine et de Buci, la rue Mazarine et la rue de Seine on ne comptait pas moins d’une petite demi-douzaine d’entre eux avaient acquis des terrains pour y construire une maison : les libraires Gilles et Jean Pascot ainsi que Jean Champion avaient choisi la rue de Buci. Le libraire Philippe Lenoir4 était son voisin immédiat. Quant au célèbre Pierre Roffet, relieur attitré de François Ier il avait acheté un peu plus loin sur la rue de Seine un terrain de 12 perches 1/4. Sur l’autre rive de la rue, se trouvait Jean Longis, doreur sur cuir.


Nicolas Prévost n’était pas un inconnu, c’était même un libraire assez célèbre puisque selon La Caille, en association avec Pierre Roffet et Simon Hadrot, il fit imprimer en 1528 par la veuve Nicole Vostre le Diurnal à l'usage des RR. PP. Celestins (in-24 rouge et noir), Breviarium adusum Cœlestinorum (in-8°), » et plusieurs autres usages rouge et noir ». En 1529, il édita  Missale,Canonocor Regularium ordinis Sancti Augustini decunum ritum insignis Ecclesiaesancti Victoris ad Muros Parisienses: Il faisait aussi grand négoce de livres d’usage, comme des Missels, Bréviaires, Diurnaux et Heures. Sa marque était fort belle si on en juge la reproduction trouvée dans l’ouvrage de L.-C. Silvestre.

Selon le même auteur, il disparut en 1530. Malheureusement, nous n’avons pas d’autres précisions, cependant il est certain qu’il avait quitté ce monde en 1532 et que le terrain changea de main entre1533 et 1535.


Reconstitution du voisinage de Nicolas Prevost


Où la famille Sosson devient propriétaire

L’acquéreur du terrain 27 perches 3/45 était Michel Sosson, seigneur de Rouville en Beauce et de surcroît procureur au Grand Conseil du roi. Il était marié avec une certaine Marie Martel dont il eut au moins un enfant René qui deviendra lui aussi procureur au Grand Conseil du roi.

À l’imitation de ses voisins qui avaient déjà fait construire une habitation et clore de murs leur terrain, Michel Sosson fit bâtir une maison entre 1538 et 15396. Petite, couverte d’ardoise, entourée d’un jardin, elle avait son entrée principale sur les fossés de la ville et une issue sur la rue de Seine.

Quelques années après, en 1541, Michel Sosson entreprit de faire construire « ung hostel assis à Saint-Germain-des-Près à costé de la rivière de Seine ». Il signa chez maître Boreau un devis descriptif précis quant aux travaux de maçonnerie et de charpenterie à réaliser mais vague7 quant à l’emplacement exac. On peut cependant supposer qu’il s’agissait pour lui de bâtir du côté de la rue de Seine. Il choisit pour les réaliser Jehan Péan, maçon et Jehan Lanquier maître charpentier . L’hôtel devait mesurer 21 pieds de long sur 15 pieds de large, « dedans oeuvre » et les murs de fondation 2 pieds « d’espoisseur ».

Malgré sa charge importante de procureur au grand conseil du roi, Michel Sosson et sa femme habitaient plus volontiers Orléans ou leur château de Rouville que Paris. C’était un homme d’affaire qui traitait beaucoup avec des seigneurs du Pithiverais. Ainsi en 1540, il acheta à Galoy Pelart, seigneur de Montigny près de Neufville en Beauce et à Marie de Beauvais sa femme, une rente de 10 livres tournois, rachetable pour 120 livres que ce dernier garantissait sur sa seigneurie de Montigny que ce dernier tenait par conquêt du seigneur de Dampierre ainsi que ses seigneuries et métairies de Lollainville et Ennorville qu’il tenait des seigneurs d’Acoux et de Chamerolles.


Quelques année après, en 1547, Charles de Lolinville, seigneur de Bytoy en Perche mais demeurant aux Vaulx près d’Estouy et sa femme Marie Le Peige vendirent à Michel Sosson une rente de 18 livres 10 sols tournois garantie sur une ferme de Bytoy, paroisse de Guiguernelle et sur une métairie et 106 arpents de terres labourables assis à Janville. Ce seigneur pouvait racheter à Michel Sosson sa rente pour 225 livres.

Michel Sosson savait aussi se montrer généreux. En 1549, il donna à Guillaume Veilhac, praticien, 25 écus d’or que lui devait un certain Sulpice Bancelin, prieur commendataire à Saint Jean de Marigné.

Ce sera la dernière fois que nous le verrons vivant à travers des actes notariés. Il serait donc décédé entre 1549 et 1555, date à laquelle sa femme, devenue veuve, fit son testament et ses ordonnance de dernières volontés8.

