Chatelain8

Chapitre II : Objets et itinéraires de la mémoire.


L'identité familiale est faite, aujourd'hui comme hier, d'artefacts qui signalent le lien et sa mémoire et qui contribuent à situer l'individu au sein d'un ensemble de relations symboliques. Les photos d'aujourd'hui constituent, par exemple, les instruments contemporains de cette assignation des positions dans la parenté, et l'on sait combien les tous petits enfants sont fascinés par le parcours de ces albums, constitué d'icônes qui permettent de nommer les uns et les autres. Les portraits d'hier ne sont pas les clichés d'aujourd'hui, mais il faut relever qu'ils individualisent, chez les notables, l'image des disparus et des contemporains. Cette capacité pourrait constituer l'un des grands clivages culturels entre riches et pauvres, qui disposent d'un autre type de mémoire pour dire leur généalogie fonctionnelle, et pour lesquels le portrait, l'effigie, moins banalisés, devaient revêtir un ascendant certain. Il en va de même pour les signes distinctifs collectifs mis en oeuvre par les lignages, au moyen de la signalétique des armoiries nobiliaires, et de l'héraldique.
Mais les maisons d'autrefois mettaient aussi en oeuvre d'autres privilèges mémoriels, aptes à matérialiser leur désir de distinction sociale, tout autant que leur identité collective : les pratiques funéraires catholiques, en leurs pompes et leurs oeuvres, n'ont pas peu contribué à façonner et à asseoir la puissance du corps familial des notables. Qui, en flânant dans une église, n'a eu le regard attiré par les cénotaphes ornementés de têtes de mort, les pierres tombales foulées depuis plus de trois cents ans par d'innombrables fidèles, ces visiteurs étant aussi interpellés par les ex votos plaqués aux murs, appelant à prier pour un pieux notable, disparu ou pour les siens - certaines sont atypiques par l'expression délicate de leur chagrin, comme les regrets de ce père du début du XVIIe siècle pour sa fille disparue dans la fleur de l'âge (église de St-Sulpice-de-Favière).
Le choix des lieux de sépulture des Miron et de leurs alliés se révèle donc riche d'enseignements quant à la «topographie» de leur identité personnelle. Et la liste des oeuvres qu'ils entendent laisser lors de leur décès, afin d'obtenir la rémission de leurs péchés, se révèle également riche d'enseignement quant à la forme de publicité qu'ils désirent, ipso facto, donner à leur nom et à leur maison.

L'imagerie du monde des vivants.

1) La maison, lieu de prestige.

Passer le seuil de la maison de la rue des Mauvaises Paroles (paroisse St Germain l'Auxerrois) pour entrer chez le lieutenant civil François Miron, ou chez ses parents, rue des Marmousets (paroisse Ste Marine), ou encore, carrefour du Chevalier du Guet (paroisse St Germain l'Auxerrois) chez Robert II, III, et François-Ours Miron, n'équivalait pas, on le sait, à pénétrer dans un espace privé, mais dans une demeure qui pouvait servir à des fonctions publiques : au moment de l'affaire Biron, le lieutenant civil dut par exemple détenir un complice du maréchal, dévolu aux basses oeuvres, La Fin, prisonnier sur ordre du roi. Henri III, selon cette mauvaise langue de Pierre de l'Estoile, organisait ses mascarades au logis de son premier médecin.
Plus ordinairement, l'habitation servait de lieu de travail et de réunion quotidienne : Robert reçut par exemple chez lui les membres du tiers Etat, dont il était président, lors de la clôture des Etats Généraux en 1615, venus pour se concerter après leur échec collectif. Si la maison (où l'hôtel), qui compte en général au XVIIe siècle plusieurs corps de logis, une porte cochère, des galeries, un jardin et des dépendances, sert à recevoir associés, fidèles, auxiliaires et collègues, elle est aussi lieu d'accueil pour la parenté. Quoiqu'articulée à la néolocalité des couples, la demeure ne regroupe pas tant la famille étroite que les représentants d'une branche, et sert au XVIIe siècle de marque distinctive à la lignée, dès lors que son membre fondateur a pu acquérir un logis dont l'architecture exprime sa qualité. Ainsi, François Miron ne reprend-il pas la maison de son père, mais en acquiert-il une pour lui-même et sa femme en 1600, pour laquelle il obtient ensuite une adjonction d'eau courante. Marc Miron achète à son beau-père, en plus de la seigneurie de L'Hermitage, deux hôtels sis rue Cousture Ste Catherine, paroisse St Paul, qu'il va complêter par d'autres acquisitions, de façon à posséder un groupement d'habitation congruent entre la rue Neuve Cousture Ste Catherine et la rue des Égouts. Les maisons seront transmises à ses fils, par vente ou donation, et ses petits-enfants Charlotte et Trajan Miron, à défaut de pouvoir continuer à y vivre, résideront toujours dans la même paroisse.
Ces maisons sont l'objet d'un investissement affectif assez fort : elles ont assurément une valeur économique certaine, mais pas seulement. Elles se rattachent à l'être social, aux anciens droits de bourgeoisie, à la patine patricienne, à l'histoire du corps urbain. Leurs frontons s'ornent parfois des armes de la famille qui en est propriétaire : A. de Baillon loue en 1671 une maison qui lui vient de son propre, sise rue Clochepercée, dont la façade porte les armoiries des Hector de Marle

Cab. des titres, PO 1973, f° 173, 31/01/1671, Contrat de location.. Pour Jacques Brethe, la demeure se joint à l'église paroissiale toute proche pour signifier l'hérédité immatérielle identitaire qu'il laisse aux siens. On y accueille les parents pour un plus ou moins long séjour : c'est chez le cousin de sa femme que vient à mourir Claude Gouffier, chez sa soeur et son beau-frère Miron que Jeanne Brethe, malade, et peut-être en délicatesse avec son mari, vient se soigner, chez ses grands-parents que Tristan, le provincial, est éduqué. Le quartier est un espace de sociabilité privilégiée, où liens de parenté, d'amitié et de voisinage se confondent. Guy Patin (1602-1672) décrit ainsi son bonheur :
J'ai acheté une belle maison où je demeure depuis trois jours, c'est dans la place du Chevalier du Guet, en belle vûe et hors de bruit. Elle me revient à 9000 écus (27 000 Lt), j'ai une belle Etude, grande et vaste, où j'espère de faire entrer 10 000 volumes, en y ajoutant une petite Chambre qui y tient de plein pied [ ... ]. Ma femme dit que voilà bien du bonheur en une fin d'année, son mari Doyen, son fils aîné Docteur ... une belle maison qu'elle souhaitoit fort.
Il est significatif que l'achat de la maison marque l'étape d'une ascension sociale individuelle, comme pour en asseoir le décorum, et qu'il revienne à l'épouse de célébrer les réussites des hommes, d'un même mouvement. Pour le savant médecin, le choix du lieu est conséquent d'une sociabilité dont il ne se fait pas mystère auprès de ses correspondants : «Je vais demeurer dans la place du Chevalier du Guet, joignant le logis de M. Miron, maître des Comptes», écrit-il ainsi.
En effet, Robert II Miron l'intendant et ses fils connaissaient depuis longtemps Guy Patin, et le premier était le parrain de son fils aîné Robert. En 1633, celui qui était alors ambassadeur en Suisse s'était rendu propriétaire par adjudication d'une «grande maison à porte cochère» sise au carrefour du Chevalier du Guet, dans la paroisse St Germain l'Auxerrois. Le corps de bâtiment comprenait aussi une chapelle, édifiée en 1628, qui en confirme l'apparat nobiliaire. Aussi, la maison est-elle reprise par le fils aîné, Jacques, puis par Robert III qui en rachète leurs parts à ses frères et soeurs
AN, MC IV-203, Robert III verse à cet effet une soulte de 11 000 Lt à sa soeur Marie Miron, épouse Vallée, en 1642. ; puis, après la mort de celui-ci, François-Ours Miron en devient le propriétaire et, à partir de 1665, la loue en partie à son ami et beau-frère Thierry Charpentier pour 1000 Lt par an. Entre les trois voisins, les fréquentations sont quotidiennes, mais glissent, en cette ère d'opposition politique larvée vis-à-vis de la politique colbertienne, vers un espace privé, où liberté de parole et gratuité de l'érudition dressent un cénacle ostensiblement paisible :
Je passe tranquillement les après soupers avec mes deux illustres voisins, M. Miron, président aux Enquêtes, et M. Charpentier, conseiller aux Requêtes, qui ont grand soin chaque soir de m'envoyer quérir, On nous appelle les trois Docteurs du quartier. Notre conversation est toujours gaye. Si nous parlons de la Religion ou de l'Etat, ce n'est qu'historiquement, sans songer à reformation ou à sédition. Nous nous disons les uns aux autres les choses à peu près comme elles sont. Notre principal entretien regarde les lettres...
Robert II, le père, de retour du Languedoc, avait assis son honorabilité dans le quartier en étant marguillier de la paroisse. La maison se rattache ainsi à deux pôles de pouvoir immédiats : le pôle religieux et paroissial, et le pôle de protection privilégié de la milice de quartier. Chez François Miron, le frère, une des chambres hautes est appelée «chambre des armées» et un petit arsenal y est entreposé (16 mousquets, 25 arquebuses) ; on sait que le fils aîné de Robert sera colonel de la milice de St Germain l'Auxerrois et versera à ce titre son sang pendant la Fronde. Mais la fonction de la maison peut changer radicalement : François-Ours, en proie aux dettes que l'on connaît, finira par louer en 1669, moyennant la somme de 2500 Lt par an, la belle demeure de sa lignée à quatre bonnetiers qui avaient l'intention d'y installer une manufacture de bas de laine
Dans les années 1850, la maison de la rue du Chevalier du Guet était occupée par la mairie du IVe arrrondissement de Paris ; sa qualité architecturale incitait N.M. Troche, historien du vieux Paris, à y voir l'ancien siège du Guet, F. Boudon, A. Chastel, H. Couzy, F. Hamon, Système de l'architecture urbaine. Le quartier des Halles à Paris, Paris, éd. du CNRS, 1977, t. I, p. 340, et n. 9. ...
En effet, lorsque des difficultés économiques apparaissent, la maison parisienne est louée par ses détenteurs
A. Pardaillé-Galabrun analyse la location comme étant le mode de logement majoritaire entre 1620 et 1790 : 14 % de propriétaires seulement vivent dans leurs murs, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, et préfèrent utiliser leurs belles maisons comme immeubles de rapport, quittes à eux-mêmes s'acquitter d'un loyer au montant inférieur de celui qu'ils perçoivent, A. Pardaillé-Galabrun,La naissance de l'intime, 3000 foyers parisiens XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, PUF, 1988, p. 199 et suiv., qui se replient alors dans leur résidence seigneuriale. L'un des illustres occupants de la maison de la rue des Mauvaises Paroles (achetée par François Miron) ne fut autre que le grand aumônier de la reine et évêque de Luçon Armand-Jean du Plessis, qui sous-loua l'hôtel particulier à Antoinette du Vair, veuve du conseiller au Parlement Nicolas Alleaume et représentant son défunt frère le garde des sceaux Guillaume du Vair : celui-ci avait signé un bail de location avec Robert II Miron, tuteur de Jean Miron, moyennant 2000 Lt par an
AN, MC LXXIII-187, f° 673, 15/09/1621, Sous-bail A. du Vair-A.J. du Plessis.. Il est étonnant de voir que ce même groupe de parenté -les Alleaume- avait procédé soixante ans plus tôt à un échange immobilier avec Gabriel Miron : celui-ci avait donc troqué sa belle maison de la rue des Marmousets contre une rente de 500 Lt (principal : 6000 Lt), avec Jean Alleaume. En 1618, son fils Jean II Alleaume percevait toujours une rente de 50 lt versée par les Miron
BN, PO 28, dossier Alleaume, n° 127, 29/03/1588, Transaction entre M. de Chomedey et M. Bastonneau ; PO 29, ibid., n° 252, 03/02/1618, Déclaration de L. de Chomedey.. Là encore, le lien économique immobilier était imbriqué dans un lien social.
En 1604, Marc II Miron loue lui aussi un de ses deux hôtels de la rue Cousture Ste Catherine (qu'il avait vraisemblablement racheté à son beau-père) pour le loyer annuel de 400 Lt. Puis, il fait donation de l'autre hôtel à son fils Charles. Il vend une petite maison rue Neuve Ste Catherine à Marc II et l'ensemble des enfants doit se partager l'hôtel restant, qui comprend deux corps de logis : en 1628, les héritiers survivants, Louis I Miron et son cousin germain Jacques, signent un accord pour vendre la moitié du premier hôtel, pour deux rentes se montant au principal de 13 200 Lt
AN, MC XXXIX-60, 16/11/1628, Compromis et échange entre L. Miron et J. Le Fèvre de Caumartin.. Dans le cas des Miron de l'Hermitage, les maisons parisiennes sont lâchées les premières, au contraire des seigneuries qui pétrifient la mémoire de la lignée, en un geste qui signale le renoncement aux charges publiques et le désinvestissement du cadre de sociabilité et de l'espace politique urbains.
Pour les autres Miron, la maison parisienne reste un espace de représentation sociale dont le mobilier intérieur se révèle plus riche que celui des châteaux, car il se rapporte directement au décorum des fonctions, et à la vie de tous les jours.

2) A l'intérieur de la maison : les miroirs de mémoire.

La lecture des inventaires après décès permet de passer l'huis de ces maisons d'il y a quatre cents ans, et l'on sait qu'entre la XVIe et le XVIIIe siècles, chez les notables, le luxe et le raffinement du mobilier augmentent, à proportion des espaces réservés à l'intimité et au confort. Alors que chez les Miron des XVIe et du début du XVIIe siècles, le mobilier est simple, souvent en beau bois de noyer, l'inventaire devient de plus en plus fastueux au fur et mesure que le siècle s'écoule, multipliant les fauteuils et sièges à tapisserie, les cabinets d'Allemagne en bois précieux, les miroirs vénitiens aux montants ouvragés et sertis, les tapis, les bassins en orfèvrerie ouvragée, les horloges etc. Mais si le lieutenant civil et prévôt des marchands François Miron, qui loge rue des Mauvaises Paroles, possède par exemple un intérieur cossu à la mode de l'époque, le luxe du lieu consiste davantage en une collection de belles tapisseries, de tableaux et de bijoux qu'en un mobilier qui reste sobre. Mais l'objet de ces lignes n'est pas de décrire ces intérieurs -cela a été bien fait par Annick Pardaillé-Galabrun mais plutôt d'insister brièvement sur l'espace mémoriel de ces lieux d'habitation.

Les instruments du savoir que sont les livres constituaient également des objets de luxe et de prestige familial (ils étaient d'ailleurs parfois armoriés). La bibliothèque de Robert II Miron est à elle seule un trésor d'érudition qui révèle les contenus de la culture de ce grand commis de la monarchie, et en faisait l'honnête homme admiré par Guy Patin. Dans son inventaire après décès, 191 titres sont répertoriés pour un ensemble de 300 volumes de qualité inégale (de l'in-quarto relié en cuir au livre de poche en papier cartonné)
AN, MC CXV-82, 26/08/1641, Inventaire après décès de Robert Miron.. Miron appartenait au groupe médian des grands bibliophiles de la capitale qui possédaient usuellement entre 100 et 500 titres ; pour la même période, H.-J. Martin ne recense qu'un seul personnage détenant un nombre supérieur de titres et il doit s'agir de G. Patin
H.-J. Martin, Livre, pouvoir et société à Paris au XVIIe siècle, Genève, Droz, 1969, 2 v., 3e éd. 1999, t. I, pp. 477-513. . Une importante proportion de ces titres (43 %) concernait le fait de la religion, que ce fût des oeuvres de la patristique (23 titres), de théologie, d'apologétique ou de droit canon. Il y avait en revanche peu d'ouvrages de spiritualité (3). Le président Miron avait de nombreux exemplaires de la Bible en français, des Psaumes, méditait Erasme mais encore plus les indigestes sommes du père Garasse. Les auteurs antiques gréco-latins (10,5%) élevaient son esprit, mais non les grands orateurs. Il lisait les stoïciens, Cornelius Tacite, Sénèque Suetone, Pline, Plutarque et la poésie de Catulle, de Martial ou de Virgile ; plus que d'histoire grecque, il était imprégné de pensée platonicienne (Platon lui-même, Philon et Marcile Ficin) et s'intéressait aussi au symbolisme antique (les Hiéroglyphiques). Quelques ouvrages de médecine (3) provenaient peut-être de ses ancêtres (dont Avicenne et Paré) ; en revanche, ne se trouve chez lui, ni ouvrage de sciences, ni de grands novateurs de l'époque (Gassendi, Galilée ou Kepler). Ce juriste de formation et de profession possédait de nombreux ouvrages de droit (27 %) : des exemplaires du corpus de droit civil (droit coutumier en particulier), des recueils d'arrêtistes (Bacquet, Louvet, Brisson). En outre, il possédait les traités des grands jurisconsultes de son époque (Choppin, Pasquier et surtout la République de Bodin) qu'il complétait par la lecture d'études d'histoire (12 titres, dont une Histoire du Languedoc), sans cependant compter l'Histoire de France de de Thou. Robert, magistrat humaniste, avait une sensibilité gallicane, formée à la lecture des auteurs du mos gallicus (Alciat, Budé et P. Pithou) ; mais son intérêt marqué et peu répandu dans son milieu pour l'histoire du concile de Trente (2 ouvrages), le droit canon et les prérogatives pontificales en faisait un catholique ultramontain tout à fois (même s'il est bien probable qu'une partie de ces livres soit provenue de la succession de ses deux oncles ecclésiastiques).

Chez son frère, le lieutenant civil François Miron, de nombreux espaces intérieurs étaient consacrés, non à la lecture retirée mais à la vie publique. Au moins cinq pièces servaient d'espace de réunion, deux salles et trois chambres, flanquées de cabinets et de pièces adventices : parmi celles-ci, une salle du rez de chaussée, la plus importante, ayant vue sur la rue Bertin-Poirée, comptait 20 chaises, donc vingt places assises pour «conférer». Sur les murs de cette vaste pièce, «28 petits tableaux sur toile, où sont peints plusieurs papes, avec leurs chassis et moulures dorées», auxquels font face «14 tableaux sur toile de plusieurs Rois de France, même celui à présent régnant, avec chassis et moulures dorées
AN, MC XLV-162, 14/07/1609, Inventaire après décès de François Miron.» : programme iconographique d'obédience politique, reliant catholicité et fidélité monarchique, auquel faisait face le sourire énigmatique d'une Joconde. L'intérieur du chancelier Bellièvre recelait de la même manière des portraits de diverses têtes couronnées européennes ou de dignitaires ecclésiastiques, qui lui en avaient fait don en récompense d'une mission
O. Poncet, Pomponne de Bellièvre ..., op. cit., p. 311.. Au premier étage, dans la chambre haute (futur salon), il y avait encore un portrait sur bois représentant «le Roi en Mars foudroyant le Maréchal de Byron», qui atteste de la popularité auprès des robins parisiens de cet épisode de la geste henricienne, luttant contre le pouvoir des grands nobles gouverneurs. Mais c'est dans la chambre du défunt, qui faisait aussi office, on le sait, de lieu de réception et qui comptait à ce titre douze chaises, qu'était constituée une sorte de chapelle généalogique, où pénétraient ses visiteurs : étaient assemblés dans ce saint des saints un portrait souriant de François (aujourd'hui conservé), celui de sa femme (pourtant détestée) -l'effigie de son beau-père, le président Brisson étant reléguée dans un cabinet en compagnie de deux portraits de la Vierge-, le portrait de son fils unique Jean, ainsi que «18 portraits où sont des parents dud. défunts [dont vraisemblablement le portrait peu flatté de Gabriel I, le médecin d'Anne de Bretagne] et le dernier chancelier décédé [Pomponne de Bellièvre], avec le duc de Montmorency ainsi que Madame de Guise (Anne d'Este]». La mémoire du lignage associée à celle des grands patrons pour lesquels les Miron avaient parfois oeuvré, imprégnait donc de sa présence les rapports publics quotidiens de l'édile. Cette pratique correspondait à une norme sociale : Philippe Hotman conservait par exemple dans sa chambre un portrait de son père, face à un crucifix ... Des portraits à caractère pieux devaient servir de miroir à la conduite du magistrat: son saint patron, St François, jouxtait la vierge Marie et «Nostre Seigneur» en une espèce de sainte famille, doublant la famille terrestre. En outre, cette chambre était ornée d'une belle tapisserie de «huit pièces, représentant huit planètes, de deux haulnes et demi de haut», qui provenait peut-être de l'intendant des finances Robert Miron.
La spécificité de la tapisserie de huit pièces (estimée 700 Lt) apparaît à la lumière d'une querelle survenue quarante-trois années plus tard, lors de la rédaction de l'inventaire après décès de son neveu Robert III (le Massacré). Celui-ci, par son père, avait hérité de cette tapisserie, réduite à sept pièces principales en 1652 et aujourd'hui, sans doute à une seule (?). Adrienne de La Ferté, qui ne souffrait pas son beau-frère François-Ours, avait désigné l'objet pour être inventorié, ce à quoi s'opposa le second : «une tapisserie de haute lisse ancienne de sept pièces, chacune de deux aulnes et trois quartiers environ de hauteur où sont représentés des sphères et armes de la maison des Miron». François-Ours eut alors ses paroles :
[Les pièces de cette tapisserie] n'avoient jamais esté inventoriés ny partagés mais donnés à l'aisné de la maison des Mirons comme il paroist en fin de l'inventaire des biens de deffunct M. le président Miron [Robert II] leur père, portant que [ces objets] ont esté donnez et laissez aud. deffunt sieur Miron [Robert III] comme fils aisné du consentement de tous ses autres cohéritiers, suivant l'ordre et projet dud. sieur président Miron
AN, MC CXV-119, 17/07/1652, Inventaire après décès de Robert III Miron, clôture de l'inventaire..
Et François-Ours demandait donc la tapisserie «comme estant seul masle de la maison dud. deffunt président Miron», et les cohéritiers, la veuve et ses nièces, accédèrent à sa demande, «suivant l'intention dud. feu sieur président Miron, leur père».
En tant qu'objet investi par une mémoire lignagère s'appuyant sur une dévolution en primogéniture masculine de longue durée, cette tapisserie est doublement inédite : elle constitue l'un des rares supports emblématiques de la maison Miron allant en ce sens, alors que la transmission des noyaux durs du patrimoine autant matériel que symbolique (offices, seigneuries) suivait en fait des lignes agnatiques temporaires, voire volontiers indifférenciées, on l'a vu ; ainsi, Robert II et sa femme avaient favorisé une répartition égale de leurs biens entre leurs héritiers.
Un morceau de la tapisserie a été conservé, dont la photographie figure ici. Il s'agit d'une tapisserie dite «aux mille fleurs», réalisée à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle par des artistes flamands
Ces tapisseries étaient très prisées par les membres fortunés de la Chancellerie royale du début du XVIe siècle : S. Charton-Le Clech, Chancellerie et culture au XVIe siècle, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 1993, pp. 148-155., qui joue sur des figures armoriales euphoniquement identiques aux noms qu'elles illustrent et que l'on appelle pour cette raison armoiries parlantes. Au centre de l'ouvrage figure un pommier portant à son faîte un blason en écu, aux armes des Miron, qui sont de gueules (rouge) au miroir d'argent arrondi, pommelé et cerclé d'or. Au dessus du blason est perché un grand volatile (un faisan ?), auquel semblent répondre les divers oiseaux, pies, faucon, geai, qui volent autour de l'arbre de la connaissance. Surplombant ce jardin des vertus paradisiaque, deux anges soutiennent une sphère astronomique, au nord et au sud de laquelle scintillent deux étoiles, alors qu'une double bande la recouvre portant des caractères grecs. La quadruple bande qui entoure les extrémités de la pièce répète la même devise, qui est un hymne à la charité divine : « Aqui par foy, charité espère, au bon endroit vers lui tornent, l'espère». La figure du miroir, meuble de l'écu, joue probablement sur le terme de «mire», qui désigne la profession de médecin en ancien français, mais symbolise aussi le «speculum» du savant en son cabinet. La sphère représente le ciel, espace annonciateur de changement et reflet de la vérité profonde de l'individu. Sur l'oriflamme que déploie l'ange de droite, semblent tracés les caractères formant le mot : Asia. Peut-être est-ce une manière de souligner le souvenir du passage et de l'émigration dans un symbolisme judéo-chrétien ? La branche cadette fondée par Marc Miron, quant à elle, avait gardé comme objet de mémoire relatif aux origines du lignage, le certificat de naturalisation de leur ancêtre Pierre Miron (1501).
Dans les usages, d'autres objets portaient les insignes blasonnés de la maison : parmi les pièces d'argenterie, les «chapelles», par exemple, étaient composées des instruments du culte catholiques, sur lesquels étaient gravées les armoiries lignagères. Ces objets précieux circulaient entre les familles, et pouvaient constituer à l'occasion des gages : en 1637, la seconde épouse de François Payot (fils aîné de Gabrielle Miron) fit soustraire de l'inventaire des biens de son mari un calice aux armes de son premier époux Bertrand Soly (séparé de biens d'avec elle)
AN, MC CXV-74, 23/10/1637, Inv. après décès de François Payot.. Dans son testament de 1697, Charlotte Miron remet à sa filleule Madame de La Court «un miroir de la valleur de la somme de 700 Lt en un reliquaire en soleil de vermeil doré où sont les armes de M. de Caumartin et de lad. testatrice
AN, MC CVII-272, 18/09/1697, Inv. ap. décès de C. Miron.». La testatrice conservait une créance constituée par une rente au principal de 11 000 Lt datant de 1686, à faire valoir sur la succession de Louis-François de Caumartin et sa veuve Marie-Urbaine de Ste Marthe, et le reliquaire lui avait sans doute été donné en récompense. Charlotte avait aussi conservé l'original du portrait de Marie Miron, épouse du garde des Sceaux Louis Le Fèvre de Caumartin, qu'elle «ordonne que l'on porte à son descendant». La succession de son oncle Marc II avait déclenché en 1619 un conflit entre ses frères et leur soeur Marie, tante de Charlotte. Dans une querelle successorale, capter une représentation de l'image de l'autre, l'ennemi, ne constituait-il pas une aimable vengeance ? Mais une vengeance symbolique, à laquelle, face à une fin prochaine, il convenait de mettre un terme, après soixante-dix-huit ans de rétention.

