neocontrat

École des hautes études en sciences sociales
CONTRAT QUADRIENNAL DE DÉVELOPPEMENT
2006-2009








École des hautes études en sciences sociales
CONTRAT QUADRIENNAL DE DÉVELOPPEMENT
2006-2009


Préambule


L'École des hautes études en sciences sociales a signé son premier contrat quadriennal avec l'État en 1999. L'ambition affichée alors était de préserver et de conforter la spécificité d'un établissement dont l'identité tient, de longue date, à la manière dont la recherche en sciences sociales et la formation à la recherche y sont inséparablement liées. Le second contrat (2002-2005) a eu pour objectif de consolider ce projet dans une phase de développement rapide de l'institution, en renforçant l'intégration des doctorants dans des centres de recherche dont le nombre s'est nettement accru, et en affirmant la place de l'École dans la recherche internationale d'excellence. Le troisième contrat quadriennal a vocation –sans rien perdre de ces objectifs – à préparer l'établissement à entrer, avec les meilleurs atouts, dans le paysage nouveau qui résulte de l'européanisation des formations supérieures d'une part, et de la construction de l'espace européen de la recherche d'autre part.


Établissement à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP) compté, depuis 1985, au nombre des « grands établissements », l'EHESS est bien placée pour s'adapter à cette donne nouvelle. Institution de taille moyenne, servie par une administration compétente et efficace, elle a fait le choix, depuis longtemps, de se doter d'une forte dimension internationale. La moitié des étudiants qu'elle accueille sont des étudiants étrangers. L'École conduit en même temps une politique active d'invitation de chercheurs et d'enseignants étrangers (200 mois d'invités chaque année). Leur présence dans l'établissement contribue fortement à assurer la notoriété internationale de l'établissement. L'EHESS a également formalisé des liens conventionnels nombreux avec des institutions de recherche et des universités en Europe et dans le monde, où ses enseignants-chercheurs sont couramment appelés à intervenir. La rationalisation et le renforcement de ce réseau, dans le double registre de la recherche et de la formation à la recherche, sont l'un des objectifs du présent contrat. Par ailleurs, directement, et à travers son implication dans plusieurs grands projets fédératifs menés en coopération avec d'autres établissements, l'EHESS contribue activement à la mise en place des équipements de dimension nationale que requiert l'intégration de l'espace européen de la recherche. Certains de ces projets – la constitution de l'Institut national d'histoire de l'art, par exemple – figuraient déjà au précédent contrat. D'autres étaient annoncés et/ou laissent prévoir des opérations importantes pour les années à venir : constitution d'un pôle de recherche en histoire des sciences sous la triple tutelle de l'EHESS, de la Cité des Sciences et de l'Industrie et du Museum d'Histoire Naturelle, Campus Jourdan, Bibliothèque universitaire des langues et civilisations, musée du quai Branly.


Parmi ces différents partenariats, une place particulière doit être faite aux liens étroits que crée entre l'EHESS et l'École normale supérieure, leur implication conjointe dans un ensemble d'opérations déjà réalisées et de projets à venir : (1) pôle d'économie et (2) pôle de sociologie sur le site du boulevard Jourdan, (3) Centre Jean-Nicod, (4) UMR Analyse et théorie du droit, (5) UMR Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistiques, (6) CAPHES (Centre d'archives de philosophie, d'histoire et d'édition des sciences). L'EHESS et l'ENS participent également à la vie de chacune de ces formations – qui sont des UMR du CNRS – à travers les moyens matériels et humains qu'elles mettent à leur disposition. Pour leur bonne marche, la construction institutionnelle de ces UMR doit faire pleinement droit à cet équilibre, en inscrivant les centres et laboratoires concernés au contrat quadriennal des deux établissements. C'est la raison pour laquelle l'EHESS et l'ENS demandent ensemble que soit formellement reconnue, par le ministère de la Recherche, la « tutelle partagée » qu'elles exercent, parallèlement au CNRS, sur ces formations.


Le même principe de « tutelle partagée » devra s'appliquer également dans le cas de l'UMR qui implique, avec le CNRS et l'EHESS, la Mission ethnologique de la direction du patrimoine au ministère de la Culture (LAHIC). Il devra aussi être mis en oeuvre dans l'hypothèse de la construction – encore à l'étude à ce stade – d'un Laboratoire commun placé sous la triple tutelle CNRS/EHESS/Sciences Po, par rapprochement du CESTA (Centre de sociologie du travail et des arts) (UMR CNRS/EHESS), et du CSO (Centre de sociologie des organisations) (UMR CNRS/Sciences Po.).


Depuis 1975, date à laquelle elle a pris pied, sous l'impulsion de Jacques Le Goff, dans les cursus nationaux d'études doctorales, l'EHESS a développé une approche particulière de la formation par la recherche. Celle-ci combine deux éléments : un suivi personnalisé des étudiants, invités à élaborer leur propre parcours de formation avec le directeur de recherche qui suit leur travail, d'une part ; l'intégration précoce (dès le DEA) dans des équipes et centres de recherche qui placent les doctorants au contact de la recherche en train de se faire, leur fournit les ressources matérielles (documentaires et autres) indispensables à la conduite de leurs travaux et les familiarise d'entrée de jeu à une pratique collective du travail de recherche. Le maintien et le renforcement de ces deux principes ont guidé la mise en place, en 1999, de l'École doctorale de l'EHESS, envisagée non comme une structure fédérant des formations doctorales spécialisées au sein desquelles les étudiants sont strictement contenus, mais comme un espace de circulation, leur assurant à la fois l'acquisition des savoir-faire disciplinaires indispensables et l'initiation réflexive aux méthodes de l'échange interdisciplinaire. Des dispositifs pédagogiques d'appui ont été mis en place, sous la forme de filières doctorales thématiques, pour leur permettre de se repérer commodément dans la carte générale des enseignements offerts par l'École. Organisée pour assurer une formation doctorale de haut niveau, l'École doctorale de l'EHESS veut aussi constituer, pour les étudiants qui relèvent d'elle, non seulement un lieu d'apprentissage de l'autonomie intellectuelle, mais également un banc d'essai de la communication scientifique. Elle développe et soutient à cette fin une palette d'initiatives : groupes d'enseignement mutuel, colloques juniors, séminaires collectifs d'étudiants, publications de travaux en cours, etc. Le bilan positif de cette expérience pédagogique est une des raisons qui justifient l'Établissement de s'engager aujourd'hui dans la construction d'un master recherche de l'EHESS. Celui-ci sera régi par un double principe : des apprentissages méthodologiques et théoriques fortement structurés en M1 et M2, au sein de mentions très encadrées, d'une part ; une circulation (guidée) sur une carte ouverte d'enseignements de spécialité, permettant à chaque étudiant, en M2, de construire son propre parcours de spécialisation et d'initiation interdisciplinaire, d'autre part.


La spécificité de l'offre de l'École des hautes études en sciences sociales en matière de formation à la recherche repose sur la socialisation précoce des doctorants dans un milieu scientifique ouvert et fortement internationalisé. La viabilité de cette visée pédagogique tient à la configuration même de l'établissement, du point de vue de l'organisation de la recherche. L'EHESS est constituée par un maillage serré d'équipes et de centres de recherche qui associent – au-delà des 250 enseignants-chercheurs de « statut École » (maîtres de conférences et directeurs d'études) – près de 600 chercheurs et enseignants-chercheurs relevant d'autres établissements et d'autres statuts. La proportion particulièrement importante de chercheurs CNRS implantés à l'EHESS tient à ce que 35 de ces équipes de recherche (sur 80) sont des UMR CNRS.


Cette situation de partenariat étroit et ancien avec le CNRS place l'École en position particulièrement favorable pour expérimenter les formes nouvelles de relation entre l'enseignement supérieur et la recherche. C'est la raison pour laquelle l'EHESS a répondu très positivement à l'offre du CNRS de mettre en place, entre les deux établissements, un « partenariat rénové ». Cette expérience doit se déployer selon cinq axes inséparables :

La prospective scientifique et la recherche conjointe de formules permettant de développer des formes de coopération scientifique touchant à des objets, à des domaines ou à des méthodes de recherche nouveaux. Cette concertation active en matière d'accompagnement de l'innovation devrait embrasser la politique des recrutements menée par chacun des partenaires. Elle implique également la recherche commune d'un ajustement des nomenclatures CNRS aux opérations de structuration que cette coopération engage : soit qu'il s'agisse de faire mûrir des projets sans les institutionnaliser prématurément, soit qu'il s'agisse de favoriser la fédération d'unités déjà constituées pour leur permettre d'atteindre une visibilité et une efficacité plus grande.
Les critères et procédures de l'évaluation des centres et des chercheurs (à travers, notamment, la généralisation des comités conjoints d'évaluation).
La coordination des choix en matière de politique internationale, d'invitations de chercheurs étrangers et d'accueil de post-doctorants.
Les conditions d'association des personnels chercheurs à l'encadrement des étudiants de master et des doctorants, et, de façon plus générale, et à l'activité d'enseignement.
La rationalisation des modes de gestion, en matière de simplification budgétaire, de contrats de recherche, d'échange des informations de gestion et de conduite des unités en régions.

Installation du master, participation à la construction de l'espace européen de la recherche, mise en oeuvre d'un « partenariat rénové » avec le CNRS : ces trois chantiers qui s'imposent aujourd'hui à l'École des hautes études en sciences sociales fixent clairement le sens que l'Établissement doit donner à la proposition avancée pour le contrat quadriennal 2006-2009. Il ne s'agit plus seulement de préserver l'originalité que l'École tient de son histoire, tout en accompagnant un développement inscrit dans l'augmentation substantielle du nombre de ses enseignants, de ses étudiants et de ses équipes de recherche. Il s'agit également de retrouver le meilleur de cette spécificité dans une anticipation raisonnée des évolutions de la recherche à l'échelle du continent, pour les 10 ou 15 années qui viennent. Ainsi l'histoire, qui est le « coeur historique » de l'École à sa fondation par Fernand Braudel, dans la lignée de la VIe section de l'École pratique des hautes études, continue d'irriguer la pratique des autres disciplines – sociologie, anthropologie, économie, philosophie, sciences des arts et du langage – en marquant de façon spécifique leurs programmes de recherche propres et la manière de les enseigner à l'École. Cette confrontation avec l'histoire marque également la manière dont sont prises en compte (et promues) les « aires culturelles » dans le projet de l'établissement. Il spécifie l'orientation des sciences juridiques ou celle des études littéraires et esthétiques. Il donne aussi à l'approche des problèmes de la modélisation, dans les diverses disciplines, une inflexion particulière. Mais dans l'autre sens, la recherche historique se déploie, à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, à partir des multiples interfaces que l'histoire, telle qu'elle y est pratiquée, entretient avec les autres sciences sociales, de l'anthropologie à la sociologie, de l'économie à la philosophie et à la linguistique. Cette interaction permanente qui s'établit entre toutes les disciplines et leur permet de construire ensemble des objets de recherche et des problématiques inédites est la ressource privilégiée de l'innovation intellectuelle à l'Ecole. Elle est aussi le ressort principal de la prospective scientifique qui peut y être conduite. C'est en rendant cette interdisciplinarité toujours plus active et visible que l'École peut le mieux préserver et déployer son attractivité en direction des collègues, doctorants et jeunes chercheurs inscrits et formés, en Europe, dans d'autres traditions des sciences sociales.


Le projet d'établissement soumis à la contractualisation 2006-2009 inscrit cette visée dans un certain nombre d'axes stratégiques majeurs dont les chapitres suivants déclineront les thématiques. Le déploiement de chacun de ces axes se joue inséparablement sur le terrain de la recherche fondamentale, qui est la raison d'être de l'établissement, et sur celui de la veille scientifique que requiert la compréhension du monde d'aujourd'hui. L'École des hautes études en sciences sociales entend marquer nettement le souci qu'elle a de mettre son potentiel scientifique au service des questionnements sociaux du présent. Elle le fait déjà, pour partie, à travers le fort volume des contrats qu'elle gère. Elle doit continuer ses avancées dans le domaine de la formation continue, en direction des administrations et collectivités publiques, des entreprises, des personnels enseignants et du grand public. Elle souhaite, grâce au diplôme de l'École, contribuer à la reconnaissance des parcours individualisés que requiert l'objectif de la formation tout au long de la vie.


La principale difficulté à laquelle l'Établissement doit faire face pour assurer sa réalisation est celle – on y reviendra – des locaux. Difficulté que la mise en place du master et l'augmentation attendue des effectifs étudiants promet d'aggraver et en dépit des expansions prévues dans le cadre du plan U3M.





Les choix stratégiques majeurs, axes du projet d'établissement


La création du master en sciences sociales et la reconfiguration de l'École doctorale : l'offre de formation de l'EHESS dans le cadre du LMD et à l'échelle européenne


Grand établissement d'enseignement supérieur ayant pour mission la recherche et l'enseignement de la recherche, l'EHESS propose d'ouvrir, dès la rentrée de 2005, les cursus d'un master de recherche dans le domaine qui est le sien. Actuellement, l'établissement associe au cycle des études doctorales (niveaux DEA et thèse) le cursus du Diplôme de l'EHESS, qui permet d'enrichir et de valider des parcours académiques et/ou professionnels spécifiques. L'engagement en faveur de la formation continue s'affirme également par l'accueil d'un grand nombre d'auditeurs libres. Enfin, l'EHESS délivre l'Habilitation à diriger des recherches. Les 22 formations de l'École doctorale (dans l'actuelle configuration, 9 étant entièrement implantées à l'EHESS), accueillent un nombre régulièrement croissant d'étudiants (2802 inscrits en 2002-2003). Quelques-uns de ces ensembles comptent, dans leur spécialité, parmi les plus importants en France par le nombre des étudiants et des enseignants (DEA « Histoire et Civilisation », « Anthropologie sociale et ethnologie », « Sociologie »). En dehors de la mise à disposition des étudiants (et des enseignants-chercheurs) d'outils informatisés de recherche et de communication, la grande innovation de notre proposition quadriennale est la création d'un master propre à l'EHESS aux deux années du second cycle. Le défi est double : il convient en effet d'ajouter non tant une année qu'un volet à notre offre de formation tout en repensant le cycle doctoral. Il n'en reste pas moins que l'expérience de l'ED – une formation des étudiants fondée sur le tutorat, étroitement liée à l'activité scientifique des laboratoires propres ou associés (environ 80) et ouverte sur les échanges interdisciplinaires – nous a semblé être de nature à répondre aux orientations majeures de la réforme LMD, par la création d'un lien effectif entre l'amont (master) et l'aval (doctorat) et en évitant les cloisonnements et les rigidités disciplinaires. Encore convient-il de tenir compte d'exigences didactiques spécifiques. Nous pouvons à cet égard prendre appui sur les cycles structurés (dont certains sont construits sur deux ans) qui ont été mis en place au sein des formations doctorales au niveau du DEA. La pratique du tutorat repose sur une densité de l'offre d'encadrement personnalisé des parcours étudiants dont nous souhaitons faire bénéficier ceux du master. Notre réponse positive à la réforme ne signifie donc pas une rupture, mais l'extension (en même temps que l'adaptation) d'une expérience pédagogique et d'une capacité d'encadrement spécifiques. Enrichir cette expérience en la prolongeant à l'amont de la formation à la recherche n'est qu'une partie du défi. Compte tenu du lien fort entre la recherche et la formation qui est la priorité de l'institution, nous attendons de la refonte de notre offre de formation des effets internes et externes de structuration scientifique en même temps qu'un renforcement de notre insertion dans le dispositif national et européen de l'enseignement supérieur. Nous souhaitons ainsi pouvoir faire du master (recherche) de l'EHESS une formation d'excellence dans le droit fil de l'école doctorale.


Le master (recherche) en sciences sociales de l'EHESS


Ensemble spécifique en même temps qu'ouvert, le master projeté par l'EHESS (pôles parisiens et régionaux) propose une trentaine de formations dont la moitié sont partagées (7 de ces formations partagées ont été habilitées en 2004). La plupart de ces formations dérivent des formations doctorales et des filières qui structurent l'École doctorale et bénéficient des liens qui ont été noués par elles avec de nombreux établissements. Présent sur des sites qui ne se limitent pas à la région parisienne et articulé à de nombreux dispositifs universitaires, le master de l'EHESS intègre également la dimension internationale de la recherche et de l'enseignement qui caractérise l'établissement, notamment à l'échelle européenne. La préexistence de réseaux scientifiques établis de longue date est un atout précieux pour la constitution de masters européens, et une condition pour l'obtention de financements Erasmus Mundus (projets en cours d'élaboration, une formation candidate en novembre 2004).


La spécificité du master de l'EHESS est qu'il tient l'ensemble articulé des sciences sociales pour un objet de connaissance et un domaine spécifique de formation. Son objectif n'est pas d'être exhaustif dans son domaine mais d'en développer une approche effectivement pluridisciplinaire et de faire de cette approche un principe pédagogique, grâce à la double perspective qui est d'ores et déjà celle de l'École doctorale :


– une formation dans le contexte interdisciplinaire des sciences sociales. La transversalité des approches et des objets étudiés étant l'axe fort de l'étude des sciences sociales à l'EHESS, les filières proposées ne recouvrent pas seulement les domaines classiques dans une perspective d'ouverture transdisciplinaire (anthropologie, histoire, etc.). Elles incluent aussi des formations interdisciplinaires et thématiques, ainsi qu'une formation aux sciences sociales à partir des aires culturelles. Alors que les approches situées sont aujourd'hui contestées et parfois abandonnées, la politique de l'École, qui est de faire d'elles l'un des trois accès possibles au domaine (avec les disciplines et les thématiques interdisciplinaires), trouve son prolongement au stade initial de la formation à la recherche. Innervant toutes les formations du master, les filières aires culturelles sont solidement ancrées dans la pratique des langues et du terrain et fermement insérées dans le contexte des disciplines et des interfaces des sciences sociales.


– la formation à la recherche par la recherche repose sur l'initiation pratique des étudiants aux techniques et aux problématiques de la recherche dans le cadre du séminaire de recherche, sous la direction individualisée d'un tuteur, et sur leur accueil effectif dans les centres de recherche. Au niveau du master, chaque étudiant s'inscrit auprès d'un tuteur qui accompagne son travail et guide ses choix scientifiques tout au long de sa formation. Les laboratoires propres ou associés (notamment avec le CNRS) qui sont abrités à l'EHESS participent directement aux formations du master en leur fournissant leurs équipes pédagogiques. Nous avons fait le choix de ne pas couper de cet environnement les cursus qui sont proposés au niveau du second cycle. Ils bénéficient de la sorte d'un encadrement dense en même temps que d'un réseau serré d'équipes reconnues, dont les liens européens et internationaux sont d'ores et déjà multiples. L'EHESS peut également s'appuyer sur sa participation à de grands projets (musée du quai Branly, Bibliothèque Universitaire des Langues et Civilisations, Programme « Société de cour » à Versailles) pour organiser des stages au contact direct des collections, des lieux et des objets, comme elle le fait déjà, dans ses formations doctorales, pour le contact avec le terrain.