Soucieuse du repos de son âme, elle recommandait son âme à Dieu, à Marie, à « Michel l’Ange » et à tous les saints, demandait qu’on lise cinq Ave et cinq Pater. Vingt messes basses seraient célébrées le jour de son enterrement et un service solennel huit jours après. Pour faire bonne mesure elle léguait à diverses personnes de son entourage la coquette somme totale de 900 écus d’or soleil, à condition qu’elle prient pour elle.

Consciente de sa condition, elle régla le cérémonial de son enterrement. Elle ordonnait d’être inhumée devant l’autel Notre-Dame de l’église Sainte-Catherine d’Orléans. Son corps devrait y être transporté par six chevaux et douze personnes tenant des torches allumées et conduits par le curé de sa paroisse, ses chapelains et les quatre ordres mendiants de la ville. Elle voulait que sa pierre tombale comporta son effigie, son nom, son surnom et la date de son trépas. Deux services solennels seraient célébrés, le premier le jour de son enterrement et le second le lendemain. Les douze personnes tenant leurs torches seraient disposées autour de sa fosse et diraient cinq pater et cinq Ave et deux De Profundis.


Elle vécut cependanr encore au moins une dizaine d’années puisque nous la retrouvons le 20 juillet 1564 signant un acte devant les notaires Léal et Viart9. Elle s’était en effet rendue à Paris pour faire don de la moitié de la maison de la rue de Seine à son fils René qui avait repris la charge de son père et à sa belle-fille, Jacquette Moreau, sous condition d’en garder l’usufruit sa vie durant. La maison n’était toujours pas un palais puisque les lieux se composaient « d’une maison, estable, court, jardin, lieulx et appartenances […] assis à Sainct Germain des Prés lez Paris rue de Sayne et ayant yssues sur ladicte rue et sur les fossez d’entre les portes de Nesle et de Bussi10 « . Son voisin vers le midi était Jean Martin, procureur en la cour du Parlement. Toujours à droite mais du côté de la rue Mazarine, Guillaume Lenoir, libraire, avait succédé à son père, Philippe Lenoir. À gauche, on trouvait les héritiers de Denis Dupont et leur mère Agnes Constantin, veuve depuis peu d’un certain Henri Planny.

Lorsque le 6 janvier 1578, René Sosson et sa femme Jaquette Moreau marièrent leur fille Marie à maître René Corrard, avocat en la cour du Parlement, Marie Martel, l’aïeuele, ne fut point mentionnée dans le contrat de mariage. Cela signifie-t-il qu’elle était décédée ? La dot que versait René Sosson s’élevait à la somme de 10 000 livres dont la moitié serait versée la veille de « leurs espousailles ».

Quelques jours après, René Sosson et son gendre Claude Corrard empruntaient à Antoine Faure commis au greffe du Grand Conseil 400 écus moyennant une rente de 33 écus un tiers payables chaque année en quatre fois en l’hôtel du sieur FaureLes emprunteurs donnaient en garantie la seigneurie de Rouville et la maison de la rue de Seine qui, disait le contrat contenait « plusieurs corps d’hostel , courtz et jardins, tenant d’une part aux héritiers  feu Thomas Blanche et d’aultre part à Nicolas Foissart et aultres ».

Deux ans après, toute la famille Corrad – Sosson s’installait rue de Seine, sans Marie qui était décédée mais avec un fils prénommé Raoul. C’est alors que René Sosson versa le …….. à son gendre le complément de dot qu’il devait encore, c’est-à-dire 1666 écus 3/4



Nous perdons ensuite la trace des propriétaires pendant une trentaine d’années, puisqu’aucun compte ni censier de l’abbaye ne sont parvenus jusqu’à nous.

Il est vrai que la belle tranquillité du faubourg fut fort troublée par les guerres de religion entre la Ligue et le futur Henri IV. En 1572, les cris de la Saint-Barthélémy eurent leurs échos dans Saint-Germain-des-Près lorsque les sbires de Guise poursuivirent les huguenots rassemblés au petit pré aux clercs et dans la rue Visconti qui s’appelait alors rue des Marais et qu’on surnommait le petite Genève. Quelques années après, on se battit avec acharnement aux pieds de la muraille de Philippe Auguste où les fidèles d’Henri IV, criant vengeance, passèrent au fil de l’épée moult ligueurs. La situation des habitants du faubourg devint si critique en juin 1589, qu’on creusa des tranchées pour se défendre. On donna même l’ordre d’aller chez tous les marchands de vin et les cabaretiers de Saint-Germain-des-Près, et ils y étaient fort nombreux, afin de rassembler 2000 futailles pour la construction de barricades. L’année suivante, les habitants désertèrent leurs maisons et se réfugièrent dans l’abbaye. À l’automne 1590, le Bureau de la Ville constata la destruction de nombre maisons alors que les troupes d’Henri IV étaient repoussées. Il fut décidé que les maisons qu’on démolirait celles qui pouvaient porter préjudice en cas de siège, c’est-à-dire celles qui longeaient les fortifications de Paris. La maison de René Sosson fit partie du lot des destructions11. Il faudra attendre l’entrée d’Henri IV dans Paris, le 22 mars 1594, pour que la paix revienne enfin dans les faubourgs. De cette longue période de guerre Saint-Germain-des-Prés sortait complètement ruiné.