L'habitat des morts.

Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, les vivants demeurent autour des morts : les plus notables sont enterrés dans leur église paroissiale, au plus près du choeur et de son autel où est célébré le Saint Sacrifice de la messe, après lequel demeure désormais le St Sacrement offert à l'oraison des fidèles. Si ce lieu de culte est gorgé d'ossements, comme cela arrive de plus en plus fréquemment car la population urbaine augmente, le corps du défunt est enterré dans le cimetière qui l'entoure, mais un organe en est prélevé, comme ce fut le cas pour Marie Demareau, épouse de l'intendant des finances Jacques Vallée, décédée en 1624, dont les entrailles furent inhumées dans l'église, manière littérale de dire son attachement à cet espace sacré
G. Baguenault de Puchesse, «La famille Vallée», Bulletin de la société archéologique et historique de l'Orléanais, t. XVI, n° 201, 3e et 4e trim. 1911, pp. 107-108.. L'église de la paroisse constitue un espace de communication privilégié entre les vivants et les morts, entre l'au-delà et l'hic et nunc. Le testament de Jacques Brethe, qui fut un ligueur modéré, un catholique pieux autant qu'un pater familias respecté, explique ce choix :
Quant au lieu [ de sépulture ], s'il plaist à ma femme, Mon Intention est que ce soit en l'église M. St Germain l'Auxerrois, si je décède à Paris, puisque Dieu m'a fait la grace de naistre en lad. paroisse, d'y avoir esté baptisé et y avoir tousjours fait ma demeure, et si possible est, entre le coeur de lad. église et le banc où mad. femme se met, Afin que mes enfans qui pourroient faire leur demeure en la maison que Je tiens et leur laisse et pourront avoir le mesme banc, Ayent Souvenance de moy en leurs prières, Voyant le lieu où mon corps aura esté mis et posé
AD Yvelines, Suppl. E 174, 15/05/1609, Testament olographe de J. Brethe..
Rien d'abstrait, aucune expression idéelle d'un quelconque ordre lignager, mais bien plutôt son expression existentielle, qui renvoie à une évidence de sens, grâce à une chaîne de proximité physique, qui active la mémoire : au présent, entre la tombe, le banc et le logis tout proche. Le concept de topolignée, élaboré par A. Guerreau-Jalabert semble ici encore opérationnel, quoique de manière bourgeoise : ces notables parisiens qui possèdent des seigneuries, préfèrent d'abord se faire inhumer près du lieu de leur naissance, plutôt qu'à côté de leurs châteaux. Ce choix se rattache souvent au lieu d'alliance matrimonial : le membre fondateur d'une lignée, venu se fixer par son mariage dans un quartier parisien, y crée un caveau de famille. Lieu de sépulture et néolocalité sont ainsi deux phénomènes concomitants au XVIe siècle, alors que les seigneuries sont soumises aux aléas des déplacements géographiques et des nécessités démographiques et successorales. La communion des saints est ici urbaine !
Ainsi, la branche créée par Marc I Miron élit l'église St Paul pour dernière demeure, là où Jeanne Barbedor, belle-mère du médecin, avait demandé à se faire inhumer, sans doute en compagnie de son mari, en expliquant simplement qu'il s'agissait de sa paroisse
AN, MC XIX-329, 23/12/1582, Testament de J. Barbedor.. Tous les fils Miron de cette lignée les rejoindront, l'évêque Charles précise : «en l'endroit de la sépulture des deffunts sieurs de l'Hermitage, mes Père et frère aisné
AN, MC CV-521, 07/01/1620, Testament de C. Miron.». Son neveu Trajan Miron émet semblable voeu, et sa soeur Charlotte aussi, bien qu'elle choisisse le cimetière et non plus l'église, saturée de défunts. Quant aux Miron de la branche aînée, s'ils demeurent fidèles à l'île de la Cité des beaux-parents de Gabriel Miron, ils se dirigent vers l'église Ste Marine, leur église paroissiale, et non plus vers celle de Ste Madeleine en la Cité, toute proche, où la mère de Madeleine Bastonneau avait son banc à prières. En effet, Gabriel l'a élue pour y reposer sous la tombe de Jean Hurault, président de la cour des Aides, le grand-père maternel de sa mère Geneviève de Morvillier. Désormais, tous ses fils et petits-fils se feront enterrer à ses côtés.
Les épouses suivent volontiers la famille de leurs maris, une fois que l'ancrage parisien de cette belle-famille a été bien établi : la belle-soeur de Robert II Miron, Jeanne Brethe, désire ainsi rejoindre en l'église St Médéric sa belle-mère Bavyn. Marie Baron, épouse de François de Pommereu, morte à l'âge de 33 ans, «désire être inhumée au tombeau des ancestres de son mary, quy ci dessous gisent depuis l'an 1545
Epitaphier du Vieux Paris, t. V, § 2956.», mais il n'est pas sûr que sa belle-mère Geneviève Miron ait reposé là : quelques femmes manifestent en effet une certaine indépendance, due à leur veuvage. Le corps de Robert I Miron, sieur de Chenailles, avait été déposé en l'église des Jacobins de Tours (où il a été retrouvé en 1882
A. Miron de l'Espinay, François Miron ..., op. cit., p. 2 et n. 3. La pierre tombale a été déposée au musée de Tours.), lieu présumé de la sépulture de son père François Miron et de son épouse. Mais son épouse Marie Vallée avait fait construire vers 1610 une chapelle funéraire pour elle et sa soeur Claude, en l'église St Denis de l'Hostel, près de Jargueau
AN, MC XVI-34, 20/08/1616, Confirmation d'une fondation funéraire par C. Vallée, veuve de G. Brochet. (à proximité donc du domaine de Chenailles), alors qu'en 1614 leur frère Jacques fut enterré en la paroisse de Ste Colombe d'Orléans, «en un jardin plein d'immondices» selon la plume vengeresse de son curé, qui le traite d'hérétique et d'athéiste... Cependant, son épouse Marie Demarau avait obtenu d'être ensépulturée non loin de lui, mais en terre consacrée
G. Baguenault de Puchesse, op. cit., pp. 107-108. : ainsi, non sans heurs, le couple était resté proche de la maison orléanaise de la rue des Gobelets achetée par le grand-père Girard Vallée. Mais en 1640 Barbe Dollu, leur belle-fille, demandait à être enterrée aux côtés de son père François Dollu
AN, T 247 (5), 27/07/1640, Codicille de B. Dollu à son testament du 18/06/1640. Mais le mari de Barbe, Jacques II Vallée, sieur des Barreaux, semble avoir été un «hérétique» comme son père.. Choisissant aussi le père, au détriment d'un premier époux, -une élémentaire diplomatie conjugale l'exigeait peut-être vis-à-vis du second-, Adrienne de La Ferté fut inhumée en 1658 dans la chapelle de Villeroy, famille dont Tranquille de La Ferté avait été l'intendant
Vieil Epitaphier de Paris, t. V, § 2956.. En revanche, Marie Miron ne suivit pas son père, le général des finances François Miron, sans doute enterré à Nantes avec sa femme, mais demanda à ce que son corps soit ramené à la chapelle du château de St Loup où reposait feu son époux Claude Gouffier, ce dernier ayant souhaité rester aux côtés de son père le duc de Roannez (Roannois), qui y avait faire construire «une voûte»
AN, MC CV-517, 08/01/1618, Testament de Claude Gouffier de Boissy ; CV-520, 29/08/1619, Testament de Marie Miron, épouse Gouffier.. Si les épouses suivaient donc en général leur mari pour l'éternité, elles retournaient parfois chez leur père, ou leur consanguin le plus proche, lorsqu'elles n'avaient pas eu d'enfants les liant à la lignée de leur époux, ou lorsqu'elles étaient en délicatesse avec celle-ci -ce qui était le cas d'Adrienne de La Ferté. Les époux retournaient au lieu de leur origine (patrilignagère) qui, elle-même, pouvait s'enraciner dans une alliance matrimoniale néolocale fondatrice.
On le sait, la sensibilité religieuse s'était modifiée en un siècle, et l'imposant apparat funéraire dont François Miron avait fait preuve pour illustrer son état était démodé cinquante ans plus tard. En 1607, il avait fait d'abord poser dans l'église une épitaphe en marbre, portant la fondation d'un obiit en faveur de son père Gabriel Miron. Puis, il manifesta auprès des siens l'intention d'asseoir là un culte à son nom, et mourut sur ces entrefaites en 1609. Le conseil de famille qui se réunit pour élire le tuteur de son fils, Jean, statua sur l'octroi d'une rente de 56 Lt, provenue de l'héritage de l'oncle Chenailles et garantie à concurrence de 15 Lt, à remettre au curé et aux marguilliers de la paroisse dans le but de fonder un obiit
AN, MC XLV-136, 26/06/1610, Contrat de fondation entre R. Miron et le curé de l'église Ste Marine. : celui-ci aurait lieu chaque jour anniversaire de la mort du lieutenant civil, le 4 juin. Après avoir chanté la veille à sa mémoire les «vespres et mastines des trespassés nommées vigilles», le curé célébrerait une messe haute (chantée) de Requiem, précédée des recommandations (litanies) et suivie du Libera nos Domine, du psaume De Profondis, d'un Salve Regina, «et pour d'abondant estre led. deffunt Messire François Myron recommandé aux prières universelles de lad. esglise, ensemble ses parents et amis». Sur la tombe du défunt, serait dressée l'effigie d'un cercueil, couvert d'un poêle «portant les armes dud. défunt sieur Myron» (remplacées en 1616 par des inscriptions de prière), illuminée par une chapelle ardente : quatre cierges aux coins du poêle, deux sur l'autel, et une herse de treize gros cierges devant le tombeau, «avec un cierge pour l'offrande, et le pain et le vin».
Le contrat dressé entre Robert, le curé Antoine Ballin et le marguillier de la fabrique paroissiale, Etienne d'[Aubrouille?], intendant de la maison du cardinal de Gondi, en énumérait tous les détails organisés de façon minutieuse. Il prévoyait le don en pleine propriété à la fabrique des ornements réservés à la célébration du culte de la mémoire Miron : une nappe d'autel, une chasuble, des pantes et une pointe de velours, et deux rideaux de damas «armoriéz des armes et devises dud. deffunt». Ces ornements faisaient l'objet de dispositions très soigneuses : les marguilliers devaient les tenir à la disposition de la famille, et ils étaient remis à la garde de M. Bastonneau «pour être plus soigneusement conservez». Malgré toutes ces précautions, une partie du contrat ne fut pas exécutée (peut-être parce que la rente promise avait été réduite à sa portion congrue de 15 Lt) et en 1616 le président Robert Miron, assisté de ses soeurs et de ses gendres, en renouvelait les termes avec le même curé, moyennant une rente annuelle de 30 Lt
AN, MC XLV-145, 03/02/1616, Contrat de fondation entre R. Miron et le curé et fabrique de l'église Ste Marine.. Si les dispositions concernant l'édification du tombeau de François Miron étaient rappelées, il s'agissait aussi de fonder deux obiit analogues, aux jours anniversaires des décès du père et de la mère, Gabriel et Madeleine Bastonneau. Somme toute, la célébration de la mémoire du magistrat civil reposait davantage sur de poétiques tombeaux que sur son lieu de sépulture
Michaud, Dictionnaire ..., op. cit., Selon l'auteur de la notice consacrée à Guy Patin, ce dernier passait pour être l'auteur de l'Eloge de François Miron, imprimé sous la direction de Papire Misson et cité par A. Miron de l'Espinay. . Celui-ci était intégré à un culte familial privé, avec ses instruments marqués d'emblèmes lignagers, qui contribuait à imprégner les jeunes générations de la grandeur de la maison qu'ils étaient appelés à prolonger.
Mais, à mesure que l'orgueil patrilignager croissait dans les esprits des descendants de ces grands magistrats, en s'accompagnant d'une affirmation sans précédent des prérogatives autant matérielles que symboliques de l'aînesse, à mesure, leurs manifestations funéraires se dépouillèrent de leurs prétentions sociales passées. Les Miron de la branche cadette comme de la branche aînée sont unanimes à réclamer, auprès de leurs exécuteurs testamentaires, la plus grande sobriété possible pour leurs funérailles, - «sans tapisserie, armoirie, ni pompes funèbres» exige ainsi Charles Miron en 1628, «sans aucune tenture, armes ny chapelle ardente» demande en écho François-Ours en 1670, alors qu'en 1610, Barbe Dollu écrit vouloir, à l'instar de son père François, être inhumée le plus simplement que faire se pourra, et «désire que ma volonté soit mieus observée que n'a esté la sienne pour ce regard». Cette ultime volonté d'abdiquer ostentation du rang et du bien s'enracine dans la pédagogie de la Contre Réforme et avait commencé à se faire sentir de façon inégale, dans le réseau de parenté étudié, à l'orée des années 20. Elle se justifie souvent par le modèle du père : Claude Gouffier déclare, en 1618, qu'il ne veut pas de «procession funèbre, attendu qu'il n'en feu aucuns lors de l'enterrement de feu M. le duc de Roannois son père». Au contraire, un an plus tôt, Jacques Brethe avait émis le souhait que ses funérailles «soient le plus dénotées et honorables que faire se pourra».
Ce sont deux modèles qui se confrontent : l'un est empreint de bonne conscience et d'incorporation urbaine, et l'autre est clivé entre une foi intériorisée et une certaine culpabilité née de la conscience de trahir les exigences de la morale, pour maintenir l'honorabilité du rang. Cet écart entre idéal et pratique est-il à l'origine de la multiplication des dons aux pauvres et des demandes d'intercessions ? François-Ours, magistrat et escroc distingué, fait ainsi don de la somme de 1000 Lt à l'Hôtel Dieu de Paris et à l'Hôpital Général (dont son beau-frère Christophe Leschassier avait été directeur) « à charge d'une messe haute [ annuelle] pour les âmes des pauvres qui n'ont pas le moyen de prier Dieu». Il verse également une rente annuelle de 50 Lt par an au maître d'école de la paroisse de Bry sur Marne, dont il est seigneur. La volonté de mériter son paradis par des oeuvres pies se modifie et se dirige ainsi davantage vers une forme d'assistanat charitable, alors que ce zèle s'orientait auparavant vers les médiateurs religieux (moines et moniales) qui, ayant fait voeu de pauvreté, étaient à même de prendre spirituellement en charge le surplus de richesses des notables. Le grand-père maternel de François-Ours avait de cette manière distribué une trentaine de livres tournois aux divers ordres mendiants et conventuels de Paris, en centrant sa demande de prières sur l'ensemble de sa famille «noz défunts pères, mères, frères, soeurs, enfans et trespassés». A l'inverse, ses descendants se montrent désormais préoccupés par une rédemption aux dimensions plus individuelles, moins inscrite dans une perspective lignagère -qui présupposait une division des tâches «opérationnelle» entre ceux qui vivent tournés vers Dieu, et ceux qui sont immergés dans le siècle
Voir P. Chaunu, La mort à Paris, XVIe-XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1978 ; M. de Certeau, L'écriture de l'histoire, Paris, Gallimard, 1975, réed. 2002.. Entre ces deux axes de spiritualité, des solutions de continuité pourraient avoir existé cependant : l'inflation de messes qui marque la Réforme catholique, concerne aussi les ordres anciens. La pieuse Barbe Dollu verse 48 Lt à divers ordres religieux contre 50 messes, demande à 18 pauvres de suivre son convoi et affecte surtout 700 Lt au service des miséreux. Le souci des pauvres n'empêche pas le déploiement de la mémoire des siens. Jacques Miron, qui entend laisser des épitaphes honorant nommément sa famille, affecte 7200 Lt aux hôpitaux de Paris et d'Auch. Mais Charlotte Miron, qui commande 400 messes à dire après son décès (contre 400 Lt) et remet la valeur de 4350 Lt (350 Lt et une rente de 200 Lt) aux pauvres, aux malades et aux incurables, ne fait pas une allusion au culte familial.
Son oncle Charles Miron, ci-devant évêque d'Angers, avait demandé 5 services le lendemain de ses funérailles à la paroisse St Paul et aux quatre ordres mendiants de Paris, effectué une donation de 1800 Lt à l'Hôtel Dieu de la capitale, mais aussi créé une fondation de 3600 Lt destinée aux pauvres d'Angers. Il y avait joint une demande de service annuel en l'église cathédrale de cette même ville pour le salut de son âme, moyennant la même somme : on sait que Jean Louvet sera sensible à cette forme de remémoration, qui l'incite à accorder son pardon à son ancien évêque, intempestivement réformateur. Un autre clerc, Louis Miron, archidiacre d'Angles (église métropolitaine d'Auch),entend également effectuer d'importantes dons aux administrateurs de l'Hôtel Dieu d'Auch, aux conditions d'apposer dans l'église une inscription à sa mémoire et à celle de sa famille, pour qu'il soit fait mention de leur nom «dans toutes les prières» ; et, par l'intermédiaire de son frère Jacques, il lègue également un fonds de 4800 Lt au recteur de son archidiaconné, «à la charge de faire dire à perpétuité une messe basse de Requiem en lad. esglise à son intention et de la famille»
AN, MC CV-77, 27/03/1639, Testament de Jacques Miron, conseiller à la Cour des aides ; LXXVIII-236, 29/08/1632, J. Miron, exécution testamentaire.. Ici, les fondations ont un rôle public et même politique. Elles révèlent une double appartenance des ecclésiastiques bénéficiers, à la fois attachés à la circonscription dont ils ont été pasteurs et à la paroisse de leurs origines lignagères.
L'évolution de la forme des fondations pieuses n'est donc pas linéaire, et diffère selon la fonction et le genre des personnages concernés. Mais globalement, son souci du collectif parentélaire se fait moins prégnant, au profit de l'affirmation individuelle.
* * *
Celle-ci se sépare difficilement de l'expression d'une problématique existentielle qui lui est propre : à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, les testateurs s'autorisent à exprimer davantage qu'auparavant les contradictions issues de la multiplicité des positions qu'ils occupent simultanément. La renaissance de la tragédie littéraire et théâtrale accompagne ce mouvement de prise de parole, lui fournit des modèles autant qu'elle s'en nourrit et sublime des dilemmes entre le tout et ses parties, qui font osciller discours sur le devoir dû au roi et devoir dû au frère, fidélité due à l'amant, ou au mari, au roi ou au père, en une suite de variations inépuisables dont la comédie prendra ensuite le relais. Prise dans cette dramaturgie, la confession personnelle devient un monologue substantiel. Barbe Dollu désire par exemple laisser la trace de son déchirement de mère, qui a perdu un nouveau-né, et trouve moyen de dire par un extraordinaire testament, qui est autant une confession directe adressée à son Créateur qu'à ses enfants, son second mari, ses frères et cousins, la profonde culpabilité qui la taraude depuis la mort du petit. Car, l'ayant perdu au terme d'un accouchement difficile, au cours duquel elle faillit rendre l'âme, elle balance entre la joie d'avoir la vie sauve et l'impression obsédante d'avoir échangé sa vie contre celle du mort-né.
Je confesse mon Dieu mon père mon sauveur mon créateur mon rédempteur et devant la présence de la sainte trinité que je ne vous ay point assez suffisamment remerciee du danger dont vous me [avez] desja tiree par quatre diverses fois et principallement il y a XX mois savoir le 2e decembre 1638 dilayant par une grace specyale guarentie du danger ou j'estois moy et une pauvre petite creature quy ne meritoit point qu'à cause de mes meffaits souffrir si promptement la mort.
Et cependant contre toute esperance vous l'aves colloquee avec vos saints Anges dont je devrois a raison de ce cy grand benefice vous en rendre graces a toutes les heures du jour
AN, T 247 (5), 27/07/1640, Additif au testament de Barbe Dollu. Ce document a été découvert par Elodie Milez..
Ce type d'expression, se retournant d'un mouvement sur un fait pour en tirer son sens contraire, que l'on peut commodément qualifier de baroque, permet de résoudre les cas de conscience, dont l'expression se multiplie et que la rhétorique bien adaptée des Jésuites prend en charge au grand dam d'un Pascal. Ainsi Barbe put-elle apparemment formuler un discours au sujet du conflit intérieur qui la tourmentait. Il est singulier de noter que son fils aîné, Jacques III Vallée des Barreaux -que la pieuse femme avantagea beaucoup dans son second testament- devint le grand libertin que l'on connaît ; il choisit ainsi malgré tout de rester fidèle à la mémoire de son père plutôt qu'à celle de sa mère, qui, pour contrer ce dernier, avait voulu le faire éduquer par les Jésuites.
L'exemple est suggestif et nous montre l'intérêt qu'il y a à étudier les conflits aigus de parenté, c'est à dire ceux qui ne sont pas résolus à l'amiable parce que la supériorité des intérêts du corps et de la maison, s'est imposée à ces membres. Leurs enjeux comme leur expression vont désormais retenir l'attention, afin de pouvoir mieux comprendre les métamorphoses de l'ordre familial entre les XVIe et XVIIe siècle, manifestés en particulier par les modifications de l'économie matrimoniale.