Afin d'intégrer les étudiant du master au sein de l'EHESS à leur niveau, les formations proposées obéissent à une architecture à la fois structurée et ouverte, évitant les itinéraires rigidifiés tout en assurant la formation fondamentale et méthodologique. Chaque filière est composée d'enseignements spécifiques (fondements, méthode, spécialisation) et choisis de manière organisée dans l'ensemble de l'offre du master en vertu d'une mutualisation interne. Grâce à des créneaux réservés, les étudiants de chacune des formations ont l'obligation de suivre des enseignements dans d'autres formations du master. Celui-ci se présente comme un espace de circulation balisé par les mentions qui qualifient le domaine, sur lequel les étudiants dessinent des parcours individuels en concertation suivie avec leurs tuteurs. Le master offre donc : 1) une carte à la fois différenciée et intégrée (les différences se traduisent par des mentions et des itinéraires de spécialisation, l'intégration par une formation pluridisciplinaire dans le domaine des sciences sociales) ; 2) une formation personnalisée modulable tout au long du cursus (les spécialisations, disciplinaires, thématiques ou situées (aires culturelles), sont construites par les parcours étudiants).


En résumé, le projet de « master de l'EHESS » correspond à un ensemble maillé et gradué de formations ouvertes adossées à des disciplines, à des thématiques et à des aires culturelles. Ce maillage, dont les croisements sont constitués par les centres de recherche et les séminaires de recherche, est celui qui a fait ses preuves au niveau des actuelles formations doctorales, tant sur le plan de l'enseignement que sur celui de l'administration. Ces orientations dessinent un master qui offre une solide initiation aux disciplines, de réelles possibilités d'ouverture intellectuelle et de transversalité des approches, en même temps qu'une inscription située du travail des sciences sociales non pas au stade des applications mais à celui de la formation fondamentale. Dans cette perspective, les enseignements de langue et d'informatique visent une formation à la maîtrise des langages pour la recherche.


Les équipes pédagogiques résultent de l'ancrage du master dans les programmes scientifiques de l'EHESS et dans les centres de recherche qui y sont abrités. Elles regroupent de ce fait : (1) les enseignants-chercheurs de l'EHESS et des chercheurs du CNRS qui sont affectés à ces centres et y donnent d'ores et déjà des enseignements ; (2) des enseignants-chercheurs et chercheurs des universités, d'autres grands établissements (CNAM, EFEO, EPHE, INALCO, INRA, INSERM, IRD) et des Grandes Écoles (ENS Ulm et Cachan, Polytechnique, etc.) qui appartiennent aux laboratoires ou ont bâti des formations partagées avec le noyau (1). Le dispositif est complété au niveau des enseignements par des conventions de mutualisation, dont certaines (cf. celles qui sont projetées avec l'INALCO et Paris-VII) traduisent des complémentarités étendues sans cependant effacer la spécificité des objectifs. Le master de l'EHESS contribue ainsi à structurer une offre diversifiée sur les différents sites de son intervention, en particulier dans la région parisienne.


Une grande École doctorale de sciences sociales à l'horizon européen


Tout en ayant fait remonter vers l'amont (le master) l'expérience scientifique, pédagogique et administrative d'un cycle doctoral reconnu comme une formation d'excellence, l'EHESS se doit d'être particulièrement attentive à la reconfiguration de son École doctorale dans le cadre de la réforme LMD. Recentrées sur les trois années du doctorat proprement dit, les formations de l'École doctorale regroupent l'ensemble des centres et des séminaires de recherche de l'EHESS en fonction d'orientations disciplinaires, thématiques et situées. La réflexion sur le maillage et l'ouverture du master a permis de parachever la carte qui avait été complétée au moyen des filières pluridisciplinaires. Comme au niveau du master, le périmètre doctoral de l'EHESS fait apparaître un nombre élevé de formations partagées, qui soulignent la capacité d'interaction de l'établissement avec son environnement scientifique (et géographique). Qu'il s'agisse des sciences économiques ou cognitives, par exemple, c'est à travers ces coopérations que s'élaborent non seulement des recherches spécialisées de haut niveau, mais également une réflexion fondamentale, à laquelle les doctorants sont directement associés, sur les interfaces entre pratiques expérimentales, savoirs formalisés et sciences sociales. L'EHESS entend faire des questionnements de nature épistémologique que nécessite la redéfinition de son domaine, ainsi que des autres lignes de force de son programme scientifique (tels le positionnement de la dimension européenne par rapport à la question des aires culturelles et de la mondialisation, ou la rencontre, sur le site Jourdan, entre économie appliquée à l'intelligence du social et sociologie quantitative), autant d'axes structurants pour son École doctorale, c'est-à-dire des lieux de questionnements et d'innovation dans la production des échanges interdisciplinaires. Ces interfaces seront concrétisées par des cycles de séminaires qui succèderont aux filières devenues formations de master et de doctorat.


Le principe du maillage et de l'ouverture interne donne lieu, au niveau de chaque étudiant, à l'élaboration d'un parcours personnel sous la responsabilité du directeur de thèse dans le cadre d'un centre de recherche. Cette pratique effective, consignée dans la charte des thèses, mobilise l'ensemble des ressources scientifiques de l'EHESS par le biais des séminaires et des centres de recherche, qui sont les véritables pivots de l'École doctorale. En faisant le choix de formations avancées plutôt que de cursus didactiques lourdement structurés, l'EHESS propose de renforcer le tutorat tel qu'il se pratique effectivement à l'EHESS et avec les moyens que l'établissement met au service de cette cause : celle de l'apprentissage de l'autonomie intellectuelle.


C'est en ce sens, en étant une force de proposition en même temps qu'un lieu d'accueil comptant au premier rang des destinations européennes pour les doctorants et les post-doctorants du monde entier, que l'EHESS se propose de relever le défi de la redistribution européenne des études doctorales. La forte dimension internationale de l'École doctorale (45 % des inscrits étaient étrangers en 2003), trait constitutif, à l'EHESS, de l'enseignement comme de la recherche, sera renforcée au moyen des cotutelles, d'ores et déjà nombreuses, et en structurant à bon escient des doctorats européens. En novembre 2004 est soumis aux autorités bruxelloises un programme doctoral dans le domaine juridique associant des établissements de Barcelone, Florence, Francfort, Londres, Rome et Paris (où l'EHESS est associée à Paris-X en tant que pivot de l'opération, dans le prolongement d'une demande d'habilitation partagée au niveau du master). Un réseau doctoral en histoire des sciences associe le Centre Alexandre-Koyré à des établissements à anime Berlin, Cambridge, Florence et Harvard. L'EHESS entend ainsi s'intégrer pleinement à l'organisation européenne de la formation à la recherche tout en évitant que cette structuration ne débouche sur une scolarisation excessive des doctorants.


Tout en veillant à la qualité de l'encadrement scientifique des doctorants, l'École doctorale a développé les programmes destinés à favoriser leur formation et leur insertion professionnelles. L'organisation et, dans certains cas, la publication par les doctorants de journées d'étude et de colloques juniors, le financement de leur participation à des colloques internationaux, ainsi qu'un programme d'écoles d'été et d'aide au travail de terrain, ont renforcé l'insertion des étudiants dans la vie des laboratoires tout en faisant de l'École doctorale un banc d'essai professionnel. L'École doctorale suit régulièrement le devenir professionnel de ses docteurs. Une enquête montre ainsi que les deux tiers des 127 docteurs de la promotion de 1999 sont chercheurs ou enseignants-chercheurs en France ou à l'étranger à la veille de la campagne de recrutement de 2004. L'offre de formation se décline également sous l'angle de l'enseignement, auquel des doctorants avancés participent d'ores et déjà au sein d'ateliers de lecture et dans le cadre des filières. Le master va permettre le renforcement de ces actions tout en faisant de l'École doctorale de l'EHESS un lieu d'accueil professionnalisant pour les ATER et pour les allocataires normaliens qui désormais pourront eux aussi y enseigner. Notre projet met par ailleurs l'accent sur la nécessité d'augmenter la circulation nationale, européenne et internationale des jeunes docteurs (de l'École en direction de l'environnement, de l'environnement en direction de l'EHESS), un choix qui appelle une augmentation des moyens.


La capacité d'attraction internationale de l'EHESS est un atout pour Paris et pour la recherche en sciences sociales en France au niveau de la recherche. Nous proposons de la développer au niveau de la formation. Comment ne pas regretter que les moyens de l'ED soient limités et même en diminution au regard des responsabilités qui sont les siennes ? Depuis plusieurs années, le nombre – très insuffisant – des allocations de recherche est en baisse, de même que les aides « aires culturelles » et celles qui sont allouées aux cotutelles. Les financements que permettent les ACI ne peuvent concerner qu'un petit nombre des doctorants insérés dans les laboratoires. L'EHESS a fait et fera un effort particulier pour généraliser cette insertion et faire appel à des financements européens. Elle n'en souhaite pas moins vivement que la politique publique des aides aux étudiants, ainsi que la politique scientifique qui est appelée à canaliser une partie grandissante de ces aides, lui donnent les moyens de remplir sa mission en tant qu'établissement d'enseignement et de mettre en oeuvre son projet de formation.


La formation continue et le diplôme de l'École


Depuis sa création, l'EHESS est attachée à la formation continue. Il peut sembler paradoxal d'offrir un tel service à la collectivité dans un domaine de compétences techniques très pointues exigeant de la part des enseignants-chercheurs la constante mise à niveau de leur information, de leurs approches et de leurs conclusions. La formation continue dispensée à l'EHESS n'implique aucun compromis de ce côté. Elle consiste à ouvrir les séminaires de recherche à des auditeurs libres qui sont en nombre à peu près égal à celui des inscrits, soit un peu moins de 3 000. Ces auditeurs libres proviennent d'horizons différents, qu'ils soient enseignants, salariés d'entreprises ou encore retraités.


À côté de ces participations, qui ne sont pas diplômantes, l'établissement inclut dans son offre de formation le diplôme de l'EHESS. Ce cursus spécifique est à la fois encadré et ouvert. Sur le modèle du diplôme de l'EPHE, il est accessible aux personnes dont le parcours académique et/ou professionnel est atypique, en matière de diplômes et de niveau. Il offre, grâce à une scolarité balisée et dans le cadre du tutorat assuré par les directeurs d'études comme par les maîtres de conférences, une possibilité de mise à niveau et de formation à la recherche par la recherche conduisant à la rédaction d'un mémoire substantiel. Deux cents personnes environ sont aujourd'hui inscrites et suivent ce cursus de trois ans les conduisant au diplôme. En somme, les étudiants inscrits en diplôme bénéficient, à leur niveau, des infrastructures et des pratiques pédagogiques propres à l'établissement et qui valent pour l'ensemble de ses étudiants. Dans certains cas (archéologie et télédétection à Toulouse), le diplôme est la seule formule diplômante permettant d'associer adéquatement une formation technique très spécialisée à une pratique de la recherche en sciences sociales de haut niveau. Le mémoire permet aux diplômés de l'EHESS de présenter leur candidature aux différentes formations de l'École doctorale. À l'avenir, il en ira de même, mais le diplôme de l'EHESS, à condition d'être validé par la commission de la scolarité et par l'Assemblée des enseignants donnera aussi l'équivalent de 60 crédits du master en sciences sociales de l'École. L'expérience de ce cursus est l'une des raisons qui ont permis à notre communauté scientifique de s'engager dans la réforme LMD au niveau du master. L'EHESS entend maintenir et valoriser cette possibilité d'ouverture et de souplesse à côté des cursus du master et du doctorat. Ce dispositif spécifique répond aux objectifs de la Charte pour l'égalité des chances dans l'accès aux formations d'excellence et sera, en particulier, un outil précieux de la politique d'ouverture de l'Établissement et de ses enseignements aux personnes handicapées qui est l'un des axes forts du présent projet quadriennal.


Accueil des étudiants et chercheurs en situation de handicap

L'École a pour projet de faciliter et dynamiser la participation des étudiants et chercheurs handicapés à ses activités, et pour cela s'engage dans la mise en place d'un service de « relais d'accueil et d'accompagnement pour les étudiants et chercheurs en situation de handicap » qui vise à coordonner différentes actions :
– améliorer la mise aux normes des locaux ; adapter le portail internet et créer une page spécifique d'accueil ;
– répondre aux demandes, toutes particulières, pour faciliter l'accès aux différentes sphères des études et de la recherche : services administratifs, enseignements et relations aux enseignants/collègues, bibliothèques et outils pédagogiques, espaces de sociabilité ;
– faire le lien avec les organismes spécialisés dans l'accompagnement des handicaps et finançant des projets de formation et d'intégration professionnelle ;
– promouvoir les diplômes de l'École auprès des groupements associatifs, pour encourager la réalisation de projets de recherche originaux ;
– proposer une formation continue en sciences sociales ouverte aux travailleurs handicapés et aux personnes hospitalisées ;

– mettre en place un espace de réflexion de recherches transversales en sciences sociales sur les handicaps et les stratégies d'accessibilité, réunissant acteurs et chercheurs européens et internationaux.


Des moyens spécifiques seront demandés aux différents ministères concernés pour développer un domaine dans lequel la France accuse, par rapport aux mondes universitaires anglo-saxon et scandinave, un retard catastrophique.


Le choix des technologies de l'information

L'EHESS a choisi d'accorder une place privilégiée à l'informatique et aux nouveaux systèmes de communications dans ses plans de développement. Guidée par la conviction que la rapidité des transformations dans ce domaine induit à la fois des usages nouveaux pour les sciences sociales et une montée en puissance des besoins, l'École souhaite mettre en oeuvre, dans le cadre du contrat quadriennal, une politique ambitieuse. Celle-ci passe par l'encouragement donné aux recherches développées dans les différents centres, qui engendrent des utilisations nouvelles de l'informatique et sont susceptibles, dans un certain nombre de cas, d'élaborer des logiciels et des outils nouveaux. Elle implique que des moyens importants soient mobilisés pour stabiliser et développer les activités de la Division de l'informatique, des systèmes de l'information et de la communication (DISC), créée en juin 2004, en réponse aux recommandations du rapport présenté par François Weil au Conseil scientifique de l'EHESS, à la suite de la mission d'inventaire et d'analyse des besoins, nouveaux usages et perspectives, qui lui avait été confiée par la présidence de l'École.

La Division de l'informatique, des systèmes d'information et de la communication (DISC) regroupe trois pôles : le CRI, centre de ressources informatiques de l'établissement, ayant la charge du réseau, de la maintenance du parc informatique et de la formation ; le SIGA, (services informatiques de gestion et d'administration) ; le CERC, (Centre d'édition, de ressources électroniques et de communication). Chaque entité est placée sous la responsabilité d'un responsable technique. La Division elle-même est placée sous la responsabilité d'une directrice d'études, assistée de deux responsables adjoints, l'un et l'autre maîtres de conférence à l'EHESS. Cette nouvelle organisation a pour but de rendre plus transparente l'organisation des services, de mieux identifier les différentes missions, d'en accroître l'efficacité et de faciliter les échanges entre les différents pôles, par exemple pour la réalisation de base de données.


Les ressources informatiques : réseaux et formation


Le CRI assure tout d'abord la maintenance du réseau informatique et du câblage physique de l'établissement. Si l'on peut se féliciter de la qualité remarquable de ce réseau qui n'a pas connu de problèmes majeurs depuis sa création, une période délicate s'ouvre avec le prochain chantier du désamiantage du bâtiment situé 54 bd Raspail. Des moyens doivent être mis à la disposition de ce service pour qu'il puisse mener à bien sa mission au cours du chantier, notamment pour les équipements des locaux techniques et le maintien de l'activité pendant les travaux. Par ailleurs, pour répondre à des besoins pressants en matière de maintenance, rendue difficile par la multiplicité de sites sur lesquels le service intervient et en prévision de l'utilisation croissante de l'informatique, il convient de prévoir le recrutement de techniciens, les uns plus spécialisés, les autres dotés de formations polyvalentes.


Au sein du CRI, une cellule formation a été créée, dont il faut souligner la particulière importance. L'accent mis sur le développement des TIC implique en effet un effort massif dans le domaine de l'accompagnement à la formation et à la recherche. L'offre de formation concerne aussi bien les enseignants chercheurs, les personnels techniques et administratifs que les étudiants. Elle affiche quatre objectifs :

Proposer, dès la rentrée 2005, un enseignement aux technologies de l'information et de la communication pour les étudiants de l'École dans le cadre du master et comportant des modules à deux niveaux (M1 et M2).
Accompagner le personnel IATOS et enseignant de l'École dans la formation aux usages quotidiens de l'informatique (bureautique, usage ordinaire du Web, outils de gestion, etc.).
Accompagner les enseignants-chercheurs, les centres et les groupes de recherche à la fois dans l'utilisation mais également dans la conception d'outils de gestion des connaissances et dans les recherches impliquant les TIC.
Enfin, élargir la diffusion de l'offre d'enseignement en la déployant sur les divers types de plateformes numériques.

Si le fonctionnement actuel de la formation des personnels IATOS est satisfaisant, les trois autres objectifs représentent des développements nouveaux et créent des besoins correspondants.


Du fait de l'importance des effectifs concernés, la formation étudiante dans le cadre du master, devra être assurée directement par l'École. Des stages seront proposés dès la rentrée 2005. Par ailleurs, la cellule formation pourrait assurer des stages plus spécialisés pour des petits groupes d'étudiants sélectionnés sur dossier. Ces stages intensifs auraient pour objet l'apprentissage de techniques spécifiques à base de TIC. Quelques exemples : utilisation du GPS pour le travail de terrain, maniement de la vidéo et de la photo numériques, usages de logiciels scientifiques multidisciplinaires (SAS, Mathematica, etc.). Les stages destinés plus particulièrement au personnel enseignant seront organisés au cours de l'année universitaire. De même, seront proposées des formations complémentaires à la bureautique portant sur les technologies multimédia : gravure de CD, logiciels vidéo, retouches d'images, etc. Pour mener à bien ces projets, il faudra recruter un formateur, pour deux mois de vacations, à chaque rentrée. Ces propositions pourront s'adresser éventuellement à des étudiants tuteurs ayant des compétences dans ces domaines. Mais il faudra également dégager des moyens pour les stages spécifiques.