Peut-être les moines continuèrent-ils à tenir à jour leur censier durant ces trente années, en tout cas il n’en fut pas retrouvé. Par contre celui de 1595 nous apprend que les lieux qui nous intéressent avaient changé de propriétaire.Claude Vellefaux12, juré du roy en l’office de massonnerye et voyer général de la terre et seigneurie de Sainct-Germain-des-Prés et ses appartenances » avait pris la place « des héritiers de Me René Saulson13, procureur au grand conseil ».


Claude Vellefaux, propriétaire

Claude Vellefaux était natif de Percy le Franc en Franche-Comté. Il arriva à Paris vers 1585 avec son frère François qui exerçait comme lui la profession de maître maçon. De ses premières années à Paris, on sait seulement qu’il acquit, le 9 avril 1586, une maison située rue Sainte Catherine et qu’il la paya comptant.

On ignore quand et comment il acheta le terrain de la rue de Seine. Cependant deux documents font allusion à son acquisition de la place « vuide » de la rue de Seine de façon assez contradictoire : le premier, est celui du censier de 1595 que nous reproduisons ci-dessous.

De Me Claude Vellefaux juré du Roy en l’office de massonerye et voyer général de la terre et seigneurie de St germain des Prés et ses appartenances au lieu des héritiers de Me René Saulson (sic), procureur au grand conseil pour une maison et jardin assis en la dicte rue de Seyne tenant d’une part audict Jehan Martin, d’autre part à la veuve et héritiers de feu François Pastoureau, d’un bout par devant sur ladicte rue et par derrière sur les fossez, qui doibtle cens chacun an lrdict jour Sainct Remy tant cens que rente cinquante un sol six deniers parisis.


Un autre document14 qui est celui d’une saisie dont nous parlerons plus loin, nous apprend clairement que Claude Vellefaux l’avait acquise d’Etienne Bonnet, procureur au Parlement, qui lui-même l’avait obtenue de François Baude.

Alors qui de l’un ou l’autre était le propriétaire précédent ? Etienne Baudet ? René Saulson ? En l’absence de l’acte de vente, il est difficile de se prononcer. Cependant comme un demi-siècle sépare les deux recueils, il est possible qu’en ces temps troublés, plusieurs propriétaires se soient succédé mais que le rédacteur du censier, prenant comme référence le censier de 1543, ait indiqué le propriétaire de 1543 en citant Saulson tout en omettant François Baude et Etienne Bonnet.

Cependant nous savons que Claude Vellefaux commença par édifier une maison côté rue de Seine sur le terrain qu’il avait acquis. Elle était alors la seconde à main droite quand on venait de la rue de Bussy et se composait d’un corps d’hôtel couvert de tuile, avec une cour par derrière, une étable, puis un jardin et encore une autre cour qui avait une issue sur « les fossez d’entre la porte de Bussy et la porte de Nesle15 » où il avait aussi commencé à bâtir. Il s’y installa et y abrita aussi son frère.

Le 8 novembre 1595, il obtint l’un des quatre offices de juré expert du Roy es œuvre de maçonnerie. Ce fut pour lui l’assurance d’une carrière pleine de promesse. Cependant il lui fallait assurer sa situation en obtenant sa naturalisation puisque la Franche-Comté n’était point française à cette époque. Cette étape fut franchie le 27 octobre 1600.


Naturalité de Vellefaux


Cependant juré du roi ne veut pas forcément dire bon gestionnaire. Ayant négligé de payer les 300 livres qu’il devait encore à Pierre Fournier son maçon, on saisit en 1603 sa maison. Elle fut mise en vente à la criée le 26e jour de may 160416. Mais Vellefaux eut un sursaut et son procureur la racheta déclarant peu après que l’enchère (gagnante) qu’il avait faite était pour Claude Vellefaux. Une description assez complète des constructions figure dans l’acte :

La maison consistait en 1603 en « un corps d’hostel couvert de thuille » qui comportait une « salle basse17 », un cabinet au bout de celle-ci, une cuisine à côté, un passage entre la salle et la cuisine , plusieurs « chambres hautes » et un grenier au-dessus. Puis venait une cour sur le derrière au centre  de laquelle était une étable , un jardin derrière et des « lieux »,  enfin une cour ayant issue sur les fossés d’entre les portes de Bussy et de Nesle sur le côté de laquelle cour il y avait y a une galerie et un corps d’hostel formant le dessus de la porte. Le tout n’était pas achevé et tenait d’une part aux héritiers de feu Jehan Martin, en son vivant procureur en la court de Parlement et d’autre à Nicolas Fussart marchand drapier demeurant en la maison où pendait pour enseigne Le Heaulme et au jardin de feu Marie Blanche et Valentin Relmollin et aboutissait d’un côté sur les fossés et par-devant sur la rue de Seine. Telle était la description de la maison sur l’acte d’adjudication après la saisie.