Chapitre III- Logiques des conflits et conflits des logiques.


«Hâte-toi de t'accorder avec ton adversaire, tant que tu es avec lui sur le chemin, de peur que l'adversaire ne te livre au juge, et le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison. En vérité, je te le dis, tu ne sortiras pas de là, que tu n'aies rendu jusqu'au dernier sou». Matthieu, 5-25-26.

Les conflits familiaux constituent un sujet historiographique qu'un récent intérêt a sorti des limbes auxquels l'avait consigné le mythe d'une solidarité lignagère sans faille, qui était censée encadrer l'individu d'Ancien Régime du berceau à la tombe, alors que seuls les trop pauvres et les trop désaxés en auraient été retranchés. Du jugement moral implicite et nostalgique d'un ordre idéal, à l'interrogation épistémologique au sujet des marges et de l'«exceptionnel normal», le chemin parcouru est indéniable. Le débat a porté par exemple sur le problème de la représentativité sociale des comportements individuels («nous ne pouvons... appliquer les mêmes procédures cognitives aux groupes et aux individus» écrit G. Levi
G. Levi, Les usages de la biographie», Annales ESC, n° 46, nov. déc. 1989, pp. 1325-1335.),
Or, dans un article consacré aux conflits entre pères et fils dans les milieux dominants au XVIIIe siècle, étudiés grâce aux factums déposés aux Archives départementales du Doubs, M. Daumas constatait : «si toutes les familles ne font pas l'expérience de ces événements dramatiques, toutes en ont entendu parler, se sont senties un jour menacées
M. Daumas, «Les conflits familiaux dans les milieux dominants au XVIIIe siècle», Annales ESC, n°4, juillet-août 1987, pp. 901-923.». Le conflit des Mirabeau père et fils serait ainsi représentatif d'un contexte relationnel propre au XVIIIe siècle, que résument sèchement les célèbres malédictions lancées par le marquis de Sade contre l'ordre familial, qui pervertit ses membres par une éducation contre-nature. Si le XVIIIe siècle serait le siècle de la révolte -voire du meurtre du Père- il est difficile de ne pas voir que le XVIIe siècle commence par une sorte de long procès fait à l'encontre des femmes, de leurs pouvoirs occultes et/ou de leur influençabilité. De la chasse à la sorcellerie rurale et aux femmes infanticides à l'orée du siècle, aux effrois de la possession urbaine en pays de frontière confessionnelle, jusqu'à l'affaire des Poisons, au coeur de la capitale politique du royaume, mêlant satanisme et criminalité politique, et à la crise oppositionnelle des convulsionnaires conventuelles de St Médard : au cours de la lente extinction des conflits politico-religieux ayant marqué le XVIe siècle, le démon prend corps dans le féminin, médium privilégié, qui oscille entre activité maléfique (la sorcellerie) et passivité victimaire (la possession).
Cette mise en contexte très schématique n'est pas innocente : la plupart des conflits secouant le lignage Miron et ses alliés au XVIIe siècle sont centrés autour de femmes, par lesquelles ou autour desquelles le scandale arrive. Pour vénérables qu'elles soient, ces familles ne sont pas à l'abri du sensationnel, et les factums ne sont pas faits pour étouffer leurs affaires privées, mais au contraire s'adressent, pour l'émouvoir et le convaincre, au corps social, afin de le faire intervenir dans la spirale conflictuelle et mettre fin à celle-ci avec avantage. Il existe donc une dramaturgie collective qui active et réactive les scènes par lesquelles les groupes de parenté évacuent leurs «humeurs opiniâtres». L'analyse des conflits graves survenus au sein du groupe de parenté Miron permet de dégager quelques traits principaux :
1. Les conflits de parenté sont plus rares au XVIe siècle qu'au XVIIe siècle - leurs enjeux réels sont dissimulés, mais débouchent sur une issue publique très violente, explosive.
2. Les conflits du XVIIe siècle sont plus médiatisés, davantage encadrés, et malgré leur déroulement marqué de soubresauts plus visibles, ils se résolvent de façon plus pacifique qu'au XVIe siècle.
3. Centrés sur elles, les antagonismes du XVIIe siècle soulignent combien s'est modifiée la place des femmes dans les échanges matrimoniaux. H. Merlin compare la structure narrative de deux tragédies ayant remporté un grand succès au XVIIe siècle : celle du Cid (1637) et la Mariamne de Tristan (1636).
Hélène Merlin, «El yo entre el padre y el rey en al theatro de Corneille (Corneille et la figure du parricide)», Figura del Padre, textes réunis par S. Tubert, ediciones Catedra feminismos, Madrid, 1996. :
Marianne est celle qui se refuse au désir d'Hérode au nom d'une fidélités aux siens (tués par Hérode) que les tragédies de Corneille feront passer au second plan : c'est bien le scandale du Cid que cette passion «parricide» de Chimène pour Rodrigue. Chimène accepte d'endurer un partage de soi, d'être à la fois fille et maîtresse. Pas Mariamne qui fait de la fidélité au corps familial un principe de division du corps conjugal [...] Ni Mariamne ni Hérode ne sont capables de ménager des espaces différents -de distinguer affaires domestiques et affaires politiques, affaires familiales et affaires conjugales [...] [Hérode] est... dans la nostalgie de l'unité, et c'est par cet impossible renoncement à l'Un qu'il se révèle un tyran.
Dans le même temps est appréhendée la difficulté méthodologique inhérente au sujet abordé, qui défie la rationalité du discours analytique : «invariant structurel», la querelle insoluble surgit là où l'évidence des solutions dans le champ juridique, économique, culturel, psychologique... cesse, là où le tourbillon des références multiples et incompatibles prend corps ; ses protagonistes excédés se fixent dans des oppositions qui leur permettent de suspendre leurs contradictions internes. Le conflit surgit ainsi «au seuil de la maison» comme un phénomène aux dimensions individuelles qui défie le lien social de se recomposer là où il faiblit. Par l'activité jurisprudentielle, il nourrit la réflexion sur l'actualité de la norme. De manière un peu fonctionnelle, il se prête à une typologie du conflit insoluble. Quels en sont les acteurs, les enjeux, les modalités, les tiers sociaux intervenants et les issues?
* * *

Les acteurs et les enjeux des conflits insolubles.

1) Les conflits de génération.

Au XVIe siècle, le choix confessionnel, chez les notables bourgeois, a pu opérer comme un mode de différenciation individuelle des membres d'une même famille, par une expérimentation existentielle forte. Parents et enfants, maris et femmes, s'étaient parfois consacrés chacun à des croyances ennemies l'une de l'autre : à Paris, c'est le cas, par exemple, des Hotman, des Estienne, des Spifame et des Arbaleste. Cependant, d'après B. Diefendorf, «les liens traditionnels de la loyauté familiale et le soutien mutuel sont demeurés les bases fermes des relations sociales parisiennes pendant les conflits religieux». Mais alors, il fallut, pour ces acteurs de la «tolérance familiale», envisager d'emboîter des loyautés divergentes à des niveaux différenciés, malgré la pression des prêcheurs d'absolu, tel Simon Vigor, poussant au pied du mur ses ouailles : «Lequel t'est le plus proche, ton frère Catholique et Chrestien ou bien ton frère charnel Huguenot?
B. Diefendorf, «Les divisions religieuses dans les familles parisiennes avant la Saint-Bathélemy», Annales ESC, n° 7, 1988, pp. 55-77.», qui opposait ainsi la parenté spirituelle, terme valorisé, à la parenté charnelle, dévaluée. Dans certains cas, la réconciliation familiale n'opéra pas entre parents et enfants, mais entre frères et soeurs : ainsi la fervente catholique Paule de Marle, veuve Hotman, déshérita en 1554 son fils aîné François en raison de son zèle calviniste, alors que ses cadets, demeurés du côté de la religion de la mère, finirent par transiger avec leur frère laissé pour compte. Celui-ci, François Hotman, cependant, ne sut pas pardonner à son fils cadet Daniel de s'être converti au catholicisme -guisard et ligueur- à partir de 1587 et le déshérita.
Or, il n'y a aucun conflit de générations, chez les Miron et leurs alliés : la solidarité verticale fonctionne, les pères et les mères sont respectés, et si un fils, tel Pierre de La Ferté, regimbe contre les dispositions successorales prises par sa mère, Elisabeth Vaillant, ses collatéraux s'empressent de lui proposer un compromis. Il est vrai que les pères, en général tôt disparus, bien que figures symboliques fortes, n'occupent pas tant le devant de la scène familiale, telle que la vivent les jeunes adultes et que les mères veuves, personnages incontournables, sont le plus souvent aptes à la négociation.
Il existe un cas de désaccord irrésolu entre mère et fils. Il s'articule à un problème de conventions matrimoniales impayées -qui demeure le casus belli principal durant toute la période envisagée. La considérable protection juridique dont bénéficient les femmes mariées, grâce aux dispositions prévues à cet effet par la coutume de Paris, permet ainsi à Isabelle Miron de justifier, en 1629, la saisie de la terre du Souliers : elle dispose, par son contrat de mariage, d'une hypothèque générale sur cette seigneurie pour ses 12000 Lt de douaire ( en réalité, celui-ci est de 200 écus de rente annuelle, donc d'un principal de 9600 Lt, mais elle évoque «d'autres choses à elle données par icelluy [époux]»)
Cab. des titres, PO 1516, f° 142, 28/05/1629, Saisie de la seigneurie du Souliers.. Son geste n'est pas dépourvu d'un certain orgueil lignager. Ne se sait-elle pas fille de l'homme qui a sauvé la mise de feu Pierre L'Hermite son mari, et grâce à la parenté duquel, son fils François (Tristan) peut être élevé à Paris, puis à la Cour ? Mais également, la saisie de la seigneurie, propre de son mari, traduit son désarroi, car Isabelle n'avait pu disposer, pour toute succession de ses parents, que d'un passif vraisemblablement supérieur à l'actif. Cependant, mauvaise mère, elle rendit l'héritage de ses fils tout à fait indisponible. Durant une bonne partie de sa vie, Tristan dut, avec son frère Jean-Baptiste, se battre à coups de procès interminables contre cette mère qui ne leur reconnut pas droit à l'hoirie paternelle. L'écrivain s'en inspira-t-il pour camper le personnage de la froide Marianne
H. Merlin, «Conjurer la passion de l'Un», Revue de la rue Descartes, «Passion et politique», n° 12-13, Paris, A. Michel, mai 1995, pp. 38-56. ?
Les conflits avec le père demeurent aussi rares que les mésententes avec la mère : aucun de ses fils ne s'oppose de front aux décisions prises par le médecin du roi Marc I Miron, qui fait donation de la seigneurie de L'Hermitage à son fils Marc II, ou à la donation effectuée par François Miron de la seigneurie de Lignière à Gabriel, son fils. Les oppositions à ce sujet, entre aînés et cadets, ne sont jamais frontales, mais feutrées, et trouvent à s'exprimer et à se résoudre discrètement lors de la rédaction des inventaires après décès ou des partages successoraux.
Le seul exemple qui diffère de cette volonté quasi unanime d'obéissance filiale demeure Geoffroy Vallée, qui se démet en 1563, après la mort de ses parents, de sa charge de notaire et secrétaire du roi, avant de partir pour Rome vers 1568, à la manière d'un jeune étudiant aisé entamant son grand tour. De retour en France, ayant contracté de nombreuses dettes, il subit, pour ce manque de discipline familiale, la vindicte de ses frères et beaux-frères qui, pendant son absence, avaient procédé à la mise en indisponibilité de leur patrimoine nobiliaire, la seigneurie de Chenailles, remise à Robert Miron, tandis que le beau-frère de celui-ci, le lieutenant civil Gabriel Miron, procédait à une mise en curatelle des biens du frère exclu. Au terme de cette affaire, ce serait bien ses propres parents que Geoffroy aurait mis en cause par le moyen de son opuscule intitulé la Béatitude des Chrétiens. L'exergue de celui-ci mentionne en effet un anagramme effectué à partir des noms de ses pères et mères :
Geoffroy Vallée natif d'Orléans, fils de feu Geoffroy Vallée et de Girarde le Berruyer Ausquelz noms des Pere et Mere Assemblez il s'y treuve.
LERRE, GERU VREY FLEOD.
La Foy Bygarrée.
Et au nom du filz.
VA FLEO REGLE FOY.
Aultrement ...
GUERE LA FOLE FOY.
Les parents, avec la foi catholique, transmettent la peur de la damnation, explique-t-il plus loin en développant ses thèses : culpabilité, poltronnerie, docilité animale sont les fruits du papisme. Son rejet de la foi s'articule à un rejet de la loi transmise par ses parents, et à un désir de reformulation de celle-ci, non plus comme soumission aveugle mais comme «croyance engendrée».
Il s'agit là d'un cas extrême. Geoffroy exprime à l'égard de ses parents une haine latente et angoissée. Mais la lutte réelle qu'il poursuit entre 1568 et 1572 l'oppose aux successeurs de ceux-ci, ses collatéraux et à leurs alliés, en une immixtion sans prise latérale possible, du familial et du judiciaire que son avocat Simon Marion dénonce dans sa plaidoirie de février 1571 :
Et se trouva par adventure que la vraye cause de la curatelle est ung procès qui est pendant entre l'appellant et Brochet [son beau-frère] aux généraulx de la Cour des Aydes, y a autres informacions faites à la requette d'une nommée Duboys, femme d'ung qui a suivy les finances, et encorres autre information faite par le Commissaire Lestourneau [Claude Lestourneau] qui a épouzé la cousine germaine [Jeanne Bastonneau] de Me Gabriel Myron, lieutenant civil, ou sont ouyes les gardes, les médecins, les voisins des lieux où [Geoffroy Vallée] a demeuré.
Les parties sont les frères et beaux-frères de l'appelant et un neveu [Jean Arnault ?]. Y a plus, car le juge [Gabriel Miron, le lieutenant civil] a dit que n'a veu ne oy l'appeellant que l'on veult mettre en curatelle et de fait y est, et le mesme juge beau-frère d'un des inthimez
F. Lachèvre, Mélanges. Trois grands procès de libertinage, Ch. Besançon, Paris, 1920, p. 11. ...
En ce sens, la position des acteurs du drame qui conduira Geoffroy à la mort -ils sont frères, soeurs et alliés, et excluent l'un d'entre eux- ressemble à celle des autres protagonistes des querelles familiales retenant l'attention par leur radicalité. La plupart des dossiers traitent de discordes survenues entre alliés et significativement, s'articulent pour la plupart autour du paiement de la dot et secondairement autour de la compensation successorale qui devrait en résulter.



2) Querelles graves entre alliés.

Ainsi, les Miron des XVIe et XVIIe siècles se retrouvent de façon récurrente en conflit avec leurs alliés Le Fèvre de Caumartin, politiquement très puissants et, à ce titre, difficilement contournables. L'alliance avec ces derniers n'avait pas été vraiment choisie par la seule maison Miron, mais résulte aussi d'un souhait royal. Une partie de la dot de Marie Miron (1582) ne fut probablement jamais versée ; ce qui est sûr, c'est que cette femme se rangea aux côtés de son époux contre sa famille d'origine.
En juillet 1608, Marie Miron ni son époux, vainement attendus, ne se présentent lors de la rédaction de l'inventaire après décès de Marie Gencian, leur mère et belle-mère ; quatre mois plus tard, alors que le père Marc I a aussi disparu, le couple s'estime lésé par les cohéritiers, accusés d'avoir distrait des biens mobiliers ; en 1619, lors du décès de Marc II, qui révéla au grand jour le dispositif successoral monté par le testament de ce dernier -une substitution de la seigneurie de L'Hermitage, remise en viager à la cousine, comtesse Gouffier, à charge de la restituer à Louis I Miron-, un vent de colère meurtrier souffla contre les frères Miron et la guerre entre les lignages fut déclarée, dans laquelle des modérateurs intervinrent immédiatement -ainsi, Marie Vallée, qui joua de ses créances matrimoniales à l'égard des Le Fèvre qui étaient héritiers de feu son mari Robert I Miron, pour tenter de les désintéresser de la succession du représentant de cette lignée Miron cadette. La documentation, existante mais indisponible, ne permet pas de savoir comment le conflit fut résorbé : il a été noté que la fille de Louis I Miron, Charlotte, garda longtemps par devers elle quelques trophées des batailles familiales passées.
Néanmoins, sous le règne débutant des Bourbons, les Le Fèvre de Caumartin conservaient des liens de fidélité semblables à ceux que les Miron entretenaient eux-mêmes, puisque ces deux lignages étaient attachés à la maison des Gondi, occupaient les mêmes charges dans les juridictions souveraines -par exemple, au Grand Conseil, où François Miron et Louis I Le Fèvre de Caumartin étaient tous deux présidents- et appartenaient aussi au même «parti» qui favorisa leurs carrières après le décès d'Henri IV, celui de Marie de Médicis : Robert II Miron fit ses débuts en secondant Louis Le Fèvre de Caumartin dans sa commission extraordinaire en Auvergne en y emmenant ses propres fidèles (Pierre Janson). Il donna sa fille en mariage à l'un de leurs collaborateurs communs, Antoine de Vallet, qui à son tour fit épouser à sa propre fille un parent des Le Fèvre de Caumartin, Etienne de La Fons, tandis que les Le Fèvre de Caumartin renforçaient eux-mêmes leurs liens matrimoniaux avec les divers alliés des Miron de bonne notabilité parisienne, et qui avaient le vent en poupe, comme les Maupeou et les Daniau de St Gilles.
L'affaire suivante, déjà évoquée à plusieurs reprises, fit éclater une double tentative de captation de l'héritage des héritières de la branche aînée des Miron, à la fois par leur oncle paternel (François-Ours Miron), les affins «redoublés» qu'étaient les La Fons, (à la fois alliés aux Miron et aux Le Fèvre de Caumartin), et la branche cadette de ces derniers, issue de la lignée créée par l'alliance Miron-Le Fèvre de Caumartin. En effet, après l'enlèvement d'Anne-Adrienne Miron (1669), ses soeurs et leurs maris se portèrent en justice contre l'enleveur Philippe La Fons d'Hardecourt et leurs complices. La plus acharnée se révéla être la soeur aînée, Marie Miron, épouse Brisard, qui posait en championne passionnée de sa maison. La complémentarité sororale ne joua plus qu'avec de forts clivages comportementaux : tandis que l'une des quatre soeurs Miron, Elisabeth, épouse du conseiller au Grand Conseil André du Bois, effectuait avant de mourir une donation de 4000 Lt à son cousin germain Gabriel-Louis Miron dans une logique de solidarité héritières-héritiers, cousins/cousines de même lignage
AN, MC IV-203, 02/08/1670, Testament de F.O. Miron., l'aînée dénonçait les malversations de son oncle François-Ours. Il avait emprunté de grosses sommes (43 000 Lt) sur leurs héritages et cédé en catimini la ferme du Rouvres à leurs ennemis Le Fèvre de Caumartin, avec la complicité d'un conseil de famille peuplé de parents alliés des deux groupes lignagers antagonistes. La querelle éclate donc le long d'une ancienne ligne de fracture du front de parenté concerné. Quant à l'enlevée, Anne-Adrienne, si elle protégea apparemment son mari devenu hors-la-loi pour crime de rapt, elle aurait effectué en sus avant sa mort, survenue en 1675, un testament désignant son cousin l'abbé Henri Le Fèvre de Caumartin comme fidéicommissaire de ses enfants (déclarés à l'époque illégitimes), aux fins de leur conserver un legs de 45 000 Lt (soit un peu moins de la moitié de la part successorale d'Anne-Adrienne). La paix familiale se fit en 1684, après qu'aient été éliminées toutes les prétentions de l'ecclésiastique sur la succession Miron-La Ferté. Mais pendant une dizaine d'année, tout s'était passé comme si les Le Fèvre de Caumartin, avec les La Fons, avaient décidé d'absorber le patrimoine de la branche aînée des Miron au moment où celle-ci présentait des signes de vulnérabilité du fait de la mort des parents de leurs représentantes, alors qu'à cause du coût extrêmement élevé de sa dignité et de son office, François-Ours s'était senti dans l'obligation de composer avec la loyauté due à ses nièces -il avait déjà été attaqué avant 1659 en procès par sa belle-soeur Adrienne de La Ferté pour défaut de versement de son douaire- et ne servit plus en priorité que les seuls intérêts de la lignée qu'il avait fondée avec sa femme, Marie Renouard. Par ailleurs, la densité accrue des liens de parenté entre les différents protagonistes redoublèrent les difficultés en rendant très difficiles le recours aux arbitres familiaux «neutres», comme elle avait déjà brouillé l'assignation différenciée des biens concernés par les querelles.
De cette manière, un conflit de parenté peut, après des accalmies, faire écho sur lui-même pendant un siècle, alors que les liens de consanguinité se sont concentrés sans que les supports matériels ni les dispositions psychologiques qui étayaient les solidarités concrêtes au sein du groupe discret de parenté, n'aient conservé une cohérence suffisant.
Une autre affaire de conventions matrimoniales impayées entraîna un scandale chez les Miron : il s'agit de la dot de Marie Brisson, remariée en 1596 avec François Miron. Là encore, les alliés sont impliqués dans les procès qui se succèdent entre 1597 et 1609, date de la mort du lieutenant civil : la belle-mère, Denise de Vigny ; les héritiers du premier époux de Marie Brisson, Aimé de La Chambre, baron de Montfort ; les beaux-frères Jacques Leconte, trésorier général à Paris, et Bon-François Broë, futur président aux Enquêtes. On se souvient que le président Barnabé Brisson avait engagé la dot de sa fille pour racheter les dettes de son gendre, bien possessionné en terres bourguignonnes. Par un arrêt du Grand Conseil, daté de 1598, M. Brisson obtient, grâce aux compétences juridiques de son second mari, d'avoir priorité pour le paiement de son douaire et autres conventions matrimoniales, sur la succession de sa première belle-mère, Claude de Barsonnat, veuve de Claude de La Chambre, baron de Montfort. Par là, elle se désolidarisait de sa mère et de son beau-frère : en effet, Leconte et Denise de Vigny détenait une importante créance de 6333 écus (20 000 Lt) sur la tante paternelle du défunt époux de Marie, garantie sur les biens fonciers indivis de cette famille, les seigneuries titrées de Ruffey et de Bronichet
AN, V/5/195, 26/07/1599, Arrêt du Grand Conseil.. Soit un premier chef de friction entre les Brisson et leurs alliés.
La querelle rebondissant, un nouvel arrêt décida de réduire la rente au principal de 48 000 Lt, à laquelle se montait la dot du mariage de Marie avec La Chambre, à un principal de 16 208 Lt, dont elle avait droit à la moitié, au titre de ses propres (8204 Lt) ; les magistrats du Grand Conseil désignaient deux groupes de payeurs de cette rente, pour moitié chacun : sa mère, Denise de Vigny, d'une part, et d'autre part, toux ceux qui avaient eu accès au «gâteau dotal» de Marie Brisson, les héritiers de Barnabé Brisson tout comme ceux d'Aimé-Jean de La Chambre
AN, MC V/5/245, 09/04/1607, Arrêt d'arbitrage du conseil en faveur de F. Miron.. De quoi mécontenter toutes les parties.
Ainsi, si l'argument économique est fort, il n'explique pas cependant entièrement la perte d'un équilibre financier réalisé par une gestion commune dans l'indivision. Comme dans le cas de l'enlèvement ultérieur d'Anne-Adrienne de La Ferté, les passions se déchaînent après la disparition violente du père : mort dans l'ignominie, Barnabé Brisson avait été pendu par les Ligueurs; la perte de ce père très pesant -les clauses du premier mariage de Marie Brisson le montrent- brouille les donnes initiales, et les garanties mutuelles s'effondrent en précipitant les antagonismes -les gendres ne disposant pas ou plus d'un arbitre moral auquel référer leurs divisions, se comportent soudain en concurrents lignagers. Jacques Leconte, qui a été condamné par le Grand Conseil en 1607 à verser la somme de 1350 Lt à François Miron, au titre des créances rachetées par feu Brisson sur les dettes de La Chambre, obtient cependant le droit de se pourvoir contre son beau-frère afin de lui réclamer 400 Lt. Malgré tout, les deux s'accordent et Jacques Leconte, qui n'a pas d'enfant, fait don au fils de François, Jean Miron, son filleul, de la dernière somme mentionnée
AN, V/5/246, 09/04/1607, Condamnation de J. Leconte ; MC XLV-162, 14/07/1609, Inventaire après décès de François Miron, sentence du Châtelet, 1601 et procès verbal 1607.. Il ne ménagera pas ses efforts pour tenter de réconcilier le couple Miron-Brisson, brouillé à partir de 1602.
En effet, Marie Brisson, en butte à l'hostilité de ses soeurs et de sa mère, ne choisit cependant pas le camp de son mari, mais au contraire, se prit de haine pour celui-ci. On ne peut séparer les intérêts économiques qui sont en jeu dans ces querelles, des inséparables questions d'honneur personnel et lignager qui les recouvrent, ainsi que le montre l'étude des modalités selon lesquelles, au cours d'une brouille familiale, les protagonistes atteignent le degré de non-retour.

