lettres françoises inédites de de Thou
Mélanges de littérature et d'histoire recueillis et publiés par la société des bibliophiles françois, Paris, pour la société des bibliophiles français, imprimerie Lahure, 1877.
Choix de lettres françoises inédites de J. A. de Thou, Paris, pour la société des bibliophiles, 1877, 144 p.
« Partie considérable » des lettres de Jq Aug de Thou publiées à la suite de la traduction française de l'Histoire universelle, d'autres parmi les lettres latines.
Aussi gd nb lettres inédites que Le Roux de Lincy avait recueillies pour les publier.
p. II « De Thou s'y montre, comme dans sa grande Histoire, animé des sentiments les plus élevés, les plus clairvoyants, les plus patriotiques. Il y rappelle au grand Henry lui-même & plus librement encore à la reine Marie de Médicis, au prince de Condé, aux la Trémoille et aux Bouillon, ce que la France avait droit d'attendre d'eux, ce qu'ils avoient à tenter pour l'intérêt de la paix publique. Il ne se montre pas insensible à l'injuste oubli dans lequel on l'a trop longtemps laissé ; il souffre surtout de l'indifférence de ceux qu'il estimoit ses amis »...
la société des bibliophiles a pris pour patron Jq Aug de Thou
les premières lettres, annotées, avaient été mises en état d'être imprimées par Le Roux de Lincy. Paulin Paris a choisi de sélectionner les lettres qui on trait à la constitution de la fameuse bibliothèque.
préface signée P. P. [Paulin Paris]
p. 2, il apparaît qu'en 1582, Pierre Pithou était déjà marié à Catherine Palluau.
p. 7, lettre à Pierre Pithou du 20 novembre 1582
mort de son père... « qui est le comble du malheur, estant absent ; affin que perdant la personne et les moïens ensemble (car en lui seul gisoient toutes mes espérances, le regret de la perte en fust plus grande. Toutesfois, en mon particulier, j'estime la perte de la personne si grande, que d'avoir perdu le reste en consequence me semble une bien petite perte. Cependant je demeure ici un miserable reste de ce qui fust naguères beaucoup, et comme une petite planche d'un bien grand vaisseau. L'importunité et avidité desmesurée d'un homme obligé à nostre maison et à la mémoire du deffunct a osté le moien au Roy, en l'absence de monsieur mon oncle et de moi, de pouvoir reconnaistre les services de trente ans d'un homme qui n'en eust jamais de son vivant aucune marque ? Voilà où nous en sommes. Quant à moi, je m'arme contre cette indignité d'un mespris et desdain de celui qui nous a si laschement couru sus, n'en ayant jamais faict instance ni pousuitte au contraire, ni parlé ou faict parler par aucun. Malo virtutes quam virtutum praemia. Je suis deliberé de me retirer, & au lieu de me plaindre, qui seroit pars ignaviae, ou de demander recompense, j'ai demandé permission de me deffaire de mon office. A quoi le despit ne m'a tant transporté qu'ue meure deliberation que j'ai faict en moi mesmes [p. 8] de me retirer et vivre pour moi, comme feu monseigneur mon pere a vescu pour le public. Une chose me console en cest accident, que il ayt pleu à S. M. nommer à ceste grande charge monsieur le president de Harlai, mon beau-frere, & que absentis habita fit ratio. J'espere sous lui & repos & support, qui me fait confirmer d'avantage en ma resolution. Je crain de vous ennuier de ce fascheus discours, basti selon que l'estat des affaires presentes le peut permettre. »
De Thou demandait à Pithou de le rappeler aux bons souvenirs de mr du Fay, c'est-à-dire, Michel Hurault de L'Hospital.
l'éditeur croit reconnaître en « celui qui nous a si laschement couru sus » Hurault de Cheverny qui ambitionnait la succession de Birague. Achille de Harlay serait né le 7 mars 1536 ? pars ignaviae, acte de lâcheté. absentis habita fit ratio, et qu'il n'y eut pas d'autre cause que mon absence de l'oubli dont je suis victime.
p. 11, lettre à Pithou du 15 janvier 1583
p. 12 « Je pren tout en patience ; & n'est pas cholere ou despit que j'ay pris la résolution dont je vous ai escrit, ains par nécessité : car l'advancement de ceus dont m'escrivés ne m'a rien apporté du tout, sinon un extresme regret de m'estre à la suasion de beaucoup, promis quelque chose de leur bonne volonté. Car l'un, pour n'estre importun après avoir reçeu un si grand bienfaict, l'aultre de peur de perdre son esperance & que cela luy soit lieu, comme on parle icy, m'ont du tout laschement abandonné ; & vous puis dire privement qu'après cette grande démonstration de deuil exterieur, il n'est non plus de mémoire des services du deffunct que s'il n'avoit jamais esté, ou qu'il y eust cinquante ans qu'il fust mort. Ce que je vous escris plus pour respondre à la vostre que pour vous faire part de mes fascheries & vous en faschiés vous-mêmes ; car de ma part je suis fort résolu de contemner ceus qui me contemnent, & avoir recours à la vertu qui est contente de soi mesmes & en soi mesmes, non tant par nécessité que pour, par ce moïen, me delivrer de la prison et chesnes de l'ambition, et n'estre contrainct de valeter les vendeurs de fumée. Voilà les fruicts de ma philosophe. »
p. 13, De Thou semble ensuite démarcher Pithou pour organiser le Tombeau. « Je vous importune néanmoins & dispose si hardiment de vos bonnes oeuvres. L'affection en cela me transporte, et me faict passer les limites de la discretion. Commandés-moy en aultre chose & je vous feray service d'aussy bon coeur »...
p. 14, l'éditeur remarque de Jq Aug se plaint amèrement que Claude Dupuy et M. de Boissise, restés à Agen, ne lui aient pas adressé des lettres de condoléances. « Au reste ce nuage dans leur amitié dura peu ».