Malgré ce faux-pas, sa carrière prit un excellent tournant. Le roi Henri IV, très impressionné par les vagues d’épidémie de peste de 1562 et de 1596, signa un édit de fondation en mai 1607 d’un hôpital destiné aux pestiférés auquel il donna le nom de Saint-Louis18, en souvenir du roi mort de la peste devant Tunis en 1270. En 1606, il en confia la construction à Claude Vellefaux. Claude Chastillon et François Quesnel en avaient dressé les plans. Lui fut chargé de l’exécution des travaux par un contrat qui stipulait qu’il devait venir au moins une fois par jour. Les travaux commencèrent par la construction de la chapelle à laquelle des milliers d’ouvriers19 furent affectés.

En l’année 1607, Claude Vellefaux et son collègue Jean Autissier furent nommés comme experts dans un procès entre le Bureau de la Ville et un certain Marin de la Vallée : deux ans auparavant le Bureau avait décidé les travaux nécessaires à l’achèvement de l’Hôtel de Ville. Ils furent mis en adjudication au prix de 135 livres tournois la toise. Trois personnes se présentèrent dont d’ailleurs n’était point Claude Vellefaux. Les travaux furent adjugés le 6 juin à Marin de la Vallée, juré du roi en l’office de maçonnerie, qui en caution engagea deux de ses maisons. La lente hâte avec laquelle il exécuta une première série de travaux ne l’empêcha point de concourir pour la deuxième série dont il se rendit adjudicataire moyennant 15 600 livres malgré la répugnance de Guillain, maître des œuvres de maçonnerie pour ce candidat. Ce dernier avait vu juste puisque l’année suivante, à l’issue du procès, l’entrepreneur fut condamné à recommencer ses travaux. On peut penser que Claude Vellefaux se fit un ennemi.

Il fut aussi grand voyer de l’abbaye de Saint Germain des Prés et, en 1599, emporta un marché important : celui de la réfection du portail de la porte de Saint Germain. Quelques années plus tard, il construisit le réservoir des halles, puis il devint un temps le collaborateur de Quesnel pour l’élaboration du plan de Paris, il procéda aussi à la construction d’une terrasse au bord de l’eau pour l’Hôtel Dieu.

Un an après, il fut à nouveau consulté par le Bureau de la Ville pour une contestation entre la Ville et à nouveau Marin de la Vallée. Cette fois il conclut en faveur de La Vallée et son avis fut suivi. La même année, sur les ordres du roi, il participa à une commission avec les architectes Chambiges, Petit et Guérin pour hâter les travaux le de l’Hôtel de Ville et signe à cette occasion le plan de la voûte de la chapelle du Saint-Esprit.

Pendant cette période, il fonda une famille en épousant Laurence Hébert qui était fille de Thomas Hébert, marchand, bourgeois de Paris et de Nicole Touvoye, propriétaires d’une maison en la Grande Rue de Saint Germain des Prés et d’une autre rue des Mauvais Garçons. Cependant, après quelques années de mariage, le couple n’avait toujours pas d’enfant, ce dont ils étaient fort marris. Ils décidèrent de se faire don mutuel de leurs biens « en considération de la grande amitié qu’ils se portent l’un deulx à l’autre et des peines qu’ils ont eu à amasser si peu de biens qu’ilz ont de présent jouict, qu’ilz n’ont aucuns enfans ». Ils choisirent à cette occasion le notaire Babinet qui vint chez eux, rue de Seine, pour la signature du contrat.

Lorsqu’il eut terminé de construire la maison sur « les fossez d’entre les portes de Bussy et de Nesle », c’est-à-dire notre rue Mazarine,il signa un bail en 160920 au sieur Étienne Doucet, bourgeois de Paris habitant rue du Colombier21. L’acte nous en donne une description détaillée. Elle consistait « en ung corps d’hostel, une salle basse, caves et cellier en dessous , deux chambres au dessus, une escurye au dessus de laquelle il y a quatre petites chambres, une cuisine et au dessus d’icelle deux autres chambres, cour, jardin, puits garny de sa poullye de cuivre ». Il loua les lieux 600 livres par an. Le preneur devait la garnir de biens meubles et exploitables « pour suretté du loyer » et y effectuer toutes menues réparations locatives, en particulier entretenir le pavé « estant tant au devant qu’en la cour de lad maison ». Il s’engageait aussi à payer les taxes des fortifications, des boues, chandelles, lanternes et les taxes des pauvres, « empruntz, subsides et autres impotz ».