Les actes violents.

Lorsqu'un cycle intra-familial de violence s'ouvre, il commence par des palabres et des griefs entre parents, consanguins et alliés, qui préludent à l'ouverture d'un affrontement réglé par l'appareil judiciaire, un procès dont la longueur délibérée suffit parfois à éteindre les passions. Mais il arrive que, soudain, la focale du conflit décrit par les archives se déplace du problème initial vers un aspect dérivé, qui a offert prise à un acte violent, jusqu'alors contenu, et fait rebondir l'affaire à un degré supérieur de conflictualité. Cette violence est en elle-même un langage, qui dit à quel niveau on cherche à frapper l'adversaire.
1) Attenter à l'orthodoxie religieuse. L'argument religieux est le plus dangereux de tous : utilisé par Geoffroy Vallée avec la fougue de la conviction la plus ardente, il se retournera contre lui dans les flammes du bûcher de 1574. Hérétique certes, tenté par les hétérodoxies, le calvinisme, l'anabaptisme, le rationalisme padouan, Vallée fait imprimer son opuscule en mai 1573 alors qu'il est mis sous curatelle -comment trouve-t-il donc l'argent nécessaire ? Il distribue son livre à ses proches et veut l'envoyer ... aux Pays-Bas, un an après la cessation de la grande répression espagnole. Certes, cet homme dans la force de l'âge est suicidaire et, dans un accès de «fièvre chaude», a voulu se jeter par la fenêtre. Il se sait sans doute perdu, car exclu de sa parenté qui souhaite garder la maîtrise de son patrimoine : son geste est explosif. Expliquer un Dieu hérétique à de possibles lecteurs, c'est chercher à faire société dans la marginalisation la plus extrême et s'éloigner des siens sans recours possible.
Néanmoins, il est tout de même troublant de lire que, quarante ans plus tard, le curé de la paroisse orléanaise des Vallée, -qui dut être un sympathisant ligueur-, refusa la sépulture en terre chrétienne à Jacques Vallée, sieur des Barreaux, frère de Geoffroy, en l'accusant d'hérésie (cryptoprotestantisme?)
«Le samedy viije jour de febvrier 1614 est mort Jacques Vallée des Barreaulx, obstiné hérétique ou plustot attéiste. Il est enterré en ung jardin plein d'immondices, touchant aulx rempars vis à vis de la courtine ou il fait la sentinelle. Et quinze jours après le dict moys et an est mort ung nommé Ledagre, aussi hérétique, qui au précédent a esté lieutenant particulier de Boisgency», cité par G. Baguenault de Puchesse, «La famille Vallée ...», op. cit.. Orléans avait été, grâce à son université, un foyer de la Réforme, avant d'être occupée par les armées protestantes en 1562 et d'être en réponse le théâtre d'une sanglante St Barthélemy : les antagonismes entre royalistes et ligueurs y furent extrêmes. On ne pourrait comprendre la portée du geste hérétique de Geoffroy Vallée qu'en le rapportant à une étude de son réseau de parenté orléanais, seul susceptible de mettre en contexte et de rendre peut-être explicable la violence provocatrice de son libelle. Néanmoins, son geste de révolte l'inscrit dans une issue fatale, sans aucune médiation possible. Le religieux s'introduit ici dans une querelle aux enjeux patrimoniaux, qui débouche sur un rejet absolu des cadres de croyances conformes :
Si quelqu'un autre à qui nous aurions payé une grosse dette venait nous la redemander une autre fois, laquelle des deux réponses voudrions-nous faire en conscience ou : «Je crois l'avoir payée ?» ou : «Je sais l'avoir payée ?» Je suis certain qu'il n'y a si beau croyant qui ne renonçât avec plaisir à «je crois» pour dire «je sais», ce qui nous doit faire connaître qu'ils sont tous pipeurs et effrontés ceux qui nous preschent et nous maintiennent à «je crois», d'autant que comprendre et savoir sont toute la consolation, le bonheur et le repos de l'homme, et non pas cette croyance ou cette foi, qu'ils veulent tous que nous conservions toute notre vie
La Béatitude des Chrétiens, citée par F. Lachèvre, Mélanges. Trois grands procès de libertinage, Ch. Besançon éd., Paris, 1920. ...
2) Attenter à la vie d'un proche. Indubitablement, le procédé est moins dangereux pour ses instigateurs que le précédent ! Coup de théâtre en 1606, déçue par François Miron, Marie Brisson tentede se débarrasser de son mari devenu inutile.
La lieutenante civile, depuis trois ou quatre jours, est en prison. J'étois au Palais quand elle y fut menée. Son crime est d'avoir voulu empoisonner son mari, pour épouser un sieur [de Saint] Georges, de Limousin. Un cuisinnier [Charles Maubus], qui avoit été surpris voulant empoisonner la femme de sieur Georges, étant près d'aller au supplice, jeudi dernier, dit que la lieutenante l'avoit mis au service de sieur Georges, et lui avoit baillé le poison, et que sieur Georges l'avoit envoyé à sa femme, avec charge d'exécuter. On trouva, à ce que l'on dit, tout plein de papiers chez la lieutenante, et même l'on dit que l'on y trouva la promesse de mariage avec sieur Georges
Malherbe, Lettres à Pereisc, Paris, JJ. Blaise éd., 1822, Du 17/12/1606..
En 1602, le conflit entre François Miron et sa belle-famille dégénère au sein même du couple et le lieutenant civil, après l'avoir fortement menacée, renvoya sa femme du domicile conjugal. Le Conseil privé, saisi, ordonna à l'un et l'autre de «vivre ensemble comme mary et femme», en demandant à leur beau-frère Jacques Leconte de leur servir d'intermédiaire. Ce dernier déclara à Miron que «lad. Brisson estoit preste de retourner avec led. sieur Miron pour luy rendre tout ce que pouvoit être du debvoir d'une femme de sa qualité avec humble prière aussy de luy donner asseurance que telle estoit l'intention de MM du Conseil et de conserver le bien de lad. Brisson pour leur fils». Mais son époux «auroit néanmoins faict signiffier à lad. Brisson lad. ordonnance avec menasses et intimidations qui ne ressentent rien moings d'une sincère affection et solide réconciliation
AN, MC XXIII-220, 10/05/1602, Tentative de réconciliation Miron-Brisson.». Elle le soupçonnait donc de vouloir employer ses propres et se méfiait : malgré ses déclarations d'intention, Marie Brisson n'avait rien d'une épouse soumise. Détenant l'autorité maritale et les cordons de la communauté conjugale, son mari lui devait pension pour ses aliments : bénéficiant d'une rente au principal de 12 000 Lt (purement nominale) apportée en mariage, elle réclamait à ce titre 1000 Lt de rente par an
AN, MC CXXII-1560, 02/06/1607, Procuration de M. Brisson.. Mais on sait que son époux cherchait péniblement à obtenir en justice le paiement de ses conventions matrimoniales et que, pris de rancune pour sa femme, il ne lui versait pas un liard. Un mari trompé pouvait en effet confisquer les conventions matrimoniales (sauf les propres) de son épouse adultère... En décembre 1606, s'appuyant donc sur la complicité d'un amant, Jehan de La Seigne, sieur de Saint-Georges, qu'elle devait juger digne de son rang, elle tenta de faire assassiner François Miron : c'était là, lui semblait-il, le seul le moyen de se débarrasser d'un mari dont elle ne voulait plus.
En 1607, le procès criminel poursuivi à la Tournelle déboucha, après exécution de la condamnation à mort du cuisinier empoisonneur, sur l'arrestation de complices, un certain Jean-Baptiste Joly et une Pernette de Ses, épouse de Claude Desmaretz qui conservait des documents compromettants
AN, V/5/248, 27/11/1607, M. Brisson demanderesse pour information. C. Desmaretz était-elle une parente de Catherine Desmaretz, l'épouse du quartinier Jehan Leconte et la belle-soeur de Jacques Leconte ?. Marie Brisson, cependant, n'était pas emprisonnée à la Conciergerie comme ses exécutants -Saint-Georges, l'amant, avait disparu et ne répondait pas aux assignations- mais était astreinte à résidence, sans pouvoir communiquer avec ses proches, chez Benoît de Moras, un huissier chez qui elle affirmait préférer rester, car elle craignait pour sa vie. Son mari se plaignait du fait qu'elle se promenait dans Paris sans chaperon mais encadrée par deux gardes du corps ; il réclamait, peine perdue, son emprisonnement
AN, MC CXXII-1560, 23/06/1607, M. Brisson demanderesse ; V/5/249, 04/01/1608, Audition de M. Brisson ; 14 et 15/01/1608, Requête de M. Brisson ; 26/03/1608, F. Miron demandeur contre Jehan de La Seigne, sieur de St Georges. . Finalement, Marie obtint raison du Conseil Privé, qui ordonna à son mari en janvier 1608 de lui verser 200 Lt de pension mensuelle
AN, V/5/248, 27/11/1607, M. Brisson demanderesse pour le paiement de sa pension ; V/5/249, 15/01/1608, Arrêt du Conseil portant doublement de la pension.. On n'ose imaginer sa joie lorsqu'elle apprit le décès inopiné de son époux survenu en juin 1609, qui lui permit de se remarier selon ses voeux, et de finir de dilapider sa fortune malgré les efforts du tuteur de son fils Jean, Robert Miron, pour sauvegarder les droits successoraux de son pupille. Le désastreux fiasco conjugal de François Miron avait ébranlé sa fortune, et il était endetté au point que Jean ne fut porté héritier que par bénéfice d'inventaire, sans pouvoir assumer donc la totalité du passif successoral de son père. Non seulement Marie Brisson avait cherché à tuer son mari, était restée impunie, mais elle avait ipso facto renoncé à la garde de son fils : le couple se priva de toute chance d'éduquer un héritier capable d'illustrer la lignée. Soutenu par son tuteur Robert II Miron, Jean dut poursuivre le second époux de sa mère, Jacques-René de Ligneville pour récupérer de maigres restes successoraux maternels. Il dut aussi faire procès ses cousins germains et leur réclamer des à-valoirs dus par leur mère Denise Brisson, épouse de Bon-François Broë, et transmis à leurs descendants et héritiers Broë et Voisin
AN, MC XXVI-75, 28/03/1650, Avis des parents de Jean Miron pour informer contre Daniel Voisin, maître des requêtes, J.B. Voisin, conseiller au Grand Conseil, Bon-André Broë, maître des requêtes, et Madeleine Broë.. L'équilibre psychologique du jeune homme ne résista pas au poids de son histoire personnelle.
Ni épouse, ni mère, Marie Brisson avait-elle cultivé une forme de défi libertin radical, à l'instar de sa propre mère, Denise de Vigny qui aima cocufier son studieux mari ? Il faut remarquer que le caractère conflictuel et ombrageux des filles Brisson était lié à leur position d'héritières. Un violent différend avait opposé le futur garde des sceaux Merry de Vic aux Brisson : le premier avait prétendu à la main de Madeleine Brisson, soeur de Marie. Des «propos pourparlez» avaient été entamés, mais Jacques Leconte avait finalement été préféré à Vic. Furieux, ce dernier avait alors provoqué un esclandre et menacé la famille du premier président du Parlement. Sur médiation du maréchal Albert de Gondi et du grand prévôt Richelieu, Vic fit amende honorable :
...Il tient et reppute lad. damoiselle Magdeleine Brisson pour femme de bien et vertueuse et honneste, et que paravant son mariage ne depuis, il n'a veu sceu ne cogneu que bien et honneur en elle, au moien de quoy les propos qu'il peult avoir tenuz au contraire sont proceddez d'une passion amoureuse qui le transportoit pensant par la destourner et dyvertir le party qui se présentoit pour elle, dont il est fort marry
AN, MC LXXVIII-125, 28/02/1582, Excuses de M. de Vic, maître des requêtes....

* * *
La tentative de meurtre dit que le lien dans le corps familial ne peut autrement être défait -le Conseil privé a refusé de rompre, par exemple, le mariage caduc de Marie Brisson et de François Miron ; le coup sacrilège arrase donc tout, en s'attaquant à l'una caro du couple et à son oeuvre de procréation. Avec le temps, cependant, les agressions se font moins radicales, ou presque... elles se déplacent sur le terrain de la réputation et de l'honneur : elles abordent un plan plus métaphorique ou symbolique.
Le notaire sert d'interlocuteur privilégié : il enregistre les coups et blessures morales et permet d'exercer une distance minimale, en offrant un lieu presque neutre aux plaintes et revendications. Charles Miron s'y rend souvent en 1619, alors qu'il préside à la bonne et rapide réalisation de l'aménagement successoral (la substitution de la seigneurie de L'Hermitage) prévu par son frère Marc II, décédé en février. Développements dramatico-burlesques de la mésentente entre les Le Fèvre de Caumartin et les Miron de la branche cadette : en mars, les deux domestiques de Charles, Pierre Gredin et Antoine Charpillon, se présentent à 9 heures chez le notaire Viard pour y faire enregistrer un billet trouvé à cinq heures du matin sur le pas de la porte de l'évêque, et qui contient ces doux mots :
Gaillard, tu nous a manqué et tromper. tu en perderas la vye. Tu sais la promesse que nous avons faicte. Tu es ung sot
AN, MC CV-519, 13/03/1619, Plainte des domestiques de Charles Miron..
Ce texte programmatique dut préluder à un passage à l'acte, puisque le mois suivant, l'évêque se présente à nouveau en personne chez son notaire en fulminant de rage et déclare qu'il entend s'opposer auprès du procureur général du Parlement à la réception de Louis II Le Fèvre aux fonctions de président aux Requêtes -alors que ce dernier était sur le point de présenter ses lettres de provision à la Chambre pour y subir l'enquête de bonne moeurs, naissance, vie et conversation. L'impétrant avait acheté son office en 1614 et retardé, selon son cousin germain, l'information menée à son sujet par le procureur général. Charles se dit prêt :
A son très grand regret et déplaisir, pour la considération de son honneur et seuretté de sa vye de différer et accuser au Parlement Messire Louis Le Febvre, sieur de Caumartin et le nommé Messire Louis Le Febvre, sieur de Boisy, de plusieurs crimes capitaulx et entres autres, de calomnyes, suppositions, faussetés et assassinats par eulx commis et attentés contre l'honneur et la vye dud. sieur évêque [ ...] Néantmoings led. sieur évêque estant comme il est très particullièrement intéressé en lad. Prétendue réception qui pourroit cy après par l'autorité, préeminance et prérogatives de lad. charge empescher ou allantir les premiers desd. crimes, de la réparation honnorable qu'il entend en poursuivre pour son regard, rellaissant aud. sieur procureur général d'en requérir tel chastiment exemplaire qu'il jugera estre à propos, pour l'intérest publicq, Il s'est opposé et s'oppose à lad. réception dud. Messire Louis Le Febvre [ ...]
AN, MC CV-519, 24/05/1619, Plainte de Charles Miron contre Louis II Le Fèvre de Caumartin..
Malgré la détermination affichée par le discours de l'évêque -transcrit ici littéralement par le notaire, Miron possédant admirablement l'art de la rhétorique selon ses contemporains-, l'affaire n'eut pas les effets qu'il escomptait : Louis II Le Fevre fut admis au Parlement et fit par la suite une très belle carrière grâce à la faveur de la Régente : d'abord, intendant en Picardie, il mourut ambassadeur à Venise en 1624, victime d'une attaque comme son cousin germain ennemi, décédé quatre ans plus tard. Mais l'attaque de ce dernier se comprend aussi à la lumière d'une émulation «agonistique» entre les représentants des deux lignages alliés : certes, Charles Miron a pu, avec la complicité de sa cousine germaine, Marie Gouffier, soustraire le patrimoine de la branche de L'Hermitage à la convoitise de ses créanciers - au nombre duquel compte le beau-frère Le Fèvre-, mais ceux-ci exercent de plus belles charges laïques que leurs beaux-frères et cousins, qu'ils laissent loin derrière eux dans la hiérarchie des dignités. Aussi bien les tentatives d'assassinat mentionnées par Charles Miron sont encore plus symboliques que réelles. La plus méchante avait eu lieu deux mois auparavant la rédaction de sa plainte, lors des funérailles de son frère Marc II.

3) Vengeances facétieuses et symboliques.

Le lundi 18 février 1619, en effet, quatre hommes s'étaient présentés avec le même notaire de famille : ils représentaient la veuve de Marc II, Marie Le Picart ; les héritiers présomptifs, frères et soeur du défunt ; la légataire (comtesse Gouffier) et enfin, les exécuteurs testamentaires de feu Marc II Miron. Tous se retrouvent à l'hôtel de Louis Le Fèvre de Caumartin et de sa femme Marie Miron, rue St Médéric. Car, la veille au soir, ils avaient été prévenus:
Que l'esglise de St Paul, en la paroisse de laquelle, ils sont tous demeurant, avoit été toute tendue de noir en la matinée dud. jour [...] Et qu'à la fin de vespres, l'on en avoit commencé un service des morts que l'on dict estre pour led. deffunct en l'intention de le continuer ce jourd'huy après 10 heures à la fin du sermon, avec tout apparat et solempnité, et d'aultant que le service solempnel [que l'on] a coustume d'estre faict après un enterrement, feust faict pour led. deffunct solempnellement lundy dernier, en lad. paroisse, où tous les proches parens et tous les voisins dud. deffunct furent conviés et assistèrent pour la plupart avec plusieurs autres. Et que la recommandation en avoit été faicte led. jour et matin publiquement en lad. esglise comme il est accoustumé de faire au jour de dimanche pour ceulx dont le service a esté faict la sepmaine précéddente, en sorte que cette nouvelle solempnité d'apparat ainsi réitérée a esmeu toute la paroisse, où jamais il ne s'en est veu ny ailleurs de réitérer en mesme sepmaine pour un mesme deffunct et en une mesme esglise.
Interrogé sur l'identité des commanditaires de ce service funèbre, le curé de St Paul -qui, en vingt-deux ans de service dans la paroisse n'avait jamais vu cela- répond «qu'il avoit creu et entendu jusques alors que c'estoit à la prière de lad. dame veuve et desd. héritiers dud. deffunct, mesmes de la part du sieur Evesque d'Angers, l'aisné d'iceux». Etonné, le curé avait décidé de temporiser.
Il avoit proposé et désiré que lesd. service feust remis à ung aultre jour, on luy estoit venu dire samedy que led. sieur de Caumartin ne pouvoit estre que ce jourd'huy, ce qu'à ceste occasion, led. sieur Curé auroit consenty à ced. jour. Mais que puisqu'il apprenoit dud. sieur Evesque d'Angers présent et aucuns sieurs sus nommés que ce n'estoit pas à leur prière ... Et que néantmoins, ils n'estoient pas d'advis de cesser le service commencé pour ce qui est des prières et dévotions, lesquelles ne peuvent estre trop fréquantes et réitérées pour le repos de l'ame dud. deffunct
AN, MC CV-519, 18/02/1619, Déclarations et confrontations des héritiers de Marc II Miron. .
Il reste donc à faire ôter le catafalque inopportun ; les procureurs somment «lesd. sieur et dame de Caumartin de dire et déclarer si à ce jour, qui ou comment lad. tanture de deuil [a été posée], laquelle [...] semble n'estre pas pour respecter la mémoire dud. deffunct ou sa famille, mais plustost pour dérision et moquerie [...] et pour contrarier aultant que l'on peult l'intention dud. deffunct que a très expressement tesmoigné par tous testamens combien il l'aura désagréable». Blessure d'honneur efficace (on imagine la mine goguenarde du couple Le Fèvre de Caumartin), mais difficile à plaider en justice, quelle qu'en fût l'intention affichée par les procureurs. Signaler la perte de vitesse sociale de leurs alliés de cette manière était aussi parlant que difficilement sanctionnable. Une mise à mort symbolique de la réputation était plus efficace de ce point de vue qu'un véritable discrédit public du frère et beau-frère haï.
* * *
La calomnie reste aussi une arme efficace, et l'usage des factums, qui médiatisent publiquement les conflits, permet de donner à cette forme de déstabilisation du camps ennemi un écho satisfaisant. Anne-Adrienne Miron, séduite et enlevée, n'a pas résisté à son ravisseur : elle a trahi le corps familial. «Elle a toujours esté in reatu et complice dans le crime de rapt jusques au jour de sa mort» et a commis un testament «pour frustrer ses soeurs de ce qui leur pourroit appartenir en cas de sa mort, et au même moment, le pouvoir donner au ravisseur par un fideicommis tacite en la personne de son meilleur ami». Mais dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ce type d'accusation tendait à se retourner contre son plaideur, de même que les valeurs sur lesquelles cette argumentation s'appuyait.
La valorisation du libre-arbitre féminin en matière de choix du conjoint amoindrissait la priorité d'un contrat moral entre les alliés, beau-père, beaux-frères et gendre. Il était davantage admis que l'intériorisation de la dignité de leurs attaches par les femmes héritières puisse les pousser à trahir leur devoir de solidarité parentélaire : l'invocation de l'amour conjugal permettait alors de suspendre la primauté de la loi familiale. En 1679, l'affaire des Poisons éclata et provoqua la mise en accusation de 442 inculpés, sur le cas desquels délibèrait la chambre de l'Arsenal, un tribunal d'exception institué par Louis XIV. Véritable crise conjoncturelle de société, l'affaire touchait aussi la haute robe, frappée dans la décennie précédente par l'édit des Fixations : «La Voisin tire aujourd'hui une grande suite après elle, et c'est une grande chaîne de personnes de toutes sortes de condition». D'après les exemples cités par A. Lebigre
A. Lebigre, 1679-1682, l'Affaire des Poisons, éd. Complexes, 1989, réed. 2001., les pricipales suspectes issues de la noblesse de robe sont des femmes : la présidente Le Féron, la sénéchale de Rennes, l'épouse du conseiller Guillard ... et Marie Miron, veuve du conseiller au Parlement Claude Brisart. Elle fut en effet arrêtée et emprisonnée en 1680 pour avoir empoisonné sa soeur, morte en couches cinq ans auparavant. Pour sa défense, la fille aînée de Robert III Miron fit publier alors un factum, qui contient un point d'argumentation particulièrement intéressant
BN, Thoisy 416, 29/10/1680, Factum servant à la justification de Madame Brisart.. Rappelant que toutes les tribulations de la veuve avait commencé avec le «rapt le plus signalé qui fut jamais et contre lequel les loix devraient davantage s'élever... d'une fille de qualité, d'une des meilleures Maisons de Paris, âgée de 18 ans, qui avoit 200 000 Lt de biens et dont le Ravisseur estoit un homme de Province, de peu de naissance, sans biens, sans employ», les avocats de Brisart expliquent comment la Voysin l'avait accusée, à l'aide d'un faux mémoire contenant les détails de la fin de sa soeur, qu'une femme de chambre soudoyée aurait aidée à aller dans un monde meilleur -bien qu'Antoine de La Fons, cousin de l'enleveur de la jeune défunte, ait écrit lui-même n'en rien croire. Réfutant ces arguments, Marie Miron invoque la réputation de sa Maison, «où l'honneur et la probité sont héréditaires».
Mais justement, la passion de sa Maison, de ses intérêts, voilà ce qui était aussi reproché à l'incriminée, qui ne comprenait rien à l'amour qui avait ravi l'une de ses soeurs, le coeur ayant ses raisons... après tout fort légitimes, comme l'enseignait toute la littérature du temps, carte du tendre et récits héroïques d'enlèvements romanesques à l'appui.
Passage fort du factum, pour rétorquer à la vox populi, Marie Brisart se met en scène : l'hystérie amoureuse lui ôte régulièrement raison et entendement, l'enlève à elle-même -si bien qu'«elle n'avoit aucun sujet de vouloir du mal à sa soeur» puisqu'elle connaît les convulsions et les douleurs dues à la passion:
On scait d'ailleurs la grande et longue maladye que la douleur qu'elle eut de la mort de son mary lui causa, et dont elle ressent encore l'impression, par le simptome extraordinaire qu'elle a toujours eu depuis, et par lequel elle a consulté inutilement tant de sortes de personnes, qui est un évanouissement qui luy prend tous les jours à la même heure que son mary est mort, et qui la met pendant un temps considérable dans un estat où l'on diroit qu'elle seroit plus elle-même.
Frappée par une justice traumatisée par l'ampleur et les ramifications d'une affaire dont les aspects passaient soudain le tolérable (mais combien d'affaires des Poisons n'auraient-elles pu éclater à l'époque où Marie Brisson s'illustrait en la matière ?), Marie Miron s'en prenait au laxisme des lois, qui n'avait pas assez puni le parti de son beau-frère enleveur et persécuteur. Elle se heurtait à une modification des valeurs familiales, concomittante de la transformation des modes de reproduction affectant son milieu social -qui rendaient acceptable l'idée d'une plus forte concurrence entre lignages.
Or, les conflits graves entre alliés sont aussi le fruit du traitement opéré par un tiers intervenant : la justice du roi.