À côté de la formation proprement dite, la cellule proposera un accompagnement à l'utilisation et à la conception dans le cadre de projets de recherche valorisant particulièrement l'usage des nouvelles technologies, initiés par les centres ou par des groupes impliquant des chercheurs de l'École. Un partenariat spécifique, organisant notamment des échanges de stagiaires, est actuellement mis en place avec l'Institut national des télécommunications. D'autres conventionnements avec des écoles d'ingénieurs pourront être établis pour répondre à ces besoins.


L'EHESS se propose aussi de développer l'usage des TIC pour la diffusion des enseignements dispensés à l'École. Un objectif à moyen terme est de retransmettre en direct sur le Web certains séminaires ou conférences, puis de rendre ceux-ci disponibles en permanence sur le site de l'École sous la forme d'« Archives numériques des sciences sociales ». Pour mener à bien ce projet, il faudra d'une part acquérir le matériel nécessaire et, d'autre part, former un ou deux techniciens de l'École à la maîtrise de ces équipements.


L'informatique de gestion : progiciels nationaux et espaces numériques de travail


La politique de l'EHESS est de s'inscrire dans les démarches nationales de modernisation de la gestion des EPSCP.


Le SIGA assure l'installation et la maintenance des logiciels nationaux – NABUCO, ASTRE, HARPEGE, COSMOS, SENORITA, GIRAFE – et des logiciels propres comme celui de la scolarité. Il prend en charge l'assistance aux utilisateurs et gère le parc informatique dédié à la gestion. Le SIGA poursuivra le développement d'applications et d'outils de pilotage adaptés aux besoins des services (notamment à partir de Business Object). La mise en place du master et de la LOLF mobilisera lourdement l'équipe des informaticiens de gestion, qui sera renforcée. Par ailleurs, le SIGA sera en charge de la gestion des espaces numériques de travail, dévolus aux étudiants. Dans son champ de compétence, le SIGA sera un partenaire actif de la politique globale de communication électronique de l'École.


L'édition et les ressources électroniques, la communication


Le CERC a pour mission de mettre en oeuvre une politique globale de communication électronique de l'EHESS, tournée aussi bien vers les besoins internes de l'institution que vers l'extérieur.


Les objectifs liés aux usages internes à l'EHESS sont les suivants :


a. Mise en place d'un système d'information unifié, fondé sur un annuaire à la norme LDAP (Lightweight Directory Access Protocol) indexant l'ensemble des étudiants, des personnels EHESS et des personnels hébergés, permettant une gestion des droits d'accès au réseau et aux données.


b. Réduction de la complexité du circuit d'information, fondée sur une coopération entre les services et les producteurs des données en créant des bases de données appropriées. Les informations seront publiées sur les pages Web ou en intranet. Des synthèses régulières seront produites sous forme de lettres électroniques, envoyées aux abonnés et archivées sur le site.


c. Mise en place d'espaces numériques de travail, conçus en fonction d'usages administratifs (inscriptions d'étudiants, etc.), pédagogiques (compléments aux séminaires en ligne) ou de recherche (groupes de travail).


d. Dans le domaine des ressources documentaires payantes, l'ensemble des abonnements fera l'objet d'une renégociation, en partenariat avec le CNRS et le consortium Couperin. Un accès à distance à ces ressources sera possible au moyen d'un serveur proxy.


e. Les catalogues de bibliothèques spécialisées existant dans les centres seront progressivement informatisés, de façon concertée, avec consultation par le biais du site Web.


En matière d'objectifs liés à des usages extérieurs à l'EHESS


Un objectif majeur est ici de mener une politique ambitieuse d'édition électronique visant au désenclavement de la recherche française en sciences sociales et au décloisonnement des disciplines. L'École propose d'être une instance fédératrice de projets épars, de taille variable, conservant chacun leur totale autonomie scientifique.


Ces initiatives seraient diffusées sur un site unique, distinct du site institutionnel de l'EHESS, grâce à des outils puissants de syndication de contenu et d'indexation. L'EHESS serait un partenaire fondateur de ce projet ; d'autres partenaires majeurs pourraient s'y associer au premier rang desquels, le CNRS ; certains partenaires scientifiques ou techniques pourraient n'y être associés que pour des projets plus limités.


Ces initiatives recouvrent notamment l'animation des différentes communautés scientifiques au moyen d'un service de listes de discussion modérées (en partenariat avec H-Net, Michigan State University), la mise en place de moteurs de recherche, le dépôt d'archives ouvertes en sciences sociales, la mise en ligne de périodiques et de colloques. Elles concernent également l'intégration de projets techniquement autonomes avec la mise en ligne de sources telles les corpus textuels, les bases de données et les systèmes d'information géographiques, et le développement de procédures innovantes de mise en ligne utilisant les images et le son.


Ces projets imbriqués trouveront dans le portail scientifique central la clé de voûte d'un système distribué qui offrira la plus grande autonomie à chacune de ses composantes. L'imbrication mutuelle se traduira par des procédures de syndication des contenus, d'indexation fine et de synchronisation des informations. L'ensemble mettra donc en oeuvre une gamme d'outils, adaptés chacun à des besoins spécifiques, mais interconnectés entre eux et interopérables. Ces outils sont destinés à être développés dans le cadre de partenariats techniques (qui peuvent recouper, ou non, des partenariats scientifiques). Cette stratégie de partenariat conduit à énoncer une exigence forte en faveur des logiciels libres qui permettent de construire en commun des solutions techniques, conformes aux standards mondiaux (XML, OAI, etc.) et dont le code source est public.


Les projets d'édition électroniques s'appuieront en premier lieu sur Lodel, OpenOffice.org et la technologie ServOO. Le soutien à ces initiatives se doublera d'une politique active de formation de la communauté scientifique à ces technologies : ce point est décisif, puisque le coeur du projet repose sur un objectif d'appropriation par les usagers eux-mêmes des procédures de l'édition électronique.


Vers un accès généralisé des étudiants et des chercheurs au réseau


L'EHESS se fixe comme objectif de permettre à l'ensemble des étudiants d'avoir accès au réseau internet. Cet accès sera également rendu possible aux visiteurs et à certains chercheurs associés. Des problèmes techniques devront pour cela être surmontés. Les moyens demandés ici concernent en particulier le financement de la mise en place d'un réseau radio (Wi-Fi) et l'augmentation des capacités du réseau en fonction de ces nouveaux utilisateurs. Les conditions du déploiement du réseau Wi-Fi restent à préciser. Un soin particulier devra être apporté pour résoudre les questions de sécurité ou institutionnelles (par exemple pour la charte RENATER si ces nouveaux utilisateurs passent par le réseau de l'École). Des compléments d'équipements en matière de sécurité sont également à prévoir.


Équipement de visioconférence


L'EHESS souhaite constituer un outil pour la tenue de visioconférences et demande donc le financement du matériel correspondant. Celui-ci rendra sans doute nécessaire de renforcer l'équipe technique, voire de créer une équipe maîtrisant ces techniques souvent assez spécialisées. Cet équipement permettra notamment la réunion de jurys de thèses ou d'habilitations dont certains membres sont éloignés et l'intervention de conférenciers à distance. Il aiderait grandement un établissement comme l'EHESS dont les sites se trouvent dans différentes villes et dont les projets, notamment les séminaires, font intervenir des chercheurs de plusieurs centres. Il est possible d'envisager la mutualisation de cet équipement avec d'autres institutions, comme l'Université Paris-VI, sur le site du 105 boulevard Raspail à Paris.


L'engagement dans la construction de l'espace européen de la recherche et de l'enseignement

La recherche en sciences sociales a commencé à relever le défi du passage global à l'échelle européenne. L'École travaille déjà au quotidien en dimension européenne, comme en témoignent les nationalités de ses étudiants, des enseignants-chercheurs recrutés et de professeurs invités. Avec l'appui de ses tutelles et du ministère des Affaires étrangères, elle a su monter des ateliers doctoraux dans plusieurs pays d'Europe centrale et orientale (Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, République Tchèque, Slovénie). Elle participe très activement à l'animation scientifique et pédagogique des collèges franco-russes de Moscou et Saint-Pétersbourg. Avec l'appui du DAAD, l'École abrite le GIP CIERA consacré aux études allemandes et à la circulation des étudiants des deux pays. Elle reçoit chaque année des doctorants de l'Institut européen de Florence qui effectuent leur troisième année.
La dimension européenne est devenue un critère de base du travail d'évaluation des équipes et des programmes de recherches. Tout projet scientifique ambitieux se situe d'emblée à l'échelle européenne, soit que la méthode invoque le comparatisme, soit que les partenariats européens s'imposent, soit que les financements proviennent d'organismes communautaires. Le plus souvent, la recherche d'excellence combine ces trois dimensions européennes. Le passage à l'Europe a été préparé par le volume exceptionnel de nos échanges d'enseignants-chercheurs avec nos voisins et par la présence de très nombreux doctorants venus des pays de l'Union, soit le quart de nos inscrits. Alors même que l'École se situait dans l'ancien système au-delà de la maîtrise, elle s'est trouvée sollicitée par un grand nombre de dispositifs Erasmus-Socrates. Dès cette année, une formation du master présente une candidature dans le cadre du programme Erasmus-Mundus. La multiplication des cotutelles de thèse avait, de longue date, créé un espace de formation à la recherche en partenariat européen. Pour un établissement de formation à la recherche, la dimension européenne se traduit naturellement par l'ambition d'offrir aux étudiants des dispositifs du type master ou doctorat européens, tel le doctorat européen en histoire et théorie du droit, financé par l'Union européenne, dont il a été question plus haut. Le prochain chantier qui s'ouvre, dès l'ouverture des appels d'offres de l'hiver 2004-2005, sera l'organisation de doctorats européens adossés à des financements du programme Marie-Curie. Deux thèmes ont été retenus avec les partenaires européens de l'École : études sur les sociétés et les conflits européens au xxe siècle ; études sur la construction du discours historique sur l'Europe. Des négociations vont également être engagées pour la mise en place de masters européens, dans certaines spécialités, par exemple en études africaines. En outre, le projet de master en cours d'évaluation prévoit un volant significatif d'enseignements relevant de diverses disciplines, donnés en langues étrangères (anglais, espagnol, allemand, russe, italien), dans le but d'encourager la mobilité des étudiants français en direction des pays européens.

Mais l'EHESS est déterminée à aller plus loin et à encourager l'ensemble des équipes à déployer leurs questionnements et leurs partenariats dans cette direction. Cette détermination suppose que soient finement articulées la recherche institutionnelle de financements européens d'un côté, et la reformulation des grandes problématiques du travail scientifique au-delà de la perspective nationale. La formation d'une cellule d'aide au montage des projets européens, la décision de la Présidence d'afficher en interne l'Europe comme priorité de l'établissement ont d'ores et déjà des effets sur la vie scientifique de l'École. L'École a appris à travailler en fonction des appels d'offres lancés par les institutions européennes, ESF et PCRDT, en position de partenaire et de coordonnateur. La phase de préparation du quadriennal 2006-2009 coïncide d'ailleurs exactement avec la publication du second appel d'offre du 6e PCRDT auquel plusieurs équipes de l'École s'apprêtent à répondre. En interne, des réaffectations de personnels ont permis de constituer une cellule européenne spécialisée qui devra s'étoffer dans le cadre du présent contrat quadriennal. L'intensité du travail de coopération avec le département SHS du CNRS dans le domaine a conduit à la nomination, à l'automne 2004, d'un personnel ITA de niveau assistant ingénieur, affecté au montage et à la gestion des projets européens de l'École. Cet apport devra impérativement être complété par un personnel chargé de l'encadrement administratif des masterisants, doctorants et post-doc européens en mobilité, dans le cadre des programmes financés par l'Union européenne.


Pour l'heure cependant, seule une part mineure de nos programmes de recherches européanisés ont été soutenus par les financements des 5e et 6e PCRDT. En revanche, nos équipes ont su trouver dans la Fondation européenne pour la science un partenaire efficace. Pour le reste, le déploiement européen obéit, au niveau des échanges entre universités et organismes, à une logique interétatique. De ce point de vue, nos candidatures à des financements nationaux ont été, dans de nombreux cas, couronnées de succès précisément parce que nos chercheurs apportaient la preuve de leur capacité à travailler dès à présent à l'échelle européenne. De ce point de vue, les moyens accordés à l'École ont valeur d'indice de l'importance de la contribution de la France au développement d'une recherche européenne en sciences humaines et sociales.





L'affichage scientifique de l'École des hautes études en sciences sociales


Les axes de développement


L'interface des sciences sociales avec les autres sciences


L'EHESS dispose, dans le domaine de l'histoire des sciences, d'un potentiel important, appelé à se renforcer encore avec le regroupement du Centre Koyré et du Centre de Recherches en Histoire des Sciences et des Techniques. L'entité qui procède de ce regroupement - placé sous la triple tutelle de l'EHESS, de la Cité des Sciences et du Museum d'Histoire Naturelle - hébergera l'équipe d'Histoire des Sciences et des techniques en Ligne. Elle a vocation à répondre efficacement aux défis qui correspondent au bouillonnement présent des études sur les sciences et des techniques, d'une part en ancrant celles-ci dans l'histoire politique, économique et sociale générale, d'autre part en intégrant à ses programmes de recherche l'analyse des changements massifs qui interviennent dans les formes et méthodes du travail scientifique, dans les épistémologies sous-jacentes à ce travail, et dans les régulations externes de la techno-science d'aujourd'hui.


Par ailleurs, pour l'ensemble des sciences humaines et sociales, la rencontre avec les autres sciences est une nouvelle frontière et un défi. Les progrès des sciences cognitives ne sauraient rester sans influence sur la psychologie, l'économie, la philosophie, l'histoire et d'autres disciplines. La modélisation formalisée avec des outils mathématiques ou de la science physique ouvre aussi de nouvelles perspectives. La biologie offre des paradigmes qui semblent également pertinents dans le champ social. Des chercheurs de disciplines a priori éloignées, se retrouvent autour de concepts et d'outils communs et font émerger un nouveau champ (inter)disciplinaire, celui des « systèmes complexes » dont l'objet est l'analyse des systèmes composés d'un très grand nombre d'éléments en interaction.


Les défis que posent les progrès de la biologie appellent une réflexion où les sciences de l'homme et de la société jouent un rôle important. Toutes ces questions requièrent des visions transversales, confrontent des points de vue multiples et conduisent à des questionnements nouveaux. Mais la rencontre avec les autres sciences ne doit pas être perçue comme un renoncement aux spécificités et aux méthodes d'enquête de chaque champ disciplinaire et à la rigueur qui lui est propre.


L'EHESS, dont la tradition est ancrée dans l'interdisciplinarité et qui depuis toujours a été ouverte aux sciences formalisées, est un lieu adapté pour ces rencontres. L'École entend continuer à jouer un rôle pionnier dans cette interface et dans ces enquêtes, notamment par des recrutements contribuant à cette ouverture, autour de programmes transversaux.


Sciences cognitives

L'École est pionnière dans le développement des sciences cognitives, grâce à la création du DEA de sciences cognitives par le biologiste Michel Imbert. Ce DEA a su se faire reconnaître comme une formation majeure du domaine, attirant d'excellents étudiants, scientifiques et littéraires. En 2004, un master de sciences cognitives a été créé en cotutelle avec l'École normale supérieure, l'ENS de Cachan et les universités Paris-V et Paris-VI. L'EHESS continue à jouer son rôle pilote dans ce domaine, à travers la codirection ENS-EHESS de ce master. L'EHESS y est plus particulièrement impliquée dans l'enseignement de la psycholinguistique, de la psychologie du développement, de l'«économie cognitive», de la philosophie, de la modélisation en neurosciences et en sciences économiques et sociales. L'introduction d'une thématique « Cognition et faits sociaux » constitue l'une des nouveautés du dispositif et renforce les liens avec d'autres centres de l'École.
Les liens entre la linguistique des changements historiques, l'étude des langues en contact, et l'acquisition du langage favorisant les approches multiples. La psychologie du développement conceptuel (concept d'objet, d'agent intentionnel, etc.), rencontre la philosophie de l'esprit et l'anthropologie cognitive. La cognition sociale étudiée en psychologie présente des convergences avec l'économie expérimentale. Les neurosciences intégratives et la psychologie de la décision sont des champs qui doivent se féconder mutuellement. L'EHESS compte faire du développement de ces interfaces une priorité majeure pour les années à venir.

Modélisation et sciences sociales


Le caractère prioritaire de la modélisation en sciences humaines et sociales se traduit par des programmes spécifiques du CNRS et du Ministère (ACI Systèmes complexes en SHS, action CNRS puis européenne « Origine de l'Homme, du langage et des langues »). L'EHESS se propose de développer ces activités de modélisation au contact étroit avec les spécialistes des sciences humaines. Elle vient de marquer toute l'importance qu'elle accorde à ces directions par un recrutement récent de directeur d'études.


La multiplication des méthodes de calcul empruntées aux sciences de la complexité permet de prendre en compte de plus en plus de facteurs d'ordinaire négligés dans la modélisation des phénomènes sociaux. L'économie utilise des modèles mathématiques dont le champ d'application est limité à des situations bien définies par des hypothèses plus ou moins restrictives. Certains phénomènes collectifs, comme les transports, les mouvements de foules, les diffusions d'opinions, ont pu être abordés par des méthodes empruntées à la physique des systèmes désordonnés. L'analyse mathématique et la simulation informatique permettent d'explorer les conséquences des hypothèses et de revenir aux données pour tester ces conséquences. L'analyse permet aussi d'étudier le caractère générique d'un phénomène (en quoi il est typique d'une famille de systèmes aux caractéristiques similaires) ou d'établir s'il s'agit, au contraire, d'un phénomène observé par rapport à des conditions très particulières. Ainsi, l'analyse informatique de l'organisation sémantique du lexique permet de faire apparaître une structure dans la langue, reflet probable de propriétés cognitives, qui ne s'obtient pas dans le cadre d'une approche purement déductive. Du côté de la linguistique également, les progrès tant du côté expérimental (psycholinguistique, imagerie cérébrale) que du côté théorique, à l'interface entre traitement du signal et neurosciences théoriques, permettent d'envisager de nouvelles pistes pour la compréhension des mécanismes à l'oeuvre dans la compréhension et l'acquisition du langage.