À la fin de l’année 1614, le prévôt et les échevins de Paris firent savoir que la réédification de quatre maisons situées sur le Petit Pont, du côté « d’aval l’eaue » et appartenant à la Ville serait baillée « au rabbaiz et moings disant […] à la charge  par l’entrepreneur de faire lesdictes maisons bien et deuement , conformément audict devis, et de rendre les clefs en la main ». Claude Vellefaux et un autre juré furent chargés d’évaluer la nécessité des travaux de réédification et la conformité de leur reconstruction au regard du cahier des charges.

Un an après, il fit aussi le plan du nouveau quartier du Luxembourg avec François Quesnel. Nommé juré du roi et voyer du prince de Conti en 1611, il devint contrôleur des bâtiments de l’Hôtel-Dieu en 1625.

Le 15 février 1614 vit la signature du contrat de mariage22 entre sa nièce, Etiennette Vellefaux et Christophe Gamard, son assistant maître maçon. À cette occasion, on convoqua le ban et l’arrière-ban. Jeanne Bellebaude, sa belle-sœur, mère de la future y assistait bien évidemment mais sans le père, François Vellefaux, qui était mort entre-temps. Très généreusement, Claude Vellefaux dota sa nièce d’une rente de ….. livres. Il entretint des liens très étroits avec son neveu et disciple qui devint par la suite un architecte connu.

À sa grande joie, sa femme finit par lui donner deux filles auxquelles ils donnèrent les prénoms de Laurence et Anne qui firent routes deux de fort beaux mariages.

Laurence, l’aînée épousa en 1624 Valentin Hieraulme23, » docteur régent en la faculté de médecyne en l’université de Paris y demeurant rue Saint Denis, paroisse Saint Eustache ». Laurence eut de nombreux témoins qui vinrent signer le « traicté de mariage »: tout d’abord, son père, « juré du Roy en ses oeuvres de massonnerie » et sa mère, Laurence Hébert, qui stipulèrent en son nom car elle n’avait pas encore atteint l’âge de sa majorité ; son cousin germain Pierre Tourin, marchand, bourgeois de Paris ; Simon Machard aussi cousin ; messire Cherton du Lie, conseiller du roi en son conseil d’état ; maître Gillles Francset, substitut du procureur général du roi en sa cour du Parlement ; enfin maître Du Plessis, conseiller du roi en son présidial du Châtelet. De la part de Valentin Hieraulme, qui stipulait en son nom car il était majeur, on trouvait François Hieraulme, son père accompagné de sa femme Catherine Vinion ; sa tante Catherine Hieraulme qui était veuve de Jean Martin en son vivant premier médecin de la reine ainsi qu’une autre tante Marie Hieraulme, veuve de messire de La Virienne. Le côté Vinion était représenté par son oncle maternel Claude Vinion marchand, bourgeois de Paris ; Magdelaine Vinion, veuve de messire Galland marchand bourgeois de Paris, et Anne Vinion, veuve de messire La Fère ses tantes. Sa mère avait sans doute été mariée une première fois avec un certain sieur Charles car vinrent aussi signer François Charles, conseiller du roi et receveur des tailles en l’élection de Rennes, frère utérin, ainsi que Charles Langlois greffier au Châtelet de Paris à cause de sa femme, Catherine Charles. Des conseillers du roi en la chambre des comptes, en la cour du Parlement ou secrétaire du roi représentaient le cousinage accompagnés plus modestement par un procureur, un bourgeois de Paris et un avocat au conseil. Trois conseillers et médecins du roi signaient en tant qu’amis.

Claude Vellefaux donnait à sa fille 13 000 livres dont la moitié entrait dans la communauté tandis que François Hieraulme en apportait 12 000 à son fils. La parité était donc bien là. Le alloué par Le futur époux allouait à Laurence Vellefaux un douaire préfix de 300 livres tournois de rente. En cas de décès du père ou de la mère des futurs époux, ils ne pourraient demander aucun partage et devaient laisser le survivant jouir des biens communs. Cette clause avait son importance comme on le verra plus loin.

Une fille naquit de ce mariage. On la prénomma Catherine. Vraisemblablement, sa mère mourut en mettant sa fille au monde et son mari ne tarda point à la suivre dans la tombe puisqu’en 1631, c’est son oncle et tuteur, François Hieraulme, receveur général de l’Hotel-Dieu qui viendra en son nom participer à la transaction en forme de partage que Laurence Hébert organisera à la mort de son mari.


Claude Vellefaux gagnait bien sa vie, il continua donc à acheter des terrains pour y construire des maisons pour les louer. Ainsi il en acquit rue des Mauvais Garçons, rue des Canettes, rue des Boucheries. Le 9 juin 1616,24 il devint propriétaire pour 9 000L d’une maison qui tint un rôle très important dans sa vie et celle de ses proches. Elle se situait rue et paroisse Saint-Benoît, face à l’église du même nom et contenait deux corps d’hôtel, l’un sur le devant et l’autre derrière, court et jardin. Il ne tarda point à venir y habiter et y demeurera jusqu’à la fin de sa vie.