Conflits intraparentélaires et passion de l'honneur.

Les dissensions se transforment souvent, dans ces familles de magistrats, en conflits de procédures et de juridiction. Le public est pris à témoin par les factums. Le tout constitue l'intervention du social -voire du politique- dans le parentélaire.
Au moment où les filles du feu maître des Comptes Robert Miron sont à marier, Antoine Furetière propose dans son Roman bourgeois une tarification des partis sortables pour faire facilement les mariages : d'après ses estimations, les jeunes filles, qui (comme les filles Miron), sont cotées entre 25 et 50 000 écus (150 000 Lt) de revenus, doivent épouser un conseiller au Parlement ou un maître des Comptes -personnages qui constituent en effet les partis qui ont été destinés à ces jeunes personnes. Mais, bien dotées et ayant perdu père et mère, ces héritières étaient des proies faciles pour des jeunes gens désireux de se pousser dans la bonne société.
Comme l'a bien analysé D. Haase-Dubosc, l'enlèvement est à la mode durant le XVIIe siècle. Normalement puni par une législation sévère qui redoute la propagation des mésalliances, le rapt de violence (de subornation), anathématisé par les dispositions canoniques du Concile de Trente, est expressément condamné par la législation royale, avec force réitération (ordonnances et édits de 1556, 1579, 1629, 1639, 1697). Ce crime grave frappe de la peine de mort son coupable, et à des peines de prison sévères les témoins et complices de l'acte. Un mandement de 1670 en fait un cas «royal» (i.e. poursuivi au pénal). Le rapt de séduction constitue un chef dérivé et une catégorie juridique assimilée aux mariages clandestins de mineurs
Selon l'article 42 de l'ordonnance de Blois (1579) : «Voulons que ceux qui se trouveront avoir suborné fils ou filles mineurs de 25 ans, sous prétexte de mariage ou autre couleur, sans le [...] consentement des pères, mères & tuteurs, soient punis de mort sans espérance de grâce [...], nonobstant tous consentements que lesd. mineurs pourroient alléguer, par après avoir donnés aud. rapt, lors d'icelui ou auparavant. Et pareillement seront punis extraordinairement tous ceux qui auront participé aud. rapt, et qui auront prêté conseil, confort, et aide en aucune manière que ce soit». . En effet, un enlèvement suppose, pour être réussi, la complicité de membres de la parenté, voire le haut patronage d'un personnage puissant, parent, patron, qui se substitue en quelque sorte au père de la jeune femme pour encourager le prétendant téméraire à enlever l'objet de sa convoitise.
Avec l'appui des siens, François-Ours Miron avait enlevé en son jeune temps (1653), sa belle, une mineure de 15 ans, fille d'affins, orpheline et riche : son tuteur, Armand du Faye de Bergeron, pour ne pas être accusé de complicité, avait dénoncé le mariage prévu avec le jeune conseiller au Parlement -ce qui prouve que fiancé et coupable ne faisaient qu'un. Mais loin d'être condamné à mort, François-Ours épousa très vite et avec pompe Marie Renouard, puis vécut paisiblement avec elle ... jusqu'à ce que le même crime revienne le frapper, en boomerang. Sa nièce âgée de 17 ans, avait disparu dans le carosse d'un cousin germain de son neveu par alliance, sans emploi, ni office précis, qui n'était donc pas de rang assorti à celle qu'il prit pour femme par un mariage clandestin. Là était bien le problème réel. Il est indubitable que dans le milieu que fréquentait l'ancien tuteur de la jeune fille, François-Ours, l'enlèvement avait été valorisé : geste de jeunesse, geste aristocratique, permettant de valoriser l'ambition personnelle, la virilité, l'impétuosité du jeune homme, qui proclamait par là sa valeur en y mêlant sentiments «incestueux» -souvenirs d'un amour préférentiel dans la parenté-, intérêts servant ses aspirations sociales, désir de reconnaissance
Voir la maestria montrée en ce domaine par les petits-maîtres de l'entourage de Condé, et une analyse générale du fait de l'enlèvement dans D. Haase-Dubosc, Ravie et enlevée, De l'enlèvement des femmes comme stratégie matrimoniale au XVIIe siècle, A. Michel, Paris, 1999. Et pour la période antérieure, voir M. Nassiet, «Parenté, noblesse...», op. cit., p. 198-202.. Acte de bravoure, aux accents guerriers, l'enlèvement constituait donc un acte ambivalent, une sorte de rituel de transgression, souvent inscrit dans une conjuration de parenté, séquencé dans un théâtre de dissimulation qui empruntait à la même culture que celle de la Fronde. Le vieux cardinal de Retz ne commençait-il pas ses Mémoires en phantasmant, au vu et au su de tous, sur ce souvenir de folle jeunesse :
M. le duc de Rais, aîné de notre maison, rompit, dans ce temps-là, par le commandement du Roi, le traité de mariage qui avait été accordé, quelques années auparavant, entre M. le duc de Mercoeur et sa fille. Il vint trouver mon père, dès le lendemain, et le surprit très agréablement en lui disant qu'il était résolu de la donner à son cousin, pour réunir la maison. Comme je savais qu'elle avait une soeur, qui possédait plus de 85 000 Lt de rente, je songeai au même moment à la double alliance. Je n'espérais pas que l'on y pensât pour moi, connaissant le terrain comme je le connaissais, et je pris le parti de me pourvoir de moi-même [ ...], je fis semblant de me radoucir à l'égard de ma profession. Je feignis d'être touché de ce que l'on m'avait représenté tant de fois sur ce sujet, et je jouai si bien mon personnage, que l'on crut que j'étais absolumment changé. Mon père se résolut de me mener en Bretagne d'autant plus facilement que je n'en avais témoigné aucun désir. Nous trouvâmes Mlle de Rais à Beaupréau en Anjou. Je ne regardai l'aînée que comme ma soeur ; je considérai d'abord Mlle de Scépeaux [la cadette] comme ma maîtresse. Je la trouvai très belle, le teint du plus grand éclat du monde, des lis et des roses en abondance, les yeux admirables, la bouche très belle, du défaut à la taille, mais peu remarquable et qui était beaucoup couvert par la vue de 85 000 Lt de rente, par l'espérance du duché de Beaupréau, et par mille chimères que je formais sur ces fondements, qui étaient réels.
Je couvris très bien mon jeu dans le commencement. [ ... Une vieille servante ayant sa confiance et circonvenue] mit dans l'esprit de sa maîtresse que l'on ne songeait qu'à la faire religieuse, et je lui disais, de mon côté, que l'on ne pensais qu'à me faire moine. Elle haïssait cruellement sa soeur, parce qu'elle était beaucoup plus aimée de son père, et je n'aimais pas trop mon frère pour la même raison. Cette conformité dans nos fortunes contribua beaucoup à notre liaison. Je me persuadai qu'elle était réciproque, et je me résolus de la mener en Hollande
Card. de Retz, Mémoires, S. Bertière éd., Classiques Garnier, Paris, 1987, 2 v., t. I, pp. 222-223. ...
Quasi ritualisé, l'enlèvement repose sur des aspirations individuelles inassouvies par le corps familial ; mais pour réussir son but, il supposait des complices, voire l'appui d'un patron, qui usurpait la place du père pour promettre la main d'une jeune fille fortunée à l'un de ses protégés. Philippe de La Fons fut ainsi couvert et cautionné par le lignage Le Fèvre de Caumartin : branche cadette, et branche aînée, représentée par Louis-François, l'ami de Retz et de François-Ours, le tuteur honoraire des jeunes filles. Néanmoins, remplissant son devoir de chef de famille, François-Ours réunit le conseil de famille -qui comptait des alliés objectifs du clan Le Fèvre, tels François de Vallet, ou André Baron- chez le lieutenant civil. Il fut alors décidé d'ouvrir un procès au Parlement, de placer sous la curatelle tous les avoirs de la mineure enlevée et de donner avis aux curés de ne pas marier les fuyards sans l'avis de trois à quatre témoins. Une sentence tardive du Châtelet, datant du 1er août 1669 décréta la prise de corps du ravisseur.
A partir de là, tout se bloqua : le conseiller Brisart adressa trois sommations au Procureur du roi, prit à partie le lieutenant criminel ... rien n'y fit. Mais ce que tait la soeur aînée, Marie Miron, la plus acharnée à vouer aux gémonies les La Fons et leurs complices, c'est que son oncle François-Ours fut pris de remords. Il faut reconstituer tout le non-dit, contenu dans le silence et les anachronismes du mémoire rédigé par les avocats de la veuve du conseiller Brisart (décédé en août 1671), pour comprendre qu'elle passa outre les décisions du chef de famille Miron : autrement dit, le vrai chef du lignage, la gardienne du sanctuaire de la maison, c'était elle. Intéressante rivalité entre un oncle et sa nièce, ayant pour enjeu des perceptions différentes de la notion d'honneur lignager. En effet, le factum affirme que Brisart attendit que le personnel du Châtelet change, en sous-entendant que ses conseillers étaient à la botte du ravisseur et de leurs puissants parents et patrons. La réalité fut qu'un nouveau mariage entre Anne-Adrienne Miron et Philippe de La Fons fut conclu en février 1670, grâce à la dispense de l'archevêque de Cambrai - sans doute, effectué avec le consentement de son oncle. En effet, celui-ci ne pouvait être insensible au fait que, tout comme le recommandait l'Eglise -il était dévot-, les doctes magistrats, garants de la piété et de la moralité des familles, attachaient une importance capitale au consentement exprès de la jeune épousée, tels le maître des requêtes Olivier d'Ormesson ou l'avocat général Denis Talon : si la volonté de la jeune fille, exprimée devant témoins, était de devenir femme de cet homme, elle passait toute autre considération. Par sa déclaration d'août 1670, qui a valeur de dernière volonté, le président Miron demandait au conseil de famille d'entendre «la déclaration [que sa nièce] fera de sa volonté]», en insistant, «ainsy que le requerra l'honneur personnel de sad. nièce
AN, MC IV-203, 03/08/1670, Déclaration de François-Ours Miron.». En effet, l'autorisation d'un tuteur donnée à un mariage ne suffisait pas, si elle n'était approuvée par le conseil de famille.
Car Anne-Adrienne s'était manifestée en mars à Paris, en se rendant avec «Mme de Caumartin, mère du conseiller d'Estat», Madeleine de Choisi, épouse de Louis II Le Fèvre de Caumartin, chez le lieutenant criminel Jacques Deffita, qui l'écoute et décide de la faire interroger par le commissaire du Châtelet Vendosme. Deffita ne s'est pas montré très empressé de poursuivre la jeune femme : et pour cause, puisqu'elle est apparemment venue déclarer une grossesse. (Receler une grossesse était un crime et exposait concrètement l'enfant en gestation à ne jamais pouvoir faire reconnaître sa légitimité par la famille Miron). Un des membres du conseil de famille, d'ailleurs impliqué dans l'enlèvement, François de Vallet, hébergeait sa cousine, qui accoucha chez lui. Quoique l'enfant ne vécut pas longtemps, sa mère prit la précaution de rédiger en septembre un testament en sa faveur, et puisque son mari est proscrit, elle aurait désigné comme fideicommissaire, un ami et protecteur de celui-ci, l'abbé Henri Le Fèvre de Caumartin, cadet du marquis de Cailly.
Cependant, la partie adverse (Brisart) interjecte de la procédure le lieutenant criminel et prend ce dernier à parti devant la Tournelle pour avoir auditionné une mineure de 19 ans, sans oser s'attaquer directement à l'oncle Miron. Celui-ci décède le 19 août, et son testament devient public, ainsi que la déclaration de l'échange antidaté des terres du Rouvres effectué en 1660. Tous les protagonistes furent déstabilisés par ce nouveau coup de théâtre : si pour les Brisart, la nouvelle accrut leur conviction qu'un complot familial avait été fomenté de longue date sur le dos des quatre filles Miron pour les dépouiller, les Hervé ( Marie-Elisabeth avait épousé le conseiller au Grand Conseil François Hervé), qui avaient été plus proches de François-Ours, décidèrent cette fois de tourner le dos à leur soeur Anne-Adrienne, repartie à St Quentin aux côtés de son mari (qui fut accusé de la séquestrer).
Forts d'une unité retrouvée, les Brisart et les Hervé obtinrent raison du Parlement, qui rendit le 23 avril 1673 une sentence de condamnation à mort par coutumace contre Philippe de La Fons : son effigie fut pendue en place de Grêve, ses héritiers exhérédés, et les biens d'Anne-Adrienne confisqués. Cette dernière mourut en 1675, après avoir mis au monde deux enfants viables en 1673 et 1674 : il semble téméraire de confirmer l'accusation de meurtre, sans doute fabriquée de toute pièce par l'abbé Le Fèvre de Caumartin. Néanmoins, le partage des dépouilles de la défunte fut rapide : cette même année, les Brisart et Hervé partagèrent la succession Miron-La Ferté, ce qui leur permit de vendre la seigneurie du Tremblay en 1677. Entretemps, en 1676, un nouveau rebondissement avait eu lieu.
En février, le lieutenant civil Le Camus reçoit la visite de l'abbé de St Quentin en l'Isle, qui lui montre le testament d'Anne-Adrienne et affirme en être le fideicommissaire. Le Camus dresse procès-verbal, constate que les sceaux du document ont été rompus et émet des réserves sur l'authenticité du document. Au même moment, Nicolas de La Fons, lieutenant criminel de St Quentin, père de Philippe, le veuf d'Anne-Adrienne, contre-attaque en justice de son côté, dans le but de protéger l'héritage de ses petits-enfants. Ne désarmant pas, l'abbé obtient des Requêtes de l'Hôtel une sentence contre ce tuteur et réclame son legs aux meubles. Désormais, la querelle rebondit donc entre trois protagonistes distincts, et autant de juridictions. En ce qui concerne les Brisart et les Hervé, ils suivent la ligne de défense la plus propre à soutenir leurs intérêts successoraux, qui consiste à confondre par leurs accusations le fidéicommissaire et le tuteur, comme étant tous deux liés au crime originel d'enlèvement. Avant tout, il s'agit pour eux, de faire établir par la troisième chambre des Enquêtes que les jeunes héritiers Miron-La Fons sont illégitimes et inexistants, «auparavant [même] la prétention du testament où ils n'auroient que faire de défendre si n'y avoit de véritables enfants». L'abbé, qui pour sa part, s'appuie sur une sentence des Requêtes de l'Hôtel, fait saisir les biens de la succession Miron-La Ferté, en arguant de la nullité du partage de 1675, puisqu'aucun compte de tutelle définitif n'avait été rendu depuis 1663, le premier subrogé tuteur des filles Miron ayant été attaqué en procès par les Brisart pour «pillage du bien des mineurs». Par un arrêt de la chambre des Requêtes, le conseiller Hervé obtient l'annulation de cette saisie et, ce qui n'est pas une mince victoire, l'abbé est renvoyé par les Requêtes de l'Hôtel vers le Parlement. En même temps, Hervé obtient un arrêt de la Tournelle faisant défense à Nicolas de La Fons d'exercer toute tutelle. Mais, nullement découragé, celui-ci fait appel, présente des requêtes, porte l'affaire de la réhabilitation de son fils au Parlement de Grenoble, une juridiction où les Brisart ont moins d'appuis.
Après l'incarcération de la veuve Brisart (1680) et sa libération, les choses allèrent très vite : le Parlement de Grenoble, par un arrêt du 11 août 1682, reconnut la validité du mariage d'Anne-Adrienne Miron et de Philippe de La Fons, et donc la légitimité de leurs héritiers, rétablis dans leurs droits
Cab. des titres, DB 274, dossier La Fons.. Une procédure de réconciliation solennelle dut avoir lieu, mais avait été anticipée : dès mars 1682, les cohéritiers de Robert III Miron avaient établi une transaction, et convenu de procéder à un nouveau partage de la succession immobilière. En 1683, le Châtelet nomma des experts chargés d'évaluer les biens fonciers faisant l'objet d'un nouveau partage définitif. Les effets du partage bipartite de 1675 étaient annulés, les mineurs lésés ayant droit au rappel de partage, comme représentant leur mère pour une tierce partie. Les héritiers Brisart et Hervé rapportaient leurs parts, en prenant pour base de départ la reddition de comptes laissée par Jean Le Laboureur, le premier subrogé tuteur, qui avait pourtant été attaqué lui aussi. Mais l'heure n'était plus aux divisions, mais à la reformation d'une unité lignagère. La seule vengeance fut de laisser au père des enfants d'Anne-Adrienne La Ferté le soin de récupérer lui-même la fameuse ferme du Rouvres, échangée avec les Le Fèvre de Caumartin. Sinon, la masse des biens fonciers, revenant en actifs à la somme de 356 143 Lt, fut partagée de manière très égalitaire en trois lots. Les calculs de rapport, très complexes, devaient effacer à la fois la spoliation dont avaient été victimes les jeunes La Fons, mais aussi le fait que le passif de succession avait été payé en 1675 par les seuls Brisart et Hervé. A l'issue de ces longues tractations, les mineurs Miron-La Fons recevaient la somme de 122 395 Lt, les Brisart et les Hervé conservant chacun 116 874 Lt. Les cohéritiers partagèrent aussi une masse de principaux de rente correspondant à une valeur de 8158 Lt, ayant subi par rapport à leurs taux d'origine une perte de 41 %
AN, MC LXIV-193, 03/10/1682, Partage des rentes de la succession Miron-La Ferté ; LXIV-200, 11/06/1684, Partage des biens immobiliers de la succession Miron-La Ferté.. Cette dernière remarque permet de chiffrer la baisse des revenus essuyée par cette catégorie très aisée de la noblesse de robe, restée socialement puissante à la fin du siècle, mais politiquement amoindrie et existentiellement éprouvée et déchirée. Dans le cas précis, il avait fallu trente trois ans de guerre interne pour que le partage de la succession de Robert III soit effectué entre ses héritiers.
* *
Remarquer que ces tensions familiales violentes accompagnent la lente dévalorisation des charges et des revenus qui font la dignité et la fortune de ces groupes de parenté est peu téméraire. En recherchant des héritières capables de les aider à maintenir leur fortune en dépit du coût inflationniste de leurs charges, les Miron de la branche aînée devaient en payer le prix : tant François Miron que son neveu Robert III qui épousa une héritière qui avait perdu tous ces parents proches, ou François-Ours Miron qui s'était marié dans un groupe de parenté proches des réseaux colbertiens, n'avaient pu bénéficier du soutien et de la solidarité des familles de leurs femmes. Or, l'on a pu apprécier la force d'intervention des solidarités interlignagères, lorsqu'elles étaient à même de fonctionner. Le recours à la justice traduit l'impossibilité de médiatiser ses conflits à l'intérieur de la parenté. La législation du roi -par exemple, celle qui règle les mariages clandestins et les rapts- ne se fait pas tant mécaniquement complice d'un ordre familial assimilable à un ordre de classe qu'elle ne se garantit le moyen d'arbitrer des conflits exprimant la rivalité des groupes de parenté agnatique, qui disloque la cohésion ancienne des fronts de parenté : en définissant des crimes (le rapt), sujets à des arguties de cours de justice, cette législation crée des espaces d'affrontements réglés entre les patrilignées lancées à la course aux héritières, dans un champ d'échanges matrimoniaux clos (renforcement de l'endogamie socioprofessionnelle). Ce contexte contribue à modifier les modalités de la transmission entre générations. Les femmes mariées ne sont plus les passerelles passives d'antan entre les lignages alliés mais manifestent des agissements volontaires nouveaux.
L'intensification bavarde et l'«échauffement» public des dissensions familiales au cours du XVIIe siècle accompagne la lente prise de parole des individus, profitant des contradictions offertes à leur échelle par ces mutations générales pour y glisser subrepticement leurs aspirations de cadets insatisfaits (Henri Le Fèvre de Caumartin), de filles esseulées (Anne-Adrienne Miron), de chef de famille culpabilisé (François-Ours Miron), de soeur blessée
Sarah Maza reprend, en analysant les procédés narratifs mis en oeuvre dans les factums du XVIIIe siècle, l'expression (élaborée par N. Zemon Davis) de «fictionnalisation» des protagonistes des drames privés portés par l'imprimé sur la scène publique, selon des critères de conformité littéraire : le gentilhomme est débauché, le curé cupide, la jeune fille innocente, le jeune homme sensible ... S. Maza, Vies privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Paris, Fayard, 1997. (Marie Brisart), confiant à la justice du roi, au greffe des tribunaux et à l'oreille de leur confesseur, deux instances réformées et davantage disposées à les entendre, leur incapacité fondamentale à satisfaire toutes les injonctions que leur destinée sociale et familiale leur dictait. Geoffroy Vallée n'aurait sans doute pas été brûlé au XVIIe siècle, car son groupe de parenté n'aurait pu se prévaloir d'une si grande autonomie sociale ni d'une telle unité symbolique : il aurait peut-être été enfermé néanmoins, après avoir eu la satisfaction de distribuer son libelle sur la place publique.
* * *
Conclusion générale


«Il est très difficile de se sauver dans les grands biens et dans les grandes dignités parce que presque toutes les choses où elles nous portent d'elles même sont mauvaises». Guillaume de Lamoignon, premier président du Parlement de Paris, 1662.