L'étude des réseaux d'interactions sociales constitue un autre thème offrant des perspectives prometteuses. L'expérience de Milgram de 1967, montrant que ces réseaux s'organisent selon une structure de « petit monde », n'a fait que récemment l'objet de développements formalisés avec des travaux en mathématique, physique statistique et informatique sur les conditions d'émergence et la description de tels réseaux. En proposant une formalisation qui se prête à l'analyse informatique, la modélisation vient ici compléter le point de vue de la sociologie qui fait intervenir des définitions rendant compte d'une réalité sociale.


Diverses disciplines des sciences humaines (géographie, sociologie...) et des sciences de la vie s'intéressent à des concepts comme celui de « petit monde », aux phénomènes d'échelles, etc. Elles profitent ensemble des avancées de la modélisation et de la simulation informatique, notamment par les systèmes multi-agents. Une modélisation des règles de comportement des individus et de leurs interactions permet de mieux approcher les phénomènes d'émergence dans les comportements de groupe compatibles avec les faits empiriques (ce qu'on appelle les « faits stylisés »). En géographie, la simulation multi-agents permet d'analyser le développement des villes ou, de manière similaire, l'occupation du territoire. Elle permet d'envisager de manière quantitative le devenir d'un tissu urbain, ou la répartition des villes. On rejoint par là la question de l'émergence de formes, de normes, de comportements, question transversale qui concerne de nombreux champs disciplinaires.


Les progrès actuels de la modélisation en biologie ont contribué à développer de nouvelles techniques de calcul éventuellement applicables à d'autres disciplines et notamment aux sciences sociales. C'est le cas du calcul par réseaux de « neurones » formels, et des algorithmes génétiques formalisant et généralisant les mécanismes d'évolution darwinienne par mutations-sélections. Pour permettre ces nouvelles applications, l'EHESS encouragera la collecte et la production de données dans le cadre de projets interdisciplinaires, en s'assurant le concours des spécialistes de la modélisation, mathématiciens, physiciens et informaticiens.

L'interdisciplinarité des sciences de la complexité permet, on le voit, d'espérer des progrès significatifs dans les techniques de modélisation en sciences sociales. En sens inverse, la présence de modélisateurs aux côtés des spécialistes des sciences humaines et sociales doit permettre d'identifier des questions de nature mathématique ou informatique, qui conduisent aussi à des développements dans ces champs. Comme pour ceux venant de la physique ou de la biologie, les questionnements provenant des sciences sociales peuvent se révéler féconds du point de vue des sciences dures. On peut citer les progrès notables en théorie de l'inférence statistique obtenus pour répondre à des questions initialement posées dans le cadre de l'étude de l'apprentissage en sciences cognitives ou dans la théorie des graphes « petit monde », ou dans les questions de traitement d'images motivées par les applications de la télédétection à la géographie humaine. Il s'agit bien d'un mouvement dans les deux sens. L'École souhaite développer en son sein des enquêtes qui viendront enrichir ces échanges. Elle souhaite également placer au premier plan de ses préoccupations de recherche l'évaluation critique des modèles offerts par les autres sciences. Elle entend notamment déployer - à l'interface des mathématiques, des sciences sociales et de la philosophie - une épistémologie de la modélisation que le développement même des relations entre les sciences sociales et les autres sciences rend absolument nécessaire.

Biologie, complexité et société


Les grandes découvertes de la biologie moléculaire des années 1960 ont introduit une simplification en biologie. Cependant l'exploitation des données accumulées à partir de ces découvertes a révélé une complexité insoupçonnée dans la régulation des mécanismes et leurs significations fonctionnelles. Ainsi, l'expression des gènes dépend de facteurs de régulation agissant soit sur les gènes eux-mêmes soit sur les ARN, dont la synthèse et l'activité sont elles-mêmes régulées par d'autres facteurs. Il s'ensuit que l'activité et les fonctions des gènes sont contrôlées par l'organisme au moins autant qu'elles les contrôlent. Ainsi de nombreuses boucles de rétroaction et un degré variable de redondance, à différentes échelles, déterminent les états normaux et pathologiques des cellules. C'est pourquoi une cellule ou un organisme ne peuvent être décrits que comme des machines d'états, caractérisées à chaque instant par les valeurs d'un grand nombre de variables (concentrations chimiques, activations géniques et enzymatiques, etc.). De telles descriptions exigent l'aide de modèles mathématiques ou informatiques. Ceux-ci sont d'autant plus difficiles à élaborer et à valider qu'ils doivent se fonder sur des données accumulées au niveau des structures et des activités moléculaires, sans que l'on puisse savoir a priori lesquelles sont pertinentes pour la description d'un phénomène observé au niveau global. La modélisation de ces incertitudes et de ces dynamiques est aussi celle qu'appelle l'analyse des phénomènes sociaux collectifs. C'est ainsi à la rencontre de l'expérience de la biologie et de celle des SHS que se situe le rôle stratégique des compétences formalisatrices dont l'École souhaite renforcer la présence en son sein.


Par ailleurs, un Programme de recherche interdisciplinaire « Biologie et société » a été mis en place pour organiser la recherche pluridisciplinaire sur les enjeux du développement des sciences du vivant, du point de vue des sciences sociales.


L'européanisation des problématiques de recherche


La réflexion conduite depuis plusieurs années dans l'École sur l'organisation des savoirs en termes d'aires culturelles a eu comme effet de décentrer l'espace européen et de le tenir du même coup pour une aire culturelle parmi d'autres. Quatre champs ont été jusqu'à présent fortement interrogés : l'Europe latine, le domaine germanique, l'Europe centrale et orientale, y compris russe, le domaine balkanique et ottoman. L'École a contribué à structurer largement le milieu des études allemandes en prenant la responsabilité du pilotage scientifique du GIP CIERA. Un GRECO (Groupe de recherche sur l'Europe centrale et orientale) a vu le jour. La création d'une chaire d'études sur la Grèce moderne et contemporaine a permis de dynamiser le secteur des recherches sur l'Europe du Sud-Est. Dans le même temps, même si l'École ne s'est jamais donné l'objectif de couvrir l'ensemble des aires européennes sur le mode encyclopédique, au cours de la période quadriennale qui s'ouvre, une attention particulière sera donnée aux études portant sur l'Europe du Nord-Ouest (archipel britannique, pays riverains de la mer du Nord, espaces nordique et scandinave). Pour commencer à organiser ce choix scientifique, un PRI (programme de recherche interdisciplinaire) en études britanniques a été créé en 2004 et il a aussitôt organisé un séminaire fédérateur à l'échelle de la région parisienne.


L'européanisation des problématiques de recherche suppose la prise en compte critique du poids des rapports historiques de l'Europe avec le reste du monde dans la construction des outils de pensée des sciences sociales. C'est pourquoi, à partir des questionnements de plusieurs disciplines des SHS, une attention particulière est portée aux dynamiques euro-mondiales et aux relations passées et présentes de l'Europe avec d'autres aires culturelles. Les mondes arabes et musulmans d'une part, les mondes américains (sud et nord) font, dans cette perspective, l'objet d'investissements de recherche très importants au sein de l'Ecole. Ceux-ci ont donné et donnent lieu à des productions scientifiques qui lui valent sa visibilité dans les réseaux de recherches internationaux dans ces deux domaines. Les études américanistes, en géographie, en histoire, en anthropologie ou en sociologie, constituent un des points forts de l'offre de l'Ecole en matière de formation, en réponse à une demande étudiante particulièrement importante. S'agissant des recherches sur l'islam et les mondes musulmans, l'EHESS contribue de façon significative - à travers l'Institut sur l'Islam et les Sociétés du Monde Musulman (IISMM, créé sous la forme d'un Plan pluri-formations) - à la diffusion des connaissances dans un domaine où les chercheurs ont un rôle clé à jouer pour l'enrichissement, la rationalisation et l'apaisement du débat public. Mais le pilotage scientifique de l'établissement exige une vigilance constante contre le risque d'enfermement dans l'eurocentrisme. La confrontation avec les autres régions du monde est ainsi fortement encouragée dans la définition d'ensemble des programmes de recherche et de formation. Dans le cadre du contrat 2006-2009, un effort soutenu de programmation interne devra porter sur les études portant sur les colonisations, les décolonisations, le paradigme postcolonial et la globalisation/mondialisation. Un PRI d'études coloniales devrait voir le jour avant la fin de l'année civile 2004 et devra faire l'objet d'une première évaluation au mi-parcours du contrat 2005.


Il s'agit d'un chantier stratégique, non seulement pour ouvrir les études européennes sur les interactions Europe/non Europe, mais aussi pour répondre au défi du paradigme postcolonial qui organise une part considérable des sciences humaines et sociales aux États-Unis. Il est urgent que les communautés de chercheurs associent étroitement l'histoire, la sociologie, l'anthropologie, l'économie des phénomènes coloniaux comme une partie intégrante de l'expérience des métropoles et qu'elles récusent la séparation en sous-spécialités. Il ne fait guère de doute que l'histoire coloniale n'est pas encore pleinement incorporée à l'histoire générale de la France. A contrario, la question coloniale ouvre sur des enquêtes sur les interactions sud-sud, comme par exemple les relations Brésil-Afrique aux époques moderne et contemporaine et la créolité caribéenne comme métissage nord-sud et sud-sud. Elle porte également sur des faits coloniaux où n'interviennent pas les Européens, comme par exemple l'expansion nippone en Corée, dont notre Centre de recherches sur la Corée se fait une spécialité. Plus généralement, les phénomènes historiques de subjugation de populations et de régions entières par des peuples plus puissants sont à repérer dans bien d'autres dynamiques que celle de l'expansion européenne des xve-xxe siècles.


Ces voies de recherche affectent la conduite de nos démarches dans le domaine des aires culturelles, dans la mesure où la confrontation des appareils conceptuels venus d'Europe avec ceux des sociétés rencontrées ou soumises a très largement conditionné la formation de traditions savantes sur les régions extra-européennes dans les universités d'Europe et de l'ancien Commonwealth. Pour autant, le point de vue postcolonial ne peut conduire à une invalidation idéologique de l'ensemble des savoirs accumulés, même si la genèse des connaissances européennes sur les autres régions du monde a partie liée avec l'expansion européenne des cinq derniers siècles. Le dessin d'un front épistémologique entre posture dominante illégitime et position dominée surlégitime a toute chance de produire autant de distorsions que les points de vue ethnocentriques attribués, à juste titre, aux traditions universitaires occidentales. D'un côté, il importe de retrouver, par le biais des enquêtes dans toutes les disciplines de sciences sociales, la voix de ceux qui n'ont pas voix au chapitre, eux qui n'ont pas spontanément accès à l'expression et à la diffusion de leur vision du monde. D'un autre côté, cette démarche volontaire ne dessine pas un domaine de l'authentique ou du juste, face à un domaine de l'artifice et de l'injustice. C'est pourquoi l'École souhaite se saisir des questions coloniales comme point de vue transversal sur un très large ensemble de problématiques des sciences sociales. Car nous voyons collectivement dans cette démarche le meilleur moyen de dépasser la fausse opposition dominant illégitime/dominé légitime. Nous faisons donc le diagnostic qu'un rattrapage est nécessaire dans le champ des connaissances coloniales, sans pour autant soumettre nos démarches scientifiques à l'idéologie de la réparation.


Les aires culturelles

Le développement d'un secteur de recherche sur des aires culturelles est devenu l'une des missions essentielles de l'Établissement. Ce choix stratégique ne va pas de soi. Il propose une voie originale et exigeante face à la polarisation de la communauté scientifique. Celle-ci est, en effet, divisée aujourd'hui entre tenants d'une globalisation qui décourage l'identification des traits singuliers d'ensemble régionaux culturels d'un côté, et ceux qui enferment les études régionales dans des traditions savantes classiques fondées sur l'affirmation des spécificités irréductibles de chaque sous-ensemble. Ce choix courageux a exigé de très lourds investissements scientifiques qui se sont traduits par des recrutements ciblés, la constitution de laboratoires de type UMR, le financement de missions et de cotutelles de thèse avec des universités asiatiques, américaines et africaines, le soutien à des revues qui ont acquis une réputation internationale (Cahiers d'études africaines, Cahiers du monde russe, Revue de bibliographie sinologique). La restructuration du secteur des études africaines récemment conclue en partenariat avec l'IRD et le CNRS, la création de liens renforcés entre équipes des domaines asiatiques, à travers une structure fédérative et la construction d'une spécialité de master, témoignent du dynamisme de ce milieu scientifique et du volontarisme de la présidence de l'École.

Le pilotage scientifique de l'établissement veille à ce que le dispositif des aires culturelles ne soit pas isolé du secteur des laboratoires disciplinaires et géographiquement indifférenciés. Tout au contraire, les équipes « aires culturelles » se trouvent placées en première ligne de la pratique de l'interdisciplinarité dans les sciences sociales. Car dans la plupart des centres « aires culturelles », différentes disciplines (histoire, anthropologie, sociologie, économie, études littéraires et artistiques) sont présentes, selon des compositions qui varient d'équipe à équipe. À ce titre, elles participent dans l'École au débat généraliste sur l'analyse des sociétés contemporaines et anciennes. Ce point est essentiel. Car le double refus des généralités sur la globalisation et de l'enfermement dans des formes d'analyse culturaliste permet à la fois d'identifier des cohérences culturelles fortes et d'analyser tous types de transferts et de circulations à tous types d'échelles, régionales et internationales. En organisant notre paysage scientifique de cette façon, nous faisons communiquer les expériences de transdisciplinarité conduites dans un secteur « aire culturelle » particulier avec celles menées dans d'autres secteurs et dans la discussion généraliste.


Les compositions pluridisciplinaires que les équipes aires culturelles ont mises en oeuvre s'intègrent exactement dans la définition du master de sciences sociales de l'EHESS qui impose à tous les étudiants une formation pluridisciplinaire. L'École se donne les moyens d'épauler les doctorants qui ont fait des choix d'apprentissages linguistiques et culturels extrêmement lourds et se trouvent en situation concurrentielle face à leurs camarades qui optent pour des recherches au plus proche. L'exigence linguistique, la recherche de financements pour la réalisation de terrains pendant le doctorat, un encadrement pluridisciplinaire : tels sont les outils dont se dote le secteur des aires culturelles pour accompagner et armer les candidats à la recherche dans ces domaines.


Mais au-delà d'une expérience solide de l'interdisciplinarité, le dispositif est l'un des plus fécond pour fonder une démarche réflexive sur les pratiques des sciences sociales. Car, les spécialistes des grandes régions culturelles sont amenés à s'interroger sur la migration internationale des concepts analytiques, sur la possibilité de traduire les notions de culture à culture, sur l'importation des manières de faire scientifiques de l'Occident dans d'autres régions du monde et sur la réception chez nous des démarches conçues à l'échelle régionale. Double défi donc. Le domaine des aires culturelles ouvre sur un questionnement à grande focale sur la pertinence des catégories mobilisées par les sciences sociales, mais il échappe à la tentation d'un relativisme paresseux grâce à l'exigence du croisement disciplinaire.


Nos partenariats avec de grands établissements (INALCO, EPHE) et avec divers départements « langue, culture et civilisation » des universités demeurent essentiels. Cependant, l'École a choisi, comme en témoigne sa politique de recrutements, d'intégrer la question des langues au sein de ses équipes. Il s'agit, bien entendu d'une exigence technique minimale pour que les chercheurs puissent aborder leurs terrains. Mais aussi bien la question des langues apparaît comme un objet central pour les enquêtes d'anthropologie, d'histoire, de sociologie, d'analyse esthétique. C'est pourquoi l'École refuse l'alternative entre définition linguistique ou philologique des aires et investissements disciplinaires sur les grands ensembles culturels du monde. La participation du Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale (CRALO) à la fédération « Typologies et universaux » traduit une direction que l'École compte poursuivre. L'enrichissement de l'offre en matière linguistique passe par le choix des problématiques sur les typologies des langues dans plusieurs grands domaines culturels.


Le domaine des aires culturelles a été mobilisé pendant la période quadriennale qui s'achève autour de deux grands projets d'équipements nationaux : la future BULAC du site Tolbiac, et le musée du quai Branly. Dès l'origine, l'École a participé à la préfiguration scientifique, pédagogique et administrative de la BULAC. Les bibliothèques de cinq laboratoires de l'École viendront enrichir les fonds de l'établissement (Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine, Centre d'études sur l'Inde et l'Asie du sud, Centre d'études africaines, Centre Japon, Archipel). Les équipes concernées ont été associées à la mise en oeuvre du projet de regroupement. Ce point est essentiel dans la mesure où l'équipement documentaire des institutions de recherche est devenu un élément central de leur dynamique scientifique et de leur programmation. En effet, il ne s'agit pas seulement d'assurer une mise à disposition des matériaux indispensables à la recherche, mais aussi de réinterroger les régions sous l'angle de la production documentaire qu'elles engendrent et qu'elles suscitent. Une part importante de la recomposition à moyen terme des programmes des laboratoires spécialisés dans le domaine des aires culturelles passe par un questionnement large sur les modes de productions des documents sur lesquels s'appuie le travail de recherche. C'est pourquoi, l'École est mobilisée dans le processus de préfiguration du dispositif de recherche et d'hébergement d'équipe qui doit être adossé à la nouvelle bibliothèque.


Le musée du quai Branly, dont le dispositif d'enseignement et de recherche a été préfiguré avec le concours actif de plusieurs chercheurs de l'École, est en passe de devenir une plateforme logistique unique pour l'étude anthropologique, historique et esthétique des sociétés du monde. La physionomie finale du dispositif de recherche et formation du musée aura un effet de recomposition partielle de l'organisation du secteur « aires culturelles » à l'École. Il faut souligner ici la fécondité du croisement des démarches des sciences sociales sur les sociétés non européennes et de l'approche critique et esthétique des objets. Cette expérience intellectuelle est déjà présente dans plusieurs équipes de l'École (Laboratoire d'anthropologie sociale, Centre d'études et de recherches sur les mondes américains, Centre d'études africaines, Centre d'études et de théories des arts, Centre de recherches sur les arts et le langage) et trouve dans la programmation scientifique du grand équipement Branly l'occasion de réaliser de nouvelles expérimentations. Pour la période qui s'ouvre, l'investissement de l'École en faveur de ces deux grands équipements ne doit pas être démenti. Plus généralement, le soutien au secteur des aires culturelles demeure une priorité de notre établissement


Création, représentations et écritures dans l'univers de la communication globalisée


Les sciences sociales peinent à forger les outils analytiques pour mesurer les effets la mondialisation culturelle et de la communication généralisée. L'École s'engage dans ce chantier en se fondant sur un ensemble de traditions savantes qui ont toujours été présentes en son sein et qui demeurent prioritaires. Les disciplines qui permettent de mettre en perspective création, représentations et écritures, dans l'univers de la communication globalisée, sont l'esthétique et la critique des formes et des arts de la représentation. Les études littéraires, la recherche en sciences sociales sur le domaine musical et la critique historique des images fixes et animées sont les trois axes majeurs de cet investissement. En transversal, le renouvellement général des problématiques historiques à partir de l'accent placé sur l'examen des productions, des réceptions, des consommations culturelles fédère ces trois directions majeures.