On demanda à nouveau son avis d’expert en 1625 pour le trajet que devaient emprunter les tuyaux venant de la fontaine de Rongis25 jusqu’à la place de Grève et autres lieux. Il fallait éviter d’abîmer les piles et les voûtes du Petit Pont et du grand Pont Notre Dame.

Mais Claude Vellefaux se sentait vieillir. Il commença donc à mettre de l’ordre dans ses affaires. Tout d’abord, le 27 avril 1627, persuadé qu’il allait mourir prochainement, il fit son testament26, léguant à l’Hôtel-Dieu trois arpents et demi de terre, à son directeur de conscience 30 L et à sa paroisse quatre belles nappes d’autel et un bassin en vermeil.

Cependant, il ne mourut pas dans les jours qui suivirent. Mais son écriture se dégradait tant qu’elle devint presque méconnaissable. Le 1er juillet, il donna procuration à sa femme pour donner à loyer une partie de la maison de la rue de Seine. Elle signait un bail de 3 ans moyennant 270 livres tournois « pour et par chacun par an » à Jean Cristofle, maître pâtissier à l’abbaye de Saint Germain des Prés habitant alors rue du Four. Ce dernier devait garnir le logement de bons meubles et entretenir le pavé de la rue sur le devant de son logis. Il ne pouvait pas céder son bail, par contre il pouvait descendre son vin et monter ses futailles de la cave occupé par son voisin, aussi locataire de la maison.



Le 27 octobre, ne se sentant plus capable d’exercer sa profession de juré du roi, il vendit son office à Christophe Gamard, son neveu par alliance, qui lui versa immédiatement 300 livres sur les 1500 livres qu’il en demandait.


La mort vint vraisemblablement en janvier 1629. En tout cas, l’inventaire (que nous n’avons pas retrouvé) commença le 16 février sous l’égide de Me Saint-Vaast, son notaire. Sa clôture fut signée par Musnier le 13 mars suivant.

Sa seconde fille, Anne, n’était alors pas encore majeure et fut donc placée sous la tutelle de sa mère.

Cependant elle se maria entre avril 1630 et avril 1631. Elle prit pour époux un descendant d’une famille noble et très ancienne du Poitou dont les origines remontait, dit-on, à 1046. Il s’agissait de Gilles Sanlier, seigneur de Joué et de la Noblaye.

Ce dernier descendait d’un Jacques Sanglier qui avait épousé Jaquette de Chezelles qui laissa à sa mort le domaine de la Noblaye (paroisse de Leméré) qui lui venait de son père. À partir de cette date Anne Vellefaux devint Anne de Vellefaux et porta les armes de son mari : d’or, à un sanglier de sable, denté d’argent ; au chef d’azur, chargé d’un croissant d’argent, accosté de deux étoiles d’or. En faveur de ce mariage Laurence Hébert avait donné à sa fille le quart des revenus venant de Claude Vellefaux. Elle lui donna donc le quart des revenus de la maison à l’enseigne de l’Image Saint Martin située rue des Boucheries, de celle de l’Écharpe Blanche rue des Mauvais Garçons, de celle de la rue Saint Benoit et de celle de la rue des Rosiers, ainsi que de celle de la rue d’entre les portes de Bussy et de Nesle (ue Mazarine) à l’enseigne de la Ville de Francfort dont le fonds étaient du propre de Claude Vellefaux mais dont les bâtiments étaient à la communauté ainsi que la part lui revenant des loyers de la rue de Seine qui étaient un bien propre de Vellefaux.

Soucieuse des intérêts de ses enfants, Laurence Hébert mit au clair devant les notaires de Montrousel et de Saint Vaast, ce qui lui appartenait et ce qui leur revenait de la succession de son défunt mari. Le 14 juin 1631, toute la famille Vellefaux se réunit autour des deux notaires. Étaient présents Laurence Hébert, la veuve, François Hieraulme, le tuteur de Catherine Hieraulme, petite fille de Laurence Hébert, Gilles Sanglier le tout nouvel époux d’Anne Vellefaux. Il s’agissait de donner à la petite Catherine les mêmes avantages que ceux qui avaient été accordés à Gilles Sanglier et sa femme lors de leur mariage. Ce qui fut fait. Scrupuleuse, elle fit un compte détaillé des rentes qu’elle avait touchées depuis la mort de son mari auquel elle ajouta généreusement le produit de la vente des meubles mis aux enchères après le décès de Vellefaux. On en remit le quart à François Hieraulme au nom de sa nièce et un autre quart aux jeunes époux.

Quelques jours après, Laur


Les Sanglier, propriétaires

Anne de Vellefaux donna de nombreux enfants à Gilles Sanglier :

- Louis, seigneur de la Noblaye,

- Joseph, seigneur de Saint Martin,

- Jacques, signeur de jable,

- Charles, seigneur de la Guinetière et capitaine au régiment de la reine,

- François, seigneur de la Gabillière,

- Gilles, seigneur du Péron,

- Et enfin Marie qui épousera François de La Barre.