En quoi la famille - entendue au sens large de parenté et de groupe lignager -, en quoi la maison ont-elles eu de l'importance pour les hommes et les femmes qui ont porté le nom de Miron ? Et après tout, l'appartenance familiale avait-elle, en ces temps là, toute l'influence qu'on lui a ensuite rétrospectivement prêtée -parfois non sans une certaine nostalgie à l'égard d'un ordre corporatiste idéalisé?
Les réponses dégagées par cette enquête historique peuvent être replacées dans le contexte du débat historiographique des années 2000. Très segmenté, celui-ci ne s'intéresse à présent que de façon périphérique aux questions de parenté. Sans doute parce qu'un certain nombre d'hypothèses émises jadis par l'anthropologie structurale n'ont pas été reçues dans toute la richesse de leur champ d'application disciplinaire - notamment, les concepts centraux de pensée symbolique et de systèmes de classification - ; surtout, parce qu'une critique des études historiques inspirées des méthodes de l'anthropologie est venue d'une nouvelle interprétation du fait social et politique, qui prend ressort sur le paramètre «connexioniste» : sa thèse centrale repose sur le fait que, par dessus tout, les rapports sociaux étaient provoqués et consolidés aux époques concernées par la mise en réseau d'individus sur le mode du rapport de clientèle et/ou de fidélité : ces réseaux étaient à l'origine des projets nouveaux dans la Cité d'alors, l'Etat «moderne» en construction. Le sociologue Luc Boltanski montre que cette approche s'inspire implicitement d'une vision naturaliste des phénomènes sociaux : les chercheurs spécialistes des réseaux critiquent les approches catégorielles, dit-il, en pensant que le sens du monde se dévoile à ceux qui ont compris que le réseau en était l'armature principale
E. Chiapello, L. Boltanski, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999.. Le succès d'une telle approche tiendrait au fait qu'elle correspond à nos propres modes de représentations contemporaines. Décrypter une organisation réticulaire au sein des groupes sociaux d'autrefois correspondrait donc à nos formes les plus immédiates et opérationnelles d'intelligibilité du monde. Néanmoins, elle ne correspond pas nécessairement aux langages utilisés par les hommes du passé pour rendre compte de leur expérience sociale, ni de son sens, et ne nous donne donc pas la clef de la formation des groupes d'influence d'alors.
Le débat sur la place de la parenté à l'époque moderne est à situer dans ce contexte historiographique. Les démographes ont souligné l'aspect souvent déstructuré des univers familiaux dans lesquels grandissaient les enfants des sociétés préindustrielles ; ils ont souligné que le nombre d'individus se reconnaissant une mutuelle appartenance familiale croissait avec le niveau de puissance sociale du groupe de parenté en question, qui pouvait assurer à ses membres une réelle protection. Ralph Giesey a insisté avec raison sur le fait qu'il n'existait pas de relais d'assurance sociale plus sûrs que ceux qu'inspiraient la charité communautaire et la piété familiale, qui reposaient sur des cadres juridiques et économiques solidemment étayés jusqu'à la fin du XVIIe siècle, moment où l'Etat français commence à manifester des vélleités d'intervention dans ce domaine. Enfin, à partir de l'exemple des paysans de Santena (Lombardie), Giovanni Levi a mis l'accent sur le fait que les micro-stratégies des humbles, qui mobilisaient parents et voisins pour former des fronts de parenté, avaient pour but de s'assurer d'abord un volant de sécurité et non quelqu'autre objectif de réussite sociale. Les sociétés d'autrefois n'offraient pas les mêmes caractères d'imprévisibilités et de possibilités de réassurance que les nôtres : la parenté était un lieu d'élaboration continue et prioritaire de liens sociaux.
A l'échelle macro-historique, il est maintenant avéré qu'il existait des correspondances fortes entre les formes de la famille, le système de domination socio-politique, et la forme d'un Etat à une époque donnée. Les thèses plusieurs fois citées de C. Duhamelle, de G. Delille sont à cet égard des travaux de référence qu'il convient de méditer et de prolonger. La comparaison entre les différentes formes d'expériences familiales des pays européens permet de dégager des éléments de divergences très intéressants qui concernent par exemple la transmission au sein des groupes de parentés aristocratiques antérieurs au XVIIe siècle, et de bien mettre en valeur l'apparition de fortes convergences en ce domaine à partir de la fin du XVIIe siècle, liées à l'utilisation généralisée du fideicommis et à la valorisation de la primogéniture masculine.
La société française fit preuve au XVIe siècle d'une mobilité sociale beaucoup plus importante qu'au siècle suivant. Dans ce contexte, l'ascension rapide des Miron dans la monarchie des Valois s'explique certes par leur agrégation réussie à des réseaux centrés par le service de l'Etat, qui étaient composés d'hommes puissants, grands financiers, officiers et secrétaires d'Etat. Mais il est surtout remarquable que leur appartenance à un réseau de pouvoir se soit d'abord matérialisée sous la forme de liens de parenté avec ces personnages de qualité. A l'inverse des Hotman du XVIe siècle par exemple, les Miron n'ont pas construit leur promotion politique et sociale à partir des dividendes de rapports clientélaires entretenus avec les Grands, mais en servant le roi. Les liens avec les grands ministériaux ou officiers de la cour des Valois sont issus de cette communauté d'intérêts à l'égard de la monarchie et se sont souvent concrétisés par des alliances matrimoniales.
Ce lignage déploie ainsi une véritable polyvalence par la présence simultanée de ses membres en plusieurs lieux institutionnels : gouvernement central, cours souveraines et institutions municipales par exemple. Cette variété d'expériences menées au service du roi autorise aussi une complémentarité fonctionnelle faite d'échanges financiers ou de services en tous genres, courtage, assistance juridique ou judiciaire, transfert d'informations et de biens protégés -les offices, les seigneuries. Le fait est que, comme le montre la faillite financière des fils du médecin du roi Marc Miron, la perte de la faveur royale entraîna très vite le déclin de ces gens qui en étaient très dépendants.
Mais, jusque dans la première moitié du XVIIe siècle, le groupe de parenté concerné allie aussi des familles appartenant à des catégories sociales très différentes, de rangs inégaux . Le cas de Pierre II Janson, commissaire aux vins de Paris, cousin issu de germains de l'intendant en Languedoc Robert II Miron et homme de confiance de ce dernier en est un exemple. Cette grande souplesse sociale du système de parenté repose sur la constitution de lignages appelés maisons, comportant une filiation cognatique (bilinéaire) empreinte néanmoins d'une inflexion patrilinéaire : les échanges matrimoniaux reposent sur une légère et fréquente hypogamie des filles, et, lorsqu'ils prennent une dimension endogamique, sont effectuées entre lignées indifférenciées, et donnent fréquemment à voir des alliances entre alliés de consanguins d'alliés.
Formuler cette hypothèse fait de la parenté un phénomène structurant mais non exclusif : les alliances matrimoniales étudiées intègrent des fidélités dissymétriques qu'explique nettement leur caractère socio-professionnel. Cette interpénétration des attaches professionnelles et familiales tolérant l'inégalité de rangs permettait une répartition efficace des missions et des activités (alors que la délimitation des champ privé et public n'était d'ailleurs pas toujours très nette pendant la période considérée). Pour une mission au service de la monarchie par exemple, un «grand» devait être capable de mobiliser des «petits» loyaux et dans ces cas là, apparaîssaient des réseaux de fidélité exprimés dans la parenté : l'élément central de ce système est celui d'allié. Le système de classification choisi permet en effet à ces alliés de définir des liens d'appartenance qui oscillent entre inégalité statutaire et homologie d'origines.
Tant que les Miron sont restés au service direct de la famille royale, ces attaches se sont constituées dans un dévouement mutuel aux intérêts de la monarchie. Mais la solidarité de ces «fronts de parenté», caractérisés par la reconnaissance d'une parenté commune et l'appartenance conjuguée à des corps privilégiés (cours souveraines, municipalités urbaines, noblesse provinciale) pouvait opérer à rebours. Ces liens pouvaient être dormants et revivifiés lorsque la cause commune se présentait. Pendant la Fronde, Gondi suscite bien ainsi une amitié politique préférentielle avec celui qui n'était au départ qu'un de ses alliés, Louis-François Le Fèvre de Caumartin. Il mobilisera également les Miron, cousins de Caumartin, fidèles de vieille date des Gondi, en raison de leur double appartenance aux cours souveraines et leurs forts liens d'autochtonie parisienne. Les Miron apportèrent au coadjuteur l'appui de leurs clientèles locales.
La force de ces liens de parenté est nourrie par des échanges économiques dont le droit privé aménage le cadre de référence. Celui-ci fait réellement, au XVIe siècle et dans la première moitié du XVIIe siècle, de deux lignées alliées des associés durables unis pour le pire ou le meilleur. La structure lignagère de la propriété des seigneuries, en particulier, oblige leurs possesseurs à négocier leurs droits réciproques de génération en génération et à entretenir une mémoire longue de la nature des biens en question. Leurs détenteurs déploient des stratégies d'une complexité parfois ahurissante pour préserver, augmenter ces biens dont la valeur est à la fois matérielle et symbolique. Ces opérations mobilisaient l'axe horizontal de parenté alliés-cousins germains-frères et soeurs, qui se relaient pour soutenir les solidarités défaillantes et alimenter les circuits financiers sous-tendant la puissance du groupe. Même si cette économie domestique nécessitait l'intervention de professionnels et de spécialistes, notaires-banquiers, secrétaires et hommes d'affaires inspirant et épaulant leurs protagonistes, ces opérations exigeaient forcémment des négociations, des visites fréquentes et sans doute, une forme de passion pour ces parties très complexes. L'étude du contenu concret des stratégies de transmission éclaire donc avec une grande acuîté le système de classification des membres de la parenté et l'usage particulier et différencié que chacun devait assumer de ses prérogatives au sein de la propriété collective familiale.
Sur le plan des valeurs exprimées par les membres du groupe de parenté ici étudié, l'attachement à l'unité du corps familial est constamment proclamé par ceux qui s'y sentent investis de ces responsabilités affectives et économiques, notamment tous ceux qui exercent à différents moments de leur vie des fonctions de chefs de famille : les pères, les femmes veuves, qui, à un moment donné, contribuent à orienter biens et personnes de leurs maisons d'appartenance. D'autres personnages se prêtent structurellement à ces fonctions de décideurs-médiateurs au sein de leur parenté, en se servant de leur autorité morale et de leur désintéressement (ils ne transmettent pas) pour cautionner échanges et politiques successorales : il s'agit des hauts dignitaires ecclésiastiques. L'évêque Charles Miron en est un bon exemple, dont l'historiographie récente montre la représentativité pour les XVIe et première moitié du XVIIe siècle
Voir les intéressants exemples développés par P. Hamon, Messieurs des finances ... op. cit., pp. 324-325..
Les solidarités familiales issues de la consanguinité immédiate ou de l'alliance proche, sont nourries en effet par d'autres espaces symboliques d'appartenance commune : les parentés spirituelles complètent les parentés charnelles. L'amitié, le voisinage, un même niveau culturel en dépit d'une différence de rang et de statut, peuvent se perpétuer par un lien de parrainage. Guy Patin, doyen de la faculté de médecine et heureux voisin du président de la chambre des requêtes Robert II Miron, prénomme son fils aîné Robert et lui donne comme parrain le fils premier-né du magistrat. L'existence d'un filleul peut réconcilier deux alliés en désaccord : c'est le cas de Jean Miron, dont le parrain Jacques Leconte, brouillé avec le père François Miron, restitue des biens litigieux à celui qui n'est «que» son neveu par alliance mais aussi son filleul. De même les membres consacrés par leurs professions religieuses jouent certainement un rôle fort dans l'entretien quotidien de l'unité du corps familial et font de certains monastères des lieux investis par les Maisons. Le médecin du roi Marc Miron était un familier de l'abbaye augustine de Malnoue, proche de sa seigneurie de L'Hermitage : il y confie sa fille Madeleine aux soins d'une religieuse alliée, Geneviève Poart, effectue des donations à cette communauté qu'il visite souvent. Deux de ses nièces Hué rejoindront leur cousine germaine pour partager sa vie conventuelle. Marquise Miron, petite-fille de Marc, épousera Denis Le Jay dont la tante maternelle, Catherine Vivien est abbeesse de Malnoue. De tels effets d'adhérence ressortent de la prise en compte du caractère familial du phénomène social considéré (ici, des entrées groupées en religion rappelant les anciennes consorteria médiévales) ; ils permettent d'apprécier la position d'autres champs d'appartenance dans l'économie d'une configuration de parenté donné.
La poursuite d'un tel questionnaire permettra de mieux appréhender la constitution des identités propres à chaque maison, que suggèrent les comportements de leurs membres et certains traits de caractère collectifs intergénérationnels distinguant ces groupes lignagers les uns des autres : traits de caractère transindividuels, le loyalisme politique des Miron des XVIe et premier XVIIe siècles, tout comme la solidarité volontariste et pieuse des Brethe, l'agressivité familiale, sociale et politique des Le Fèvre de Caumartin ou encore le libertinage intergénérationnel des Vallée, l'errance chevaleresque des L'Hermite... Les usages généraux de la maison comme cadre de représentations et de références ne seront-ils pas mieux précisés en replaçant dans un premier temps la focale du côté de la construction locale du social et de la constitution des idiosyncrasies familiales, pour mieux revenir ensuite au problème de l'élaboration collective des représentations de l'univers social et de leurs périodisations ?
Au plan symbolique, l'appartenance à une même parenté exerce une ancienne et forte prégnance sur les uns et les autres, marqués dès leur enfance par l'éducation au quotidien et l'entretien d'une mémoire collective vivace. Elle est balisée par l'existence d'un culte funéraire familial privé bien localisé dans des églises de paroisse, célébrant les mérites et consolidant l'enracinement local des topolignées urbaines, la cohabitation permanente ou temporaire des colignagers dans de vastes hôtels parisiens contenant les multiples signes d'une histoire familiale glorieuse, les traces d'une importante sociabilité de quartier dans les écrits privés, bavardages quotidiens des voisins au sujet des ramifications de liens de parenté liant les visiteurs de la maison d'à côté à leurs hôtes... Certains objets de luxe, comme la tapisserie aux armoiries parlantes des Miron, mettent l'art le plus raffiné au service d'une culture lignagère et raniment de génération en génération le sentiment d'appartenance commune et l'orgueil d'aînesse.
Néanmoins, les jeux de mémoire lignagère ne sont pas univoques et cette mémoire peut être réactivée dans un sens ou un autre en fonction des enjeux du moment, par exemple, pour justifier et masquer au XVIIe siècle de subtancielles modifications du système de parenté, lorsqu'il opère une transmission de plus patrilinéaire, de plus en plus concentrée sur le droit d'aînesse.
Le projet social des Miron n'a reposé que sur une spécialisation très partielle et tardive de leurs fonctions et de leurs statuts : certes, au XVIe siècle, la branche aînée se transmet de père en fils la position de premier médecin du roi, tout en assumant différentes activités connexes de financier, commerçant et négociateur, semblables aux multiples fonctions exercées par les médecins attachés au service des puissants au Moyen-Age. A la fin du XVIe siècle, une plus grande différenciation des genres de vie intervient entre les branches fondées. La lignée cadette recueille l'héritage médical, obtient un moment la dignité épiscopale et transmet quelques beaux bénéfices ecclésiastiques à des neveux alliés, avant de se fixer dans un état de vie noble assez chiche. Cependant, la lignée aînée avait été chargée par son patrilignage d'investir les grands offices de cour souveraine pour y gagner la noblesse de statut, le prestige attaché à l'exercice de la puissance publique et la possibilité de mener des commissions plus prestigieuses au nom du gouvernement. Mais ses protagonistes ne se sont jamais transmis leurs offices et sont restés fidèles aux pratiques de résignation établies depuis le XVe siècle, qui favorisaient la circulation des charges et des alliances au sein de larges parentèles. Dans un tel cadre, les alliés pouvaient se référer à une commune parenté avec de «grands hommes» (tels Morvillier), intégrés au pouvoir monarchique, dont l'assise politique structurait en puissance la constitution de ces fronts de parenté. L'excellence sociale se réfractait de proche en proche plutôt qu'elle ne s'héritait. Le partage égalitaire des successions, avec un léger préciput d'aînesse, récompensait une progéniture aussi abondante que possible, dont les représentants mâles espéraient construire leurs carrières en épousant les filles ou apparentées de leurs patrons. Ces femmes légèremment plus huppées que leurs maris leurs transmettaient des biens nobles, les seigneuries, qui lustraient les blasons et pouvaient être le support de topolignées ainsi créées. La propriété des offices, restée casuelle, confèrait une dignité à leurs détenteurs qui en faisaient de bons candidats au mariage, cette qualité pouvant s'ajouter à d'autres, comme la proximité de la faveur royale et/ou l'ancienneté de la maison ; la progression dans la carrière était acquise grâce au dispositif juridique souple des conventions matrimoniales, en particulier de la communauté de biens -généreusement pourvue au XVIe siècle- dont les bénéfices récompensaient les propres des lignées alliées en cas d'absence de descendance directe.
Mais à la fin du XVIIe siècle, l'échec final des Miron sanctionne une inadaptation aux temps nouveaux à la fois délibérée et subie : en l'espace d'un demi siècle, les deux branches survivantes déclinèrent et s'éteignirent vraisemblablement. La coupure historique causée par la Paulette, la libéralisation du marché des offices, leur vénalité ouverte, la patrimonialisation des charges qui en était la conséquence, fut à l'origine de la perte de vitesse graduelle de la maison Miron qui put ou ne voulut se résoudre à épouser ces changements. Consécutivement, l'autre cause majeure du déclin de cette famille est dûe à la perte de la faveur de la nouvelle dynastie régnante des Bourbons.
Les offices et les seigneuries formaient les deux piliers des patrimoines de la robe en fournissant à leurs détenteurs tout à la fois des revenus mais aussi des supports de la qualité nobiliaire. A partir des années 1580, le marché des offices, en raison de la politique financière de la monarchie, subit une flambée des prix. Mais alors que les familles qui avaient effectué leur ascension sociale au XVIe siècle tendaient désormais à transmettre de père en fils les offices les plus nécessaires à la bonne santé de leur économie domestique, les Miron se contentaient de spéculer sur les prix des leurs et de maintenir une certaine variété de leurs charges, entre Parlement et chambre des Comptes ou Grand Conseil, selon les réalités démographiques du moment.
Les seconds biens immobiliers, les seigneuries, orientaient davantage la construction des fortunes vers un marché privé -hors de la main du roi-. Plus la valeur nominale des offices croît à partir de la fin du XVIe siècle, plus celle des seigneuries appartenant aux Miron diminue tendanciellement. Pourtant, pour enrayer un déclin corollairement politique et financier, la branche cadette d'abord (issue de Marc Miron), la branche aînée ensuite (issue de François-Ours Miron), font de la possession et de la transmission de ces seigneuries une solution de repli en en renforçant la dévolution patrilinéaire par ordre de primogéniture. Les réformes de la coutume de Paris en 1580 préparaient les instruments juridiques permettant à ce nouvel ordre lignager de se mettre en place, en l'aménageant au moyen de deux mécanismes fondamentaux, la substitution et la légitime. La discipline intergénérationnelle était renforcée ainsi par une indisponibilité accrue des propres confiés à des fideicommissaires, gestionnaires au nom de la stricte patrilignée; elle l'était également par l'obligation de célibat tardif ou définitif faites aux fils (afin d'éviter de verser des douaires obérant le fonds de revenu patrimonial et d'aliéner celui-ci par l'achat de charges). Enfin, les filles mariées devaient être dotées en argent mais exclues du partage des seigneuries et donc mariées avec des hommes de leur rang. Le tout cassait les anciennes solidarités interlignagères et favorisaient les rivalités entre lignées alliées.
Cependant, devant cette menace de fragmentation de l'ancien système à parentèle, l'une des solutions fut de mobiliser la mémoire de la parenté et soit de renforcer l'endogamie statutaire en outrapassant les interdits de parenté (solution couramment utilisée par les Le Fèvre de Caumartin), soit de réactiver les anciennes pratiques d'alliance aux frontières de l'interdit, du «ni trop loin, ni trop proche» (solution adoptée par les Miron du côté des Brethe et de leurs alliés). On peut alors parler de recomposition des solidarités familiales. Le regroupement de gens que ne rassemblaient pas leur seule identité statutaire, mais que structuraient aussi des appartenances politiques communes et réactualisées, ainsi que des sensibilités religieuses spécifiques soutenant des réseaux financiers, permettait aux ententes de mieux cristalliser : ainsi, pour les Miron, le réseau dévot Leschassier-Charpentier-Mérault-Baillon. Des matériaux patrimoniaux étaient ainsi réutilisés pour servir les objectifs du présent : on peut songer par exemple à la réedition effectuée au début de la Fronde par Christophe Leschassier, membre de la compagnie du Saint-Sacrement, beau-frère de Robert III Miron (très engagé dans la Fronde parlementaire), des écrits de son oncle Jacques Leschassier qui avait écrit en collaboration avec François Miron le texte de la célèbre remontrance sur les arrérages des rentes de l'Hôtel-de-Ville adressée par le prévôt des marchands à Henri IV.
Le nouvel ordre patrilignager exige une plus grande discipline familiale de ses membres mais devait néanmoins composer aussi avec des tendances individualistes centrifuges que l'on voit poindre: davantage de rivalités et de dissensions ouvertes dans les fratries, une plus forte différenciation des états de vie, un plus grand besoin d'illustrer la grandeur de la maison et de marquer son histoire par une prouesse personnelle, des intensités de sentiment plus recherchées et tout cas mieux autorisées dans leur expression publique font intervenir davantage le tiers social dans le corps familial. A cet égard, l'étude des conflits familiaux, nombreux et passionnels, qui émaillent la vie du groupe familial, est riche d'enseignements. Les querelles familiales se fixent en effet autour d'enjeux symboliques qui structurent l'imaginaire des acteurs et ont pu constituer, au coeur du particulier et de l'individuel, des conflits d'interprétation de culture intéressants, par exemple au sujet de la notion d'honneur féminin.
L'ordre nouveau est ainsi plus mysogine, veut restreindre les responsabilités économiques des épouses, protège mieux les propres de celles-ci en soulignant l'aspect temporaire de l'association conjugale. Mais en même temps, il est vrai que l'on voit bien la volonté des femmes s'affirmer davantage -parfois au grand dam de leurs parents- en matière de choix du conjoint ou de l'héritier à privilégier ; que l'on relève des cas de transmission matrilinéaire lorsque les mères, les tantes ou les grands-mères veulent aussi protéger leurs filles, soeurs ou cadets. Si les femmes perdent donc leur rôle primordial et discret d'agent interlignager du XVIe siècle, elles déploient en revanche une activité plus visible lors des échéances successorales ou des crises familiales : elles y gagnent en épaisseur individuelle et comme sujet de paroles.
Aussi et malgré elles, si à la fin du XVIIe siècle, le lignage Miron s'éteignait dans une forme d'acceptation résignée de sa propre finitude, il pouvait encore faire parvenir à ses neveux et nièces alliées les restes de son patrimoine et de sa mémoire ; il restait assez combattif pour retarder autant que faire se pouvait, les tentatives de captation effectuées par ses puissants rivaux Le Fèvre de Caumartin. Ses derniers représentants pouvaient encore entendre vanter l'excellence reconnue de leur maison et accréditer le fait que la décadence constituait le prix à payer de leur intégrité de magistrat. Ne plus être, c'était être encore un peu.














SOURCES



ET



BIBLIOGRAPHIE

Section I : Sources.