Reprenant à nouveaux frais, le rapprochement fécond de la linguistique et de la critique textuelle, le Centre de recherches sur les arts et le langage explore désormais le domaine en devenir de l'esthétique cognitive. Cette orientation reçoit le soutien des instances de l'École et se traduit par des engagements en termes de recrutements. L'École a su fédérer au sein d'une formation doctorale « Musique, histoire et société » les chercheurs, venant d'horizons disciplinaires très différents, qui souhaitaient mettre leurs forces en commun. Cette proposition a rencontré un vif succès auprès d'étudiants doctorants, qu'ils aient reçu ou non une formation musicologique au préalable.


L'histoire de l'art et la recherche en théorie esthétique prennent la mesure du bouleversement de perspective qu'introduit la société de l'image. Le dispositif dont s'est doté l'École favorise le travail conjoint des spécialistes de la peinture classique et contemporaine, avec les recherches sur l'écriture filmique et sur la photographie. L'image n'est pas tenue seulement comme objet de la recherche. Pour ce qui touche à la photographie et au cinéma, l'image est également un outil de la recherche en anthropologie, en sociologie et en psychologie. La formation à l'utilisation des outils audiovisuels (et l'encouragement donné aux étudiants qui souhaitent recourir à ces outils) donne lieu à la constitution en cours d'un atelier d'écriture documentaire, fruit d'une convention entre l'EHESS et CNRS Images, et qui fonctionnera comme un concours. Les films sélectionnés seront présentés, dans la catégorie « "Films d'école », au Bilan du film ethnographique, festival fondé par Jean Rouch. L'image photographique et filmique occupe enfin une place centrale dans la programmation de l'enseignement en ligne. L'École fut jadis pionnière en matière de graphisme pour les sciences sociales ; elle souhaite occuper une position d'excellence dans l'utilisation scientifique et pédagogique de l'image.


Avec les moyens négociés dans le cadre du contrat 2002-2005, l'École s'est dotée d'un premier équipement de régie cinéma et vidéo. Les films réalisés par des chercheurs de l'École ont déjà fait l'objet de diffusion en direction du grand public. Sur la période 2006-2009, l'École se donne pour objectif de renforcer sensiblement ce domaine de ses activités, en se donnant pour horizon la constitution d'une médiathèque de l'EHESS.


L'École a très activement participé à la création de l'établissement « Institut national d'histoire de l'art ». Trois de ces centres phares, le Centre Louis-Gernet, le Groupe d'anthropologie et d'histoire de l'occident médiéval, le Centre de théorie des arts, ont rejoint le site de la rue Vivienne. La bibliothèque du Centre Louis-Gernet qui est une référence internationale abonde le nouvel équipement. Cette opération majeure assure la mise en cohérence de la production des connaissances sur les arts avec la disponibilité des ressources documentaires.


Pour approfondir cette orientation la présidence de l'Établissement suscite une réflexion scientifique et institutionnelle sur la place des créateurs au sein de l'enseignement supérieur de haut niveau. Dans l'histoire de l'École, des directions d'études ont été confiées à des artistes plasticiens et à des écrivains. Les années prochaines doivent permettre de renouer avec ces collaborations d'autant que les systèmes de recherche et de formation les plus performants à l'échelle internationale savent faire leur place aux créateurs dans le tissu même de l'enseignement supérieur.


Des chantiers de structuration en cours

L'École des hautes études en sciences sociales est une institution généraliste, à un double titre. D'une part, elle offre une gamme singulièrement riche des savoirs dans les domaines des sciences humaines et sociales. Aucune autre institution en France, ni sans doute en Europe, ne fédère autant de disciplines et d'équipes. D'autre part, l'École associe un large éventail de modes de production des savoirs scientifiques : de la recherche individuelle aux enquêtes collectives, des programmes financés dans le cadre de la dotation récurrente des équipes à la réactivité aux appels d'offres nationaux et européens, l'ensemble des cas de figure est présent dans la vie scientifique de l'École. La présidence de l'établissement pilote cette diversité et ne cherche pas à la réduire. Elle favorise l'émergence de chantiers nouveaux et assure dans la durée la productivité des meilleures traditions scientifiques du milieu. S'appuyant sur un Conseil scientifique très actif, dont les réunions sont mensuelles, elle dispose d'une autonomie suffisante pour susciter la naissance de petites équipes transdisciplinaires. Ces dernières soumettent leur programme d'action. Elles se trouvent alors dotées d'une réelle visibilité, et de l'appui logistique de l'établissement. Cette fonction d'incubation peut aboutir à la création de nouveaux centres de recherches, enregistrés par les contrats quadriennaux, voire par les examens à mi-parcours. Mais la souplesse de création a pour symétrique la capacité à décider la fin d'équipes qui ont épuisé leur capacité de proposition.

Pour ample et nuancée que soit la palette de son offre scientifique, l'École n'a pas vocation à couvrir tous les domaines de la recherche en sciences sociales. Sa politique scientifique doit répondre à trois impératifs : a) préserver et renforcer les secteurs d'excellence qui font la réputation nationale et internationale de l'Établissement b) favoriser l'innovation et l'émergence de thématiques nouvelles c) afficher des axes de développement privilégiés. L'exercice quadriennal de contractualisation introduit une scansion adaptée à l'expérimentation institutionnelle qui est au principe même du pilotage scientifique de l'établissement.


À l'horizon du présent contrat, plusieurs chantiers sont ouverts, qui correspondent à des opérations de structuration scientifique que l'École a décidé de privilégier au cours des quatre années à venir. Pour mener à bien ces opérations, il faut certes de la détermination, mais également de la souplesse et une capacité de laisser des dynamiques de rapprochement et d'alliance se déployer dans le temps que l'on s'est assigné pour aboutir. Rien ne serait plus regrettable donc que d'être, pour des raisons de conformité aux nomenclatures administratives des unités, pressés d'opérer des créations ou des fusions qui ne correspondraient pas à l'avancement réel des dynamiques scientifiques. Pour cette raison, l'EHESS plaide avec vigueur pour que des formules de préfiguration puissent être dessinées au présent contrat, soit qu'il s'agisse de formules d'incubation, permettant de faire naître à terme de nouvelles unités, soit qu'il s'agisse de formules fédératives permettant d'accompagner le rapprochement d'équipes. Cette visée dynamique de l'accompagnement des structurations scientifiques nous paraît devoir être mise au premier rang des objectifs du « partenariat rénové » que l'EHESS met en place avec le CNRS, à la demande de son Directeur général. Les sept chantiers concernés sont les suivants :


Pôle Sociologie du campus Jourdan

– La constitution d'un « pôle Sociologie », sur le campus Jourdan, pôle qui pourra assurer au mieux l'interface avec l'UMR PSE (Paris Jourdan Sciences Economiques), dans des domaines tels que la sociologie des professions et des métiers, la sociologie du travail et des entreprises, la sociologie des inégalités et des politiques sociales etc. La formule envisagée est la constitution d'un Laboratoire commun (LC), structuré en plusieurs équipes, à partir de l'actuelle UMR LASMAS et de l'UMS Quételet. Cette unité à vocation fédérative aura en propre une pratique éprouvée de l'utilisation critique des données quantitatives. Elle prendra le nom de Centre Maurice-Halbwachs.

École d'été internationale inter-centres en économie

– Dans le domaine de l'économie, l'École dispose de forces de haute qualité, présentes sur trois sites : à Paris le Delta, désormais intégré à l'UMR PSE, à Toulouse le GREMAQ et à Marseille le GREQAM. Des échanges fréquents existent déjà entre les chercheurs, mais on peut envisager d'augmenter les effets de synergie entre les trois pôles, à travers la tenue tous les deux ans, dans un haut lieu suffisamment repérable et attractif, d'une École d'été internationale, prise en charge en commun par les chercheurs des trois centres, propre à attirer les meilleurs doctorants et post-doctorants dans la discipline, et susceptible de faire émerger des programmes de recherche de haut niveau. Une telle entreprise requiert les moyens particuliers (plan pluri-formations) dont il sera fait état plus loin.

Les études asiatiques

– La (re)création conjointe de trois entités de recherche (UMR) dévolues aux études asiatiques : l'une réunissant, sous la forme d'une UMR fédérative, ou Laboratoire commun, lorsque cette désignation sera officiellement arrêtée, trois équipes conservant leur autonomie scientifique et budgétaire propre (Chine-Corée-Japon) ; une autre – ordonnée aux études de l'Asie du Sud-Est et de l'Insulinde – rassemblant, sous une forme également fédérative, le Groupe Archipel, d'une part, et le LASEMA, d'autre part ; une troisième enfin reconduisant sous la forme d'un LC, le Centre Inde (actuellement UMR CNRS/EHESS). La configuration de cet ensemble, dans lequel chaque entité garde son autonomie, annonce la constitution, dans les deux ans, d'un grand Institut d'études asiatiques. Celui-ci trouvera à créer des liens forts avec la BULAC. De telles évolutions doivent, compte tenu de l'ampleur du projet, être préparées très en amont.

Anthropologie des mondes contemporains

La construction, sous une forme également souplement fédérative, d'un pôle d'Anthropologie des mondes contemporains à l'EHESS comporte deux étapes. La première, en cours, est celle de l'association à l'EHESS de deux unités, qui entretiennent déjà des liens étroits avec elle : le LAIOS, laboratoire d'anthropologie des institutions et des organisations sociales, unité propre du CNRS ; et le LAHIC, laboratoire d'anthropologie et d'histoire de l'institution de la culture, UMR CNRS- ministère de la Culture et de la communication. Cette phase sera acquise dès 2005. La seconde étape devrait être celle de la construction d'un dispositif coopératif de recherche entre Genèse et transformation des mondes sociaux (GTMS), UMR CNRS/EHESS, et les deux formations précitées. Le CAMC, Centre d'anthropologie des mondes contemporains, centre de l'École, sera également partie prenante d'un tel rapprochement que la mise en place de programmes de recherches transversaux doit préparer. La possibilité que ces diverses entités, dont l'autonomie sera préservée puissent entrer à terme dans la constitution fédérative d'un Institut d'anthropologie des mondes contemporains sera mise à l'étude.

Les études africanistes

La refondation à l'École des études africanistes, qui ont été un des fleurons de l'établissement, passe par la mise en place d'un autre ensemble fédératif rapprochant – sous le chef des études africaines et de l'Orient méditerranéen – un Centre d'études africaines recomposé, constitué d'une part d'une équipe conventionnée entre l'EHESS et l'IRD et d'une « unité soutenue » CNRS/EHESS, et d'autre part du CHSIM, Centre d'histoire sociale de l'Islam méditerranéen. Ces différents composants gardent leur autonomie propre au sein de la structure fédérative, mais mettent en oeuvre des programmes de recherche transversaux auxquels les différents financements sont affectés et qui réunissent des chercheurs relevant de chacun des trois sous-ensembles. Deux programmes sont déjà définis : le premier concerne l'anthropologie des situations de guerre, déplacements, exils et engagements humanitaires ; le second concerne les supports et la circulation des savoirs, des arts et des littératures. Ces deux programmes ne sont pas exclusifs, d'autres pourraient voir le jour, notamment dans le domaine de l'anthropologie politique du continent africain.

La recherche au musée du quai Branly

– L'EHESS souhaite manifester fortement son implication dans la mise en oeuvre d'un dispositif de recherche et d'enseignement adossé au musée du quai Branly. Ce dispositif est à l'étude entre l'établissement Branly, le CNRS et l'EHESS. La proposition de création d'une UMR « métissage » s'inscrit dans l'effort de structuration de la recherche dans l'espace du musée.




Deux projets de structuration scientifique doivent également être affichés au présent contrat :


Analyse et théorie du droit

Dans le domaine des sciences juridiques, le Centre d'études des normes juridiques s'est engagé, avec l'UMR dirigée par Michel Troper à l'Université Paris-X, dans un processus d'intégration qui a été présenté au contrat quadriennal de l'Université Paris-X (vague C). Une équipe de recherche constituée à l'ENS autour de Jean-Louis Halpérin, participe également à ce processus. Cette opération pourrait constituer la première étape, à évaluer dans un an, d'un mouvement plus ample de constitution d'un Laboratoire commun « Analyse et théorie du droit » qui pourrait associer les trois partenaires précités, ainsi que d'autres institutions tels le CECOJI (Centre d'études sur la coopération juridique internationale de l'Université de Poitiers et du CNRS) et d'autres individualités. Le processus est actuellement à l'étude et sera présenté dans le cours du présent contrat.

La dimension sexuée des faits sociaux

– Les recherches sur le genre souffrent en France d'un déficit patent. Pour le pallier, l'EHESS n'entend pas créer un centre de recherche sur le genre ou un département d'études féministes, mais constituer, à partir du Programme de recherches interdisciplinaires (PRI) déjà avalisé par son Conseil scientifique, un pôle de recherches méthodologiques et théoriques permettant d'interroger la prise en compte transversale – dans l'ensemble des pratiques des sciences sociales – de la dimension sexuée des faits sociaux. C'est sous ce titre « Dimension sexuée des faits sociaux » que le PRI a été constitué, en associant étroitement des chercheurs implantés dans les différents centres de l'École (Marseille, Toulouse et Paris). C'est également sous ce titre qu'une demande de moyens (plan pluri-formations) est présentée au contrat pour la mise en place annuelle d'un séminaire international, adossé à une chaire d'excellence permettant d'associer à ce programme des invités étrangers de très haut niveau, et la création d'une École d'été.



Diffuser et valoriser la recherche


Les publications


Les livres


Bilan éditorial


Les Éditions de l'EHESS présentent pour la période 2002-2004 un bilan éditorial équilibré selon trois critères essentiels :

– un critère disciplinaire
Les Éditions ont rendu compte de la recherche actuelle dans les principaux secteurs des sciences sociales, avec une dominante pour les recherches historiques qui tend cependant à se rééquilibrer au bénéfice d'autres disciplines dont la pénétration sur le marché de l'édition commerciale est souvent plus difficile. La part des ouvrages historiques, qui était de 64 % en 2002, ressort à 50 % en 2005.
– un critère géographique
La représentation des « aires culturelles » est, comme le montre par ailleurs l'ensemble du projet de l'École pour le prochain quadriennal, au coeur des préoccupations de l'Établissement. La production éditoriale de ces dernières années y a veillé, cherchant l'équilibre entre Afrique, Amériques, Asie et Europe.
– un critère générationnel

Nous avons cherché à mieux équilibrer les ouvrages de jeunes chercheurs, généralement leur premier livre, issu de leur travail de doctorat, et les travaux de chercheurs confirmés qui souhaitent publier aux Éditions de l'EHESS car ils trouvent, dans ce contexte, la possibilité d'une publication conforme à leurs exigences scientifiques En 2005, les publications des jeunes chercheurs représenteront 36 % des ouvrages.


Perspectives


Dans un contexte globalement difficile pour l'édition universitaire de recherche, nous souhaitons pour la période du prochain quadriennal orienter nos efforts dans quatre directions, compte tenu naturellement du maintien des trois exigences rappelées au chapitre du bilan.

1) Une augmentation du nombre de nos publications, afin de diversifier et élargir notre lectorat. Cette augmentation devra passer, nécessairement, par une réduction du volume de nos ouvrages, puisque nous devons évoluer dans le cadre des dotations budgétaires qui nous sont attribuées, et donc distribuer autrement les coûts d'impression importants auxquels nous devons faire face. Cette réduction n'est par ailleurs pas sans pertinence scientifique, puisqu'en particulier les doctorats actuellement produits à l'Université, y compris les meilleurs et les plus dignes d'être publiés, gagnent souvent à être ramassés. Par ailleurs, nous souhaitons être attentifs, plus encore que par le passé peut-être, à la traduction d'ouvrages étrangers, les Éditions de l'École ne rendant jusqu'ici pas assez compte de l'ouverture internationale de l'EHESS. Mais comme on le sait, le coût d'une traduction de qualité est très élevé et nous devons donc là aussi veiller à limiter le volume des ouvrages. Dans l'un comme l'autre cas, cependant, la réduction de ce volume correspond à un accroissement des charges de la préparation des manuscrits : qu'il s'agisse de la révision de textes traduits ou du contrôle de textes fortement retravaillés et refondus. Aussi estimons-nous que l'équipe de secrétaires d'édition hautement compétente dont nous disposons est, et devra rester, l'un de nos principaux atouts pour l'avenir.
2) Une valorisation des fruits de la recherche à l'intention d'un public plus large. Certes, les Éditions doivent continuer à publier des travaux érudits, destinés à demeurer longtemps des ouvrages de référence dans leur domaine ; mais elles doivent aussi, en particulier dans l'espace du débat public, sur des questions d'éthique scientifique, de politique culturelle, de choix socioéconomiques, montrer quel peut être l'apport des sciences sociales. C'est l'objectif d'une nouvelle collection lancée en 2004, « Cas de Figure », dont nous souhaitons dans les prochaines années amplifier le rayonnement. C'est également l'objectif de nos collections en coédition, auxquelles nous avons apporté dans la période du précédent quadriennal une attention particulière : « Hautes Études » avec Gallimard et le Seuil, « Contextes » avec la Librairie Vrin. Nous serions par ailleurs soucieux dans l'avenir de développer des collaborations au sein même de l'édition universitaire pour aider à la fédération d'énergies trop éparses.
3) La recherche de nouveaux instruments de promotion des ouvrages et revues des Éditions doit être considérée comme une priorité pour la période qui s'ouvre. Enrichissement du catalogue en ligne sur le site de l'EHESS ; refonte d'un nouveau catalogue sur papier, thématiquement organisé ; conception de catalogues spécialisés sur telle aire culturelle, tel domaine de recherches, en fonction des publications nouvelles mais aussi du fonds des Editions et dans la perspective, précisément d'une valorisation constante du fonds, riche et important, des Éditions de l'École ; enfin, la « Lettre des Éditions », lancée en 2003, permet aussi, trimestre par trimestre, de prendre la mesure de l'éventail de nos publications.