Le Lion Noir était pour eux des maisons de rapport. Ils résidaient la plupart du temps à la Noblaye dans leur seigneurie de Touraine. Cependant Gilles Sanglier se rendit à Paris le 17 novembre 1643 pour signer un bail27. À cette occasion, il logea chez François Hierosme, frère de son beau-frère, Valentin Hieraulme qui était décédé. Ils signaient ce bail en faveur de Pierre Ruette et sa femme Catherine de Choisy pour la coquette somme de 900 livres par an et pour six ans. Comme ces derniers étaient déjà locataires du Lion Noir28, les lieux ne sont pas décrits dans l’acte, ce qui est bien dommage !


Où une partie de la maison est séparée du reste et vendue

Une vingtaine d’années après la signature du bail, messire Gilles Sanglier et dame de Vellefaux, sa femme, décidèrent de vendre une partie de la maison du Lion Noir. Avaient-ils des dettes ? Est-ce à cette époque qu’ils achetèrent la terre de Peron, proche de la Noblaye ? Toujours est-il que cette fois-ci, ils ne se rendirent pas à Paris. Ils nommèrent comme procureur Hubert Gamard, un de leurs neveux, fils de Christophe Gamard, l’architecte. Il était chevalier de l’ordre du Roi, maître en ses conseils, gentilhomme ordinaire en sa chambre et lieutenant général des chasses du Louvre. Nous étions le 29 février 1668 . La vente était faite en faveur de Charles Lheureux , officier de monseigneur Le Tellier, secrétaire d’Etat, et à Antoinette Tripache sa femme. La partie de la maison du Lion Noir Couronné qui est vendue était le batiment sur la rue, à gauche de la porte cochère, c’est-à-dire le numéro 61 actuel. Elle était occupée par le sieur Bazoche, pâtissier qui était le gendre de l’acquéreur. Cette fois-ci la maison , ou du moins la partie vendue, est décrite dans l’acte. Pour une meilleure compréhension, il faut se reporter au plan ci-joint (datant des environs de 1822) sur lequel le morceau cédé est colorié en rouge et les cours en gris. La maison consistait en deux corps de logis l’un sur la rue et l’autre derrière, cour entre deux. Celui de devant comportait, comme de nos jours, une boutique sur la rue avec caves au-dessous, salle derrière, trois chambres par étage qui sont au nombre de trois et bouge attenant. Celui de derrière avait une petite salle au rez-de-chaussée, trois étages au dessus. Une galerie joignait les deux bâtiments et donnait sur une petite cour. Le tout était couvert de tuiles. Son voisin de droite était la maison du Lion Noir Couronné, celui de gauche était une maison qui porte l’enseigne de L’Image Saint Louis et derrière se trouvait le reste de la maison du Lion Noir qui appartenait au sieur et dame de Joüé . La v

ente était faite m

Batiment de devant

oyennant 13 000 livres.

L

Galerie

Batiment de derrière

e 14 mai de la même année le sieur Sanglier et sa femme était à Paris, logés dans la maison derrière. Ils venaient signer un avenant au contrat pour apporter quelques précisions. Le cens, auquel la maison était assujetti, était de 12 sols 6 deniers. Il était stipulé que les fenêtres du premier étage du bâtiment sur la cour qui avaient une vue sur la cour de la maison des sieur et dame de Joüé seraient bouchées sur la moitié de la hauteur. En aucun cas le sieur et la dame Lheureux ne pourraient emprunter le passage de la porte cochère qui était réservée à l’usage unique du sieur et dame de Joüé. Enfin l’enseigne du
Lion Noir, accrochée au mur des Lheureux , resterait là où elle est placée et les sieur et dame de Joüé pourraient la changer quand il leur plairait.

En 1678, Gilles Sanglier était mort. Comme sa mère l’avait fait en 1646, sa veuve fit sans doute don de ses biens à ses enfants à l’occasion du partage des biens de la succession de son mari qui se fit le 6 mai devant maître Champigny, notaire à Chinon29.

Joseph eût la maison de la rue Mazarine qui s’appelait toujours La Ville de Francfort. Il se maria deux fois. Il épousa en premières noces Charlotte Guillau (dont il aura deux enfants Charlotte qui rentrera en religion et Joseph) et en secondes noces Michelle Bienvenue. De cette seconde union naquirent Anne et Gilles qui vendront la maison à l’enseigne de La Ville de Francfort en 1714 à un certain sieur Courcault, marchand sellier-lormier. L’acte de vente indique que la maison était en fort mauvais état. On y entrait par une porte charretière qui était percée dans u édifice à un étage et grenier au-dessus et une boutique au rez-de-chaussée dans laquelle on entrait en descendant cinq marches. Dans la cour qui était ensuite, sur le côté gauche on trouvait un édifice à deux étages avec une écurie au rez-de-chaussée. Le grenier formait un pignon sur la rue Mazarine. ………..