I- Sources manuscrites.

Archives nationales.

Monuments historiques.
K. 985, n° 93, 31/07/1634, Information...sur les vies et moeurs de Me Martin Lemaire.
KK. 82-83, Comptes de la reine Anne de Bretagne.

Minutier Central.

-Abréviations :
A.S : accord de succession.
ET: étude contenant plusieurs actes relatifs au personnage cité.
C.M. : contrat de mariage.
P.S. : partage de succession.
Tr. : transport.
V. : vente.
T. : testament.
C.R. : constitution de rente.
D. : donation entre vifs.
A.P. : avis des parents.
H.F. : hommage féodal.

-Etudes :
I-98, 19/07/1629, ID Nicolas Gobelin.
IV-189, 09/04/1664, D de la seigneurie de Brie s/Marne.
IV-190, 191, 192, ET F.O. Miron.
IV-203, 02/08/1670, T. F.O. Miron ; 22/08/1670, ID. F.O. Miron.
IV-205, 11/12/1671, Tr. M. Renouard-T. Charpentier.
VIII-214, 23/04/1552, Fief F. Bastonneau.
VIII-219, 28/01/1554, CM M. Bastonneau & G. Miron.
VIII-222, 21/O6/1555, Office R. Miron.
VIII-230, 11/08/1557, CM Loys Du Moulin & Loyse Bastonneau.
VIII-245, 14/06/1560, F. Miron.
VIII-387, 21/08/1580, CM M. Versoris & A. Rancher.
VIII-410, 29/01/1595, CM Isaac Le Tanneur & F. Guibert.
IX-171, 10/06/1597, Moratoire L'Hermitte.
XIII-1, 28/02/1625, Accord J. Miron & J.R. de Ligneville.
XVI-29, 1611, E.T. M. Vallée.
XVI-33, 1615, E.T. M. Vallée.
XVI-34, 1616, ET M. Vallée.
XVI-234, 23/07/1634, CM J. Miron & A. Charpentier.
XVI-450, 19/06/1647, ET F. Vallée.
XVIII-143, 24/07/1610, Protestation du chapitre d'Angers.
XIX-25, 24/09/1572, Vente de la seigneurie de St-Prest.
XIX-126, 22/04/1575, V. de la seigneurie de St-Prest.
XIX-320, 24/11/1582, D. à C. Gencian ; 23/12/1582, T. J. Barabedor.
XIX-341, 14/06/1600, CM Miron & Payot.
XIX-431, 12/12/1650, CM N. Miron & D. Jacquinot.
XIX-429, 18/05/1644, ID Jean Miron.
XX-292, 01/09/1659, CM V. Tassin & M. de La Cerisaye.
XXIII-119, 21/09/1609, Compromis P. Le Doulcry-S. Nozillet.
XXIII-220, 10/05/1602, Réconciliation F. Miron & M. Brisson.
XXIV-110, 23/10/1608, T. J. Brethe.
XXIV-132, 1617, H.F. Lignières.
XXIV-313, 29/07/1624, V. Charpentier & Choart.
XXIV-416, 13/01/1640, Tr. H. Miron & H. de Sourdis.
XXVI-54, 22/06/1629, Tr. J. & R. Miron.
XXVI-75, 28/03/1650, AP de J. Miron.
XXVI-58, 06/09/1633, V. de l'office de Jean Miron.
XXIX-166, 30/11/1614, Tr. Henry Miron & H. Vannifle.
XXIX-189, 08/07/1653, AP de M. Renouard.
XXIX-190, 09/08/1654, CM FO Miron & M. Renouard.
XXIX-347, 20/03/1720, CM J.B. Brisart-M.C. Porlier.
XXXIX-60, 16/11/1628, Tr. L. Miron & L. Le Febvre de Caumartin.
XLI-177, 06/06/1638, CM R. III Miron & A. de La Ferté.
XLI-198, 24/04/1645, ID T. de La Ferté ; 13/12/1645, Dot A. de La Ferté.
XLV-136, 26/06/1610, Epitaphe Miron.
XLV-145, 03/02/1616, Fondation R. Miron.
XLV-162, 14/03/1609, ID. François Miron.
XLV-163, 10/02/1614, ID M. Bastonneau.
LI-17, 07/08/1607, Transaction F. & R. Miron-L. Le Fèvre de Caumartin.
LI-23, 01/03/1609, CM L. Miron-C. Le Beauclerc.
LI-53, 1618, Actes Caumartin.
LI-64, 09/05/1621, CM A. de Vallet & M. Miron.
LI-181, 11/06/1636, CM C. Renouard & F. Feydeau.
LI-261, 04/07/1645, ID M. Miron, veuve L. F. de Caumartin.
LII-106, 14/09/1685, Traité d'office Gabriel-Louis Miron.
LIV-17, 19/11/1543, M. Miron & E. Serres.
LVII-46, 20/03/1630, Succession de La Coussaye.
LIX-48, 01/03/1610, ID Nicolas Gencian.
LXI-157, 24/08/1618, T M. Vallée.
LXI-264, 26/06/1677, Vente de la terre du Tremblay.
LXII-132, 09/1633, L. Miron.
LXII-144, 26/06/1639, CM M. Miron-D. Le Jay ; 30/08/1639, CR H. Miron-D. Le Jay.
LXIV-193, 03/10/1682, PS La Ferté-Miron.
LXIV-200, 11/06/1684, PS La Ferté-Miron.
LXVI-162, 27/02/1652, Don à l'Hôpital Général.
LXVII-63, 04/1625, ID F. Miron (hors consultation).
LXVII-73, 08/1628, ID Charles Miron (restauré).
LXVIII-162, 01/06/1654, Echange de la seigneurie de Bonnes.
LXXII-17, 01/09/1651, PS C. Payot.
LXXIII-29, 12/03/1564, Succession Gencian.
LXXIII-180, 02/07/1617, CM F. de Pommereu-M. Baron.
LXXIII-205, 08/01/1636, Contrat de vêture de M. Miron.
LXXIII-266, 1607-1608, ET Gouffier.
LXXVIII-73, 26/01/1569, CM Lugolly-Gencian.
LXXVIII-87, 18/07;25/08/1572, PS Gabriel Miron.
LXXVIII-102, 28/08/1575, CM M. Miron & A. Rancher.
LXXVIII-123, 16/04/1581, CM N. Choart & M. Miron.
LXXVIII-125, 28/02/1582, Excuses de Merry de Vic.
LXXVIII-125, 13/03/1582, Vente de la seigneurie de Beauvoir.
LXXVIII-125, 21/04/1582, CM M. Miron & C. de Baillon.
LXXVIII-125, 08/08/1582, annulation du mariage Miron-Baillon.
LXXVIII-126, 27/11/1582, CM M. Miron & L. Lefevre de Caumartin.
LXXVIII-140, 27/08/1588, Renonciation succession Michel Miron.
LXXVIII-144, 03-06/11/1594, PS R. Miron, sr de Chenailles.
LXXVIII-148, 27/06/1596, CM F. Miron & M. Brisson.
LXXVIII-151, 18/01/1598, CM C. Hué & F. Miron.
LXXVIII-153, 18/02/1599, CM C. Leconte & R. Miron.
LXXVIII-156, 12/09/1594, ID R. Miron, sr de Chenailles.
LXXVIII-184, 01/06/1639, T. Jacques Leschassier.
LXXVIII-236, 29/08/1632, J. Miron, exécuteur testamentaire de L.Miron
LXXXIII-3, 25/03/1624, CM J. Miron-A. (de) Baillon.
LXXXVI-208, 06/04/1628, FH de la terre de Moucy.
LXXXVII-275, 13/05/1688, T. Trajan Miron.
LXXXVIII-46, 24/03/1614, Accord frâtrie Leconte.
LXXXVIII-47, 13/06/1614, Procuration C. Leconte.
LXXXVIII-303, 16/12/1694, Vente d'office par G.L. Miron.
XCI-686, 08/01/1722, ID J.B. Brisart.
XCV-708, 24/06/1663, CM A. du Bois & MEH Delaporte.
XCVIII-44, O7/08/1570, Miron.
XCIX-86, 19/05/1607, Compromis E. de La Fons & J. Miron.
CV-499, 20/05/1602, CM C. Gouffier & M. Miron.
CV-500, 1603, E.T. Gouffier-M. Miron.
CV-501, 1604, E.T. Gouffier-M. Miron.
CV-502, 1605, E.T. Gouffier-M. Miron.
CV-503, 1605, E.T. Gouffier-M. Miron.
CV-506, 07/02/1608, C. Hué contre Pons de Pons.
CV-516, 02/12/1608, Contrat d'armement H. Miron.
CV-517, 09/01/1618, CM M. Le Picart & M. Miron; 08/01/1618, T. C. Gouffier.
CV-518, 1618, E.T. M. Miron père & fils.
CV-519, 1619, E.T. Le Picart-M. Miron-Gouffier.
CV-520, 29/08/1619, T M. Miron.
CV-521, 07/01/1620, T Charles Miron.
CV-536, 09/07/1608, ID M. Gencian ; 14/11/1608, ID Marc I Miron.
CV-538, 30/03/1618, ID C. Gouffier.
CV-539, 05/02/1619, ID Marc II Miron.
CVII-224, 09/03/1675, D. Louis II Miron-F. Le Jay.
CVII-236, 08/11/1680, Tr Le Jay-C. Miron.
CVII-272, 18/09/1697, T C. Miron.
CIX-189, 03/02/1650, CM M. Miron & M. de La Cerisay.
CXII-31, 1638, Actes Caumartin.
CXV-64, 04/07/1632, CM C. Leschassier & M. Miron.
CXV-74, 23/10:1637, ID François Payot.
CXV-75, 18/02/1638, ID Gabrielle Miron.
CXV-77, 27/07/1639, T Jacques Miron.
CXV-78, 15/07/1639, ID Jacques Miron ;12/08/1639, Vente de son office.
CXV-82, 26/08/1641, ID R. II Miron; O8/07/1645, CM A.Charpentier & C. Feydeau ; 24/07/1641, ID A. de Vallet.
CXV-83, 08/02/1642, Achat d'office R. Miron.
CXV-97, 12/06/1649, D. E. Vaillant.
CXV-100, 16/09/1650, T. E. Vaillant.
CXV-119, 17/07/1652, ID R. III Miron.
CXV-141, 16/04/1658? ID A. de La Ferté.
CXV-148, 20/03/1660, I dettes douteuses La Ferté.
CXV-149, 1660, Actes curatelle et tutelle des filles de R. III Miron.
CXV-150, 07/09/1660, Vente office R. III Miron; 12/09/1660, AP Miron.
CXV-153, 20/05/1661, Donation Hôpital Gal ; 16/05/1661, CM A. du Bois & E. Miron.
CXXII-1440, 10/05/1556, G. Vallée.
CXXII-1560, 06/1607, M. Brisson.

Papiers privés tombés dans le domaine public.
T 247 (5), 27/06/1610, T Barbe Dollu.

Institutions et personnels administratifs et judiciaires.
-Requêtes de l'Hôtel :
V4/11, 27/08/1594, Plainte de l'échevinage d'Issoudun contre G. Bastonneau.
-Grand Conseil :
V5/195, 26/07/1599, Arrêt littige F. Miron & M. Brisson.
V5/245, 09/04/1607, Id.
V5/246, 1607, Id.
V5/248, 27/11/1607, Id.
V5/249, 04 -31/01-26/03/1608, Id.
-Conseil privé :
V6/10, 07/06/1606, Procès Le Bossu-J. Brèthe ; 03/07/1606, Procès du pdt de La Coussaye.
V6/12, 26/12/1607, Requête de P. & J. Miron contre C. de La Croix.
V6/13, 09/07/1608, Procès C. Gouffier-Thénin.

Parlement de Paris.
X3 a 61, 24/03/1611, Condamnation de F. Allamant.
X1a 8386, 11/02/1570, Interrogatoire Forget.
X3a 61, 24/03/1611, Condamnation de F. Allamant, sieur de Guépéan.
X2b 1174, 19/12/1570, Interrogatoire D. de St Prest.

Châtelet de Paris.
Y 110, F° 389, 18/07/ 1570, Donation de G. Miron à M. Miron.
Y 111, F° 384, 06/1571, Cession des droits de la baronnie de Cramailles.
Y 116, 12/04/1575, PS Geoffroy Vallée.
Y 122, F° 284, 26/01 ; 14/02/1581, CM R. Miron & M. Vallée.
Y 135, F° 135, 20/11/1595, Donation en usufruit d'une maison à St Maur par F. Miron à Mme Le Jay.
Y 148, F° 66, 12/01 ; 04/02/1609, CM J. Leconte & R. Miron.
Y 156, F° 41, 16/02/1615, CM M. Brisson-J.R. de Ligneville.


Bibliothèque Nationale

Manuscrits du fonds français.
1667, sd, Epigramme de Jean Miron.
4616, F° 26, Faye d'Espeisse ; F° 45, Miron ; F°53, Pommereu ; F° 93, Ruzé d'Effiat.
6628, F° 40-44, 13/08/1581, Correspondance d'Henri III.
6629, F°5, 13/03/1582, Id.
10 376, Maison d'Anne de Bretagne.
10 867, F° 89-112, Remerciement... à F. Miron, prévôt des marchands.
18 661, F° 63, Miron ; F° 239, Harlay.
20 320, 08/1557, Correspondance du duc de Montmorency.
20 430, 08/09/1557, Id.
20 469, 1548, Lettre de François Miron.
20 520, 26/08/1557, Correspondance du duc de Montmorency.
20 540, F° 89, 23/07/1556, Id.
32 356, F° 196-197, généalogie Miron.

Fonds Dupuys.

379, F° 168, 11/07/1605, Extrait des registres du Parlement de Paris.

Cabinet des titres.

-Pièces Originales (PO) :
PO 28, (dossier) Aleaume et Alleaume.
PO 29 Alleaume.
PO 212, Bastonneau.
PO 235, La Chambre.
PO 555, Rancher.
PO 730, Chefdebien.
PO 1366-67, Gouffier.
PO 1306, Gencian.
PO 1516, L'Hermitte.
PO 1973, Miron.
PO 2062, Morvillier.
PO 2323, Pommereu.
PO 2918, Vallée (de Chenailles et des Barreaux).

-Dossiers Bleus (DB) :
DB 63, Bastonneau.
DB 133, Brethe.
DB 185, Choart.
DB 274, La Fons.
DB 436, Miron.
DB 521, Le Picart.
DB 543, St Prest.

-Cabinet d'Hozier :
Cab. d'Hozier 238, Miron.
Cab. d'Hozier 273, Pommereu.

-Carré d'Hozier :
Carré d'Hozier 131, Brethe.
Carré d'Hozier 182, Chefdebien
Carré d'Hozier 436, Miron.
Carré d'Hozier 454, St Prest.

Chérin 121, Leschassier.

Archives départementales d'Indre-et-Loire.

3/E/201 (Minutes du notaire Biardeau), 01/04/1568 ; 03/11/1571, G. de Morvillier et G. Miron.
3/E/203, 11/05/1579, Achat du domaine de Villeneuve par M. Fortia.

Archives départementales du Loiret.

Fonds Ravot-Miron :

14/J/2 : généalogies, copies d'actes concernant les Miron de Paris.
14/J/86 : généalogies, portraits, actes notariés.
14/J/94 : objets de mémoire (tapisserie, armes).
14/J/130 : copies d'actes concernant les Miron de Paris.
14/J/131 : portraits, documents iconographiques.

II-Sources imprimées.

-Editions antérieures à 1800, conservés à la Bibliothèque Nationale :

8 Fm 3574 s.l.n.d. : Factum des chanoines de l'église cathédrale d'Angers Syette et Garande.
4 Fm 13 122 : Factum concernant l'excommunication encourue par le chanoine Pierrre Garande.
Lk3 40, 1624 : Factum en faveur de l'évêque d'Angers Charles Miron.
Thoisy 416 f° 278, s.l. 1676 : Factum concernant l'enlèvement d'Anne-Adrienne Miron ; 29/10/1680 : Factum concernant la succession d'A.A. Miron.
J. Leschassier, Oeuvres ..., préfacées par C. Leschassier, Paris, 1649.
G. Patin, Lettres, éd. J.H. Réveillé-Parise, Paris, 1846.
Pothier, Traité du contrat de mariage par l'auteur du traité des obligations, Paris-Orléans, 1771, 2 v.
Trésor des Harengues faites aux Ouvertures du Parlement, M. Bobin ed., 06/1668, f° 95-98.

-Editions d'ouvrages, postérieures à 1800 :
Baguenault de Puchesse (G), Jean de Morvillier, évêque d'Orléans, garde des sceaux de France (1506-1577), Paris, 1869.
Baguenault de Puchesse (G), «La famille Vallée», Bulletin de la société archéologique et historiques de l'Orléanais, t. XVI, n° 201, 3e et 4e trim. 1911, pp. 107-108.
Bauldry de Balzac, La médecine à Paris au XVIe siècle,s.l.n.d.
Bernardin (N. M.), Un précurseur de Racine. Tristan l'Hermite (1601-1655). Sa famille, sa vie, son oeuvre, Paris, Picard, 1895.
Boislile (J.M. de), Histoire de la maison de Nicolay. Pièces justificatives, t. II, Nogent le Rotrou, Paris, 1873.
Boislile (J.M. de), Mémoire de la généralité de Paris, Paris, 1881.
Capeillé (abbé J.), «La famille Miro», Journal commercial illustré des Pyrénées-Orientales, 1903, p. 287.
Catalogue des actes de François Ier, Paris, 1887-1908, 10 v.
Catalogue des actes d'Henri II, éd. du CNRS, Paris, 1970.
Epitaphier du vieux Paris., éd. A. Lesort et H. Verlet, 10 v., Paris, 1974.
Kerviler (R.), Un évêque de Vannes à l'académie française, J.F.P. Lefebvre de Caumartin ... Etude historique et biographique sur sa carrière administrative et sa famille, Vannes, 1876.
Lachèvre (F), Trois grands procès de libertinage, Paris, 1920.
Mesnard (J), Pascal et les Roannez, Desclée de Brower, Paris, 1965.
Miron de l'Espinay (A), François Miron et l'administration municipale de Paris sous Henri IV, Paris, Plon, 1885.
Miron de l'Espinay (A), Robert Miron et l'administration municipale de Paris de 1614 à 1616 ; le Tiers aux Etats Généraux de 1614 ; l'ambassade française en Suisse de 1617 à 1627, Paris, Plon, 1922.
Port (C), «Le cahier du Tiers Etat de Saumur aux Etats de 1614», Revue de l'Anjou et du Maine et Loire, 1852.
Ribbe (C. de), une famille au XVIe siècle d'après des documents originaux, Tours, A. Mame., 3e éd., 1879.
Saint-Aulaire, Histoire de la Fronde, Paris, 1828, 3 v.
Sourdeval (C. de), Mémoires de la société archéologique de Touraine, Tours, s.d.
Triaire (Dr Paul), La correspondance de G. Patin, Paris, Champion, 1907.
Vibraye (H. comte de), Histoire de la maison Hurault, Paris, 1972.

-Correspondances, mémoires, romans autobiographiques et chroniques :

Aubigné (A. d'), Oeuvres complètes, éd. La Pléiade, Paris, 19.
Bassompierre (maréchal de), Mémoires, Audoin de La Cropte éd., Paris, 1870-1877.
Catherine de Médicis, Correspondance, G. Baguenault de Puchesse éd., Paris, Imprimerie Nationale, 1899.
Cheverny (P. Hurault de), Mémoires, Nouvelle collection pour servir à l'histoire de France, Michaud et Poujoulat éd. , Paris, 1838.
Conrart (V), Mémoires, Nouvelle collection des Mémoires pour servir à l'histoire de France, Michaud et Poujoulat éd., Paris, 1838, t. IV.
Dubuisson-Aubenay, Journal des guerres civiles 1648-1652, publ. G. Saige, Paris, 1883, 2 v.
Goulas (N), Mémoires, Paris, Renouard éd., 1879.
Lefèvre d'Ormesson (O), Journal, Paris, 1860-1861, 2 v.
L'Estoile (P. de), Journal du rêgne de Henri III, Paris, 1875-1896 ; Journal du rêgne de Henri IV, Paris, NRF, 1958.
L'Hermite (T), Le Page disgrâcié, éd. J. Serroy, PUG, Grenoble, 1980.
Louvet (J), «Journal ...», Revue de l'Anjou de l'Anjou et du Maine-et-Loire, tomaison1854-1856. Un exemplaire relié est disponible à la bibliothèque municipale d'Angers (cote 944-180-2-LOUV).
Malherbe, Lettres, Paris, J.J. Blaise éd., 1882.
Mercure français, Cimber et Danjou éd., Archives curieuses de l'histoire de France, Paris, 1837.
Retz (cardinal de ), Mémoires, éd. S. Bertière, Paris, 1987, 2 v.
Section II : Bibliographie.


I-Instruments de travail.

A- Répertoires, catalogues, recueils généraux.

Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, des pairs, grands officiers de la couronne, Paris, 1726-1733, 9 v.
Arnaud (E), Répertoire de généalogies françaises imprimées, Paris, 1986, 3 v.
Babelon (J. P), Nouvelle histoire de Paris, Paris, Hachette, 1986.
Bart (J), Histoire du droit privé, Paris, Montchrestien, 1998.
Eubel (C), Hierarchia Catholicia medii, Rome, 1910.
Filhol (R), Cristofle de Thou et la réforme des coutumes, Paris, Sirey, 1937.
Félibien (M), Histoire de la Ville de Paris, revue par G-A. Lobineau, Paris, G. Desprez, 1725, 5 v.
Frondeville (H. de), Les conseillers au Parlement de Normandie de 1641 à 1715, éd. F. Lestringant, Rouen, 1970.
Guyot (J.P.), Répertoire universel de jurisprudence, Paris, 1780.
Isambert, Recueil des ordonnances des rois de France.
Maugis (E), Histoire du Parlement de Paris, de l'avènement des rois Valois à la mort d'Henri IV, Paris, 1910-1916, 3 v.
Mousnier (R), Lettres et mémoires adressés au chancelier Séguier (1633-1649), Paris, PUF, 1964.
Mousnier (R), Les institutions de la France sous la monarchie absolue (1598-1789), Paris, PUF, 1980, 2 v.
Olivier-Martin (F), Histoire de la coutume de la prévôté et vicomté de Paris, 1914-1920, 3 v., réed. Cujas, 1970, 2 v.
Poete (M), Répertoire des sources manuscrites de l'histoire de Paris, Paris, 1915.
Robiquet (P.), Histoire municipale de Paris, Paris, Hachette, 1886-1904.
Schnapper (B), Les rentes au XVIe siècle : histoire d'un instrument de crédit, Paris, Ecole pretique des hautes études, 1957.



B-Dictionnaires.

Capeille (abbé J.), Dictionnaire de biographies roussillonnaises, Perpignan, 1914.
Boucher (J) et Jouanna (A), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, R. Laffont, Paris, 1998.
Dandrey (P), Dictionnaire des lettres françaises, Paris, 1996.
Expilly (C. d'), Dictionnaire géographique des Gaules et de la France, Paris, 1778.
Joanne (P), Dictionnaire géographique et administratif de la France, Paris, 1890-1905.
Michaud (J.F.), Biographie universelle, Paris, 1842-1865, 45 v.
Michel (E), Biographie du Parlement de Metz, Metz, 1859.
Moreri (L), Le grand dictionnaire historique, Paris, 1718.
La Chesnaye-Desbois (F.A. Aiubert de), Dictionnaire de la noblesse, Paris, 1770-1786, 15 v.
Port (C), Dictionnaire historique, géographique du Maine-et- Loire, Angers, réed. 1978.
Wickersheimer (E), Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen-Age, Paris, Droz, 1936.