Nous insistons sur ce dernier aspect parce que les initiatives que nous avons été amenés à prendre correspondent à une évolution profonde de notre lectorat potentiel : beaucoup plus mobile, beaucoup moins régulier, en un mot sans doute beaucoup moins « captif » que par le passé, en fonction d'une part de la prolifération de l'offre, en fonction aussi de l'inévitable augmentation du prix des livres. Nos lecteurs se conquièrent livre par livre. Nous pensons cependant que la rigueur reconnue de nos publications leur donne une place légitime et que la bataille vaut d'être livrée, en direction du public universitaire et du public cultivé, des lecteurs français et des lecteurs étrangers (rappelons que 40 % de nos livres sont vendus hors de France ainsi que 60 % des abonnements à nos revues).


Les revues


La visibilité de la recherche dans ses aspects les plus novateurs, dans l'exploration de voies nouvelles, passe d'abord et surtout par un canal : celui des revues. Les Editions ont accueilli deux revues jusque-là rattachées au CNRS, les Archives de sciences sociales des religions et Histoire et Mesure. Nous comptons naturellement beaucoup avec un soutien poursuivi du CNRS pour ces deux nouvelles revues. Nous comptons également avec la diffusion électronique partielle (résumés, sommaires...) de quatre de nos revues, Cahiers d'études africaines, Cahiers du monde russe, Études rurales, L'Homme, sur le site , pour mieux les faire connaître en France et à l'étranger, en particulier d'un nouveau public plus familier des supports virtuels que leurs premières générations de lecteurs. Un chapitre particulier doit être par ailleurs consacré aux deux revues « phares » de l'École : les Annales et L'Homme. Insistons pour finir sur un point : l'exploration des voies nouvelles de l'édition électronique et des possibilités scientifiques offertes par un usage rigoureux de cette nouvelle technologie doit être considérée comme une mission de service public des Éditions de l'EHESS.


Il y a quatre ans, la division des Éditions et publications, dans le cadre du contrat quadriennal 2002-2005, s'engageait dans les projets numériques pour les revues éditées par l'EHESS. À l'automne 2004, le volet « patrimonial » est en passe d'être réalisé pour deux d'entre elles : diffusion de l'ensemble de la collection des Annales (1929-1999) et de L'Homme (1960-1999), en accès libre et gratuit sur le portail Persée, programme mis en oeuvre par la sous-direction des Bibliothèques et de la documentation du ministère de l'Éducation nationale. Pour ces deux publications, l'EHESS a fixé à cinq ans la « barrière flottante » afin de protéger les abonnements à l'édition papier des revues. Lorsque les collections de ces deux revues seront accessibles, la consultation qui en est attendue démultipliera leur rayonnement scientifique bien au-delà de leur présence dans nombre de bibliothèques.


Achever et prolonger la numérisation de la collection des Annales et de L'Homme


L'intérêt scientifique de l'outil que représente Persée pour la recherche n'a de sens que si le corpus diffusé de ces deux revues est complet, ce qui n'est pas encore le cas actuellement, et s'il est régulièrement enrichi par la mise à disposition d'un volume annuel. La phase II du projet Persée est en cours de définition, mais le travail documentaire impliqué suppose, pour ces deux rédactions, des moyens qui ne seront pas totalement pris en charge par la sous direction des bibliothèques. La recherche des ayants droit et l'obtention des autorisations de diffusion représenteront, en particulier, un lourd travail, qui sera à la charge de l'EHESS. Par ailleurs, d'autres revues de l'EHESS ont vocation à intégrer le portail Persée, dans sa phase II.


Concevoir le volet « vivant » des revues


Il s'agit, pour les revues concernées de l'année en cours et celles protégées par la barrière flottante. L'enjeu est d'accroître l'audience et la diffusion internationales des publications de l'EHESS et des recherches qu'elles accueillent, par un accès payant, via Internet, avec le souci de maintenir voire d'accroître les rentrées financières qu'elles génèrent pour les Éditions de l'EHESS. Le modèle économique, les formules d'abonnement (pour les particuliers comme pour les institutions), la structure gérant leur recouvrement, celle assurant leur hébergement, les solutions techniques optimales de référencement et de consultation par les abonnés restent à inventer. Ce projet ne pourra être élaboré qu'en partenariat avec les tutelles et d'autres éditeurs. Plus que la simple visibilité éditoriale (sommaires, résumés) sur un site ou une structure de service hébergeant des titres, l'objectif est un Portail de revues SHS en édition électronique pour renforcer la diffusion internationale de la recherche française. Les publications de l'EHESS devront y être fortement représentées. On peut penser que, à l'horizon 2009, le ou les modèles de diffusion, les choix techniques, les investissements afférents auront été faits ou seront en passe de l'être. Quelles que soient la ou les structures qui verront le jour et auxquelles les revues décideront de participer, des moyens humains et techniques devront renforcer les rédactions.


Inventer une édition électronique


Le projet des Éditions de l'EHESS, pour les quatre années du prochain contrat et d'assurer une mise à disposition d'une version électronique des revues, dupliquant la version papier qui restera celle de référence.


L'édition électronique devrait, en effet, être articulée à l'édition papier, qui sera poursuivie dans les prochaines années pour toutes les revues. Mais l'édition électronique doit être un simple complément de l'édition papier ou un « produit dérivé » de celle-ci, afin d'exploiter au mieux les ressources que permet le support informatique, sans sacrifier les performances du support papier : à savoir une seule et unique édition, mais deux versions (papier et électronique), avec un abonnement conjoint ou disjoint, sur deux supports (le fascicule et les fichiers électroniques), détenant leurs avantages respectifs de consultation, dans le strict et absolu respect du contenu des articles et de leur commune et identique mise en forme éditoriale.


La conception et la mise en oeuvre de la version électronique de l'édition des revues doivent correspondre aux projets scientifiques de celles-ci. L'édition électronique doit être conforme à la qualité actuelle des productions des équipes rédactionnelles et être élaborée en concertation avec elles. En tout état de cause, les responsables des revues devront garder un contrôle total (procédures de validation) sur les deux versions, que la version électronique soit assurée en interne ou confiée à un tiers. D'importants moyens humains et techniques sont à prévoir pour se préparer à ces nouvelles formes de diffusion de la recherche, être capable d'influer sur les choix et, surtout, répondre aux exigences des revues et assurer les intérêts des Éditions de l'EHESS. S'il faut compter sur une mutualisation des ressources, quel que soit le modèle choisi, il n'est pas déraisonnable de penser que le renforcement des équipes éditoriales sera nécessaire, pour celles qui s'engageront dans un tel projet.


S'agissant de la revues des Annales, il est nécessaire d'affirmer sa visibilité sur le Web, par la construction d'un site sur un nom de domaine déposé, relié au site de l'École, qui présentera les sommaires des numéros (année en cours et antérieures), les résumés des articles, les tables annuelles et quinquennales, etc. Une fois construit, ce site devra être régulièrement enrichi, à parution de chaque nouveau numéro.


Les thèses et diplômes.


Les thèses et diplômes soutenues à l'EHESS chaque année (180 thèses et 35 diplômes en moyenne) représentent une littérature scientifique considérable, dont la richesse mérite d'être mieux exploitée. Certes, les thèses et diplômes, stockées à la Bibliothèque de la Maison des Sciences de l'Homme, sont accessibles et peuvent être consultés sur place. Mais les techniques de numérisation doivent permettre une meilleure diffusion, et partant une meilleure utilisation de ce potentiel. La mise en ligne des thèses de qualité, de même que celle des productions – livres, actes de colloques – émanant des travaux collectifs réalisés au sein de l'Ecole doctorale devra, dans le cours du contrat, devenir la pratique habituelle de l'établissement.





Les nouvelles formes de diffusion


Un site totalement refondu


L'école s'est engagée en 2002 dans une refonte complète de son affichage sur la toile avec deux objectifs complémentaires. Le premier est d'offrir une information institutionnelle très complète sur ses trois grands secteurs d'activité : la recherche, l'enseignement et les Éditions ; le second est de permettre un accès raisonné aux différents sites décrivant les centres de recherche et les fonctions associées dans toute l'amplitude de leur liberté intellectuelle. Le site dit institutionnel de l'École – que l'on trouve à l'adresse suivante http ://www.ehess.fr/html/html/index.html – remplit aujourd'hui les fonctions qui lui ont été assignées.


Le programme des enseignements est à présent sur le web.


Ces pages assurent une présentation détaillée de l'ensemble des séminaires et enseignements mis en ligne dès l'été, régulièrement mis à jour. Un accès par le nom des enseignants permet aux étudiants et auditeurs de sélectionner les séminaires de leur choix. Le web permet de consulter le catalogue des Éditions de l'École selon un ensemble de paramètres de recherche. En outre, une rubrique « actualité » signale les événements scientifiques ou culturels qui marquent la vie de l'Établissement et, au-delà, celle de la communauté des sciences humaines et sociales.


Un portail ouvert sur la recherche


Le site de l'EHESS remplit aussi une fonction de portail vers l'activité de ses laboratoires. Ainsi, en prolongement de l'arborescence des UMR et centres de l'École classés par grande division disciplinaire, un accès direct est ménagé vers les pages des équipes et des chercheurs. Les promoteurs du site de l'École ont délibérément choisi de décentraliser l'information au double motif, d'une part, de donner aux équipes de recherche toute latitude pour présenter leur composition, leurs projets et leurs résultats et, d'autre part, de ne pas entraver par une régulation hiérarchisée les ambitions soutenues par les équipes pour passer de l'étape descriptive de leur activité à celle, à notre sens inéluctable, de mise en ligne de ressources pour la recherche. À ce titre, dans le court terme, certains centres se doteront de ressources en lignes : telles que des enseignements sous forme audiovisuelle, des accès aux bases de données contenant des articles ou encore des thésaurus ouvrant directement à des ressources primaires. À titre d'exemple, on pourra consulter la base des exempla http://www.ehess.fr/gahom/thema/index.php du Groupe d'anthropologie historique de l'Occident médiéval (GAHOM).


La politique des contrats de recherche


Le projet de contrat quadriennal dessine une carte des partenariats durables qui permettent d'organiser, sur un mode plus efficace, le potentiel de recherche en sciences humaines sociales. Les contrats de recherche constituent, eux aussi, une forme de partenariats qui, délimités dans leur durée comme dans leur objet, s'imposent, avec l'édition des revues et des ouvrages, comme un moyen de valoriser et de diffuser les résultats de la recherche.


Pour l'EHESS, la capacité de contractualiser les demandes de recherche, les soutiens fléchés aux thématiques scientifiques et les concours à l'intégration des jeunes chercheurs est une réalité devenue évidente puisque, transcrite en termes quantitatifs, elle représente un portefeuille d'une centaine de contrats annuels, revalorisant de près d'un quart les crédits recherche de contrat quadriennal. Les SHS rejoignent, ici, la situation commune des autres sciences où le laboratoire construit des savoirs fondamentaux tout en répondant aux demandes formulées par des opérateurs externes. Le développement et la validité d'une politique des contrats de recherche pour l'École obéissent toutefois à des contraintes et à des enjeux dont il convient de rendre compte.


Les sciences humaines sont, en général, peu sollicitées par le monde de l'industrie et des services pour construire un savoir scientifique sur les fonctionnements sociaux. En revanche, les sciences humaines sont questionnées pour appréhender, selon les normes de l'investigation scientifique, les réalités génératrices de « pathologie » des sociétés. La demande sociale est, en l'occurrence dans nos disciplines, celle d'une mise en lumière des difficultés devant lesquelles le décideur public requiert une expertise lui permettant de fonder la décision politique. Ce premier trait a deux conséquences : le caractère majoritairement public des institutions confiant à l'EHESS des contrats de recherche ou d'études et l'accès différencié des disciplines à ces opérations de valorisation de la recherche. Ainsi, les études confiées aux équipes de l'EHESS dans le but accroître une connaissance scientifique des mondes contemporains s'adressent beaucoup aux sociologues et aux économistes, mais tout aussi bien aux anthropologues, aux démographes ou aux géographes.


Cette situation n'exclut cependant pas le soutien, parfois important, que reçoivent les disciplines de questionnement fondamental sur l'histoire, les civilisations et les identités. La demande externe en matière de programmes scientifiques dont l'objet est déterminé s'adresse donc aussi aux humanités sous l'angle de la recherche en méthodologique.


Le schéma des activités contractuelles de l'École ne serait pas complet sans le volet important des actions encourageant une formation plus ouverte, plus internationale et plus professionnalisée à la recherche. Les programmes européens Erasmus et Marie-Curie constituent les pièces centrales de ce dispositif complétés par des bourses et allocations de stage financés par certaines collectivités territoriales ainsi que les aides à la publication des thèses de doctorants. Cet ensemble d'actions doit être considéré comme un moyen de premier ordre pour la valorisation de notre potentiel scientifique, même s'il peut être appréhendé comme un soutien s'adressant d'abord aux doctorants. Ainsi, l'aide à la mobilité des diplômés et des chercheurs s'intègre incontestablement dans les moyens de structuration et de valorisation de la recherche. Cette aide, constitue aussi le socle sur lequel se fonde une internationalisation des sciences sociales par l'émergence de réseaux constitués par de jeunes chercheurs, dès le début de leur activité.


Cette brève description des activités de recherche contractualisée montre combien la conclusion de partenariats dans les SHS ne peut répondre à une politique unique qui placerait les laboratoires dans un rôle de fournisseurs des résultats répondant à une commande spécifiquement énoncée par l'aval. Elle permet aussi d'indiquer la nécessité pour les équipes de sélectionner les recherches qui ne dérogent pas aux exigences méthodologiques de leur discipline.


Face à cette situation, les équipes de l'EHESS, constituées pour leur plus grande part en UMR avec le CNRS, sont reconnues par leurs partenaires comme des opérateurs pertinents et fiables en matière d'exécution des contrats de recherche. Le portefeuille de contrats de recherche impliquant les centres de l'EHESS, y compris ceux, bien entendu, constitués en UMR avec le CNRS et l'INSERM s'élève sur la période de référence du contrat quadriennal 2002-2005 à environ 110 contrats en gestion par an. En moyenne, on peut considérer que ces contrats abondent le budget des unités de 780 000 euros par an. Cette dotation ouverte aux laboratoires représente environ 22 % des crédits annuels « recherche » ouverts par le contrat quadriennal.


Ce score, qui marque une nette progression par rapport aux résultats précédents, atteste de l'attitude active des chercheurs dans la participation aux appels d'offres, de la réussite de nos équipes répondant aux thématiques proposées par les Actions concertées incitatives (ACI) sur le Fonds national de la science. Le développement des contrats de recherche est aussi le fruit d'un investissement conjoint de l'École et du CNRS pour offrir aux unités un service de soutien à la préparation et à la gestion des contrats de recherche. Les dispositions du contrat quadriennal 2002-2005 ont partagé clairement la gestion entre les deux établissements. Cet accord visait à répartir de façon équilibrée le portefeuille de gestion contractuelle, tout en assurant, pour les UMR situées en régions et, à ce titre, confiées à la gestion des délégations régionales du CNRS, une proximité avec leurs correspondants administratifs.


Cette division du travail de gestion s'accompagne d'une coordination des deux établissements qui ont établi un comité conjoint des contrats de recherche, chargé d'harmoniser leurs procédures et de coordonner leurs informations et leurs démarches envers les principaux partenaires. Cette politique a notamment conduit l'EHESS à participer au groupe constituant le point de contact national conjointement avec le CNRS pour la priorité 7 « Citoyens et gouvernance dans une société de la connaissance » du 6e PCRDT européen. Cette politique est adossée à un véritable service offert aux chercheurs quant à la négociation et à la gestion des contrats. L'École dédie en effet un emploi de catégorie A et deux emplois de catégorie C à la négociation, au suivi de ces ressources et à la mise au point des justifications financières et scientifiques, en supplément des autres activités de support (direction et gestion financière, secrétariats de division, agence comptable) qui inscrivent les spécificités de la gestion contractuelle dans leur activité professionnelle courante.


Les perspectives de développement pour la période 2006-2009 s'articulent autour de trois axes :


Le renforcement du service aux équipes en matière de contractualisation passe par une intégration plus poussée des infrastructures d'information sur les appels d'offres et de gestion notamment financière : élaboration des coûts réels de la recherche dans nos disciplines, mise à disposition de format budgétaire permettant tout à la fois la présentation des devis de la recherche et des instruments de suivi internes aux établissements, actualisation d'un vade-mecum des contrats unique pour les unités. Cette politique volontariste de support administratif ne doit cependant pas se substituer à l'offre spontanée des équipes dont le jugement et l'initiative garantissent l'adéquation de la politique contractuelle à leur activité de recherche fondamentale et d'enseignement.


En revanche, l'action incitative de l'établissement, pour la prochaine période quadriennale, s'appuie sur deux priorités :


Faciliter l'insertion des équipes, aptes à cette mutation, dans l'Espace européen de la recherche. L'EHESS a capitalisé une expérience utile en se proposant comme coordinateur scientifique d'un important projet de réseau d'excellence dans le cadre du 6e programme cadre. L'investissement considérable réalisé à cette occasion doit nous conduire dans un premier temps à répondre au second appel d'offres en cours, sur des projets sans doute plus ciblés et donc plus modestes, et à préparer le 7e programme cadre.


Enfin, il apparaît que la communication – et donc les partenariats – avec les entreprises industrielles et de service se place, dans nos disciplines, à un niveau anormalement bas, comme il a déjà été constaté. Pourtant le champ de coopération, au dire même des deux secteurs, est potentiellement considérable. L'EHESS a développé, à travers les cercles de formation, un dispositif de conférences destiné aux responsables d'entreprises. Si cette activité s'est développée de façon très positive, elle atteint aujourd'hui des limites tant du point de vue de la formulation des attentes des entreprises que de celle de l'offre de la recherche. Nous proposons que l'EHESS se rapproche de l'ANVIE, Association nationale pour la valorisation interdisciplinaire de la recherche en sciences humaines et de la société. Il apparaît que l'action de cette association n'est ni concurrente ni contradictoire avec la proposition de nos cercles de formation. Il est convenu avec l'ANVIE de tester cette opération sur un domaine expérimental choisi en commun. Il apparaît que le dispositif des aires culturelles offre un potentiel original et riche pour initier l'échange avec les entreprises confrontées aux questions du développement international.