Louis, seigneur de la Noblaye se vit octroyer la maison à l’enseigne de l’Image Saint Martin de la rue des Boucheries tandis qu’à Gilles échoua la maison de l’Écharpe Blanche, rue des Mauvais Garçons30 ainsi que celle du Lion Noir de la rue de Seine.




Les Billard de Lorière

Leurs mésaventures

Un soir de 1719 alors que M. de Lorière dinait tranquillement en son château de Charenton en un quidam en compagnie de sa belle-mère, la comtesse de Saint-Simon, d’un procureur au Parlement et d’un officier, un vacarme extraordinaire dérangea leur repas : les oies des Frères de la Charité qui se battaient et ravageaient le jardin qui était ua bord de la rivière. Le sand du sieur de Lorière ne fit qu’un tour. Il saisit son fusil et tue 7 ou 8 oies sur la centaine qui faisaient ce tohu-bohu. Les frères survinrent et emmenèrent les oies mortes, mais le frère Feuchère ne l’entendait pas de cette oreille. Il attendit un peu plus loin avec deux valets le cocher du seigneur et le maltraitèrent. Le cocher porta plainte devant le juge de la seigneurie, de leur côté le frère porta plainte auprès du commissaire mais en désignant le seigneur de Lorière comme étant un quidam en gris. C’était trop d’offense. Pris de peur, les frères Placide et Théophile retirèrent la plainte , indemnisèrent le cocher. . . et otèrent leurs oies.

Un autre fois, nous étions alors le 26 mai 1721, M. de Lorière était rue de Seine dans le beau carrosse de Claude de Saint-Simon , son beau-frère , lorsque surgirent une trentaine d’archers qui jetèrent à terre laquais et cocher. Ouvrant brutalement la portière, ils se saisirent de notre héros qui en perdit sa perruque et le conduisirent « manu militari » avec force coups de pieds, de poings et de pommeaux d’épées à la prison de l’abbaye. Tout à coup , l’équipe disparut sans l’écrouer mais l’épisode avait eu des spectateurs. L’affaire fit le tour de Paris et on rit beaucoup à ses dépens…


1 A.N. LL1121

2 La future rue Mazarine

3 La porte de Buci se trouvait au bout de l’actuel rue Saint André des rts, au carrefour avec la rue dauphi,e qui d’ailleurs n’existait pas à cette époque.

4 Son voisin de droite était Thomas Blanche, bonnetier

5 950 m2 environ

6 Les comptes de l’abbaye de Saint Germain des Près de 1538-1539 (A.N. : LL1122) indique l’existence d’une maison, non plus d’un terrain vague

7 A.N. : ET/VIII/… Devis du ………

8 A.N. : ET/VIII/… 21 lai 1555, testament de la veuve Sosson

9 Les minutes du notaire Viart n’existent plus mais l’acte ayant été insinué (A.N. Y105 f°196), nous avons pu en avoir la teneur.

10 Maintenant la rue Mazarine

11 Le censier de 1595 indique que toutes les maisons depuis le jeu de paume de l’Aventure jusqu’à la porte de Buci furent détruites

12 L’orthographe des noms n’étant pas fixée à cette époque , il sera appelé Vellefaux, Villefaux, Vilfaux, Velfaux, de Vellefaux et même une fois Belfaux, cependant tous les actes sont signés par lui sous l’orthographe « Vellefaux »

13 Alias Sosson,

14 Il s’agit de l’acte de saisie daté du 26 mai 1604. A.N. : Y2977/A

15 La rue Mazarine

16 Arch. Nat., Y2977/A, adjudication du 16 mai 1604

17 C’était le nom que portait la pièce à vivre de cette époque

18Son nom vient du

19 Nouvelle collection pour servir l’histoire de France …. P.432

20 Le bail fut signé le 30 novembre 1609 devant Le Sennelier et Bontemps

21 Aujourd’hui rue Jacob

22 A.N. M.C. : CX/57, contrat de mariage du 15/02/1614

23 A.N. M.C. : LXXIII/19 ?, contrat de mariage du 20 février 1624

24 A.N. :, M.C. XXXVI/101, 9/06/1616, Me Jolly, acquisition d’une maison rue Saint Benoit.

25 C’est-à-dire Rungis maintenant

26 A.N., M.C. , LXXIII/196, notaire Saint Vaast, testament

27 A.N., M.C. XCII/118

28 On remarquera que le lion noir n’est plus couronné

29 Malheureusement les minutes de ce notaire n’ont pas été versées aux AD d’Indre&Loire

30 A.N. : S 2840 Acte de vente de la maison de la rue des Boucheries du 19/01/1679