II-Etudes historiques et anthropologiques.


Ago (R), «Ruoli familiari e statuto giuridico», Quaderni storici, 88/a, XXX, n°1, 1995.
Ago (A), «Norme e deroghe : i ceti urbani davanti al notaio», Disuguaglianze : stratificazione e mobilità soci nella populazioni italiane (dal sec. XIV agli inizi del secolo XX), Bologne, CLUEB, 1997.
Anderson (M), Interpretazioni storichi della famiglia, Rosenberg et Sellier, 1993.
Annales ESC, numéro spécial Famille et société, n° 4-5, 1972.
Annales HSS, numéro spécial Noms, alliances, patrimoines, n° 2, 2001.
Auger (M), Pour une anthropologie des mondes contemporains, Paris, Flammarion, 1994.
Autrand (F.), «Vénalité ou arrangements de famille : la résignation des offices royaux en France au XVe siècle», I. Mieck éd., Amterhändel im Spätmittelhalter und XVI Jhdt, Berlin, 1984, pp. 69-82.
Aux sources de la puissance : sociabilité et parenté, colloque de l'Université de Rouen, GRHIS-CNRS, nov. 1987.
Barbiche (B.), Dainville (de)-Barbiche (S), Sully, Paris, Fayard, 1997.
Barnavi (E), Descimon (R), La sainte Ligue, le juge et la potence : l'assassinat du président Brisson, Paris, 1985.
Beauvalet (S), Gourdon (V), Ruggiu (R-F), «Réseaux et mobilités à Paris au milieu du XVIIe siècle» ; Beauvalet (S), Gourdon (V), «Les liens sociaux à Paris : une analyse des contrats de mariage de 1660, 1665 et 1670», Histoire, Economie, Société, n° 4, 1998, pp. 583-612 et 613-645.
Béguin (K), Les princes de Condé, Paris, Champ Vallon, 1999.
Beik (W), Absolutism and Society in XVIIth century France. State Power and provincial aristocracy in Languedoc, Cambridge University Press, 1985.
Bellavitis (A), Identité, mariage, mobilité sociale. Citoyennes et citoyens à Venise au XVe siècle, Ecole française de Rome, 2001.
Bergin (J), Pouvoir et fortune de Richelieu, Paris, 1987.
Bergin (J), L'ascension de Richelieu, Paris, 1994.
Bergin (J), The Making of French Episcopate, Yale, 1996.
Bestor (J. F.), Marriage transactions in Renaissance Italy and Mauss's Essay on the gift, Past and Present, 16, august 1999, pp. 6-46.
Bien (D), «Les offices, les corps et le crédit de l'Etat : l'utilisation des privilèges sous l'Ancien Régime», Annales ESC, n° 13 (2), 1988, pp. 379-404.
Bizzochi (R), «La culture généalogique dans l'Italie du XVIe siècle», Annales ESC, 1991, n°4, pp. 789-805.
Blet (P), Le clergé de France et la monarchie. Etudes sur les assemblées générales du clergé entre 1615 et 1666, Rome, 1959, 2 v.
Boisnard (L), Les Phélypeaux. Une famille de ministres sous l'Ancien Régime. Essai de généalogie critique, Paris, 1986.
Bonney (R), Political Change under Richelieu and Mazarin 1624-1661, Oxford, 1978.
Bonte (P) dir., Epouser au plus proche. Inceste, prohibitions et stratégies matrimoniales autour de la Méditerranée, éd. de l'EHESS, Paris, 1994.
Boucher (J), Société et mentalités autour d'Henri III, Lille, atelier des thèses, 1981, 4 v.
Boucher (J), La Cour d'Henri III, Rennes, 1986.
Boudon (F), Chastel (A), Couzy (H), Hamon (F), Système de l'architecture urbaine. Le quartier des Halles à Paris, Paris, éd. du CNRS, 1977, 2 v.
Bourdieu (P), «A propos de la famille comme catégorie réalisée», Actes de la recherche en Sciences Sociales, 100, déc. 1993, pp. 33-36.
Bourdieu (P), Raisons pratiques. Sur la théorie de l'action, Paris, Le Seuil, 1994.
Bourdieu (P), Méditations pascaliennes, Paris, Le Seuil, 1997.
Bourgeon (J. L), Les Colbert avant Colbert. Destin d'une famille marchande, Paris, 1973.
Braun (R), «Rester au sommet : modes de reproduction socioculturelle des élites du pouvoir auropéennes», Les élites du pouvoir et la construction de l'Etat en Europe, W. Reinhard éd., Paris, PUF, 1996.
Burguière (A), «La mémoire familiale du bourgeois gentilhomme : généalogies domestiques en France aux XVIIe et XVIIIe siècles», Annales ESC, 1991, n°4, pp. 773-788.
Burguière (A), Klapisch-Zuber (C), Segalen (M), Zonabend (F), Histoire de la famille, Paris, A. Colin, 3 vol.
Burguière (A), Revel (J) dir., Histoire de la France, t. II, l'Etat et les pouvoirs, Paris, Le Seuil, 1989.
Calder (R), «Montaigne and Customary Law ; some precisions of financial dispositions within the Montaigne family», BHR, t. 47, 1985, n°1, pp. 79-85.
Calvi (G), Il contratto morale : madri e figli nella Toscana moderna, Laterza, 1994.
Cassan (M) dir., Les officiers «moyens» à l'époque moderne, Limoges, PULIM, 1998.
Certeau (M de), L'écriture de l'histoire, Paris, Gallimard, 1975, réed. 2002 .
Chartier (R), Compère (M), Julia (D), L'éducation en France du XVIe au XVIIe siècles, Paris, 1976.
Chartier (R) et Richet (D), Représentation et vouloir politique autour des Etats Généraux de 1614, Paris, éd. de l'EHESS, 1982.
Charton-Le Clech (S), Chancellerie et culture au XVIe siècle, Presses universitaires du Mirail, 1993.
Chaunu (P), La mort à Paris, XVIe-XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1978.
Chevalier (B), Tours, ville royale 1356-1520, Louvain Neuwelaerts, 1975.
Chevalier (B), La ville de Tours et la société tourangelle, Lille, atelier des thèses, 1974.
Chevallier (P), Henri III, Paris, 1986.
Collomp (A), «Alliances et filiation en Haute-Provence au XVIIIe siècle», Annales ESC, mai-juin 1977, n° 3, pp. 445-477.
Constant (J.M.), Nobles et paysans en Beauce, XVIe-XVIIe siècles, thèse, Paris, 1978.
Constant (J.M.), La Ligue, Paris, Fayard, 1996.
Cremer (A), «La genèse de la notion de noblesse de robe», RHMC, 46-1, janv.-mars 1999, pp. 22-38.
Cristin (O), La paix de religion. L'autonomisation de la raison politique au XVIe siècle, Paris, Seuil, 1997.
Croguennec (M-G), Recherches sur la pratique sociale du fideicommis à l'époque moderne dans la coutume de Paris, thèse de 3e cycle, Paris, EHESS, 1984.
Croq (L), «La confrérie Notre-Dame», Mémoires de Paris et d'Ile-de-France, t. 2, 1999.
Crouzet (D), La nuit de la St Barthélemy. Un rêve perdu de la Renaissance, Paris, 1994.
Daumas (M), «Les conflits familiaux dans les milieux dominants au XVIIIe siècles», Annales ESC, juillet-août 1987, n°4, pp. 901-923.
Davies (N. Zemon), «Ghosts, Kin and Progeny : Some Features of Family Life in Early Modern France», Daedalus, 106, n° 2, pp. 87-114.
Delille (G), Famille et Propriété dans le royaume de Naples (XVe-XIXe siècles), Rome-Paris, Ecole française de Rome/éd. de l'EHESS, 1985.
Delille (G), Le maire et le prieur. Pouvoir central et pouvoir local en Méditerranée occidentale (XVe-XVIIIe siècle), Paris, Ecole française de Rome/éd. de l'EHESS, 2004.
Depauw (J), Pauvreté et spiritualité à Paris au XVIIe siècle, Paris, Boutique de l'Histoire, 1999.
Derouet (B), «Les pratiques familiales, le droit et la construction des différences (15e-19e siècles)», Annales ESC, mars-av. 1997, n° 2.
Derouet (B), «Parenté et marché foncier à l'époque moderne : une réinterprétation», Annales HSS, n° 2, mars-av. 2001, pp. 337-368.
Descimon (R), Qui étaient les Seize ? Mythes et réalités de la Ligue parisienne, 1585-1594, Paris, Mémoires Paris et Ile-de-France, 1983.
Descimon (R) et Jouhaud (C), «La Fronde en mouvement : le développement de la crise politique entre 1648 et 1652», XVIIe siècle, n° 45, 1984.
Descimon (R), «La fortune de J. Amyot (1513-1593)», Fortunes de Jacques Amyot, Actes du colloque international (Melun, av. 1985), M. Balard éd., 1986, pp. 73-86.
Descimon (R), «L'échevinage parisien sous Henri IV», La ville, la bourgeoisie et la genèse moderne (XIIIe-XVIIIe siècle), éd. du CNRS, Paris, 1988.
Descimon (R), Modernité et archaïsme de l'Etat monarchique : le Parlement de Paris saisi par la vénalité (XVIe siècle), Genêt (J.P.) éd., Genèse de l'Etat moderne. Bilans et perspectives, éd. du CNRS, Paris, 1990.
Descimon (R), préface, Michel de L'Hospital, Discours pour la majorité de Charles IX, Paris, Imprimerie Nationale, 1994.
Descimon (R), «Elites parisiennes entre XVe et XVIIe siècles. Du bon usage du cabinet des titres», B.E.C, t. 155, 1997, pp. 607-644.
Descimon (R), «The Birth of the Nobility of the Robe : Dignity versus Privilege in the Parlement of Paris, 1500-1700», Changing Identities in Early Modern France, M. Wolfe ed., Dirham et Londres, Duke University Press, 1997, p. 95-123.
Descimon (R), «La vénalité des offices et la construction de l'Etat dans la France moderne», Descimon (R), Schaub (J.F.), Vincent (B), Institutions, réseaux, pouvoirs en Espagne, en France et au Portugal, 16e-19e siècle, Paris, éd. de l'EHESS, 1997.
Descimon (R), «L'homme qui signa l'édit de Nantes. Pierre Forget de Fresnes (?-1610), Grandjean (M), Roussel (B) éd., Coexister dans l'intolérance. L'édit de Nantes (1598), Paris, Labor et Fides, 1998.
Descimon (R), «Autopsie du massacre de l'Hôtel de Ville (4 juillet 1652). Paris et la «Fronde des Princes», Annales HSS, mars-av. 1999, n° 2, pp. 319-351.
Dessert (D), Argent, pouvoir et société au Grand Siècle, Paris, Fayard, 1984.
Dessert (D), Fortune politique et politique de la fortune : à propos de la succession du surintendant Abel Servien, La France d'Ancien Régime, Jacquart (J), Lebrun (F), Croix (A), Toulouse, 1984, 2 v., t. I, pp. 207-214.
Diefendorf (B), Paris City Councillors in the Sixteen Century : The Politics of Patrimony, Princeton, 1983.
Diefendorf (B), «Les divisions religieuses dans les familles parisiennes avant la Saint-Barthélemy», Histoire, Economie, Société, n° 7, 1988, pp. 55-77.
Diefendorf (B), «Give Us Back Our Children : Patriarchal Authority and Parental Consent to Religious Vocations in Early Counter-Reformation France», The Journal of Modern History 68, june 1996, pp. 265-307.
Dolan (C), Le notaire, la famille et la ville. Aix-en-Provence à la fin du XVIe siècle, Presses Universitaires du Mirail, 1998.
Dubost (J.F.), La France italienne, XVIe-XVIIe siècles, Paris, Aubier, 1997.
Duby (G), Perrot (M) dir., Histoire des femmes en Occident (XVIe-XVIIe siècles), N. Zemon Davies et A. Farge dir., Paris, Plon, 1991.
Duby (G), Le chevalier, la femme et le prêtre, Paris, R. Laffont, 1997.
Duhamelle (C), L'héritage collectif. La noblesse d'Eglise d'Eglise rhénane, 17e et 18e siècles, Paris, éd. de l'EHESS, 1998.
Dumont (L), Essais sur l'individualisme. Une perspective anthropologique sur l'idéologie moderne, Paris, Seuil, 1983, réed. 1985-1991.
Dupèbe (G), Hamon (P), «Humanistes en famille : les Meigret», BHR, t. 52, 1990, n° 2, pp. 333-344.
Elias (N), La société de cour, Paris, Flammarion, 1985.
Etchechourry (M), Les maîtres de requêtes de l'Hôtel sous les derniers Valois (1553-1589), Paris, Droz, 1991.
Famille et parenté dans l'Occident médiéval, Actes du colloque de l'Ecole française de Rome, Rome, 1977.
Febvre (L), Le problème de l'incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais, Paris, 1942, réed. 1968.
Fine (A), «L'héritage du nom de baptême», Annales ESC, juillet-août 1987, n° 4, pp. 853-877.
Flandrin (J. L), Familles. Parenté, maison, sexualité dans l'ancienne société, Paris, Hachette, 1976, Le Seuil, 1984.
Fogel (M), Les cérémonies de l'information dans la France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1989.
Fontaine (L), Droits et stratégies : la reproduction des systèmes familiaux dans le Haut-Dauphiné (XVIIe-XVIIIe siècles), Annales ESC, sept.-oct. 1992.
Fontaine (L), «Relations de crédit et surendettement en France : XVIIe-XVIIIe siècles», Des personnes aux institutions. Réseaux et culture du crédit du XVIe au XIXe siècle en Europe, L. Fontaine, G. Postel-Vinay, J.L. Rosenthal et P. Servais éd., Paris, Bruylant-Academia, 1997, pp. 206-331.
Franck (R), Histoire et structure, J.M. Berthelot éd., Epistémologie des sciences sociales, Paris, PUF, 2001, pp. 317-356.
François (E), Protestants et catholiques en Allemagne. Identités et pluralisme. Augsbourg 1648-1806, Paris, A. Michel, 1993.
Frigo (D), Il padre di famiglia. Governo della casa i governo civile nella tradizione dell'«economica» tra cinque e seicento, Rome, Bulzoni, 1985.
Fumaroli (M), L'âge de l'éloquence, Paris, A. Michel, 1980.
Ghasarian (C), Introduction à l'étude de la parenté, Paris, Seuil, 1996.
Giesey (R), «Rules of Inheritance and Strategies of Mobility in Prerevolutionary France», American Historical Review, 82, 1997, pp. 271-289.
Godelier (M), La production des Grands Hommes, Paris, Fayard, 1982.
Goody (J), L'évolution de la famille et du mariage en Europe, Paris, A. Colin, 1985.
Goody (J), Thirsk (J), Thompson (E.P.), Family and Inheritance. Rural Society in Western Europe (1200-1800), Cambridge, 1979.
Greengrass (M), «Noble affinities in early Modern France. The case of Henri I de Montmorency», European History Quaterly, 16, 1986, pp. 275-311.
Guerreau-Jalabert (A), «El sistema de parentesco medieval : sus formas (real/espiritual) y su dependencia con respecto a la organizaciòn del espacio», R. Pastor dir., Relaciones de poder, de producciòn y parentesco en la edad media y moderna, C.S.I.C, Madrid, 1990, pp. 85-106.
Guery (A), «Le roi dépensier. Le don, la contrainte et l'origine du système financier de la monarchie française d'Ancien Régime», Annales ESC, 1984, pp. 1241-1269.
Haase-Dubosc (D), Ravie et enlevée : de l'enlèvement des femmes comme stratégie matrimoniale au XVIIe siècle, Paris, A. Michel, 1999.
Hamon (P), «Culture et vie religieuse dans le monde des offices : les Ruzé dans la première moitié du XVe siècle», BHR, t. 53, 1991, n° 1, pp. 49-53.
Hamon (P), L'argent du roi. Les finances sous François Ier, Comité d'histoire économique et financière de la France, Paris, 1994.
Hamon (P), «Messieurs des finances». Les grands officiers de finance dans la France de la Renaissance, Comité d'histoire économique et financière de la France, Paris, 1999.
Hamon (P), «La chute de la maison de Thou : la fin d'une dynastie robine», RHMC, 46-1, janv. mars 1999, pp. 54-85.
Hanley (S), «Family and State in Early Moderne France : the Marriage Pact», Connecting Spheres. Women in the Western World, 1300 to the Present, M. J. Boxer and J. H. Quataert éd., New York, Oxford, Oxford UP, 1987, pp. 53-63.
Hanley (S), «Engendering the State : Family Formation and State Building in Early Modern France», French Historical Studies, t. 16, n° 1, spring 1989, pp. 4-27.
Hanley (S), «Social Sites of Political Practice in France : Lawsuits, Civil Rights, and the Separation of Powers in Domestic and State Government, 1500-1800, American Historical Review, febr. 1997, n° 102/1, pp. 27-52.
Hayden (J.M.), France and the Estates General of 1614, Cambridge University Press, 1974.
Héritier (F), Les deux soeurs et leur mère. Anthropologie de l'inceste, Paris, O. Jacob, 1997 (1995).
Héritier (F), «La citadelle imprenable», Critique, numéro consacré à C. Levi-Strauss, janv.-février 1999, n° 620-621, pp. 61-83.
Jacquart (J), La crise rurale en Ile-de-France, 1550-1670, Paris, A. Colin, 1974.
Jouanna (A), Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l'Etat moderne, 1559-1661, Paris, 1989.
Klapisch-Zuber (C), La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l'Italie de la Renaissance, Paris, éd. de l'EHESS, 1990.
Klapisch-Zuber (C),
Kettering (S), «Patronage and Kinship in early Modern France», French Historical Studies, 16, 1989, pp. 408-435.
Labande-Mailfert, «Anne de Bretagne espagnole», Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. 34, 1954.
Lebigre (A),1669-1682, L'affaire des Poisons, Paris, éd. Complexes, 1989, réed. 2001.
Lebrun (F), Histoire d'Angers, Privat, 1975.
Lehoux (F), Le cadre de vie des médecins parisiens aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Picard, 1976.
Le Roy Ladurie (E), «Système de la coutume. Structures familiales et coutumes d'héritage en France au XVIe siècle», Annales ESC, 1972, n° 4-5, pp. 825-846.
Le Roy Ladurie (E), Le siècle des Platter, 1499-1628, Paris, Fayard, 1995, 2 v.
Levi (G), Le pouvoir au village. Histoire d'un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1989.
Levi (G), «Les usages de la biographie», Annales ESC, n° 6, nov.-déc. 1989, pp. 1325-1336.
Levi-Strauss (C), Le regard éloigné, Paris, 1982.
L'Homme, Revue française d'anthropologie, numéro spécial «Questions de parenté», n° 154-155, av/sept. 2000.
Loriga (S), La biographie comme problème, J. Revel dir., Jeux d'échelle, Gallimard/Seuil, Paris 1996, pp. 209-231.
Maillard (J), Le pouvoir municipal à Angers (1657-1789), Angers, 1984
Martin (H-J), Livre, pouvoir et société à Paris au XVIIe siècle (1598-1701), Genève, Droz, 1969, 2 v.
Mastellone (S), Venalità e machiavelismo in Francia (1572-1610), Florence, éd. L.S. Olschki, 1972.
Maurel (C), «Construction généalogique et développement de l'Etat moderne. La généalogie des Bailleul», Annales ESC, n° 4, 1991.
Maza (S), Vies privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Paris, Fayard, 1997.
Merlin (H), Public et littérature, Paris, Les Belles Lettres, 1994.
Meyer (J), Colbert, Paris, Fayard, 1982.
Michaud (C), L'Eglise et l'argent sous l'Ancien Régime. Les receveurs généraux du clergé de France aux XVIe-XVIIe siècles, Paris, 1991.
Moote (L. A.), The Revolt of judges. 1643-1652, Princeton, 1971.
Mousnier (R), Le conseil du roi de Louis XII à la révolution, Paris, 1970.
Mousnier (R), La vénalité des offices sous Henri IV et Louis XIII, Paris, 1945, réed. 1971.
«La mobilité sociale au XVIIe siècle», XVIIe siècle, n° 31, 1979, pp. 1-77.
Mousnier (R), L'assassinat d'Henri IV, 14 mai 1610, Paris, Gallimard, 1964, réed. 1992.
Nassiet (M), Parenté et successions dynastiques aux 14e et 15e siècles, Annales ESC, mai-juin 1995, n° 3, pp. 621-644
Nassiet (M), Parenté, noblesse, et états dynastiques, XVe-XVIe siècles, Paris, éd. de l'EHESS, 2000.
Nouaillac (J), Villeroy, secrétaire d'Etat et ministre, 1543-1610, Paris, 1908.
Ouvarov (P), «Ceux qui sont un peu différents des autres : singularités, «déviances» et normes dans les actes notariés parisiens du XVIe siècle», HES, 1996, n° 3, pp. 439-466.
Pardailhé-Galabrun (A), La naissance de l'intime, 3000 foyers parisiens, XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, PUF, 1988.
Pintard (R), Le libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle, Genève Slatkine, 1983 (1943).
Poinsot (P), «Noblesse de robe et rente constituée : un exemple bourguignon sous Louis XIV», La France d'Ancien Régime, études réunies en l'honneur de P. Goubert, Paris, 1984, 2 v., t. II, pp. 45-76.
Poncet (O), «Une utilisation nouvelle de la rente constituée au XVIe siècle : les membres du Conseil de finance au secours d'Henri III», BEC, t. 151, 1993, pp. 307-357.
Poncet (O), Pomponne de Bellièvre (1529-1607). Un homme d'Etat au temps des guerres de religion, Paris, Ecole des Chartes, 1998.
Powis (J), «Aristocratie et bureaucratie dans la France du XVIe siècle : Etat, office et patrimoine», L'Etat et les aristocraties : XIIe-XVIIe siècles, France, Angleterre, Ecosse. Textes réunis par P. Contamine, Paris, ENS, 1989.
Reinhard (W), Papauté, confessions, modernité, Paris, éd. de l'EHESS, 1998.
Revel (J) dir., Jeux d'échelles. La micro-analyse à l'expérience, Paris, Gallimard-Le Seuil, 1996.
Richet (D), La France moderne : l'esprit des institutions, Paris, Flammarion, 1973.
Richet (D), De la Réforme à la Révolution, Paris, Aubier, 1991.
Robin-Romero (I), Romero Passerin d'Entrèves (G), Les maris, les femmes, les parents. Les contrats de mariage parisiens au début du XVIIe siècle, Histoire, Economie, Société, n° 4, 1998, pp. 645-655.
Saulnier (V. L), «Médecins de Montpellier au temps de Rabelais», BHR, t. XIX, 1957. pp. 425-479.
Saupin (G), Nantes au XVIIe siècle. Vie politique et société urbaine, Rennes, PUF, 1996.
Smail (D. Lord), Démanteler le patrimoine. Les femmes et les biens dans la Marseille médiévale, Annales HSS, mars-av. 1997, n° 2.
Solnon (J.F), Les Ormesson au plaisir de l'Etat, Paris, 1992.
Sturdy (D.G), The d'Aligres de La Rivière. Servants of the Bourbon State in the XVIIth century, New York, 1986.
Sutherland (N. M), The French Secretaries of State, Londres, Athlone Press, 1962.
Tallon (A), La compagnie du Saint-Sacrement, Paris, Cerf, 1990.
Terrains, n° 4, numéro spécial Famille et parenté, mars 1985.
Zonabend (F), «Le trèx proche et le pas trop loin. Réflexion sur l'organisation du champ matrimonial des structures deparenté complexe», Ethnologie française, XI (4), 1981, p. 311-318.
































































© Robert Descimon 1999-2006