Car l'un, c'est pour l'éditeur, Harlay... et l'autre Hurault de Ch.... Il ajoute : « Au reste, le ressentiment de de Thou ne fut pas long. Dès l'année suivante, il dédia au chancelier de Cheverny son poëme de l'Hieracosophion, & l'on voit, dans ses Mémoires (livre III) les plus cordiales relations régner entre eux. Il semble aussi avoir vécu depuis lors dans une grande intimité avec Achille de Harlay. »
Sur « valeter », le commentaire est le suivant : « Faire le valet auprès de ces vendeurs... De Thou, à la mort de son père, éprouva de grandes déceptions, & il en ressentit une vive amertume. Ses Mémoires sur ce point sont absolument silencieux ; mais ses lettres en disent assez sur le motif de ses griefs. Jusque-là conseiller clerc au parlement et destiné à l'Eglise, la mort [p. 15] d'un frère aîné lui faisoit une loi de céder au désir de sa famille en se mariant, il lui fallait d'abord quitter cette charge, dont il espéroit un équivalent, la mort de Christophe de Thou & le mouvement qu'elle amena dans le parlement offrant une occasion naturelle de reconnoître dans le fils les services du père. »
On a l'impression que les ouvrages littéraires et l'écriture est ce qui permet de renouer les relations d'amitié...
p. 37, lettre à Pithou du 1 IX 1583
« et sur tous Monsieur de Cheverny auquel j'ai tousjours ouï parler tres honorablement de vous, et nommément ces dernier jours que je lui ai parlé pour vostre congé, duquel il ne s'est esloingné. Mais celui qui est venu à la traverse m'a faict taire pour quelques jours, et espère avecques les bons amis qu'y avés emploiés de l'obtenir incontinent. »
p. 41, 18 XII 1593, lettre à Pithou
on y voit que Nicolas Lefèvre habitait avec Pithou. De Thou le qualifie de « Monsieur vostre hoste » (p. 42)
p. 57, lettre du 23 III 1611 à Casaubon (pour le roi d'Angleterre)
« Je ne doubte point que les bons Peres n'y aient voulu mesler du leur, pour m'exagérer partout, comme ils ont faict ici, & enfin m'ont exclu de l'honneur que l'on m'avoit faict esperer ; & en mon lieu subrogé un homme qui ne mérite pas d'estre nommé. Ce sont beaux faits de M. le Ch. & M. de Vill., fort esloignés de leurs promesses ; mais ils ne s'estiment à rien obligés en telles matieres, selon la doctrine de ce Peres »
[De Thou refusait de changer dans son Histoire ce qui concernait Marie Stuart]
p. 64, note 3 de l'éditeur identifie Nicolas de Verdun dans la personne « qui ne mérite pas d'estre nommé » et ajoute : « De Thou s'étant constamment montré l'ennemi des Jésuites, l'influence de la Société ne dut pas être étrangère à son exclusion d'une charge qu'il eût dû obtenir déjà en 1582, avant Achille de Harlay, son beau-frère, et que maintenant lui avoient fait espérer le secrétaire d'Etat Villeroy et le chancelier Sillery ».
p. 101, lettre du 14 janvier 1616
de Thou s'occupe de la publication des oeuvres de « nostre grand theologien » Despence
qui aura lieu en 1619. (« ne laisser rien perdre d'un si grand personnage »)...
Mélanges de littérature et d'histoire recueillis et publiés par la société des bibliophiles françois, Paris, pour la société des bibliophiles français, imprimerie Lahure, 1877.
Choix de lettres françoises inédites de J. A. de Thou, Paris, pour la société des bibliophiles, 1877, 144 p.
p. 133, lettre (Loudun) du 18 avril 1616, à Dupuy, avocat parlement
« J'estoi en pene de la lettre que j'escrivoi en Provence. La vostre m'a asseuré de la reception et de l'adresse qu'avés pris pour la faire tenir. Jamais ne verrons-nous qu'inepties de cest homme impertinent, & toutesfois le siecle l'en[dure ?] et nos Cedamus. Je me resjoui de l'arrest de Rouen. Un temps fust, que l'homme qui pouvoit tout lors, eust incont[inent ?] ordonné une surséance. Sa foiblesse empesche qu'il n'ait de la violence, dont il a si laschement uzé de puis l[e ?] decès du feu Roi. – Le voiage de M. Ribier le doit mettre en cervelle. Vous n'aurés que ceci de moi maintenant. Je vous recommande le faict de la place »...
p. 137, lettre (Loudun) à Dupuy du 20 IV 1616
« Nos prelats en sont plus François pour la pluspart. L'ambition les aveugle & ne se faut estonner si les heresies pullulent, la charité & simplicité estant exstainctes en l'esprit de ceus qui servent de lumiere aux autres. »
« Pour le faict de Provence, l'on tient en ce lieu que celui qui estoit parti en poste a esté revocqué & qu'il n'a passé par [p. 138] Lion. Vous le devés savoir mieus par delà, car il doit estre de retour. S'il n'est de retour, il est passé en Provence sans passer par Lion. Le bien aujourd'hui est plus à souhaiter qu'il n'est à esperer. »
note 3, l'éditeur écrit à propos de Barclai accueilli à Rome par Paul V : « voilà bien l'expression des sentiments proto-jansénistes de notre grand historien ».
© Robert Descimon 1999-2006