La mise en oeuvre du projet


La Politique des ressources humaines


L'EHESS dispose de 301 emplois ou supports d'enseignants et de 287 emplois d'IATOS. Au personnels titulaires ou rémunérés sur « supports Etat », s'ajoutent principalement les contractuels recrutés pour intervenir dans le cadre de contrats de recherche. Plus de la moitié des centres de recherche, dont les plus importants, est constituée d'unités mixtes. La politique des ressources humaines de l'Ecole doit ainsi tenir compte, tant qualitativement que quantitativement, de l'affectation des potentiels des institutions partenaires.


La parité hommes-femmes


La parité hommes-femmes dans les métiers de la recherche et de l'enseignement supérieur est un champ d'analyse et de vigilance au sein de l'EHESS. On trouvera, en annexe, les chiffres qui rendent compte des évolutions récentes. Ces évolutions marquent des progrès, même si l'EHESS demeure, du point de vue de ses recrutements de Directeurs d'Etudes notamment, moins avancée que les Universités sur le chemin de l'égalité.


Comme l'avait exposé le précédent contrat, une cellule de réflexion s'est constituée à l'instigation d'un groupe d'enseignantes. Une journée d'études s'est déroulée en février 2003 sur « l'accès, les promotions et les responsabilités des hommes et des femmes à l'EHESS ». La cellule de réflexion a désormais achevé la collecte des informations quantitatives sur la situation professionnelle des femmes au sein de l'institution, à partir de statistiques portant sur plusieurs décennies. La phase d'analyse qualitative, basée sur des entretiens, vient de commencer.


Ce travail d'enquête, complété par des études comparatives, devrait aboutir, d'une part, à une sensibilisation plus poussée aux mécanismes implicites qui perpétuent les inégalités dans l'établissement même et, d'autre part, à l'élaboration d'une grille d'analyse applicable à d'autres institutions et à d'autres milieux.


Les enseignants-chercheurs


L'EHESS veut rester une institution de taille limitée pour préserver des fonctionnements qui ont fait la preuve de leur efficacité. L'École ne souhaite donc pas de créations de poste d'enseignant-chercheur des corps de l'EHESS, sauf, le cas échéant, sur des opérations ponctuelles.


Toutefois, dans le cadre d'une géométrie stable de son propre potentiel de recherche, l'EHESS est confrontée à deux impératifs :

– la promotion des maîtres de conférences,
– l'adaptation de l'encadrement pédagogique.

La promotion des maîtres de conférences


En moyenne, l'EHESS recrute ses directeurs d'études à parts égales en interne et en externe. Or, de nombreux maîtres de conférences se trouvent depuis plusieurs années bloqués dans leur carrière, malgré la qualité de leurs travaux.


Ainsi, comme au cours du contrat quadriennal précédent, l'École souhaite poursuivre la transformation, chaque année, de deux emplois de maîtres de conférences en emplois de directeurs d'études, afin d'assurer des promotions légitimes sans tarir le recrutement externe des directeurs d'études.


L'adaptation de l'encadrement pédagogique


La mise en place du master, avec l'accueil d'étudiants au niveau de M1, fait apparaître de nouvelles exigences d'encadrement. Elle conduit à renforcer le lien formation-recherche au sein de l'École doctorale par une pédagogie active de l'initiation à la recherche.


Les cinq supports d'ATER, attribués à l'EHESS par les mesures exceptionnelles de juillet 2004, ont dégagé les premiers moyens nécessaires à cette politique pédagogique. L'École souhaite que ce contingent d'ATER soit doublé sur la période du contrat. Ce type de contrat bénéficie à l'établissement employeur par le potentiel d'encadrement qu'il apporte mais également aux bénéficiaires qui trouvent là l'occasion d'apprendre leur futur métier d'enseignant du supérieur, dans la perspective d'un recrutement stable dans un autre établissement.


L'enseignement des langues est un accompagnement indispensable de l'initiation à la recherche. L'École ne dispose actuellement que de deux postes de maîtres de langues. La création de deux autres postes de maîtres de langues permettrait d'offrir un véritable apprentissage des langages scientifiques étrangers.


Les post-doctorants


Désormais, la capacité d'attraction de l'École à l'égard des meilleurs étudiants venus de pays partenaires, en particulier des grands pays émergents, est soumise à une concurrence croissante. Les politiques de prospection conduites par nombre des meilleures universités américaines et la création d'Instituts d'études avancées dans plusieurs pays de l'union européenne (RFA, Royaume-Uni, Suède, Italie, Hongrie) ont profondément modifié les conditions de la circulation internationale des doctorants avancés et post-doctorants.


La localisation à Paris est un atout mais aussi un obstacle, en raison des coûts du logement qui y sont pratiqués. Les doctorants et jeunes post-doc savent comparer les avantages respectifs des offres de formations spécialisées qui sont présentes à l'échelle internationale.


Nos arguments les plus forts demeurent la pratique intensive et la valorisation de l'interdisciplinarité, ainsi que la densité de l'encadrement par des équipes de pointe. Mais il faut désormais pouvoir disposer de programmes de bourses qui facilitent la mobilité et l'installation de jeunes chercheurs auprès de l'École. Il peut s'agir de financements partiels qui doivent être couplés avec des aides des universités et pays d'origine, mais aussi de financements intégraux réservés à des candidats de pays qui ne disposent pas de programmes d'aides à la mobilité.


Dans le cadre du nouveau contrat quadriennal, il faudrait que l'établissement, avec l'appui de la tutelle, soit en mesure de monter en puissance son dispositif d'accueil des doctorants avancés et post-doctorants internationaux ou d'autres établissements français. La déclinaison de la double modalité, en financement partagé et financement unilatéral, devrait pouvoir démultiplier notre force d'attraction. Un volant d'une vingtaine de bourses par an représente un pallier à partir duquel l'offre peut atteindre une authentique visibilité internationale.


Les personnels IATOS


Pour l'EHESS, s'ouvre une période de renouvellement important de ses personnels IATOS. Ce mouvement de départs à la retraite concerne surtout la filière technique, en particulier les ingénieurs, qui représentent la majorité des effectifs de l'établissement, affectés, pour la plupart, à des fonctions d'appui à la recherche. En conséquence l'EHESS met en oeuvre une politique prévisionnelle de réaffectation des emplois sur les actions prioritaires. La réorganisation du dispositif informatique de l'École (cf. première partie II) se place au premier rang de ces priorités. Conçu comme un véritable outil de sa politique scientifique, il concerne à la fois l'accès aux ressources multimédia, l'édition électronique en sciences humaines et sociales, la formation des jeunes chercheurs, ainsi que les instruments de gestion des activités de recherche et de formation. Accompagner le développement et les restructurations des équipes de recherche est une autre priorité. Dans un souci de lisibilité et de rationalisation de la gestion, l'École élabore actuellement avec le CNRS une approche globale du potentiel d'appui à la recherche dans les unités mixtes. Si la réaffectation d'une partie des emplois libérés par des départs à la retraite permet d'adapter le potentiel existant, cette procédure a ses limites. Des moyens nouveaux doivent être mobilisés sur la période du contrat (cinq emplois d'IGE et ASI).


De façon concomitante la promotion des agents est la légitime reconnaissance de la qualité de leur travail et de l'ancienneté de leur carrière. Elle doit également répondre à leur effort de formation et de qualification pour assumer les missions qui leur sont confiées, en maîtrisant la technicité croissante des fonctions de la documentation, de l'édition, de l'administration et de la gestion des infrastructures.


L'École entend poursuivre son soutien à ses agents (liste d'aptitude, ouverture de concours interne) en s'appuyant sur des possibilités de transformation d'emplois à coût nul.


L'École souhaite également attirer l'attention du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche sur la situation de blocage de carrières des ingénieurs d'études et des ingénieurs de recherche. À la rentrée 2004, parmi les 84 ingénieurs d'études en poste à l'École, 65 sont promouvables en IGR et 30 sont à l'échelon terminal de leur grade depuis de nombreuses années. Sur les 14 IGR de 2e classe, 10 sont promouvables en 1re classe, alors que sur les 65 IGE de 2e classe, 44 sont promouvables en 1re classe.


L'exemple de l'École illustre, sans doute de façon accentuée, du fait du calendrier de ses recrutements passés, la situation nationale de ces corps. Certes, au cours des dernières années des efforts significatifs ont été faits nationalement pour améliorer les progressions de carrière, mais ils ne sont pas à la hauteur des besoins et devraient être développés.


Deux autres aspects de la gestion nationale des personnels ITRF méritent d'être soulevés. Il s'agit des critères d'attribution de la prime informatique et de la suppression des catégories C dans la BAP informatique qui induisent parfois sur le terrain des sentiments d'injustice et de non-reconnaissance de compétences avérées.


Parmi ses personnels IATOS, l'EHESS compte 13 contractuels qui n'ont pas été intégrés. Ils sont affectés sur des emplois non budgétaires du chapitre 36-11 article 50, financés sur les crédits « recherche ». La transformation progressive de ces emplois non budgétaires en emplois du chapitre 31-05 est demandée par l'établissement.


La formation continue


La formation continue des personnels joue un rôle central dans la politique des ressources humaines. Les plans de formations établis, chaque année, en fonction des besoins de services, mais aussi des attentes des personnels IATOS, ont donné des résultats très positifs, tant dans la réussite aux concours que dans l'acquisition de nouvelles compétences.


Ces efforts seront poursuivis et amplifiés, notamment vis-à-vis des enseignants et chercheurs, dans le domaine de l'informatique et des nouvelles technologies de l'information et de la communication.


L'École confortera ses partenariats avec les universités et le service de formation académique, en s'appuyant sur le réseau régional des responsables de formations d'Île-de-France.


Le patrimoine et l'accueil des étudiants et des chercheurs


La question des locaux


L'insuffisance des locaux parisiens de l'EHESS est un handicap majeur pour le développement normal de ses activités.


L'EHESS n'est affectataire d'aucun bâtiment d'État, et est hébergée par convention par la MSH, l'Université de Paris-IV, le Rectorat, le Museum d'Histoire naturelle, l'ENS, le Collège de France, l'INHA, le CNRS, le CIRAD.


Des locations importantes – la Maison d'Auguste Compte, rue Monsieur Le Prince et les locaux des Éditions de l'École, boulevard Saint-Michel – complètent le dispositif parisien d'hébergement.


Certes, la concentration principale des activités de recherche et d'enseignement de l'EHESS le long du boulevard Raspail et sur la Montagne Sainte-Geneviève offre aux étudiants un site au coeur de la ville qui leur permet de disposer d'un tissu dense d'infrastructures (restaurants universitaires, bibliothèques, musées...) et d'activités culturelles variées et inépuisables. Mais des problèmes très préoccupants se posent en matière d'espace de travail étudiant à l'EHESS. S'ils sont un peu moins aigus dans les pôles de l'École en région – ou au moins dans certains centres au sein de ces pôles – le problème de l'hébergement physique des doctorants et post-doc. (mais aussi des collègues étrangers et des chercheurs eux-mêmes !) constitue le souci majeur de l'Établissement, souci que la mise en place du master promet d'aggraver encore.


L'intégration des étudiants à la vie des laboratoires est une priorité liée à la mission de formation à la recherche, mais la rareté des bureaux implique une compression des salles d'enseignement et une restriction des espaces de travail et de sociabilité. L'Ecole manque aussi cruellement des espaces de sociabilité indispensables au développement des échanges entre chercheurs et étudiants. Cette misère des espaces est très fortement ressentie par les enseignants, post-doctorants et doctorants, invités, en poste ou en stage à l'Ecole. Les chercheurs de l'Ecole ont couramment honte d'être incapables d'offrir à des collègues invités – qui, de leur côté, leur offrent souvent chez eux des conditions d'accueil particulièrement confortables – le minimum décent que serait l'accès à un bureau et à un ordinateur!


Certes, des efforts significatifs ont été faits, tant pour la sécurité que pour l'adaptation des espaces (amphithéâtre, salles informatiques...). De 1999 à 2005 l'EHESS aura investi 4 millions d'euros dans des travaux d'infrastructure avec des aides spécifiques de 275 000 € de la part du MENESR (plan sécurité) et de 430 000 € de la part du Conseil régional d'Île-de-France.


L'opération « campus Raspail », définie par le plan U3M et figurant au CPER 2000-2006, prévoit l'installation de l'EHESS au 96 boulevard Raspail dans les espaces libérés par les universités Paris–IV et Paris–VI. En février prochain, une première phase se réalisera lors du départ de l'Université Paris IV pour la rue Serpente. Ces nouveaux locaux représenteront une réelle amélioration à condition que les financements, inscrits au CPER à la charge de l'État, pour leur réfection et le respect des règles de sécurité, soient effectivement mis en place. Étant donné la lourdeur des investissements opérés sur ses propres disponibilités, l'EHESS n'a plus les moyens de pallier un retard dans la programmation des crédits d'États.


Un autre problème financier de la gestion des infrastructures concerne les crédits de fonctionnement. D'une part, les loyers de la Maison d'Auguste Comte et des Éditions, boulevard Saint-Michel, ne sont couverts, depuis 2004 qu'à 50 %, alors qu'il s'agit d'implantations structurelles pérennes, dont la location n'aurait pas été engagée sans l'assurance d'une couverture subventionnée. D'autre part, l'accompagnement en dotation de fonctionnement, tant en DGF qu'en crédits recherche, des extensions de locaux : le transfert rue Vivienne des centres Gernet, Gahom et Cehta n'a été que très partiellement pris en compte, et uniquement par la direction de l'enseignement supérieur.


Le désamiantage du 54 boulevard Raspail, effectué en site occupé, nécessitera des déménagements temporaires générant des surcoûts qui restent à évaluer précisément.


Les difficultés se posent aussi au niveau du logement étudiant. Les étudiants, notamment ceux venant de l'étranger pour de courtes durées, sont directement exposés à la hausse continue des loyers parisiens. Pour y remédier, l'École tente d'utiliser son expérience de politique d'accueil d'enseignants-chercheurs étrangers et de développer des accès contractualisés à des résidences universitaires. Mais ces mesures sont évidemment incapables de résoudre à elles seules le problème.


Pour compléter le bilan des capacités d'accueil il importe de souligner les perspectives des pôles de l'École en région :


– à Marseille le transfert du SHADYC, du GREQAM et du Centre de ressources documentaires sur l'îlot Dubois est actuellement à l'étude,


– à Toulouse l'extension du Laboratoire d'anthropologie s'inscrit dans une réorganisation des locaux de l'Université Paul Sabatier allée Jules Guesde,


– à Lyon le CIHAM (Lyon 2-CNRS-EHESS) intégrera à moyen terme l'Institut des sciences humaines (ISH).


L'EHESS ne figure pas dans le plan de financement de ces opérations mais une contribution au renouvellement des équipements sera sans aucun doute indispensable.


Bureau des étudiants


L'EHESS a construit au fil des années un dispositif d'accueil de ses nombreux chercheurs étrangers qui est à la fois souple et performant, y compris sur le plan du logement (en dépit de la localisation de l'Ecole et de son manque de moyens). Depuis que le tournant de la politique doctorale a été pris, l'accueil des doctorants s'est fait dans le cadre des centres de l'Ecole en liaison avec les services centraux et l'Ecole doctorale qui gèrent un nombre important de programmes d'aide (allocations, bourses nationales et internationales). Ce dispositif demandait à être complété en raison de l'arrivée des étudiants du master. Nous saisissons cette opportunité pour rassembler en un même lieu les différents "guichets" auxquels les étudiants pouvaient jusqu'ici s'adresser. Le Bureau des étudiants qui est ainsi créé est chargé de faciliter leur insertion, de veiller à leur information et de favoriser leur mobilité. Nous prévoyons aussi d'étendre ses compétences à la gestion de formules permettant à l'Ecole de disposer sinon de moyens d'hébergement du moins d'informations pratiques et fiables qui faciliteront les mobilités.


La politique des échanges internationaux


Le positionnement international de l'EHESS est un axe structurant de ses activités. Ses enjeux ont été développés plus haut, qu'il s'agisse de la géométrie européenne de l'École doctorale, ou de l'engagement dans l'espace européen de la recherche et de l'enseignement, en y incluant les choix scientifiques qui sous-tendent l'organisation du champ des aires culturelles.


L'EHESS se donne les moyens d'une politique internationale exceptionnellement développée aussi bien par l'accueil réservé aux étudiants étrangers (45 % des inscrits) et aux professeurs invités (plus de 200 mois d'invitation par an), par les conventions de thèses en cotutelle (219 en cours actuellement), que par la mobilité de ses propres enseignants chercheurs, dont plus d'une centaine dispensent chaque année des cours ou prononcent des conférences à l'étranger.


Le réseau de relations scientifiques internationales de l'École est construit sur des partenariats formalisés avec des institutions étrangères, notamment :


un réseau doctoral européen à Rome organisé conjointement avec l'Université la Sapienza et l'École française de Rome ;


les « ateliers » d'Europe de l'Est (Pologne, République tchèque, Hongrie, Bulgarie et Slovénie) ;


le cycle doctoral organisé en Roumanie avec le soutien de l'agence universitaire de la francophonie ;


les cursus « Histoire » et « Sociologie » des collèges universitaires français de Moscou et de Saint-Pétersbourg ;


le GIP CIERA ;


le Centre franco-argentin des hautes études animé avec l'Université de Buenos Aires ;


l'accord avec les universités brésiliennes qui permet à leurs doctorants d'effectuer une partie de leur cursus à l'EHESS (« bourses sandwich ») ;


l'accord d'échange annuel de chercheurs doctorants avec l'Université de Chicago et l'UCLA (University of California-Los Angeles) ;


le partenariat avec l'IRD, le CNRS, l'Université du Niger et l'Université du Bénin au sein du Laboratoire d'études et de recherches sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL), basé à Niamey (Niger) et Parakou (Bénin) ;


le projet de réseau de formations doctorales en Afrique, en particulier avec le centre africain des hautes études de Porto Novo (Bénin), l'Université d'Addis-Abeba (Éthiopie) et l'Université de Witswatersrand (Johannesbourg, Afrique du Sud) ;


des programmes doctoraux européens :


le programme européen de théorie et histoire du droit, en partenariat avec la faculté de droit de l'Université de Florence et celle de l'Université autonome de Barcelone, en association avec l'Université de Berkeley ;


le réseau doctoral en histoire des sciences avec le Max-Planck Institut Berlin et les Universités de Cambridge, Florence et Harvard.





La mobilité étudiante et les échanges internationaux sont encouragés grâce :


– aux programmes Socrates-Erasmus ;


– au système des cotutelles de thèse et aux allocations afférentes ;


– aux aides « aires culturelles » accordées par le ministère de la Recherche ;


– aux aides accordées directement par l'EHESS.





La demande en aides individuelles pour le financement des recherches de terrain est considérable. Pour l'ensemble des formations doctorales et toutes nationalités de doctorants confondues, la proportion des thèses qui portent sur des sujets dont les terrains et les archives sont situés à l'étranger, dépasse 50 %. L'EHESS s'applique, mais trop modestement, faute de moyens suffisants, à soutenir ses étudiants, en finançant des missions à l'étranger.


La politique internationale de l'EHESS bénéficie de l'aide du MAE (PECO, Afrique), et du MENESR dans le cadre du contrat quadriennal. Au cours de la prochaine période contractuelle, des moyens nouveaux doivent pouvoir être mobilisés pour assumer pleinement le choix d'une large ouverture internationale.


La politique documentaire


La Bibliothèque de la Maison des Sciences de l'Homme, installée au 54 bd Raspail, constitue évidemment, pour les chercheurs et enseignants de l'Ecole, la première des ressources disponibles en matière de bibliothèques. Mais des bibliothèques et centres de documentation se sont également développés auprès des équipes de recherche. On dénombre actuellement 43 centres de recherche de l'École possédant un fonds documentaire. Cet ensemble regroupe 295 000 ouvrages, 10 600 thèses, 50 000 tirés à part, 2 000 périodiques vivants et 4 800 périodiques morts. Ces fonds constituent des outils de recherche spécialisés de grande valeur, parfois uniques, comme en attestent les demandes de publics extérieurs.


L'EHESS a choisi d'être partie prenante de deux opérations majeures de fédération de fonds documentaires : l'INHA (Institut national de l'histoire de l'art) et la BULAC (Bibliothèque universitaire des langues et civilisations).


Le Centre Louis-Gernet de recherches comparées sur les sociétés anciennes, le Groupe d'anthropologie historique de l'Occident médiéval (GAHOM) et le Centre d'histoire et de théorie des arts (CETHA) ont rejoint, à l'été 2004, l'INHA sur le Carré Colbert. La bibliothèque du Centre Louis-Gernet riche d'un important fonds d'iconographie grecque, est réunie à celle du Centre Gustave Glotz (Universités Paris-I, Paris-IV et CNRS) spécialisée en histoire romaine, afin de créer une bibliothèque de référence sur l'antiquité classique. L'iconothèque du GAHOM a également intégré la rue Vivienne. S'ajoutent à cet ensemble, qui offre un appui considérable à la recherche, trois autres bibliothèques partenaires que sont les collections Jacques Doucet, la Bibliothèque centrale des Musées Nationaux, les collections imprimées du fond patrimonial de l'Ecole Nationale des Beaux-Arts; ainsi qu'une bibliothèque associée, celle de l'Ecole des Chartes, soit environ 600 000 exemplaires en tout.


La participation de l'EHESS à la BULAC, dès l'émergence du projet, s'inscrit dans ses choix scientifiques sur le champ de recherche des aires culturelles. Les plus importants fonds documentaires de l'École – Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CEMC), Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS), Centre de recherche sur le Japon (CRJ), Centre de recherche linguistique sur l'Asie orientale (CRLAO), Groupe d'études insulindiennes (Archipel), Centre d'études africaines (CEAf) – ont vocation à rejoindre cet ensemble dont le fonctionnement intégré permettra de professionnaliser les pratiques de gestion, de rationaliser la conservation des documents et leur acquisition tout en rendant les collections plus accessibles. L'un des temps forts de l'opération sera l'élaboration d'un catalogue collectif informatisé multi-écritures, intégré au Système universitaire de documentation (SUDOC). Dans cette perspective, les catalogues existants pour les différents fonds concernés devront faire l'objet d'opérations de rétroconversion.


En parallèle à sa participation à des projets de dimension nationale, l'EHESS s'applique à améliorer les conditions d'exercice de ses activités documentaires. Le CARE et le CEIFR occuperont en 2005 les anciens locaux du Centre Louis-Gernet, du Gahom et du Cehta rue Monsieur le Prince. La bibliothèque du CARE et le fonds des Archives de sciences sociales des religions y disposeront d'un espace réaménagé. Cet investissement a bénéficié d'une aide du Conseil régional d'Île-de-France, mais il serait souhaitable, pour atteindre un bon niveau d'équipement, qu'il puisse être conforté par un appui des tutelles.


Un autre programme prioritaire devra disposer de moyens nouveaux sur la période du contrat : l'informatisation et la mise en ligne des catalogues des fonds documentaires de l'École (voir fiche en annexe). Le dispositif est actuellement inégalement abouti selon les centres, et une harmonisation des données traitées en conformité avec les normes bibliothéconomiques sera indispensable. L'objectif est d'achever à l'horizon 2009, l'informatisation des catalogues et leur mise en ligne afin d'améliorer la visibilité des fonds et d'ouvrir l'accès des ressources documentaires de l'École.


Le financement des activités de recherche et d'enseignement


Crédits scientifiques


La demande budgétaire pour le quadriennal reprend les propositions faites par les unités et les centres de recherche à l'appui de leur dossier de reconnaissance. Cette demande constitue, pour les équipes, une occasion de chiffrer leur besoin en matière de financement des activités de recherche ; elle n'a pas fait l'objet d'un cadrage a priori par l'établissement.


Au total, la demande de crédits scientifiques, hors demande de vacations, ressort à 1 278 milliers d'euros, soit une revalorisation 29 % comparés à la base des crédits fonctionnement et équipement inscrits au quadriennal 2002-2005 pour ces mêmes structures de recherche.


Cette progression se justifie par les considérations suivantes :


la remise à niveau des parts chercheurs,


la nécessité d'intégrer les doctorants aux activités des laboratoires et donc de financer leur activité de recherche,


la prise en compte des priorités scientifiques énoncées par l'EHESS.





Le budget par chercheur dans les disciplines de SHS demeure, malgré les revalorisations consenties sur les dernières années, anormalement faible. L'idée généralement admise selon laquelle les sciences humaines n'ont besoin, par rapport aux sciences de la vie ou aux sciences physiques, que de dotations modestes, conduit les équipes à une auto censure de leurs besoins très dommageable. Cette sous dotation chronique constitue un frein aux travaux qui nécessitent l'engagement de frais significatifs : terrain pour l'anthropologie, archives, enquêtes, expérimentation pour les sciences cognitives. En outre, cette situation ne permet pas d'attirer les doctorants qui, pour mener des travaux originaux, exploitent des ressources de première main, entreprise coûteuse qui les place en concurrence budgétaire avec les chercheurs confirmés de leur équipe.


La proposition faite pour le prochain quadriennal apporte une première correction à ce phénomène structurel.


La part chercheur moyenne pour les unités (toutes ressources rémanentes confondues : ministère et EPST, telles que demandées pour le prochain quadriennal) s'établit à 3 600 euros annuels environ. Cette somme théoriquement disponible par chercheur doit encore être imputée des frais incompressibles de l'activité du laboratoire qui se décomposent comme suit :


180 € téléphone affranchissement, photocopies,


600 € part annuelle de l'amortissement sur 4 ans de l'équipement informatique individuel standard,


300 € déplacement Europe (transport seulement),


300 € achats d'ouvrages et de documentation (hors politique d'acquisition des bibliothèques des centres et d'abonnement à des bases de données).





Le chercheur dispose, en conséquence, d'un solde légèrement supérieur à 2 200 euros sur lequel doivent être imputés les frais de terrain ou d'expérimentation (notamment les voyages et séjours lointains pour les spécialistes des aires culturelles), les actions de communication scientifique et de valorisation (participation à des colloques, publication d'actes, pages web) et le soutien aux doctorants. C'est dire que les capacités d'action restent effectivement très limitées, même dans ce contexte de revalorisation des dotations, et nécessitent des arbitrages individuels ou collectifs particulièrement stricts.


Ces paramètres conduisent évidemment l'EHESS à mutualiser le soutien indirect à la recherche afin de répondre aux besoins irréductibles des unités dans des conditions économiques améliorées. Ainsi, en complément de la dotation des centres, il est demandé un crédit d'équipement spécifique de 600 000 euros pour la période 2006-2009. Celui-ci permettra de poursuivre un programme raisonné de renouvellement et d'extension du matériel « moyen » et informatique des laboratoires. Ce programme, mis en oeuvre en 2004, a fait ressortir pour l'année un besoin total de 237 équipements ou ensembles de matériels. Sur ce total, 114 demandes concernent des renouvellements. Un classement par catégorie de matériels fait apparaître des besoins majeurs en informatique (postes de travail et périphériques), soit 71 % des demandes. De nombreux centres doivent s'équiper de matériels destinés à la numérisation des images et à la vidéo projection. Les demandes concernant la reprographie visent à l'achat de photocopieurs dont le renouvellement a été partiellement engagé suite à la conclusion d'un marché pour ce type d'achat. Le montant total des besoins exprimés s'élève à 371 000 euros. Pour faire face à ces besoins, un crédit annuel de 150 000 euros a permis, dès 2004, de couvrir un tiers des demandes dans des conditions d'achat groupé qui se sont révélées extrêmement favorables puisque la négociation avec les fournisseurs titulaires des marchés de micro-informatique a permis une économie de 25 % supplémentaires sur les conditions déjà négociées.


L'EHESS propose, pour le prochain quadriennal, de reconduire cette opération de jouvence du matériel des unités qui conditionne aussi la réussite de son ambitieux programme de développement et de partage des technologies de l'information.


Moyens de calcul et soutien aux technologies de l'information


La mise en oeuvre du programme de développement des technologies de l'information, présenté au chapitre 2.2, nécessitera d'accroître de façon significative le financement de ces activités, afin de prendre en compte le changement d'échelle que représente cette nouvelle stratégie.


La dotation en moyens de calcul et en soutien direct à l'informatique ressort au contrat en cours à 324 milliers d'euros. La demande aujourd'hui présentée, incluant le financement de l'informatique de gestion ainsi que la création des espaces numériques de travail s'élève à 2 427 milliers d'euros. Présentée en termes réels, la revalorisation de la dotation informatique s'établit à 58 % puisque l'EHESS a consacré, dans les faits, une dotation annuelle d'environ 300 milliers d'euros au financement de l'informatique commune que celle-ci soit scientifique ou de gestion. La prévision est détaillée dans la fiche technique relative au développement des technologies de l'information.


Soutien de l'École doctorale


Actuellement, le budget annuel de l'École doctorale est de 90 000euros (dont 60 000 sont fléchés au titre de l'initiation à la recherche). En 2004, l'EHESS a dû consacrer à ses seules actions de professionnalisation une enveloppe supplémentaire de 20 000 euros, redéployés en interne. En fonction des enjeux et des projets qui viennent d'être présentés, il serait souhaitable de prévoir une augmentation de l'ordre de 30 000 euros, par an, qui aboutit à une dotation de 488 milliers d'euros pour la totalité du contrat quadriennal.





Conclusion : le pilotage du projet


La mise en oeuvre de ce projet d'établissement implique que l'École se dote, en interne, des moyens institutionnels indispensables à la construction, au suivi et à l'évaluation des différentes entreprises, en cours ou annoncées, que ce projet comporte.

– Le premier de ces moyens est le fonctionnement régulier de ses instances, et en particulier celui du Conseil scientifique qui est le foyer où s'élabore la politique de l'établissement. Il faudra préserver le dynamisme déjà attesté de cette instance, en particulier en matière d'évaluation, en développant notamment la pratique de l'invitation de personnalités extérieures, françaises ou étrangères, susceptibles d'apporter un regard neuf et plus distancié sur tel ou tel dossier ou opération. L'entrée en son sein d'un représentant de la Direction de la recherche siégeant de façon permanente (au titre des personnalités qualifiées) apparaît souhaitable.

– L'Assemblée des enseignants, qui a en charge les recrutements des enseignants-chercheurs et maîtres de conférence et qui sanctionne en formation plénière les grandes orientations de l'établissement, joue également un rôle capital dans la construction de la politique scientifique de l'établissement. Il a été décidé qu'une Assemblée annuelle, distincte des Assemblées régulières et à vocation électorale, serait convoquée chaque année pour débattre, de façon aussi large que possible, des orientations scientifiques de l'École.

– On a souligné, dans le préambule de ce contrat, la place capitale des chercheurs non École, et notamment des chercheurs CNRS, dans les centres et dans la vie de l'École y compris dans ses activités pédagogiques. Une des grandes questions à l'ordre du jour de la vie de l'EHESS est la recherche des moyens d'assurer, sans remettre en question les prérogatives propres de l'Assemblée des enseignants, leur participation active à la vie de l'institution. Depuis près de dix ans, l'École s'est dotée d'une règle particulièrement libérale en matière d'inscription d'étudiants en thèses pour les membres titulaires des centres de l'École qui ne sont pas des enseignants-chercheurs de l'École. Ceux-ci, s'ils sont de rang A ou habilités, peuvent inscrire des étudiants à l'École dans les mêmes conditions que les enseignants-chercheurs EHESS. Ils participent évidemment aux jurys des thèses. La possibilité d'agir comme garant d'HDR leur sera prochainement offerte, dans les mêmes conditions. Par ailleurs, la création du master de sciences sociales et la reconfiguration de l'École doctorale – entreprises dans lesquelles ces chercheurs non École se sont beaucoup investis – conduira à assurer leur participation aux instances de l'encadrement du master et du doctorat (conseils pédagogiques de mentions ou de spécialité, conseil pédagogique du master, conseil pédagogique de l'École Doctorale). Une assemblée des directeurs de centres - où sont présents les directeurs non École de centres de l'École – a été créée afin d'élargir la participation aux débats de politique scientifique au sein de l'établissement. Une mission a été confiée à Denis Matringe, directeur du Centre d'études sur l'Inde et sur l'Asie du Sud et directeur de recherche au CNRS, pour explorer les possibilités d'améliorer les conditions d'intégration des collègues non École à la vie et au fonctionnement de l'institution.

– Si le Conseil scientifique, agissant en lien constant avec la Présidence et le Bureau d'une part, avec l'Assemblée des enseignants d'autre part, est le lieu central d'élaboration des choix scientifiques de l'établissement, le besoin s'est fait sentir de disposer d'un outil plus souple de réflexion prospective, permettant d'explorer des voies inédites, d'aider au renouvellement du questionnement de nos pratiques de recherche, de prospecter des possibilités de recrutement pour des secteurs émergents, etc. La Mission de prospective, constituée à cette fin, n'a rien à voir avec une « instance de pilotage », qui viendrait doubler ou redoubler les instances statutaires. Elle repose sur un directeur d'études mandaté par la Présidence pour solliciter les participations au débat collectif, et se faire, auprès des instances, l'écho des réflexions que pourrait ou devrait susciter notre avenir dans l'environnement de la recherche en France, à l'horizon de la construction de l'espace européen de la recherche et des recompositions disciplinaires et interdisciplinaires en cours. Travaillant en toute indépendance, et pouvant être saisi par qui le souhaite dans l'École, ce chargé de mission est invité permanent au Conseil scientifique, auquel il présente remarques et suggestions. À partir des consultations qu'il engage, à l'intérieur ou à l'extérieur, et des demandes qui lui sont adressées, il pourra proposer des formes de travail souples et temporaires, qui n'auront nulle vocation à s'institutionnaliser. François Hartog, directeur d'études, a accepté la charge de cette mission.

– Dans le même esprit de développement de la réflexion collective et d'amélioration des pratiques, Isabelle Backouche, maître de conférences, a accepté de prendre en charge une mission de suivi de l'emploi des femmes à l'EHESS. Travaillant en lien avec le groupe d'étude sur cette question qui s'est constitué à l'École il y a quelques années, elle assiste, comme invité permanent, au Conseil scientifique et lui transmet ainsi qu'à la Présidence et au Bureau, remarques et analyses sur ce sujet.

– Les interrogations sociales, politiques et éthiques portant non seulement sur les applications mais sur la légitimité des démarches, voire des objectifs, de la science, ont pris aujourd'hui une ampleur particulière, et elles n'épargnent pas les sciences sociales. Par ailleurs, le caractère toujours plus collectif de l'activité scientifique, l'expansion des institutions de recherche, les transformations de leurs modes d'organisation ont amené, du côté des sciences de la vie ou des STIC surtout, à l'explicitation de règles déontologiques et à la création de structures de régulation des rapports au sein des communautés productrices de recherche. Les sciences sociales sont en grande partie demeurées à l'écart de ces débats et de ces dispositifs. On doit se poser la question de savoir si la régulation informelle qui a cours dans nos communautés est suffisante pour régler tout écart dans nos pratiques et régler tous les conflits, ad intra et ad extra. L'École des hautes études en sciences sociales se doit de prendre sa part d'une réflexion urgente. Elle doit aussi se doter des instances régulatrices, dont elle éprouve le besoin dans sa vie interne, et dont ses partenaires internationaux la pressent de se doter. La présidence de l'École a sollicité un petit groupe de trois collègues récemment retraités pour constituer une cellule de réflexion sur ces questions. Claudine Herzlich, Jean Heffer et Christiane Klapisch-Zuber proposent, en 2005, un séminaire mensuel ouvert à tous les personnels de l'École sur le thème « Du souci éthique aux dispositifs de régulation : réfléchir sur nos pratiques ». De ce séminaire devront sortir des recommandations pour la constitution de quelques dispositifs de médiation utiles, tant du point de vue de la régulation des relations de l'institution avec son environnement que du point de vue de la régulation des relations entre les personnes, entre les différentes catégories de personnels et des rapports des enseignants avec les étudiants.

– Un aménagement institutionnel sera enfin mis très prochainement à l'ordre du jour, et prendra corps dans les quatre années du présent contrat, afin d'offrir aux pôles de l'École en région (Marseille, Toulouse et Lyon) les moyens concrets d'une meilleure visibilité locale et régionale, indispensables à la mobilisation des moyens mis à la disposition de la recherche à cette échelle. Sans toucher à l'architecture globale de l'École, ni à son unité, il conviendra de mettre en place, en chaque lieu, une instance de représentation adéquate. Cette orientation, en affinité avec le projet de régionalisation mis en oeuvre de son côté par le CNRS, permettra de développer le potentiel de recherche et d'enseignement de l'EHESS en région, à l'heure de la décentralisation et de l'européanisation, et de déployer, dans de meilleures conditions, ses relations de partenariat avec les établissements de recherche et les universités présents sur place.






© Robert Descimon 1999-2006